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859 MESS ! - ; DANS I/ECRIT U HE, L A CÈNE CHRETTEN.NE : SES RITES 860

les sceaux, car tu as été égorgé et tu as pour Dieu acheté par ton sang des hommes de toute tribu, langue et nation. Tu as fait pour notre Dieu une royauté et des prêtres et ils régneront sur là terre. » v, 9-10. Des myriades et des myriades d’anges disent alors d’une grande voix : « Digne est l’agneau qui a été égorgé de prendre pour lui la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. » v, 12. Et toute créature s'écrie : « A celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau la bénédiction, l’honneur, la gloire et la domination dans les siècles des siècles. » Et les quatre animaux disent : Amen, v, 13-14. Cette fois, on relève une action de grâces, une anaphore pour la grâce de la rédemption.

Une troisième apparaît : Quand le septième ange eut sonné de la trompette, les « vingt-quatre vieillards qui sont assis devant Dieu sur leurs trônes se prosternèrent sur leurs faces et adorèrent Dieu, en disant : Nous te rendons grâces, Seigneur, Dieu Tout-Puissant, qui es, , qui étais [qui viendras], de ce que tu t’es revêtu de ta grande puissance et que tu règnes. Les nations s'étaient irritées et ta colère est venue ainsi que le moment de juger les morts, de donner la récompense à tes serviteurs, aux prophètes et aux saints et à ceux qui craignent ton nom, petits et grands, et de perdre ceux qui perdent la terre. » xi, 17, 18. On le voit : l’anaphore, l’action de grâces, célèbre cette fois le second avènement, le règne et le jugement de Dieu.

A relever encore les alléluias qui scandent le plus joyeux cantique en l’honneur de la gloire de Dieu et des noces de l’Agneau, xix, 1, 3, 4, 6. Un autre chant grave et puissant retentit : celui de Moïse et de l’Agneau : « Grandes et adorables sont tes œuvres, Seigneur, Dieu Tout-Puissant I Justes et véritables sont tes voies, ô Roi des siècles ! Qui ne craindrait et ne glorifierait ton nom, car toi seul es saint ! Et toutes les nations viendront se prosterner devant toi, parce que tes jugements ont éclaté. » xv, 3, 4. Voilà bien le psaume des temps nouveaux, aussi majestueux qu’enthousiaste et vraiment fait pour la chrétienté naissante, pour les Églises de Paul qui s’ouvraient au large afin de recevoir les païens.

Plus on examine ces morceaux, plus on se convainc que les premières anaphores, les actions de grâces les plus anciennes, les cantiques les plus primitifs et en particulier ceux des prophètes devaient leur ressembler.

Car on chantait dans la réunion chrétienne. « Lorsque vous êtes réunis en Assemblée, écrit saint Paul, tel d’entre vous a un cantique… » I Cor., xiv, 26. « Entretenez-vous les uns les autres, recommande-t-il aux Éphésiens, de psaumes, d’hymnes et de cantiques spirituels, chantant et psalmodiant du fond du cœur pour honorer le Seigneur. » Eph., v, 19. Voir aussi Col., ui, 16. Ainsi on n’abandonne pas les cantiques, les psaumes et les autres chants de l’Ancien Testament. Mais il semble bien que les chrétiens ont aussi leurs cantiques propres ; on a même proposé de voir dans certains morceaux de prose rythmée des fragments d’hymnes chrétiens, par exemple, I Tim., iii, -16 : « C’est un grand mystère de la piété, celui qui a été manifesté en chair, justifié en Esprit, contemplé par les Anges, prêché parmi les nations, cru dans le monde, exalté dans la gloire. » Voir encore Pliil., ii, 5-11. « Bien que le Christ Jésus fût dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son égalité avec Dieu ; mais il s’est anéanti lui-même, prenant la condition d’esclave, se rendant semblable aux hommes et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ; il s’est abîmé lui-même se faisant obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, il lui a donné un nom qui est au dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre ainsi que dans les enfers, et que toute langue confesse, à la gloire de Dieu le l'ère, que Jésus-Christ est son Seigneur. : C’est encore un autre fragment d’hymne que l’on trouverait dans le morceau suivant de I Petr., iii, 18 sq. » " Ainsi le Christ a souflert une fois la mort pour les péchés, lui le juste pour des injustes, afin de nous ramener à Dieu, ayant été mis à mort selon la chair, mais rendu à la vie selon l’esprit, etc. » N’ombre d’historiens n’hésitent pas à voir dans ces morceaux des hymnes au Christ ou des ébauches de la future anaphore, des fragments d’antiques actions de grâces. Voir Lietzmann, op. cit., p 178.

Ces différents actes pouvaient s’accomplir et ces prières se réciter dans des réunions où ne se célébrait pas la cène. Mais ils trouvaient aussi leur place toute naturelle dans les assemblées eucharistiques. Les livres du Nouveau Testament ne nous font pas connaître l’ordre suivant lequel se succédaient les diverses opérations. Mais il n’est pas sans intérêt de les grouper d’après la plus ancienne description de la messe, celle de saint Justin. Tout ce que relate l’apologiste se retrouve dans les livres du Nouveau Testament et ainsi on peut présumer, non sans raison, que l’ordre indiqué par lui est primitif.

Saint Justin.

1. On se réunit le jour du soleil. Apot., i, 67.

2. On lit les mémoires des Apôtres et les écrits des prophètes. Ibid.

3. Discours de celui qui préside pour exhorter à imiter ce qui a été lu. Ibid.

4. Ensuite nous nous levons et tous ensemble nous adressons des prières à Dieu pour tous les hommes, les diverses classes. Apol., i, 67, 65,

5. Baiser de paix. Apol., i, 65.

6. Le pain, du vin et de l’eau sont apportés au président. Apol., i, 65, 67.

7. Celui.qui préside lait monter vers Dieu des prières et des actions de grâces. Apol., i, 67 et 65.

8. Au cours de cette action de grâces, le pain et le vin sont eucharisties par un discours de prière qui vient de.Jésus. Apol., i, 66.

9. Le peuple répond Amen. Apol., i, 65, 67.

10. Distribution aux assistants des mets eucharisties. Apol., i, 65, 67.

11. Aumônes recueillies et distribuées. Apol., i, 67.

Nouveau Testament.

1. On se réunit pour la traction le dimanche. Act., xx, 7 ; I Cor., xvi, 1-2.

2. Lectures des lettres des chefs de l'Église. I Thess., v, 27 ; Col., iv, 16.

3. Parole de Dieu, prédication. 1 Cor., xiv, 26 ; Act., xx, 7.

4. Prières pour tous les hommes. I lim., ii, 1-2.

5. Baiser de paix. Rom., xvi, 16 ; I Cor., xvi, 20.

6. Le président fait ce qu’a fait le Christ, donc prend du pain et du vin. I Cor., xi, 23-25 ; Matth., xxvi, 21, 26, 27 ; Marc., xiv, 22-23 ; Luc., xxii, 19 et 20.

7. Le président fait ce qu’a fait le Christ, donc bénit et rend grâces. I Cor., xi, 24 ; Matth., xxvi, 26-27 ; Marc., xiv, 22-23 ; Luc., xxii, 19.

8. Le président fait ce que le Christ a fait, donc il dit ce que Jésus a dit. I Cor., xi, 23-25 ; Matth., xx vi, 26-27 ; Marc, xiv, 22-23 ; Luc, xxii, 19.

9. Les fidèles répondent à l’action de grâces Amen. I Cor., xiv, 16.

10. Communion sous les deux espèces pour faire ce qui a été fait à la cène. (Mêmes endroits que 8 et) I Cor., x, 16-22 ; XI, 26-29.

11. Le dimanche est mis à part l’argent pour la collecte. I Cor., xvi, 1-2.

La comparaison de ces deux tableaux prouve au moins que les divers actes relatés par saint Justin sont déjà mentionnés sous une forme identique ou équivalente dans les écrits du Nouveau Testament. Que toutes ces opérations se soient dès l’origine succédé