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MARONITE (ÉGLISE), PATRIARCHES, XVIIe SIÈCLE


piété profonde et agissante, le nouveau patriarche prit possession de sa charge, décidé à faire face à toutes les difficultés, ce dont te félicite Grégoire XV. Lettre quant bonum, 1° juillet 1622, Anaïssi, p. 129-131. Voir une relation écrite d’Alep. en 1635, par le P. Maniglier, S..1., dans A. Rabbath, op. cit., t. ii, 3e fascicule. Beyrouth, 1921, p. 507 ; une note écrite par un autre contemporain, l’archevêque Georges Habqoùq AJ-Bech’elânî, sur un exemplaire des Annales de Douaïhi, et publiée par le P. Harfouche dans la revue Al-Machriq, 1902, t. v, p. 689. Dès son élection, Jean Makhlouf envoya à Rome deux prêtres : Georges ibn Maroun et Gaspar le chypriote, l’un des premiers élèves du collège maronite, pour demander, en son nom, le pallium et la confirmation pontificale. Anaïssi, Collectio, p. 195-190 : Douaïhi, ms. 395, fol. 150 v°-151 r°. Paul V agréa la demande du patriarche et confia à Gaspar la mission de lui imposer le pallium et de recevoir son serment de fidélité. Voir les actes du consistoire où Makhlouf fut préconisé, dans le codex Vat. lat. 7258, fol. 153-168 ; Douaïhi, ms. 395, fol. 150 v°-151 r ». Il profita de cette occasion pour blâmer quelques modifications disciplinaires de Joseph Hisi et exprimer le désir de voir rétablir les anciens usages. Lettre Fraternitatisluæ litteras, 10 mars 1610, que nous venons de citer. Mais, la remarque est de Douaïhi, Annales, an. 1608, fol. 95 v°, une pratique favorable à la liberté finit toujours par prévaloir sur l’observance d’une loi rigoureuse : les dérogations introduites par Risi et qui répugnaient tout d’abord s’étaient déjà acclimatées dans la discipline.

A l’avènement de Grégoire XV, Jean Makhlouf députa à Rome le P. Léonard, franciscain, pour offrir au nouveau pape les félicitations du peuple maronite et lui demander, entre autres choses, une édition de livres liturgiques. Dès son arrivée, le P. Léonard alla trouver l’archevêque Serge Risi, procureur du patriarche auprès du Saint-Siège, qui fit part de ces désirs au souverain pontife. Celui-ci renouvela incontinent les instructions de Paul V concernant l’impression de l’office férial, et nomma une commission pour l’examen du texte. Il mourut avant d’avoir vu l’achèvement de ces travaux ; et l’édition sortit des presses, en 1624, sous ce titre : Officium simplex septem dierum hebdomadse, ad usum Ecclesiæ maronitarum, impressum auctorilale, et impensis D. Pauli V…, deinde S. D. GreyoriXV ; tandem abundantia clemenliæ Urbani VIII. Voir les lettres Ecce quam bonum, 1 er juillet 1622 et Sacrosanctum aposlolatus, 5 avril 1624, dans Anaïssi, p. 129-132. Urbain VIII se montra à l’égard des maronites d’une extrême bienveillance. Lorsque, en

1624, le couvent de Notre-Dame de Haouqa, installé dans une grotte du redoutable rempart de Wadi-Qadîscha (vallée sainte), fut converti en séminaire par le patriarche Makhlouf, le pape ne se contenta pas de bénir et d’approuver la nouvelle œuvre ; il lui assigna des fonds et lui donna des constitutions. N’ojr les brefs In supereminenti, 21 juillet 1625 ; Cran nos super, 30 juillet 1625 ; Xon exaruit, 30 août

1625, et Quamvis mare, 25 novembre 1628, dans Anaïssi, p. 132-140 ; Douaïhi, Annales, an. 1624, fol. 102 r » ; ms. ^95, fol. 151 v°-152r°. La direction de ce sémiraire dut ttre confiée aux récollets, qui, à cette époque, se trouvaient à Notre-Dame de Haouqa. Voir Fr. Eugène Roger, récollet, La Terre sainte, Paris, 1664, p. 434 et 485. Malheureusement, cette institution ne dura pas plus de neuf ans. Le patriarche 1’. Mas’ad, op. cit., p. 159-160.

Douaïhi et, à sa suite, les historiens maronites, placent la mort de Jean Makhlouf au 15 décembre 1633 >< l’élection de son successeur au 27 du même mois. Annales, an. 1633, fol. 105 r°. Mais, dans une lettre écrite le 14 février 1635, le P. Maniglier, qui résidait

DFCT. DE THÉOL. CATHOL.

alors à Alep, date la mort de Makhlouf du 16. décembre 1634 et l’élection de son successeur du 26. De plus, le 20 janvier 1635, on ne savait encore rien de cette élection à Alep, ce qui serait inadmissible si elle avait eu lieu en 1633. Voir A. Rabbath, op. cit., t. ii, p. 507. — Ce successeur était Georges’Amira, archevêque d’Ehden. Urbain VIII dont il avait été le condisciple à Rome l’appelait lumière de l’Église orientale. Lettre Quamvis mare, 25 novembre 1628, dans Anaïssi, Bull., p. 140 ; Douaïhi, ms. 395, fol. 153 V.’Amira était si dévoué à la cause catholique que nos frères des Églises séparées l’appelaient évêque romain. Voir sa lettre à Clément VIII, dans Anaïssi, Colject., p. 92-93. La grammaire écrite par lui : (irammalica syriaca, sive chaldaica, Georgii Michætis Amiræ Edeniensise Libano, philosophi, ac theologi, Collegii Maronitarum alumni, in septem libros divisa, Rome, 1596 (480 p. in-8°, sans compter la préface et les préliminaires qui ne sont pas paginés), est la première que l’on ait imprimée en latin de toute l’Europe. L’auteur ne se cantonnait pas dans l’exposé des règles grammaticales. Les préliminaires : De linguæ chaldaicee, seu syriacæ nominibus, ac discrimine ; de linguæ chaldaicæ, sive syriaca 3 anliquilate ; de linguæ chaldaicæ, sive syriacæ dignilate, ac præstantia, de chaldaicæ linguæ utilitale, attestent la curiosité de son esprit. « J’ay conversé plus d’un an au Mont Liban, dit Fr. Eugène Roger… avec l’Illustre Seigneur Georges Emire (’Amira)… ; il reçeut de Sa Sainteté, par un privilège spécial (à cause de sa piété et doctrine), permission de célébrer la sainte Messe en langue et cérémonies latines, et en Syriaque et cérémonies des Maronites : De sorte que selon le temps et sa dévotion il celebroit en l’une ou en l’autre langue. Ce que les Souverains Pontifes ont rarement concédé à d’autres. J’ay mis cy-devant son portraict, comme il estoit lorsqu’il fut élu patriarche ; qui fut l’an 1635. » Op. cit., p. 494. Ses rares mérites lui valurent une autre faveur personnelle : Rome lui assigna, pour toute sa vie, une pension annuelle. Cf. sa lettre à Clément VIII, dans Anaïssi, Collectio., p. 92-93 ; P. Chebli, Biographie de Douaïhi, p. 10-11.

Le Saint-Siège ne pouvait qu’applaudir au choix d’un homme si qualifié par l’ampleur de ses connaissances et l’ardeur de sa piété. Urbain VIII ratifia l’élection par sa lettre Romani Pontificis du 3 mars 1635. Anaïssi, Bull., p. 143-145.’Amira est le premier patriarche sorti du collège maronite de Rome. Sa principale préoccupation’devait être de réaliser les espérances que le Saint-Siège fondait sur lui. II ne limita pas son activité aux affaires maronites et travailla au développement des missions catholiques en Orient. Il offrit aux carmes, dans la région des cèdres, le monastère de Saint-Elisée, où ils s’établirent en 1643. Voir deux lettres adressées par le P. Amieu au général des jésuites, 1 avril et 12 août 1643, dans Rabbath, op. cit., 1. 1, p. 433, n. 1. — Sous son pontificat, un collège maronite se fonda à Ravenne, sous le vocable de saint Éphrem, grâce aux libéralités d’un prêtre maronite Narsallah Chalaq (Victorius Scialac), mort en 1635. Le Saint-Siège lui afiecta d’autres ressources et l’érigea en collège pontifical ayant le privilège de conférer les grades canoniques. Bref Quoniam divinæ bonitati, 6 juillet 1648, dans Anaïssi, p. 145-151 ; Douaïhi, Annales, an. 1635, fol. 106 r°. Alexandre VII, cependant, crut plus utile de le supprimer et d’affecter ses biens à la formation de jeunes maronites au collège de la Propagande ou ailleurs. Bref Romanus Pond/ex, 22 oct. 1665, dans De Martinis, Jus pontificium, t. i, p. 360. En réalité, les biens du collège maronite de Ravenne allèrent en partie à celui de Rome, pour l’éducation de deux élèves, en partie aux moines maronites de Saint-Pierre

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