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MÉLÈCE LE GALÉSIOTE — MÉLITON (GUILLAUME DE ;

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pénibles souffrances, il meurt en 1286, à l’âge de soixante-dix-sept ans.

Mélèce a beaucoup écrit, le plus souvent contre les Latins, et toujours en vers, au point qu’il eût pu reprendre le mot d’Ovide : Qaidquid tentabam dicere versus erat, et son vers, sauf dans les compositions liturgiques, est uniformément le vers poétique de quinze syllabes, d’une désespérante monotonie. Le plus considérable de ses ouvrages porte le titre suivant : ’A-av81.a^6c ; 7}to’. auXXoyÔ tyjç 7t ?.Xxi.5ç xalvsaç Aia6ï ; xr ( ç. Composé durant l’exil de Skyros, il comprend autant de livres qu’il y a de jours dans la semaine, c’est-à-dire sept, et ces livres se subdivisent en deux cent soixante-sept sujets différents. Dans l’impossibilité de donner ici tous les sous-titres, nous nous bornerons à quelques indications générales, plus spécialement en ce qui concerne la théologie. A ce point de vue, ce sont les 1. III et IV qui méritent de fixer l’attention. Le 1. III a pour titre : ’O Xéyoç nai’TraXoSv, Y^youv x.aTa Axtîvcûv. On y trouve un curieux récit des événements contemporains, en 1864 vers répartis en dix (jtzoQsos’.ç : 1. mœurs des Latins ; 2. procession du Saint-Esprit ; 3. sens de la formule sx Toù Tlo’j tô rivs’j(xa ; 4. emploi de cette formule chez quelques auteurs orthodoxes ; 5. sens de l’expression IIvs5 ; i.a Xp’.aTO’j ; 6. que l’orgueil produit l’erreur et l’ignorance des Écritures ; 7. sur les azymes ; 8. que les Latins sont hérétiques et qu’il y a péril de damnation à entrer en communion avec eux ; 9. que les pasteurs des âmes sont cause de toutes les hérésies et de tous les maux ; 10. qu’il ne faut jamais taire la vérité. Au chapitre concernant les erreurs des Latins ne figurent pas moins de quarante divergences, au nombre desquelles on compte gravement le port des armes par le clergé, l’usage des viandes étouffées, le baptême par une seule immersion, l’emploi de salive au lieu d’huile dans la collation de ce sacrement, l’absence de la messe des présanctifiés, l’habitude de tracer des croix à terre et de marcher dessus, le refus de donner à la sainte Vierge le nom de Qsotoxoç, le rejet de toute image hormis celle de la croix, l’habitude de se signer de gauche à droite, de s’asseoir durant la messe, etc., etc. A l’exemple des controversistes grecs qui l’ont précédé ou suivi, notre auteur condamne, on le voit, toute pratique s’éloignant de celle en vigueur dans son pays.

Le 1. IV est de beaucoup le plus populaire et le plus considérable de tous. Il porte un titre curieux, celui de’AX9a6/jTxX9â6/ ; TO( ;, qui a fort embarrassé K. Krumbacher, mais dont l’auteur explique longuement l’origine au début du livre. Celui-ci est disposé dans l’ordre alphabétique en autant de subdivisions que l’alphabet lui-même compte de lettres, et dans chaque subdivision la même lettre est répétée, en tête des paragraphes, vingt-quatre fois de suite. C’est donc une composition doublement alphabétique, et tel est le sens qu’il faut donner au titre lui-même. Le livr.e ne compte pas moins de 15 000 vers, distribués en 190 PaO^iSs ; ou degrés différents qui forment comme autant d’échelons propres à conduire l’âme au sommet de la perfection. Bien que la polémique ne soit pas entièrement absente, c’est surtout l’édification que s’est proposée l’auteur, et ce livre peut être regardé comme une véritable Somme ascétique où ont trouvé place, d’une façon plus ou moins heureuse, toutes les doctrines de spiritualité alors enseignées dans les monastères byzantins. Sous la plume infatigable de notre moine on voit défiler tour à tour les Pères du désert, les docteurs de l’Église, d’autres auteurs plus récents, tous ceux en un mot qui ont parlé de la perfection chrétienne ou religieuse. L’ouvrage, pour intéressant qu’il soit, est demeuré inédit. Le moine Nicodème, qui avait voulu le publier, est mort avant

d’avoir pu réaliser son dessein, et sa préface seule a vu le jour tout récemment dans la revue de Saloniquc intitulée : rpYjyopioç ô IlaXaptôcç, 1920, t. v, p. 576-582. Que contenaient les trois derniers livres de r’Arrocv61<7fx6ç ? Nous ne saurions le dire, aucun ms. ne nous les ayant conservés. Ce fait laisse même supposer qu’ils n’ont jamais été écrits.

En dehors du recueil dont nous venons de parler, Mélèce nous a laissé tout un volume de canons ou cantiques liturgiques en neuf odes. Cet ouvrage est également inédit, mais il est conservé dans le manuscrit X, I V, 8 de la bibliothèque de l’Escurial. Le ms. est certainement autographe, car une note qui se lit fol. 135 v° nous apprend qu’il a été écrit le 30 mai 6784, c’est-à-dire en 1276 ; il n’est donc pas du xii siècle, comme l’affirme E. Miller, Catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque de l’Escurial, Paris, 1848, p. 403. Nous nous proposons de publier ailleurs une étude sur ce curieux volume, dont nous avons pris en 1908 une photographie complète. Certaines pièces ne sont pas de Mélèce, mais elles ont été insérées par lui au milieu de ses propres œuvres d’une plume élégante et attentive. Quant aux canons composés par lui, ils se distinguent par une infime variété d’acrostiches, et cette singularité, à défaut de sa signature, suffirait à elle seule à établir sa paternité sur l’œuvre entière. Le manuscrit compte 244 feuillets, mais les 180 premiers sont seuls de la main de Mélèce ; le dernier canon s’interrompant brusquement au bas du fol. 180 v°, nous ne saurions mesurer l’étendue des pertes subies par le recueil primitif.

Sur Mélèce, voir sa vie en grec moderne, dans le recueil de Nicodème l’Hagiorite intitulé, Nïov lvL).ôyiov, in fol., Venise, 1803, p. 314-324 ; 2’édit., Constantinople, 1863, p. 280-289 ; en grec ancien, mais incomplète, dans la revue rpr)YÔpio « & IIaXau.âr, t. iv, 1920, p. 582-584, 609-G24. Inc. Aeovtat jj.ev y.àv —f.f : aXXoi ; âitatriv avÔpojTtoe Xôyou toO îrpOTp£*|/ovTo ;. Cette vie est anonyme, mais au témoignage de Nicodème elle a pour auteur Macaire Chrysoképhalos. Voir ici, t. ix, col. 1445. Sur le principal ouvrage de Mélèce, voir Philarète Bapheides, dans i"K-*xXY)<TLaaTiXYi’AXïjÔsia, 1903, t. xxiii, p. 28-32, 53-56. K. Krumbacher, Gcscliichte der bi/zanl. Lit., Munich, 1897, p. 717, le fait vivre ; mais en ajoutant prudemment un point d’interrogation, au xviiie siècle. C’est évidemment une erreur. Ses mss. ne sont pas rares en Orient. Citons celui de la métropole de Didymolichos, qui a servi de base à l’étude de Bapheides, le n. 720 du mont Athos et les nn. 377 et 474 d’Athènes ; ce dernier ne contient au complet que 1’A) zxiyr-.y.’izy.’ôr-.rjz, précédé de la vie et d’extraits du 1. III.

f L. Petit.

    1. MELITON (Guillaume de) frère mineur##


1. MELITON (Guillaume de) frère mineur, première moitié du xme siècle. — Natif de Middletown d’après la Chronique de Lanercost, Chronicon de Lanercost, Edimbourg, 1830, p. 70-71, Guillaume de Méliton est un des premiers maîtres de l’école franciscaine de Paris. D’aucuns ont affirmé sans fondement qu’il appartenait à l’ordre de saint Dominique ou qu’il était chancelier de l’Église de Paris et d’York. Il est difficile de l’identifier avec Guillaume de Melton, le cinquième lecteur franciscain à l’Université de Cambridge ; le P. Minges, O. F. M., admet toutefois ce sentiment. Cf. Robert Grosse/este Uebersetzer der Elhica Nicomachca, dans Philos. Jahrb., Fulda, 1919, t. xxxii, p. 238-239. Guillaume de Méliton enseigna habituellement à Paris ; il y est en relation étroite avec Alexandre de Halos. Avant 1245, il est déjà au nombre des bacheliers. Gérard de Frachet, O. P., Use fratrum Ordinis Prædicatorum, édit. Reichert, Louvain, 1896, p. 274, nous apprend qu’il était aussi lié étroitement d’amitié avec le lecteur de l’école dominicaine, Cucrric de Saint-Quentin. En 1248, Guillaume de Méliton devint maître régent de l’école franciscaine, probablement après la promotion d’Eudes Rigaud, O. M., à l’archevêché de Rouen. Son nom se