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MENNONITES — MKNSING


à la défense du divorce, dissidences momentanément aplanies dans la réunion d’Einden en 1547, qui déterminèrent le maître à publier divers opuscules.

.Mais le schisme devint complet à l’occasion des discussions qui s’élevèrent sur la validité de l’excommunication ecclésiastique, entre ceux qui admettaient cl ceux qui rejetaient la direction fanatique des premiers anabaptistes. Menno s’expliqua dans deux lettres en faveur de l’excommunication pour les cas graves, niais seulement après trois avertissements, et en admettant la réintégration des pénitents. Il ne put empêcher, en 1554, la séparation du parti de l’excommunication rigoureuse (Flamands) et du parti plus modéré (Allemands).

La cause fut de nouveau débat lue en 1557 dans une nombreuse assemblée tenue à Strasbourg, et Menno se laissa entraîner par Diétrich Philipps à l’opinion la plus rigoureuse, qui frappait d’excommunication les fautes les plus légères : cela entraîna la rupture de toute communion avec les mennonites de Moravie, de Suisse, de Souabe et du Brisgau, lesquels refusaient d’adopter une rigueur qu’ils reprochaient au papisme.

Menno ne survécut pas longtemps à ce schisme ; il mourut le 23 janvier 1559 à Wustenfeld (Hollande) ; d’autres le font mourir en 1561 à Oldeslo (Holstein) dans la maison de campagne d’un gentilhomme qui l’avait mis à l’abri de la fureur des baptistes.

Ceux-ci étaient considérés par les réformés aussi bien que par les catholiques comme des ennemis de l’ordre public. Ainsi le corps de David.loris fut brûlé publiquement, le 23 août 1550, à Bâle où il s’était retiré, depuis 1544, sous le nom de Jean de Bruck.

Une opposition les divisa, dès 1554, en fins (Flamands et Frisons orientaux) et grossiers (Waterlànder, Frisons occidentaux). Les uns tenaient rigoureusement à l’ancienne organisation et furent appelés Dompelcr, parce qu’ils exigeaient dans le baptême la submersion complète (onderdompeling) tandis que les autres toléraient certains adoucissements. En 1567, les deux partis chargèrent deux de leurs maîtres, Jean Willems et Lubhert Gerardi, d’arriver à un compromis, mais ils n’aboutirent d’abord qu’à rendre leur schisme plus complet.

Cependant peu à peu le besoin d’union se fit sentir et détermina la rédaction d’écrits symboliques. Le premier fut celui des Waterlander, rédigé en 1580 par Jean Bies et Lubbert Gérardi. Il fut suivi de celui d’Outerman, maître mennonite d’Harlem, qui parut en 1626 et fut signé par dix-neuf maîtres. Il fut remis aux États généraux et procura la liberté de conscience aux mennonites des Pays-Bas.

La commune d’Amsterdam prit l’initiative de procurer l’union. En 1627, une circulaire déclarait que nul ne pouvait refuser aux Flamands comme aux Waterlânder le véritable signe des enfants de Dieu, c’est-à-dire la foi opérant par la charité ; dès lors, quelle parole de la sainte Écriture défendait aux deux partis de faire la paix ? Une autre lettre, appelée Présentation, succéda en 1629 ; elle conviait sérieusement à l’union de tous les Enfants de Dieu dispersés. Ces écrits reçurent le nom d’Olivier de la paix et amenèrent en 1630 la réconciliation des Frisons et des Allemands.

Mais une division bien plus profonde, parce que d’origine dogmatique, sépara en 1664 les galènistes (du nom de leur chef, Galenus, médecin d’Amsterdam) et les apostooliques, disciples d’un autre médecin d’Amsterdam, Apostool. Ces derniers conservaient lidèlement la doctrine de Menno sur la Trinité et l’Incarnation ; tandis que les premiers étaient à tendance socinienne et piétiste. On les appelait aussi lamistes, d’après leur lieu de réunion (I.amm = agneau). Après de vaines tentatives d’union en 1687 et en 1700, une certaine fusion administrative fut réalisée en 1811,

facilitée par le fait du glissement des uns comme des autres vers l’incrédulité.

III. Situation présente. — Aujourd’hui, les mennonites jouissent partout d’une complète liberté religieuse. Leur nombre total se monte, d’après leur dire, à 250 000, dont 50 à 60 000 en Hollande (127 communautés, 140 pasteurs), 18000 en Allemagne, 70000 en Russie, 80 000 aux Etats-Unis, 2 000 au Canada. Mais ces chiffres sont certainement exagérés. Ceux delà Russie méridionale proviennent de la Prusse occidentale dont ils commencèrent à émigrer en 1783. Ils y ont acquis de grandes richesses près de la mer d’Azof. Des décrets spéciaux des empereurs les exemptaient du service militaire ; mais, en 1871, ce privilège a été aboli, ce qui a amené des milliers d’émigrations aux États-Unis. Les mennonites sont d’ailleurs en Amérique depuis la fondation de NewYork. Leur première église s’organisa, en 1683, à Germantown, près de Philadelphie. Ils se trouvent surtout dans la Pensylvanie, l’Ohio, l’Indiana et le Canada.

Les mennonites Amish, appelés d’ordinaire Omish, apparurent d’abord en Alsace (1693). Ils ne voulaient pas de boutons à leurs vêtements, et de là ils furent nommés hœftler ou mennonites à agrafes, tandis que les autres étaient connus sous le nom de knœpfler ou mennonites à boutons.

Les mennonites se distinguent ne.t m. ni des anabaptistes primitifs en ce qu’ils ont renoncé à toute prétention de réformer l’État. Leurs revendications sont d’ordre purement spirituel, et ils s’efforcent d’appliquer les principes de charité et d’amour contenus dans l’Évangile. Ils répudient la guerre et le service militaire, la vengeance des injures, le serment sous toutes ses formes, ils réprouvent le divorce, excepté pour le cas d’adultère. Us rejettent en principe l’autorité civile comme contraire au royaume du Christ, mais ils l’acceptent en fait comme une institution nécessaire jusqu’à l’accomplissement des temps. L’Église est la communauté des rachetés, et pour conserver sa pureté originelle elle doit être soumise à une forte discipline ecclésiastique. Leurs anciens et leurs prédicateurs remplissent gratuitement leurs fonctions. Leur culte se compose de prières, de chants et de prédications. Les deux sacrements, baptême et eucharistie, ne sont que des symboles extérieurs. Le baptême s’administre presque universellement par allusion. La communion se célèbre deux fois par an ; elle est précédée, dans la grande majorité des églises d’Amérique, par le lavement des. pieds. Suhant la doctrine de Zwingle, ils ne voient dans la Cène qu’un repas commémoratif.

Les mennonites n’acceptent pis les fonctions publiques qui les obliger ; ient à prêter serment ou à infliger des et âtiments. Ils n’en appellent jamais aux tribunaux. En Amérique, comme dans la plupart des pays d’Europe, ils sont presque tous fermiers.

H. Schyn, Histona chnstianorum qui mennonilaappelïaniur, Amsterdam, 172 !) ; Historiæ mennonitarum plenior deduetio, Amsterdam, 1729 ; A. Brons, Ursprung der Mennoniten, Amsterdam, 1891 ; Horsch, Geschichle der Mennonitengemeinden, Amsterdam, 1890 ; art. Menno et Mennoniten de la Prot. Realencyclopàdie, t. xii, 191)15, p. 586616 ; art. Mennonites, dans Encyclopeedia of Religion and Ethics de J. Hastings, 1915, t. viii, p. 551-554. Un Mennonitisches Lexikon, publié par Chr. Iloge et Cbr. Neff.a commencé de paraître en 1913, Francfort-sur-le-Main ; en 1926 il en est rendu au commencement de la lettre <j.

R. HEDDE.

    1. MENSING Jean##


MENSING Jean, frère prêcheur allemand (xvie siècle). — Originaire soit de Magdebourg, soit de Zutphen, Mensing entra en 1495 dans l’ordre de saint Dominique. Il obtint ses grades de théologie à Magdebourg en 1515 et à Wittenberg en 1517. Puis i se rendit à l’université de Francfort-sur-1’Oder.