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887 MESSE DANS LES PLUS ANCIENS TEXTES : SAINT IGNACE

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de la hiérarchie doivent remplir leur office : leur ministère, par là, est agréable à Dieu et attire ses bénédictions.

3° La Lettre dite de Barnabe (entre 96 et 131). — L’auteur observe que les chrétiens « célèbrent dans la joie le jour du Seigneur ». xv, 9. Il ne dit pas de quelle manière. Goguel, après avoir fait cette juste remarque : la Lettre « est une courte exhortation qui ne traite pas et ne pouvait pas traiter de tous les points importants de la vie chrétienne », ajoute cependant : « Le silence de l'épîlre qui s’occupe des sacrifices de l’Ancien Testament, permet seulement de conclure que, pour son auteur, l’eucharistie n’est pas un sacrifice. » Op. cit., p. 257. Cette seconde remarque est « ans portée. Quiconque parle des rites de l’Ancienne Loi n’est pas obligé pour cette seule raison de mentionner les offrandes des temps nouveaux.

On s’explique même très bien pourquoi le pseudoBarnabe a passé sous silence le rite chrétien. Dans sa polémique contre le judaïsme, il s’efforce de prouver que les prescriptions sur le jeûne, la circoncision, le sabbat, le temple, devaient s’entendre en un sens spirituel de la lutte contre les passions et de la sanctification de l'âme. Les lecteurs 'auraient donc pu être tentés de mettre cet écrivain en opposition avec lui-même, s’il leur avait recommandé l’offrande du pain et du vin eucharistiques. Au contraire, fidèle à sa méthode, il oppose aux sacrifices antiques la mort du Christ : viii, 5. « … vous m’abreuverez de fiel et de vinaigre, moi gui vais offrir en sacrifice ma chair pour les péchés de mon nouveau peuple. »

Non content de taire, le pseudo-Barnabe ne nie-t-il pas l’existence de toute oblation autre que celle de la croix ? Il déclare que, dans la Loi nouvelle, il n’y a pas « d’offrande faite par les hommes, àv0p(o7TO7To[r)Tov », ii, 6 et que, « pour le Seigneur, le sacrifice, c’est un cœur brisé. Le parfum de suave odeur, c’est un cœur qui glorifie celui qui l’a formé ». ii, 10. « Donc, conclut W’ieland, pour le pseudo-Barnabe la cène chrétienne n’a pas le caractère d’une immolation proprement dite. » Op. cit., p. 42.

Cette objection est dépourvue de valeur si le sacrifice de l’autel se confond avec celui de la croix, le continue et ne fait qu’un avec lui. Telle était la pensée de l'Épître aux Hébreux avec laquelle la Lettre du pseudo-Barnabe a tant de traits de ressemblance. Cette oblation n’est pas une œuvre humaine, comme l'était chez les juifs l’oflrande de l’encens ou de la fleur de farine, du sang ou de la graisse, ii, 5. L’eucharistie est instituée par le Christ et c’est encore par lui qu’elle s’accomplit. Ceux dont elle est l’unique oblation n’ont donc pas « d’offrande faite par les hommes », ainsi que l’observe le pseudo-Barnabe. Brinktrine, op. cit., p. 66-67. Quant aux affirmations sur le sacrifice spirituel du cœur brisé, on les retrouve depuis les origines jusqu'à nos jours chez d’innombrables écrivains qui voient dans la messe une oblation proprement dite. L’auteur cite ici le verset bien connu du ps. l. Il se propose d’insister sur la nécessité des dispositions intérieures. Il peut d’ailleurs dire qu’elles sont l’unique sacrifice distinct de celui de la croix, si à ses yeux l’oblation de l’assemblée chrétienne se confond avec ce dernier.

Le paragraphe qui suit justifie cette interprétation. Il déclare, iii, 3, que le jeûne, c’est la justice et la charité. Or, cette mortification corporelle était cependant recommandée à cette époque : la Didachè le dit expressément, viii, 1 : « Que vos jeûnes n’aient pas lieu en même temps que ceux des hypocrites : ils jeûnent en effet le lundi et le jeudi. Pour vous, jeûnez le mercredi et le vendredi. » De même la déclaration sur le devoir d’immoler à Dieu un cœur contrit

n’oblige nullement à supprimer le sacrifice du Christ et son prolongement, sa rénovation.

4° Saint Ignace d’Anlioche, t en 107. — Les textes, étant parfois d’une interprétation difficile, il semble nécessaire de les mettre sous les yeux du lecteur. Traduction Lelong, dans Les -Pères apostoliques, t. iii, p. 2-107.

1. Les textes.

Ephes., v, 2. — « Que personne ne s’y trompe, s'éloigner de l’autel, c’est se priver du pain de Dieu. Si les prières de deux personnes réunies possèdent une telle efficacité, que ne pourra pas la prière de l'évêque unie à celle de l'Église entière ! Ne pas venir à l’assemblée, c’est faire acte d’orgueil et s’excommunier soi-même. »

Ephes., xiii, 1. — « Ayez donc soin de tenir des réunions plus fréquentes pour offrir à Dieu votre eucharistie et vos louanges. Car, en vous assemblant ainsi, vous anéantissez les forces de Satan, et sa pernicieuse puissance se dissipe devant l’unanimité de votre foi. »

Ephes., xx, 2. — « … surtout si le Seigneur me fait savoir que chacun en particulier et tous ensemble sont unis par la grâce, animés par une même foi et ne faisant qu’un en Jésus-Christ… vous êtes unis de cœur dans une inébranlable soumission à l'évêque et au presbytérium, rompant tous un même pain, ce pain qui est un remède d’immortalité, un antidote destiné à nous préserver de la mort et à nous assurer pour toujours la vie en Jésus-Christ. »

Magn., vii, 1-2. — « De même que le Seigneur, , soit par lui-même, soit par ses apôtres, n’a rien fait sans le Père, avec lequel il n’est qu’un, ne faites rien, vous non plus, en dehors de l'évêque et des presbytres. C’est en vain que vous essayeriez de faire passer pour louable une action accomplie en votre particulier ; il n’y a de bon que ce que vous faites en commun ; une même prière, une même supplication, un seul et même esprit, une même espérance animée par la charité dans une joie innocente : tout cela c’est Jésus-Christ au-dessus duquel il n’y a rien. 2. Accourez tous vous réunir dans l’unique temple de Dieu, au pied.du même autel, c’est-à-dire en Jésus-Christ, un, qui est sorti du Père un, tout en lui restant uni et qui est retourné à lui. »

Magn., ix, 1. — « Ceux qui vivaient sous l’ancien ordre de choses ont embrassé la nouvelle espérance et n’observent plus le sabbat, mais le dimanche. »

Rom., vii, 3. — « Je ne prends plus de plaisir à la nourriture corruptible ni aux joies de cette vie : ce que je veux, c’est le pain de Dieu, ce pain qui est la chair de Jésus-Christ, Fils de David, et pour breuvage je veux son sang qui est l’amour incorruptible. »

Philad., iv. — « Ayez donc soin de ne participer qu'à une seule eucharistie ; il n’y a en effet qu’une seule chair de Notre-Seigneur, une seule coupe pour nous unir dans son sang, un seul autel, comme, il n’y a qu’un seul évêque, entouré du presbytérium et des diacres, les associés de mon ministère : de cette façon vous ferez en toutes choses la volonté de Dieu. »

Smyrn., vii, 1. — « Ils (les docètes) s’abstiennent de l’eucharistie et de la prière parce qu’ils ne veulent pas reconnaître, dans l’eucharistie, la chair de JésusChrist notre Sauveur, cette chair qui a souffert pour nos péchés et que le Père dans sa bonté a ressuscitée. C’est ainsi que, niant le don de Dieu, ils trouvent la mort dans leurs contestations. Ils agiraient bien mieux en faisant l’agape, pour avoir part à la résurrection. »

Smyrn., viii, 1-2. — « Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suivait son Père et le presbytérium comme les Apôtres. Quant aux diacres, vénérez-les comme la Loi de Dieu. Ne faites jamais rien sans l'évêque de ce qui concerne l'Église. Ne regardez