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MÉR1TK Al" CONCILE DE TRENTE : REDACTION 1)1’DÉCRET


paragraphe suivant : Quanwis enim bonis operibus in sacris litteris usque adeo tribuatiir, etc. Il a pour but de préciser l’attitude pratique du chrétien en matière de mérite, attitude qui unit au sentiment d’une légitime confiance en nos œuvres une disposition d’humilité motivée par leur origine surnaturelle et leurs trop réelles Imperfections. Les tenants de la double justice pouvaient trouver ici satisfaction à leurs scrupules religieux, sans que fussent autorisées les conclusions théoriques qu’ils prétendaient en déduire. Quant au canon correspondant, devenu le 30* dans la nouvelle numération, il restait exactement rédigé dans les mêmes termes, sauf que le caractère surnaturel des œuvres méritoires y était explicitement rappelé par cette phrase : …bonis operibus qux ab eo [homine] per Dei graiiam et Christi meritum projiscuntur, p. 641.

b) Discussion. — Soumis à l’assemblée le 5 novembre, le nouveau projet était mis en discussion dès le 9.

Le point le plus saillant du débat sur les œuvres préparatoires à la justification fut un retour offensif en faveur de l’adverbe proprie, que le projet avait écarté comme litigieux. Non seulement ce terme répondait aux convictions personnelles de plusieurs Pères, mais il semblait appelé par la logique du contexte, où l’on avait inséré ces mots tirés de l’ancien canon 5 : tanquam mérita qui bus gratia debeatur excluduntur. Aussi l’évêque de Hadajoz insinuait-il qu’on pourrait avantageusement supprimer ceux-ci, p. 649. La plupart demandaient, au contraire, le rétablissement de celui-là : ainsi les évêques de Bosa, p. 646, et de Saluées, p. 679. Un bon nombre se prononcèrent expressément en faveur du mérite de congruo : ainsi les évêques de Castellamare, p. 646, des Canaries, p. 655, de Clermont et de Bertinoro, p. 657, de Porto, p. 677, et Claude Le Jay, procureur de l’évêque d’Augsbourg, p. 658. Tant et si bien que l’adverbe fut rétabli dans le texte remanié du 10 décembre, p. 696, où le complément : quibus gratia debeatur était d’ailleurs conservé. Seul l’évêque de Saluées émit quelques réserves sur le perpetuus Ecclesise consensus, qu’il proposait de remplacer par communis ou d’omettre tout à fait.

Quant au chapitre des œuvres postérieures à la justification, le fond et la forme en furent tout spécialement loués par l’évêque d’Aquin, p. 649. Beaucoup durent penser de même, puisqu’il n’y fût guère proposé que des amendements destinés à en marquer mieux encore la tendance. Le général des conventuels parlait incidemment d’un mérite de condigno, p. 662, et l’évêque de Porto souhaitait l’introduction de cette formule dans le texte, p. 677. A la phrase : vitam xternam promeruisse censeantur, qui n’indiquait tout au plus qu’une possibilité, le cardinal de Jaën, p. 642, et l’évêque de Calahorra, p. 653, demandaient que fût ajouté le verbe consequi, qui poserait plus nettement le fait. Dans le texte de l’Épître aux Romains qui terminait le chapitre, deux Pères, savoir l’évêque de Bitonto et Claude Le Jay, eussent voulu remplacer secundum opéra eorum par la formule plus accusée secundum meritum, p. 648 et 658. Pour accentuer davantage encore, dans la deuxième partie, le devoir de l’humilité, l’évêque de Vérone indiquait de rappeler la parole du Christ, Luc., vii, 10 : Serui inutiles sumus, p. 645. Celui de Sinigaglia devait nourrir des précocupations analogues quand il faisait observer, p. 650 : In ultimo capite débet misericordia Dei magis extolli.

Comme suite aux consultations des théologiens, il fut naturellement beaucoup question de la double justice au cours de ces débats. Elle semble avoir eu ses sympathies de l’évêque de Salpe, qui s’efforça de

montrer comment elle ne compromet pas le mérilc, p. 651. Mais la plupart des Pères se déclarèrent hostiles et beaucoup demandèrent que le concile en exprimât plus formellement le désaveu. Ainsi les évêques de Naxos, p. 643 ; de Torrès, p. 614 ; de Castellamare. p. 617 ; de Pano, p. 651. D’aucuns proposaient un canon spécial à cette fin, ainsi l’évêque de Badajoz, p. 649, ou du moins une addition dans ce sens au canon 30 ; ainsi l’évêque de Vérone, p. 645. Fidèle à ses convictions, Jérôme Séripando intervint par un long plaidoyer en faveur de son système, p. 666675. Il en tirait comme conclusion pratique, au sujet du mérite, l’idée de compléter la formule affirmative : Satis/ccisse… ac promeruisse… censeantur par cette autre, destinée à rassurer les âmes moins confiantes : Qui tanto caritatis afjectu sciunt se non es seoperatos vel de eo dubitant peenilentiam agant et De imiscricordiam invocent per mérita passionis Christi. Inversement, il lui paraissait bon de contrebalancer la dernière phrase de la deuxième partie, qui évoque devant les consciences la perspective toujours redoutable du jugement divin, en y ajoutant : Ut in ea cogitatione ad Dei misericordiam per mérita Christi cum dolore pœnitentiæ confugiat, p. 672. Ces deux amendements furent retenus en vue d’un examen ultérieur.

Le canon 30 ne fut l’objet que de remarques peu nombreuses et peu importantes, p. 684, destinées, dans l’esprit de leurs auteurs, à le mettre d’accord avec les modifications qu’ils proposaient au contenu du chapitre. C’est ainsi que beaucoup auraient aimé qu’on y écartât expressément la justice imputée, quelques autres que le verbe mereri y fût également accompagné de consequi.

5. Dernières précisions.

Avec le texte du 5 novembre, le décret conciliaire, en ce qui concerne le mérite, touchait presque à sa fin. L’assemblée allait, au cours de ces dernières semaines, le reprendre morceau par morceau et l’amener rapidement à son état actuel.

a) Amendements de Séripando. — Une consultation spéciale fut tout d’abord consacrée aux deux amendements où Séripando essayait de sauver l’âme religieuse, sinon les principes théoriques, du système qui lui était cher. Un troisième du même ordre, et sans doute de la même source, y était adjoint, qui proposait d’ajouter, après les mots : tanquam vitis in palmitem [Christus] virtutem influât, ces autres, destinés à en amortir le réalisme : priusque mérita sua rondonet, p. 687.

La discussion eut lieu à l’assemblée du 6 décembre : elle fut défavorable à Séripando. Son premier amendement recueillit sept suffrages, le second un seul, le troisième quatre ; trois Pères s’en remirent aux présidents ; tous les autres furent contraires, p. 691. Chemin faisant, l’évêque de Castellamare, p. 689, et celui des Canaries, p. 690, avaient de nouveau réclamé en faveur du mérite de congruo ; celui de Badajoz proposait de supprimer, au cours du c. xvi, la parenthèse : dummodo eo caritatis afjectu operatus fuerit, p. 689. Le résumé de cette séance est d’ailleurs extrêmement laconique et ne donne guère que les votes, sans rien dire des motifs qui purent être invoqués à l’appui.

b) Chapitre des œuvres préparatoires à la justification. — A partir de ce moment, pour maintenir la discussion sur un terrain de plus en plus précis, le concile examinait les chapitres l’un après l’autre ou par groupes homogènes. Celui des œuvres préparatoires à la justification eut son tour à l’assemblée du 10 décembre.

Le texte en était un peu modifié en ce qui concerne la manière d’exprimer le rôle de la foi et des œuvres : Gratis justificari ideo dicamur quia fides ipsa et opéra omnia fidem præcedentia, immo ea quoque quw. post