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MENGHI — MENNONITES


expellendos, facturas et maleficia fuganda de obsessis corporibus complectens, cum suis benedictionibus et omnibus requisitis ad eorum expulsionem, in-8°, Bologne, 1577, 1578, 1581, Maccrala, 1580 et Mayence, 1582, dans le Maliens maleficarum. Il le fit suivre du Fustis dœmonum, adjurationes jormidabiles et efficaces ad malignos spiritus fugandos de oppressis corporibus htimanis, ex sacrée Apocalypsis fonte, variisque sanctorum Patrum authoritatibus hauslas complectens, in-8°, Bologne, 1584. Unis ou séparés, le Flagellum et le Fustis eurent ensuite de nombreuses éditions, qu’il serait superflu de citer. Le premier était précédé d’un exposé doctrinal et de règles sûres pour les exorcistes : l’auteur jugea utile de développer cette partie de son livre, et il composa dans ce but un Compendio’dell’arte essorcisticae possibilitù délie mirabilie slupende operationi delli demonie de’i malefici con i rimedii opportuni aU’in/irmità maleficiali, in-8°, Bologne, 1579, 1580. Pressé de faire imprimer ce travail avant de l’avoir achevé, Menghi en compléta les trois livres par l’addition de nouveaux chapitres, ibid., 1582 Sur de nouvelles instances il y ajouta trois nouveaux livres, qui forment la Parte seconda, nella quale si tratta délia natura degli Angeli cosi buoni, corne rei…, ibid., 1594, Venise, 1601. Accueillis avec faveur, ces ouvrages étaient quelque peu tombés dans l’oubli quand la S. C. de l’Index condamna les deux premiers le 7 juillet 1704, et le troisième le 17 janvier 1709.

Toutefois la démonologie n’occupait pas exclusivement le P. Menghi. Religieux de vie exemplaire, très zélé pour l’avancement de ses confrères dans la perfection de leur état, il composa pour eux un Hortus deliciosus fratrum minorum omnium fructuum copiosissimus ad scientiam rerum saluti necessariarum et ad implendam professioncm propriam, in-8°, Bologne, 1590, 1594, dont il donna une traduction en langue vulgaire, Giardino delicioso, ibid., 1592. Il traduisit également en italien la Summa angelica de son confrère le B. Ange Carletti de Chivasso, in-4°, Bologne, 1594, et il publia dans la même langue le Tesoro céleste délia gloriosa Madré di Dio, Maria vergine, in-4°, ibid., 1607.

La renommée de Menghi avait passé les limites de sa province ; apprécié par d’illustres personnages, il n’était pas inconnu du pape. Passant par Ferrare en 1598, Clément VIII ordonnait au ministre général de le substituer comme provincial au P. Théodore Lazzarini, qu’il déposait, 29 octobre. Le chapitre réuni le 22 septembre 1600, ayant élu un autre ministre, le même pontife commandait de rétablir le P. Menghi, dont le triennat n’était pas achevé. Il gouverna jusqu’au 1 er février 1602 ; alors Clément VIII lui donna un successeur.

Melchiorri, Annales minorum, t. xxiv, an. 1609, n. xxxiii ;

Hyacinthe Picconi, Série cronologieo-biografiea dei ministri

provinciali délia prov. di Bologna, Parme, 1908 ; Wadding Sbaraglia, Scriptores ordinis minorum, Rome, 1906-1912.

P. Edouard d’Alençon.

    1. MENNONITES##


MENNONITES. — On désigna d’abord sous le nom général d’anabaptistes les protestants qui n’admettaient pas la validité du sacrement de baptême administré aux enfants et par conséquent en exigeaient la réitération. Voir Anabaptiste, t. i, col. 1128 sq. Partant d’une interprétation trop absolue du texte de saint Marc, xvi, 16 : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné », ils concluaient que, la foi étant requise pour le baptême, ce sacrement ne peut être validement donné qu’à ceux qui sont capables de donner leur libre assentiment. Ils se nommaient eux-mêmes en Suisse et dans le midi de l’Allemagne Taùfer, c’est-à-dire baptiseurs, et dans les Pays-Bas doopsgezinde, c’est-à-dire personnes ayant une manière de voir spéciale sur le baptême. On les appela plus tard menno nites parce qu’ils furent réorganisés par Menno Simonis, qui après la période troublée qui dura de 1522 a 1535, précisa leurs doctrines.

I. L’oRGANrsATEUit. Menno, fils de Simon, né

vers 1496 à Witmarsum près de Franecker dans la Frise occidentale, était devenu en 1532 curé de sa ville natale. La lecture des écrits de Luther, de Bucer et des autres réformateurs ébranla sa foi dans le dogme de la transsubstantiation. Lorsque les anabaptistes, dont les violences fanatiques s’étaient déchaînées à Munster, eurent été durement réprimés en

1535, c’est à lui que les frères Ubbo et Diétrich Philipps vinrent, avec David Joris, proposer de se mettre à la tête des anabaptistes modérés et assagis. Il accepta et se sépara publiquement de l’Église catholique en

1536. Ayant renoncé à sa cure, il se fit baptiser par Ubbo Philipps et devint prédicateur itinérant, visitant et organisant dans la Frise, le Holstein, le Mecklembourg et la Livonie de petites communautés anabaptistes qui réprouvaient les procédés de Jean de Leyde et les violences de Munster.

Son principal ouvrage, composé en 1539, est le Livre fondamental sur la doctrine rédemptrice du Christ. Ses écrits, tous en hollandais, ont été recueillis pour la première fois en 1600 ; la meilleure édition est celle d’Amsterdam, 1681.

Il fut exilé de la Frise orientale en 1542 par édit impérial, et s’établit en Hollande après bien des pérégrinations (Groningue, Emden, Cologne, Frise occidentale).

Menno garde les principaux dogmes catholiques en essayant de les amalgamer avec les principes anabaptistes. Pour lui, le péché d’Adam se perpétue ; sa conséquence est la mort ; cependant chacun n’est condamné que pour son propre péché et non par suite du péché originel. La liberté a un grand prix, elle a une haute importance pour la justification, qui ne s’opère pas seulement par la foi, mais aussi par l’obéissance, par les bonnes œuvres, les bons conseils, l’aumône, la visite des malades, preuves et fruits de la foi. La foi qui justifie change le cœur et fait d’un homme injuste un véritable juste. Le Christ n’a institué que deux sacrements : le baptême, pour les adultes, pour ceux qui croient et qui font pénitence, et la cène. Il a promis le ciel aux enfants sans le baptême. Les sacrements sont des actes extérieurs et sensibles qui ne font qu’exprimer et représenter la vertu sanctifiante découlant incessamment du Christ, mais qui ne la communiquent pas. Une cérémonie nécessaire est celle du lavement des pieds des frères voyageurs. L’Église est la continuation du royaume du Christ ; elle a des anciens et des prédicants que les premiers confirment en leur imposant les mains. Dans un sens général, tous ceux qui sont rachetés appartiennent à l’Église, à l’alliance de Dieu. Il faut recevoir dans la communion de l’Église ceux qui veulent faire pénitence. L’autorité vient de Dieu ; nous devons le respect et l’obéissance aux supérieurs en tout ce qui n’est pas contraire à la parole de Dieu. La guerre et les serments sont absolument interdits aux chrétiens.

II. Divisions entre les disciples.

La doctrine de Menno ne présente aucune consistance dogmatique et par conséquent ne possède aucune force de cohésion. Les dernières années de sa vie furent empoisonnées par des discussions entre ses adhérents. Ainsi Battenburg parlait encore de saisir le glaive d’Élie, d’extirper les impies, d’ériger un nouveau royaume des croyants tandis que David Joris pensait qu’il viendrait un temps où tous les princes de la terre déposeraient librement leurs couronnes, mais qu’il fallait les tolérer jusqu’alors et leur obéir.

D’autres dissidences s’élevèrent encore contre la doctrine de Menno relative à l’incarnation du Verbe,