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MENSONGE — MERBES


franche et répondant à toutes les difficultés pratiques. Elle se résumerait en ces quelques propositions :

1. Le mensonge est une parole dite contre sa pensée avec intention de tromper.

2. C’est aller contre la fin voulue par Dieu que de faire servir au mensonge la parole qui nous a été donnée pour exprimer notre pensée.

3. La raison d’être de la parole n’est pas de donner à la pensée un vêtement sensible, mais d’être pour elle un véhicule. Par la parole, l’homme exprime sa pensée à d’autres hommes. Et c’est pourquoi le mensonge est essentiellement ad alium. On ne ment pas quand on se parle à soi-même ; on ne ment qu’en parlant à d’autres hommes. L’opposition du mensonge au dessein de Dieu n’est donc pas une opposition abstraite ; il faut la comprendre en ce sens que le mensonge s’oppose à la vérité qui doit se trouver dans toute parole humaine, in quantum ex honestate unus homo alteri débet veritatis manifestationem. II a —II æ, q. cix, a. 3.

4. A l’obligation de dire la vérité au prochain correspond chez le prochain un droit à recevoir la vérité. Ce droit est lésé par le mensonge.

5. Le mensonge est donc péché parce qu’il est une violation de la vertu de véracité qui s’impose à tout homme ex honestate ; il est d’abord, et par essence, un manquement envers nous-même, outre que, par corrélation, il lèse le droit du prochain à n’être pas trompé.

6. Mais il y a des cas où, par sa faute, le prochain se prive de ce droit. Celui qui, par des interrogations indiscrètes, en dehors de toute mission et autorité spéciales, prétend pénétrer sur un terrain qui m’est réservé et m’arracher mes secrets, n’a plus de droit à ce que je lui réponde et je n’ai plus le devoir de répondre selon la vérité. Contre son incursion injustifiée, j’ai au contraire le droit de me protéger. Je me protégerai par le silence, par le refus de répondre, si je le puis ; mais si je ne puis me dispenser de répondre, ma parole, quelle qu’elle soit, vraie ou fausse, ne lésera, plus aucun droit, ne me fera violer aucun devoir.

7. Dans l’hypothèse précédente, j’avais le droit de ne pas dire la vérité. Il peut arriver que j’en aie même le devoir. Même interrogé par quelqu’un qui, de soi et dans les circonstances ordinaires, aurait le droit de le faire, si je ne puis répondre sans nuire gravement à un tiers innocent, mon devoir est tout tracé : en présence de deux obligations qui se contredisent, j’obéirai à celle qui domine, et pour ne pas sacrifier la vie d’un homme, je n’hésiterai pas à sacrifier la vérité. Le bon sens m’y oblige et les principes qui régissent le cas de conflit des devoirs m’y autorisent.

8. Il est évident que ce sont là des cas exceptionnels, auxquels il faut des solutions exceptionnelles. Ils ne peuvent amoindrir la grande loi de sincérité que la raison impose à tout homme, que l’Évangile propose comme idéal à tout chrétien : Sit sermo vester ; Est est ; non, non, Matth., v, 37.

L. Godefroy.

MER ATI Gaétan Marie (1668-1744), théatin de Venise, fut d’abord professeur en diverses maisons de l’Institut, puis finalement consulteur de la Congrégation des Rites, dont il fut une des lumières ; il mourut à Rome le 8 septembre 1744. On a de lui un grand ouvrage d’apologétique : La verita delta religione cristiana dimostrata nei suoi fondamenti, nei suoi caratleri, pregi, misterie dogmi contenuli nella professione délia vera (ede ; ragionamenti polemici, 2 vol. in-4°, Venise, 1721. Mais notre auteur reste surtout célèbre comme liturgiste. En 1736-1738, il publia une nouvelle édition très améliorée du Thésaurus sacrorum rituum de Gavanti, 4 vol. in-4°, Rome ; et en 1740 des Novæ observationes et additiones ad Gavanti commentaria in rubricas missalis et bre viarii romani, 2 vol. in-4°, Augsbourg, 1740 ; autres éditions à Venise, 1744, 1749, 1823.

Jôcher-Rotermund, Gelehrlen Lexikon, 1813, t. IV, col. 1741 ; Hœfer, Nouvelle biogra/>liie générale, t. xxxv, col. 2 ; Hurtcr, Xomenclator, 3e édit., t. IV, col. 1650 sq.

É. Amann.
    1. MÉRAULT DE B IZ Y Athanase René##


MÉRAULT DE B IZ Y Athanase René, prêtre de l’Oratoire (1744-1835), né à Paris, fit son éducation au collège de Juilly et entra ensuite dans la congrégation. Dès l’âge de vingt-cinq ans, il fut appelé à diriger la maison d’institution. A la Révolution française, il refusa de prêter le serment exigé par la Constitution civile du clergé et fut forcé de quitter Paris pour se retirer à Orléans où il avait des parents. Emprisonné en 1793 et relâché seulement après le 9 thermidor, il resta dans la ville et devint en 1805 vicaire général de l’évêque Rernier qui le mit à la tête du grand séminaire. Possesseur d’une grande fortune, il en consacra une notable partie à fonder à Orléans plusieurs établissements religieux et charitables. On a de lui plusieurs ouvrages où il essaie de faire l’apologie de la religion chrétienne, surtout par les paroles de ses adversaires : Les apologistes involontaires ou la religion éternelle prouvée et défendue par les objections mêmes des incrédules, Paris, l re édit., anonyme, 1806, 2e édit., signée, 1820, in-12 ; livre dans lequel, comme ajoute le sous-titre « par des preuves claires et sensibles, par des raisonnements simples et faciles à saisir, on réfute victorieusement les objections les plus connues de l’impiété ». Les Apologistes ou la religion chrétienne prouvée par ses ennemis comme par ses amis, Orléans, 1821, suite du volume précédent ; Conspiralion de l’impiété contre l’humanité, Paris, 1822, in-8° ; Voltaire apologiste de la religion chrétienne, in-8°, 1826 ; Rapport sur l’histoire des Hébreux rapprochée des temps contemporains, Orléans, 1825, in-12 ; Instructions pour la première communion, Orléans, 1825 ; Mères chrétiennes ; combien leur zèle est nécessaire au succès de l’éducation, supplément aux instructions pour la première communion, Paris, 1830 ; Enseignements de la religion, Orléans, 1827, 5 vol. in-12 ; Preuves abrégées de la religion offertes, à la jeunesse avant son entrée dans le monde, Paris, 1829 ; Recueil des Mandements sur l’instruction des peuples et méthode à suivre pour l’enseignement de la religion, Paris, 1830, in-12. Ces ouvrages assez bien écrits manquent quelquefois de plan et de méthode. Mérault mourut à Orléans le 13 juin 1835.

Ami de la Religion, 1835, t.n, p. 662 ; t. iii, p. 273, 305 ; Ingold, Essaide bibliographie oratorienne, p. 110-111 ; L’Orléanais du 17 juin 1835 consacre à Mérault un article de M. Hue ; Portraits et histoire des hommes illustres, 1835 ; Qucrard, La France littéraire, t. vi, p. 54.

A. Molien.

MERBES (Bon de) (1598-1684), naquit à Montdidier vers 1598 et entra à l’Oratoire vers 1630. Il enseigna dans plusieurs collèges et quitta l’Oratoire en 1643. Il devint alors professeur de rhétorique au collège de Navarre et il s’adonna à la prédication ; puis il fut principal du collège de Montdidier. A la demande de l’archevêque de Reims, Charles Maurice Le Tellier, il composa une théologie morale. Il mourut, le 2 août 1684, au collège de Beauvais. Merbes n’a publié qu’un seul écrit, mais un écrit qui valut à son auteur une légitime réputation : Summa christiana seu Orlhodoxa morum disciplina ex Sacris Lilleris, ex Sanctorum Patrum monumentis, Conciliorum oraculis, Summorum denique Ponlificum decrelis, fideliler excerpla, in graliam omnium ad œdificationem corporis Christi (quod est Ecclesia) incumbentium elaborala, 2 vol. in-fol., Paris, 1683. Dans cet écrit dédié à l’archevêque de Reims, Merbes veut donner des règles certaines pour la conduite des hommes dans