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MESSALIENS MESSE

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raison, font flèche de tout bois et tirent des principes de leurs adversaires des conséquences auxquelles ceux-ci n’avaient pas songé tout d’abord ?

Ainsi les arguments d’ordre général développés par le P. Stiglmayr ne nous semblent pas pouvoir éliminer cette preuve de fait que constitue la présence dans les homélies pseudo-macariennes de propositions attribuées aux messaliens par des écrivains bien informés. Tout au plus confirmeraient-ils les vues émises par dom Wilmart, à savoir, que l’auteur vivait dans un groupe fraternel d’ascètes, sans démêlés encore avec l’autorité ecclésiastique, alors que le mouvement se dessinait à peine et que les promoteurs n’avaient pas encore répudié expressément l’orthodoxie catholique. De ce premier état on aurait un témoin plus ancien encore dans un traité ascétique anonyme en syriaque cque vient de publier.AI. Kmosko, sous le litre de Liber Graduum. Pair.’syriaca, t. iii, Paris, 1926. Les relations entre ce traité et la doctrine messalienne mitigée, telle qu’elle paraît dans Pseudo-Macaire, nous semblent évidentes et mériteraient une étude détaillée.

Contributions nouvelles à l’étude des textes inacariens.


G. L. Marriott, Macarii anecdota, seven unpublished homilies o/ Macarius, dans Harvard theological studies, iasc. 5, Cambridge (É-U), 1918 ; cf. Journal of theological studies, t. xxi, p. 177 ; et une rectification, p. 266 ; dom L. Villecourt, Homélies spirituelles de Macaire en arabe sous le nom de S méon Stylite, dans Revue de l’Orient chrétien, 1918-1919, t. xxi, p. 337-344 ; du même, La grande lettre de Macaire, ses formes textuelles et son milieu littéraire, ibid., 1920-1921, t. xxii, p. 29-57 ; du même, Les o/iuscules ascétiques et leurs relations avec les homélies spirituelles, dans Le Muséon, 1922, t. xxv, p. 203-212 ; dom A. Wilmart, La lettre spirituelle de l’abbé Macaire, dans Revue d’ascétique et de mystique, 1920, t. i, p. 58-83 (donne un texte critique de la seule production authentique de Macaire) ; du même, La fausse lettre latine de Macaire (il s’agit de la lettre Lignorum copia), ibid., 1922, t. iii, p. 411-419 ; A. Baumstark, Eine syrische Uebersetzung des Makariosbriefes Ad fii.ios Df.i, dans Oriens christianus, Neue Série, t. ix, 1920, p. 130-132.

Travaux.

Dom L. Villecourt, La date et l’origine

des Homélies spirituelles attribuées à Macaire, dans Comi>tes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1920, p. 250-258 ; dom A. Wilmart, L’origine véritable des homélies pneumatiques, dans Revue d’ascétique et de mystique, 1920, t. i, p. 361-377 ; J. Stiglmayr, Pseudo-Makarius und die Aftermystik der Messalianer, dans Zeitschrift fur katholisehe Théologie, 1925, t. xlix, p. 244-260 ; G. L. Marriot, The Messalians and the discovery of their Ascelic, dans Harvardl heological review, 1926, t. xix, p. 131-138 ; O. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Literatur, t. IV, 1921, p. 188.

É. AsiANN.


MESSE. — Comme nous l’avons annoncé à l’art. Eucharistie, nous revenons ici sur le sacrement d’eucharistie considéré comme le sacrifice des chrétiens. Des renvois fréquents au premier article sont inévitables, comme aussi diverses retouches, qui n’ont été faites qu’à bon escient. — On étudiera successivement le sacrifice de la messe :
I. Dans l’Écriture.
II. Dans la tradition anténicéenne.
III. Dans l’Église latine du ive siècle jusqu’à l’époque de la Réforme.
IV. A l’époque de la Réforme et du concile de Trente.
V. Dans la théologie latine à partir de la Réforme.
VI. Dans la tradition et la théologie grecque.
VII. Dans les liturgies.


I. LA MESSE D’APRÈS LA SAINTE ÉCRITURE.

— A l’article Malachie, t. ix, col. 1751 sq., est étudiée la promesse de Yoblalion pure en laquelle, dès la plus haute antiquité, nombre de penseurs chrétiens ont reconnu le sacrifice de l’eucharistie. Seuls, ici, seront examinés les témoignages du Nouveau Testament. Sur l’authenticité ou la critique des textes, sur l’accord et l’origine des récits de la cène, sur le don fait par le Christ aux Apôtres de son corps et de son sang, on consultera l’article Eucharistie d’après la SAINTE Écriture, t. v, col. 989 sq..


I. État de la question.
II. Le repas d’adieu du Christ apparaît-il comme un sacrifice (col. 804) ?
III. La cène chrétienne fut-elle tenue pour un sacrifice (col. 825) ?
IV. Comment se célébrait la cène à l’âge apostolique (col. 848/ ?

I. État de la question.

1° Histoire du problème. —

Dès le xvie siècle, les attaques très vives des réformateurs contre la messe firent étudier de près les témoignages de la Bible sur le sacrifice eucharistique. Voir Messe d’après le Concile de Trente.

Au nom de l’Écriture, Luther dénia le caractère d’oblation proprement dite et à la cène et à l’acte liturgique par lequel l’Église entend la commémorer. Il invoqua « les paroles et l’exemple du Christ ». Qu’a dit Jésus ? Il a déclaré qu’il laissait un testament et il a promis le pardon des péchés par sa mort. Qu’a-t-il fait ? Il n’était pas debout comme le prêtre à l’autel, mais assis à une table. A la cène, il n’a donc pas. au cours d’un sacrifice, offert à Dieu une oblation ; il a pendant un repas donné un aliment aux hommes. L’Épître aux Hébreux affirme que la seule immolation des temps nouveaux est celle de la croix, que cette unique offrande a pour jamais conduit à la perfection ceux qu’elle a sanctifiés. En dehors de cette immolation, il ne peut y avoir pour les chrétiens que des oblations spirituelles, par exemple celle de leur corps en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu. Tous ont le droit de l’offrir et deviennent ainsi des prêtres. Tel est l’unique sacrifice que l’on trouve à la messe : on y présente à Dieu des prières, on y fait mémoire du récit de la passion, on y apporte des dons qui sont sanctifiés puis distribués aux pauvres. Luther, De captivilate babylonica, édit. de Weimar, t. vi, p. 523 ; De abroganda missa privata, t. viii, p. 439.

C’est aussi au nom des saintes Écritures que Calvin condamna non moins énergiquement la doctrine catholique. D’après la Bible, il n’y a qu’un sacrifice des temps nouveaux, c’est l’immolation sanglante de la croix. La cène le rappelle et le met sous nos yeux : nous annonçons la mort du Seigneur. Mais, puisque le sacrifice expiatoire s’opéra au Calvaire, la cérémonie chrétienne ne nous convie pas à un autel où s’offre une victime ; elle nous invile à une table où en un banquet nous recevons le fruit de la passion. A ce titre sans doute la cène est une faveur de Dieu qu’il faut accepter avec reconnaissance. Mais autant recevoir se distingue de donner, autant ce sacrement diffère-t-il d’un sacrifice. On ne peut lui accorder ce dernier nom qu’au sens large, si on appelle ainsi tout don qui est offert par nous à Dieu. Puisque nous y commémorons la mort de Jésus-Christ, nous rendons grâces pour ce bienfait. Ainsi par la cène nous offrons des prières, comme le prédisait Malachie, et nous présentons le sacrifice de louange dont parle l’Épître aux Hébreux, xiii, 15. C’est ce que fait tout chrétien, aussi est-il investi de ce sacerdoce royal que lui reconnaît la I Petr., ii, 9. Institution chrétienne, t. IV, c. xvin. Corpus reformatorum, t. xxx, col. 1055 sq. Voir mêmes affirmations dans Zwingle, Commentarium de vera et falsa religione, édit. Schuler et Schultheiss, t. iii, p. 240 sq.

De nos jours encore, on découvre, soit en tout, soit en partie, cet enseignement et ces objections dans beaucoup d’œuvres protestantes : catéchismes, formules de foi, serinons, ouvrages de controverse et traités de théologie ou études d’histoire.

Mais, au XVIe siècle déjà, l’Épître aux Hébreux entraîna les sociniens beaucoup plus loin que Luther. Us crurent y découvrir que Jésus ne fut pas prêtre sur la terre, viii, 4. Il le serait devenu seulement lorsque le Père lui dit : « Tu es mon Fils, je t’ai engen-