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    1. MARONITE (ÉGLISE)##


MARONITE (ÉGLISE), PATRIARCHES, XVI* SIÈCLE

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plinaires et liturgiques. Bien entendu, les instructions des délégués tendaient à la latinisation. Léon X insistait particulièrement sur la nécessité de se conformer, dans la préparation du saint-chrême, à l’usage romain. Voiries lettres pontificales dans Anaïssi, Bull., p. 25 sq. ; les lettres du patriarche, 14 février 1515, dans Mansi, Concil., t. xxxii, col. 042-943.

A la suite des informations envoyées par Fr. Suriano, le pape écrivait à Siméon, le 23 juillet 1515, pour le féliciter de la persévérance des maronites dans la foi orthodoxe. Anaïssi, Bull., p. 46-47. Léon X appelle ces derniers : rosas inler médias spinas.

Le patriarche Siméon mourut le 27 novembre 1524, âgé de plus de 120 ans. Douaïhi, Annales, an. 1524, fol. 80 v°. Le 9 décembre suivant, Moïse Sa’àdah Al-’Akkâri ou Ackari lui succédait sur le siège patriarcal. Originaire de Barda, dans l’Akkar (d’où son surnom : Al-’Akkârî), le nouvel élu dépêcha à Rome Antoine, archevêque de Damas, muni des lettres d’usage : lettres du patriarche, des évêques, des principaux du clergé et de la nation, pour solliciter le pallium et la confirmation pontificale. Les corsaires assaillirent l’envoyé de Moïse et le dépouillèrent de tout, même des lettres qu’il portait. Après avoir subi de dures vexations, Antoine put enfin se rédimer et poursuivre son voyage. Douaïhi, Annales, an. 1524, fol. 80 v° ; ms. 395, fol. 137 v°-138 r° ; Chronologie, p. 34. Mais, n’ayant plus les lettres électorales, il partit de Rome sans pallium ni bulle de confirmation, et il fallut attendre plusieurs années pour les obtenir. Entre temps, le pape et le patriarche échangèrent quelques lettres. Voir Anaïssi, Bull., p. 53-68 ; Colleclio, p. 44-47. Clément VII témoigna une particulière bienveillance aux maronites en leur désignant comme cardinal protecteur l’austère et vertueux Marcel Cervini, plus tard pape sous le nom de Marcel IL Lettre Superiori anno, 25 janvier 1532 dans Anaïssi, Bull., p. 55-56. Paul III ne montra pas moins d’intérêt à leur endroit. Sur la demande de Mo’: 'se, il investit de la charge de commissaire apostolique auprès d’eux Fr. Dionisio, gardien du couvent du Mont-Sion, et enjoignit au ministre général de l’ordre séraphique de leur envoyer quelques frères capables d’enseigner le latin. Le patriarche demandait ces frères dans l’intention de fonder un séminaire, mais, on ne sait pourquoi, ce projet n’eut pas de suite. Lettre Maxima nos du 21 novembre 1542 au patriarche ; lettre Atlulit ad nos, même date, au mouqaddam Jean’Abd-Al-Mon’em, dans Anaïssi, Bull., p. 57-61. Dans les fonctions de commissaire apostolique, le nouveau gardien du Mont-Sion, Fr. Giorgio, succéda, en 1544, à Fr. Dionisio. Lettre Suis nobis litteris, 18 sept. 1544, ibid., p. 62-63.

Le cardinal Marcel Cervini, élu pape, le. Il avril 1555, sous le nom de Marcel II, mourut après 21 jours de pontificat. Le patriarche dépêcha un messager spécial au nouveau pape, Paul IV, pour lui offrir l’hommage de ses félicitations. Il le chargea aussi de solliciter la nomination d’un cardinal protecteur. Au lieu d’un, Paul IV en désigna deux, le cardinal di Carpi et le cardinal Bernardin. Lettre Ex litteris quas dilectus. 12 nov. 1556, Anaïssi, p. 64-65 ; Douaïhi, ms 395, fol. 139 r°.

Le jeudi saint de 1557, Moïse réunit un synode et consacra le saint chrême en présence de huit archevêques, d’environ quatre cents prêtres, de Rizqallah, mouqaddam. de Bécharrî, et d’un grand concours de peuple. Douaïhi, Annales, an. 1557, fol. 85v°. Des actes de ce synode on ne possède aucun texte. C’est le premier concile connu de l’Église maronite.

En 1561, Moïse n’avait encore ni pallium ni confirmation. Douaïhi attribue ce retard à la tragique aventure de Mgr Antoine : On n’osait plus faire le voyage de Rome. Ms. 395, fol. 137 v°-138r° ; Annales, an. 1561,

fol. 86 v.Quoi qu’il en soit, le patriarche manda auprès de lui un prêtre de Chypre, nommé Georges, qui savait un peu l’italien, et le députa à Rome pour solliciter de nouveau les faveurs désirées. Georges abusa de la confiance de son mandant : il fabriqua une lettre au nom de ce dernier et se fit sacrer évêque ; de plus, ayant reçu le pallium et divers ornements d’église poulie patriarche, il se dirigea vers ( hypre et s’appropria le tout. Indigné, Moïse s’en plaignit au pape par une lettre écrite de Jérusalem en 1564. Douaïhi, Annales, an. 1561, fol. 86 v°-87 r°. C’est bien de ce Georges qu’il est question dans la lettre : Venerabilem jratrem nostrum Georgium, adressée par Pie IV au patriarche, le 1 er septembre 1562. Anaïssi, p. 66. A Rome, on n’était pas encore au courant de sa manœuvre frauduleuse.

Jusqu’à cette époque, les nouveaux patriarches envoyaient seulement au pape leurs lettres d’obédience. Pie IV leur demande, dans la même lettre, d’y joindre désormais la profession de foi. Une dernière lettre de Pie IV à Moïse fut écrite le 23 février 1565, à l’occasion d’une mission pontificale en Orient. Le légat, Jean-Baptiste, évêque des Abyssins établis en Chypre, était chargé de visiter, entre autres populations, les maronites. Nous avons publié cette lettre dans notre étude : Une mission en Orient sous le pontificat de Pie IV, p. 19-20. Dans ces lettres pontificales, on constate, une fois de plus, la particu’ière importance que les papes attachent à l’adoption de certains rites et usages de l’Église latine, notamment dans l’administration des sacrements. Ainsi, les voies se préparent à cette latinisation systématique que l’on verra s’accomplir aux siècles suivants. Moïse mourut au mois de mars 1567.

Michel Risi ou El-Ruzzi vivait dans la solitude de l’ermitage, lorsque, au mois de mars 1567, les vœux de la nation le portèrent sur le siège d’Antioche. Voir une note écrite sur la première page du ms. syriaque 203 de la Bibliothèque nationale de Paris ; Douaïhi. ms. 395, fol. 140 r » ; Annales, an. 1567, fol. 87 v » -88r°, Le Saint-Siège ne ratifia son élection qu’en 1579. Lettres de Grégoire XIII, Cum postquam, 1 er août 1579, et Romani Pontificis, 18 septembre 1579, dans Anaïssi, p. 75-78. Ce retard, dû tout d’abord à des circonstances entièrement étrangères à l’aptitude canonique, fut ensuite prolongé à cause de nouvelles difficultés touchant l’orthodoxie. De mauvaises langues, en effet, avaient accusé le patriarche de tendances monophysites. Les conclusions de l’enquête prescrite à ce sujet par le Saint-Siège, toutes à l’avantage de Michel Bisi, ne purent être portées à Rome avant 1577. Mais le pape retarda encore l’envoi du pallium jusqu’au retour à la Ville éternelle, en 1579, de la mission Eliano-Baggio dont il sera question plus loin. Le patriarche le reçut en 1580. Douaïhi, ms. 295, fol.l40r°144 v° ; Annales, an. 1580. fol. 91 r° ; P. Dib.Les conciles de l’Église maronite (de 1557 à 1644), dans la Revue des sciences religieuses, 1924, t. iv, p. 216-218 ; Anaïssi, Bull., p. 75-78 et 89-91.

Sous Michel Bisi, eurent lieu les deux légations pontificales d’Eliano et de Baggio (1578-1579), et d’Eliano et de Gian-Battista Bruno (1580-1582), tous jésuites. Les Pères de la compagnie prenaient, pour la première fois, contact avec les maronites. Jusque-là, les agents du Saint-Siège avaient été les seuls franciscains. La première légation était une réponse à la mission patriarcale envoyée à Borne en 1577. Elle avait pour but de visiter les maronites et, du même coup, d’attirer vers l’union les chrétientés séparées. Les envoyés pontificaux quittèrent Borne, avec les mandataires de Michel Risi, dans le courant de mars 1578 ; autour de la mi-juin, ils étaient à Tripoli. Dans la lettre écrite par le pape à cette occasion,