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MESSE DANS LES PÈRES ANTENICEENS

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exercé le plus d’influence et quels sont les points de dépendance, on ne saurait le dire, » surtout si on ne consulte que les écrits du Nouveau Testament. Fortescue, loc. cit.

Nous ne croyons pas devoir nommer ici, quelles que soient leur importance et leur valeur, tous les ouvrages généraux : commentaires sur la sainte Écriture, encyclopédies, traités et manuels de théologie dogmatique ou biblique, d’histoire ou de liturgie. Nous ne citons guère que des monographies sur le sacrifice ou du moins sur l’eucharistie d’après le Nouveau Testament, et particulièrement ceux auxquels nous nous somme » référé au cours même de l’article.

I.Travaux catholiques. — — Citons comme les plus utiles et les plus récents : E.-B. Allô, La synthèse du dogme eucharistique dfins saint Paul, dans Revue biblique, 1921, p. 321 sq. ; P. Batifiol, Études d’histoire et de théologie positive. Deuxième série. L’eucharistie, la présence réelle et la transsubstantiation, 8° édit., Paris, 1920 ; J. Bellord, The notion of sacrifice, dans Ecclesiastical Review, Philadelphie, 1905, t. xxxiij. p. 1 sq., et The sacrifice of the New Law, ibid., p. 258 sq. ; J. E. Belser, Der Opfercharakter der Eucharistie, dans Theolog. Quartalschrift, 1913, t. xcv, p. 1 sq. ; W. Berning, Die Einsetzung der heiligen Eucharistie in ihrer ursprùnglichen Torm nach den Berichten des N. T. kritisrh untersucht. Munster, 1922 ; Coppens, L’offrande des fidèles dans la liturgie eucharistique ancienne, dans Cours et Conférences des Semaines liturgiques, Louvain, 1927, t. v, p. 99 sq. ; E. Dorscli, Altar und Opfer, dans Zeitschrift fur kalholische Tl eologie. 1908, t. xxxii, p. 307 sq. ; du même, Der Opfercharahler der Eucharistie cinst und jelzt, Inspruck, 1909 ; du même, Aphorismen und Eruàgungen zur Beleuchlung des vorirenàischen Opferbegriffs, dans Zeitsehrifl fur kalholische Théologie, 1910, t. xxxiv, p. 71 sq. ; P. Hænsler, Zu llebr., XIII, 10, dans Biblische Zeitschrift, t. vut, p. 52 sq. ; W. Koch, Das Abendmahl im Kcuen Testament, dans Biblische Zeitfragen, 1911, t. iv, fasc. 10 ; H. Lamiroy, De essentia ss. M issir sacrifwii, Louvain, 1919 ; J. Lebreton, art. Eucharistie, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1910, t. I, col. 1548 sq. ; E. Mangenot, L’eucharistie dans saint Paul, dans Revue pratique d’apologétique, 1911, t. xiii, p. 33 sq., 203 sq., 253 sq. ; G. Bausclien, L’eucharistie et la pénitence durant les six premiers siècles de l’Église, trad. franc., de M. Decker et E. Bicard, Paris, 1910 ; F. Renz, Die Geschichle des Messopferbegriffs oder der aile Glaube und die ncuen Theorien iiber das Wesen des unblutigen Opfers, l’risingue, 1901, t. i ; Rongy, La célébration de l’eucharistie au temps des Apôtres, dans Cours et Conférences des Semaines liturgiques, 1927, t. v, p. 177 sq. ; Th. Schermann, Das Brotbrechen imUrchristentum, dans Biblische Zeitschrift, 1910, t. TOI, p. 52 sq. ; M. de la’1 aille, Mysterium fidci. De auguslissimo rorporis et sanguinis Christi sacrificio alquc sacramento elucidationes quinquaginta in très libros distinrtic, Paris, 1924 ; F. Wieland, Mensa et con/essio, Stndien iiber den Allar der altchristlichen Liturgie, I. Der Allar der vorkonstantinischen Kirche, dans Vero/fenllichungen uns dern kirchenhislorischen Seminar, II. Reihe, n. 11, Munich, 1906 ; Der vorirenàische Oiiferbegriff, ibid., III. B., n. 6, Munich, 1909 (sur les tendances de cet ouvrage et la polémique qu’elles ont provoquée, voir le début de l’art, suivant.)

II.Travaux non catholiques. — Voir les ouvrages non catholiques où est étudiée la cène en général et sous ses divers aspects. L ne liste assez complète se trouve à la fin de l’article Eucharistie d’après la sainte Écriture, t. v, col. 1120-1121. Quelques ouvrages importants ont paru depuis : A. Loisy, Les mystères païens et le mystère chrétien, Paris, 1919 et Essai historique sur le sacrifice, Paris, 1920 ; Peterson Wetter, Altchristliche Littirgien, I. Das chrisiliche Mystcrium, II. Das christliche Opfer, Gœttingue, 1921 et 1922 ; B. Will, Le culte. Étude d’histoire et de philosophie religieuses, Strasbourg, 1925, t. i ; H. l.iet/mann, Messe und Ilerrenmahl, Bonn, 1920 ; K. Vôlker, Mystcrium und Agape, Gotha, 1927.

Sur certaines opinions professées par des non catholiques de langue anglaise, sur le sacrifice de la cène, et celui du ciel, on consultera utilement, G. Mortimer, 771e eucharistie sacrifice, an historical and theological investigation of the Iloly Eucharist in the Christian Church, Londres, 1901, et W. P. Peterson, art. Sacrifice, dans le Dictionary of the Bible (Hastings), 1904, t. IV, p. 347 sq.

‡ C. RUCH,


II. LA MESSE D’APRÈS LES PÈRES, JUSQU’A SAINT CYPRIEN.


I. État de la question.
II. Des origines au milieu du iie siècle (col. 865).
III. La seconde moitié du IIe siècle (col. 895).
IV. L’Orient jusqu’au milieu du nie siècle (col. 918).
V. L’Occident jusqu’à saint Cyprien (col. 927).
VI. Les sectes (col. 947).
VII. Conclusions (col. 956).

I. État de la question.

Nombre de critiques non catholiques, jusqu’au milieu du XIXe siècle, avançaient que « le premier, saint Cyprien aurait parlé du sang du Christ comme de la matière de l’oblation eucharistique et déclaré que le Christ s’était offert en sacrifice à Dieu le Père dès l’institution de la cène ». Hôfling, Die Lehre der àllesten Kirche vom Opfer, Erlangen, 1851, p. v. C’est chez lui qu’on trouverait « en germe la théorie du sacrifice de la messe destinée à se développer plus tard ». Théodore Harnack, Der christliche Gemeindegollesdienst im apost. Zeitalter, Erlangen, 1854, p. 411.

Cette affirmation est aujourd’hui abandonnée. Déjà dans son Histoire des Dogmes, 3’édit., t. i, p. 428 sq., Fribourg et Leipzig, 1905, Adolphe Harnack reconnaît que, très vraisemblablement, Cyprien a découvert chez ses prédécesseurs la conception qui transporte la représentation du sacrifice sur les éléments eucharistiques. Kattenbusch, art. Messe, dans la Protest. Realencyclopùdie, t.xii, 1903, p. 672, 676-677, est encore plus afiirmatif. Il reste vrai que l’évêque de Carthage est « l’un des Pères qui ont le plus insisté » sur cette vérité. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. i, p. 389. Auparavant jamais elle n’a été aussi fortement établie tt il n’y a pas à vouloir en découvrir l’origine après lui.

Un savant catholique, F. Wieland, a cru pouvoir attribuer à saint Cyprien un rôle encore plus important. Mensa et confessio. Der Altar der vorkonstantinischen Kirche, Munich, 1906 ; Der vorirenàische Opferbegrif], Munich, 1909 ; Altar und Altargrab der christlichen Kirchen imlV. Jahrhundcrl, Leipzig, 1912. D’après lui, dans l’Église primitive, il n’y a pas d’offrande par laquelle l’homme présente à Dieu un objet dont il peut disposer. Sans doute, dès l’origine, on tient la cène pour" un sacrifice, mais c’est un sacrifice purement spirituel, un sacrifice de louanges, de prière et d’action de grâces. C’est le seul qui, avec la charité, l’innocence de la vie, était alors connu. On mangeait le corps et on buvait le sang du Seigneur, mais on ne les offrait pas. L’assemblée se réunissait pour un banquet dans des maisons particulières. Il y avait non des autels, mais des tables, où prenaient place les fidèles. Devant le président on apportait du pain et du vin. Pour obéir à l’ordre du Seigneur, en mémoire de sa mort et de sa résurrection, le chef de l’assemblée prononçait sur ces mets les paroles d’action de grâce (eucharistie) qui produisaient le corps et le sang du Seigneur autrefois crucifié, maintenant glorieux dans le ciel. Le pain était divisé : la fraction était alors l’acte principal. Puis les diacres en distribuaient aux assistants des parcelles et présentaient la coupe de vin. Ainsi les éléments sacrés’n’étaient pas offerts à Dieu ; au contraire, les fidèles les recevaient de Dieu avec reconnaissance : c’était la prière d’action de grâces. Seule, elle était présentée au Très-Haut. Seule, elle constituait le sacrifice commémoratif de la cène et partant du Calvaire et de la rédemption.

Dans la seconde moitié du n » siècle seulement, sous l’influence du paganisme qui avait des autels et des oblations proprement dites, plus encore parce que l’Ancien Testament prescrivait à Israël de faire à Dieu des offrandes rituelles, on vit des notions étrangères au christianisme primitif se glisser dans les croyances des fidèles. Le pain et le vin furent tenus pour des dons qui pouvaient être offerts à Dieu.