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MELITON DE SARDES


pations de notre auteur, mais on n’a apporté aucune preuve solide à l’appui de cette opinion. Nous mentionnerons simplement les écrits dans l’ordre où les donne Eusèbe, en indiquant leur contenu probable et en signalant les très rares fragments qui ont pu se conserver. Texte d’après l’édit. Schwartz du Corpus de Berlin, Euscbius Werke, t. n a, p. 380 sq.’1. Ta respi. toû tx6.csx.ol 8ûo, Deux livres sur la Pâque ; il s’agit, de toute évidence, de la controverse sur la manière de fixer la fête de Pâques. D’après la lettre de Polycrate, Méliton était partisan de l’usage quartodéciman. Eusèbe, loc. cit., n. 3, p. 382, donne trois lignes de l’ouvrage, indiquant à quelle occasion il fut composé : le débat de Laodicée. — 2. To irepl tioXitzIolç xal 7rpoqr/]TMv, Sur la manière de vivre et les prophètes. Rufin, dans sa traduction, ibid., p. 381-383, fait de ceci deux ouvrages distincts : De optima coniersatione liber unus sed et de profelis ; le grec n’autorise pas cette traduction. Saint Jérôme a compris : Sur la manière de vivre des prophètes qui paraît plus exact. Il s’agit, vraisemblablement, d’un écrit antimontaniste, où l’on faisait état du désaccord vrai ou faux entre la vie des nouveaux prophètes et leurs prétentions : argument souvent exploité dans cette controverse. Voir l’art. Montanisme. — 3.’O 7tepl êxxXïjaîaç, Sur l’Église ; relatif peut-être à la même controverse où les catholiques invoquaient volontiers l’autorité de l’Église. — 4.’O 7tepl xupiaxîjç Xoyoç, Sur le dimanche ; en relation, peut-être, avec la controverse pascale. — 5.’O uepl tuotscûç àvOpomoo, Sur la foi de l’homme ; titre surprenant, dont Jérôme a omis la fin, sans doute parce qu’il ne comprenait pas, que la traduction syriaque d’Eusèbe a remplacé par tt. cpùaecoç, De la nature ; mais qui est attesté par les meilleurs mss. grecs et par Rufin : De fide hominis. — 6.’O 7Tepl 7tXâuea>< ;, Sur la création (de l’homme) ; en relation, sans doute, comme le précédent et les suivants avec la controverse antignostique. — 7 et 8.’O rcepl Ù7raxo9)ç tcicttecoç atcGy)T7)pîcov ; titre incompréhensible ; Rufin en a fait, avec raison, semble-t-il, deux ouvrages distincts : De obedientia fidei, De sensibus, ce que donne aussi Jérôme : De sensibus librum unum, De fide librum unum. — 9.’O 71epi ^uyjiç * « l aa)[i.ocTûç, De l’âme et du corps ; Rufin a lu : De anima et corpore et mente, ce qui suppose une leçon 7T.’^x>’/j t c, xal <7a)ji, aTOÇ xal voôç, laquelle figure dans quelques mss. sous la forme : i vooç (assez singulière pour un titre), quant à la leçon yjvevoiç qu’Ed. Schwarz laisse figurer dans son texte, il faudrait pour la résoudre une discussion où nous ne pouvons entrer. Saint Grégoire de Nysse, nous l’avons dit, a peut-être connu cet ouvrage. Sur les fragments syriaques qui pourraient en provenir, voir plus loin, col. 545. —

10.’O TiepbouTpoû. Du baptême. Un fragment important paraît bien s’être conservé, que Pitra a découvert dans le Cod. vatic. 2022, fol. 238, sous ce titre : MsXyjtovoç Ê7uaxoTcoi) SapSécov 7repl Xouxpoij, et publié dans les Analccta sacra, t. ii, 1884, p. 3 sq. Un autre ms. a été découvert par Mercati, Ambr., i, 9, sup., qui en a donné les variantes dans la Theol. Quartalschrijt, 1894, t. xxvi, p. 597. A. Harnack en a donné un texte critique dans Marcion (Texte und Unters., t. xlv), p. 421*. L’intérêt du passage se porte sur le baptême du Christ, que Marcion rejetait ; l’œuvre entière pouvait donc viser cet hérétique. —

11. Ilepl àXv}0 eîaç, De la vérité.— — 12 et 13. Ilepl mazecùç, xal yevéaecoç Xpiaroû, dont Rufin fait deux Ihres distincts : De fide, De generatione Christi. Peut-être vaut-il mieux lire, avec quelques mss. : 7t. xrlastoç xal YEvéascùç X., le mot de xz’iaiq, n’important pas d’ailleurs le sens précis de création. Anastase le Sinaïte, Hodegos, c. xiii, P. G., t. lxxxix, coh 228-229, cite un passage d’une vingtaine de lignes qu’il déclare emprunter au 1. III de l’ouvrage de Méliton Ilepl rîjç

aapxctxjecoç X ; il n’y a guère de doute qu’il ne s’agisse du traité en question. Anastase dit expressément que l’ouvrage était dirigé contre Marcion. — 14. A6yoc aÙTO’j 7tpoor ; Te’.a ;, titre obscur, que Rufin comprend : De prophetia ejus, ce qui voudrait dire, Sur la prophétie du Christ ; Jérôme traduit De prophetia sua ; il s’agirait de prophéties faites par Méliton ; il vaut mieux entendre : Un livre (de Méliton) sur la prophétie, sans doute d’inspiration antimontaniste. Harnack pense qu’un fragment de cet écrit serait conservé dans un des Papyrus d’Oxyrhynque, Comptes rendus de l’Académie de Berlin, 1898, p. 517-520. Cf. Grenfell et Hunt, The Oxyrynchus Papyri, t. i, p. 8-9. — 15. (Divers témoins du texte mettent ici une seconde fois IIspl l l>uyr l ç xal aô^a-roç, n. 9, sans doute par dittographie, mais très ancienne, puisque Rufin et la version syriaque ont aussi cette leçon, après quoi vient) Ilepl cpiXoEevlaç, Sur l’hospitalité. — 16.’H xXeîç, La clef, que l’on a cru, mais à tort, avoir retrouvé au xixe siècle.— — 17 et 18. Ta 7TEpl toû SiacôXou xal —rîj ; à710xx}.’J0scoç’Icoâvvou, Du diable et de l’Apocalypse de Jean, dont Rufin et Jérôme font, non sans raison peut-être, deux ouvrages différents ; mais ce n’est pas le sens du grec tel que le donnent les meilleurs témoins. Origène a sans doute trouvé dans le livre sur le diable l’opinion d’après laquelle Absalon aurait été la figure du diable. Quant au millénarisme dont Gennade, voir ci-dessus., accuse Méliton, c’est ici qu’il avait l’occasion de s’exprimer. — 19. Ilepl èvaa>[J.âTOO Œvj, De Dieu corporel. Il ne peut guère s’agir de l’incarnation. Origène. nous l’avons vii, traduit le titre en clair : Ilepl —roO èvacôjjra-rov elvai ~ôv ©eov, et voit dans Méliton un anthropomorphite. Si étrange qu’elle paraisse, l’idée de la corporéité de Dieu a été soutenue aussi par Tertullien, qui n’arrive pas à concevoir une substance incorporelle. — 20. Tô npbç’Avtcovlvov (j16X’18’.ov, L’opuscule à Antonin. Il s’agit de l’Apologie mentionnée déjà deux fois par Eusèbe, et dont sont donnés, quelques lignes plus loin, trois fragments assez importants. Méliton y fait appel à la droiture du souverain (Marc-Aurèle), et proteste du loyalisme des chrétiens. Nés au même moment, le christianisme et l’Empire sont destinés à faire le bonheur de l’humanité. Seuls les mauvais empereurs, Néron, Domitien, ont persécuté la religion ; la dynastie des Antonins au contraire l’a défendue contre le fanatisme populaire, témoin le rescrit d’Hadrien à Fundanus et les recommandations d’Antonin aux villes de la Grèce. On a cru. au xixe siècle, avoir retrouvé cette apologie de Méliton ; à un examen plus attentif, il a fallu renoncer à cette idée. — 21. A part de la liste précédente, et à la suite des trois fragments de l’Apologie, Eusèbe signale enfin des’ExXoyat, Extraits, dont il donne la préface adressée à un certain Onésime. Celui-ci avait désiré savoir avec précision quels étaient les Livres saints anciens, leur nombre et l’ordre où ils sont placés. Dans un voyage en Orient, Méliton s’est donc renseigné sur le canon de l’Ancien Testament, qu’il transcrit à l’usage de son correspondant. C’est le canon, palestinien, excluant les deutérocanoniques ; mais il y manque Esther, et d’autre part l’ordre des livres se rapprocherait plutôt de celui de la Bible grecque. Texte intéressant pour l’histoire du Canon. De ces Écritures Méliton déclare à la fin de sa préface, qu’il a fait des extraits qu’il a divisés en six livres. Il s’agirait donc de Morceaux choisis, ce qui n’exclurait pas d’ailleurs l’existence de notes explicatives. Or les chaînes ont conservé sous le nom de Méliton, quatre scolies où est instituée une comparaison entre le sacrifice d’Isaac et celui de Jésus-Christ. Texte dans Routh, Reliquiee sacras, 2e édit., t. I, p. 122-124, et dans Otto. Corpus apolog., t. ix, p. 416-418. L’authenticité des scolies 2 8 et 3e est indubitable, comme aussi celle