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MARONITE (EGLISE), DOMINATION DES M AMI, OU KS

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p. l ai : Laminons. La Syrie, t. ii, p. 1 sq. ; Gaudefroy-Demombynes, La Syrie ù l’époque des Mamelouks, 1>. cv-exi. D’ailleurs, l’intransigeance des sultans tnamloûks à eet égard est bien marquée dans les documents officiels. Ainsi, le diplôme d’investiture qu’ils accordaient au patriarche melkite défendait rigoureusement à celui-ci d’avoir des rapports avec l’étranger. « Qu’il se garde soigneusement, y lisons-nous, de tenir cachée une lettre à lui adressée par un monarque étranger ou de lui écrire ou de commettre rien de pareil ! Qu’il évite la mer et ne s’y expose pas… ! » Traduct. Lammens, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1903, t. viii, p. 104. Si à ces difficultés on ajoute les obstacles géographiques, les révolutions successives, les invasions mongoles, on comprendra aisément pourquoi, dans la période qui va d’Urbain IV à Eugène IV, nous n’avons pas de lettres échangées entre Rome et le patriarche maronite. Il fallut attendre la cessation du péril franc et la venue de missionnaires au Liban pour assister à une reprise de relations si longtemps interrompues.

Les Mamloùks divisèrent le pays en six gouvernements appelés chacun mamlakat (royaume) ou nidbat (lieutenance) : Damas, Alep, Hamàh, Tripoli, Safad, Karak (Transjordanie). Le titulaire de chaque mamlakat ou nidbat portait le nom de nâïb (vice-roi, lieutenant). Les maronites, groupés dans le Liban septentrional, s’organisèrent, une fois de plus, sous la conduite de leur patriarche et de leur clergé. Ils se divisèrent en plusieurs districts ayant à leur tête des chefs pris au sein de la nation, nommés mouqaddamin (préposés). Cette organisation, sans les mettre à l’abri des exactions, ni des persécutions, leur donnait une certaine autonomie. Les mouqaddamin tout en relevant de la nidbat de Tripoli, administraient, à leur manière, les affaires temporelles de la communauté ; leur charge devint même héréditaire. Ils étaient généralement revêtus du sous-diaconat (ordre mineur chez les maronites ; pour avoir, à l’église, droit de préséance sur les laïcs. Douaïhi, Annales, an. 1442, 1470, 1472, fol. 68 v » et 70 v° ; Debs, op. cit., t. vi, p. 459-461 ; Darian Les maronites au Liban, p. 78-91 et 227 ; Lammens, La Si/rie, t. ii, p. 4, 38, 69.

Au xive siècle, le nombre des maronites devait être assez important. En effet, à cette époque, Ludolphe de Suchem décrivait le Liban comme « couvert d’un nombre considérable de bourgs et de villages, tous habités par une immense multitude de chrétiens ». Cité par Lammens, Frère Gryphon, loc. cit., p. 83. Les patriarches de cette période furent Simon, Jean, Gabriel de Hajjoula, mort pour la foi en 1367, et David qui prit le nom de Jean. Douaïhi, Chronologie, p. 28-29 ; Ghabriel, loc. cit., p. 265-270.

Au xv siècle, la question d’Orient reprit une place de choix dans les préoccupations romaines. Eugène IV et Calliste III, notamment y prêtèrent une attention particulière. Un jour ayant remarqué sur sa table une salière d’or, le vieux pontife castillan s’écria : « Qu’on l’enlève pour l’Orient ! De la faïence fera tout aussi bien ». Cité par Lammens, Fr. Gnjphon, ibid., p. 92. Les papes organisèrent un plan de conquête apostolique, dans lequel les missions devaient jouer le rôle principal. Il était réservé aux franciscains d’exercer en Syrie une action particulièrement importante.

Les maronites ne furent pas oubliés. Catholiques, oui, mais entourés, de toutes parts, d’infidèles et d’hérétiques, ils avaient besoin de l’aide missionnaire pour soutenir leur foi et leur courage. Les religieux de l’ordre séraphique se montrèrent à la hauteur de cette tâche. Ils les visitèrent, les assistèrent dans leurs luttes pour la religion et servirent d’intermédiaires entre eux

et le chef de l’Église. « A cette époque, on ne— parlait, on ne traitait dans toute l’Italie que de la réunion des dissidents orientaux à l’Église romaine. Le 22 novembre 1139, Eugène IV eut la joie de recevoir le serment de fidélité des envoyés arméniens. Leur réunion avait suivi de près celle des Grecs au concile de Florence. Vers ce même temps arrivait au concile Frère Jean. supérieur des franciscains de Beyrouth. Il venait au nom de Jean Al-gâgî, patriarche du Mont-Liban, faire hommage au vicaire de Jésus-Christ, l’assurer que le chef de la nation maronite acceptait d’avance toutes les décisions de l’assemblée, réclamer le privilège du pallium et la confirmation de son élection au siège d’Antioche. De leur côté, les maronites de Jérusalem avaient envoyé à Florence le franciscain Fr. Albert… Dans la première moitié du xv siècle, le célèbre franciscain Antoine de Troïa avait, à plusieurs reprises, parcouru l’Orient, chargé par les souverains pontifes d’importantes missions auprès des chrétiens orientaux, spécialement auprès des populations du Mont-Liban. En 1444, il revenait à Rome accompagné de députés des Maronites et des Druses. » Lammens, Fr. Gryphon, p. 72 et 77. Cf. Douaïhi, Annales, an. 1438, loi. 67 v°68 v° ; Marcellin de Civezza, histoire universelle des missions franciscaines, t. m a, Paris, 1898, p. 209.

Afin de fortifier son autorité en Syrie, le Saint-Siège voulut y établir un représentant à titre permanent. Il créa en 1444 un commissariat apostolique auprès des maronites, des druses et des syriers (melkites). Fr. Pierre de Ferrare, du couvent de Saint —Sauveur de Beyrouth, en fut le premier titulaire. Lammens, ibid., p. 78. Fuis Nicolas V investit de cette charge auprès des maronites André, archevêque de Nicosie. Lettre Placuit o’mnipotenti Deo, 19 août 1447, dans Anaïssi, Bull., p. 17-18 ; Ccd. Vat. arab. 640, fol. 31. Les fonctions de commissaire apostolique furent ensuite confiées à Fr. Gar.dolphe de Sicile, gardien du Mont-Sion. En se rendant auprès des maronites, le nouveau délégué pontifical prit avec lui, entre autres compagnons, Frère Gryphon. Marcellin de Civezza, loc. cit., p. 209. Ce dernier, attaché définitivement à la mission du Mont-Liban, eut pour collaborateur Fr. François de Barcelone et représenta à son tour le Saint-Siège auprès des maronites (voir plus loin, col. 44). En 1475, il demanda et obtint la peimission de se rendre en Perse pour y achever le reste de sa vie missionnaire. Mais à peine était-il arrivé en Chypre qu’il tombait gravement malade, et, le 17 juillet 1475, rendait le dernier soupir. Fr. François de Barcelone alla à Rome pour exposer au pape les résultats des travaux accomplis au Liban et le prier de députer un autre missionnaire à la place de Gryphon. Le choix de Sixte IV se porta sur Fr. Louis de Ripario. Il lui donna les instructions d’usage et le chargea’de quantité de présents pour le patriarche : croix de procession, mitre brodée, crosse pastorale etc. A Venise, Louis de Ripario fut atteint d’une maladie qui l’empêcha de poursuivre son voyage. Sixte IV écrivit alors, le 5 octobre 1475, à Fr. François Noni de Besce, vicaire général des observants cismontains, et lui demanda de choisir un religieux de ses sujets : ï la place de Fr. Louis. Le vicaire général désigna à cette charge Fr. Alexandre d’Arioste de la province observante de Bologne. Le pape, vu l’importance de pareille mission, alla plus loin. Le 12 février de l’année de l’incarnation 1475, il donna au même vicaire général, alors Fr. Pierre de Naples, la faculté perpétuelle de rommer désormais lui-même, paimi les religieux de l’ordre, . les nonces ou commissaires apostoliques auprès des maronites. Lettres de Sixte IV : Missuri unum, 5 oct. 1475, et Suscepti cura, 12 février 117°), dans Anaïssi, Bull., p. 19-22 : Fr. Frarcesco Suri an o, Tratlalo di Terra Santa, p. 70, n. 1 et p. 71 ; Marcellin