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MELKCE DWNTIOCHE


xiii, 2. P. L. (édit. 1845), t. xvi, col. 950 B. Grégoire de Nazianzc. devenu par la mort de Mélèce président du concile de Constantinople, se ralliait pleinement à cette vue. S’il fallait en croire Socrates, V, v, recopié par Sozomène, VII, iii, P. G., t. lxvii, col. 569 et 1421, des précautions auraient déjà été prises à Antioche pour éviter qu’une élection épiscopale eût lieu à la mort de l’un des deux concurrents. Voir une discussion de ces propos dans Cavallera, op. cit., p. 232243, qui conclut, avec raison, à l’inexistence du pacte dont parlent les deux historiens.

Mais tous les efforts faits par Grégoire de Nazianze pour faire triompher cette solution pacifique se heurtèrent à la passion d’un grand nombre des membres du concile. Tant de griefs s’étaient accumulés contre Paulin, que la majorité conciliaire ne jugea ni digne, ni même prudent ou possible, d’imposer à la grande masse de l’Église d’Antioche la reconnaissance de l’évêque schismatique. Vainement Grégoire menaçat-il de donner sa démission, si l’on entrait dans cette voie. On passa outre à ses objurgations et on le laissa se retirer. Voir S. Grégoire de Xazianze, Carmen de vita, vers 1572-1870, P. G., t. xxxvii, col. 1158 sq. Le concile ayant décidé de procéder à l’élection du successeur de Mélèce, les évêques du diocèse d’Orient, sitôt l’assemblée dissoute quillet 381), se réunirent à Antioche, et ordonnèrent Flavien, qui jadis avait été le soutien de la communauté orthodoxe, et que Mélèce avait ordonné prêtre (sans doute vers 363).

Ainsi la division se perpétuait.. Paulin se réclamant de l’appui des Occidentaux, qui de fait ne lui fut pas ménagé, Flavien fort de l’adhésion des Orientaux qui serait solennellement renouvelée au concile de Constantinople de 382. Cf. Théodoret, V, ix, P. G., t. lxxxii, col. 1212. Gratien, puis Théodose essayèrent vainement de remédier à cette absurde situation. On aurait pu espérer que la mort de Paulin y mettrait un terme. Il n’en fut rien. Avant de disparaître, 388, celui-ci imposait les mains à Évagrius pour qu’il lui succédât. Ainsi le schisme continuait. Cette fois les anciens amis de Paulin s’irritèrent. Ni Alexandrie, ni Rome ne reconnurent le nouvel évêque. Voir S. Ambroise, Epist., lvi. 2, P. L.. t. xvi, col. 1170, Cela ne voulait pas signifier pourtant qu’ils acceptaient Flavien comme l’évêque incontesté, et plusieurs tentatives furent faites, vainement d’ailleurs, pour amener celui-ci à soumettre à un concile la validité de son élection. Cf. S. Ambroise, Epist., liv. lvi. L’Occident dès lors continua pendant quelque temps à ne pas reconnaître Flavien.

L’extinction définitive du schisme.

Cependant

saint Ambroise qui, depuis quelques années, s’inquiétait vivement de cette affaire, avait demandé à Théophile d’Alexandrie de s’entendre avec Flavien, après s’être concerté d’ailleurs avec le pape Sirice, Epist., lvi, 6, 7. Ces démarches aboutirent à la convocation d’un concile à Césarée de Palestine, où Théophile d’ailleurs s’abstint de paraître, mais qui arrangea finalement les choses et déclara, « pour se conformer aux vues du pape Sirice », ne reconnaître qu’un seul évêque à Antioche, le religieux évêque Flavien. Texte conservé par Sévère d’Antioche, voir E. W. Brooks, The sixth book of thi sélect letters of Severus, traduct. anglaise, t. n a, 1903, p. 223. Rien d’étonnant donc que l’on voie, peu de temps après, à l’automne de 394, Flavien et Théophile fraterniser en concile à Constantinople.

Quant à la réconciliation de Flavien avec Rome, elle dut voir lieu sensiblement à la même date. Il est vrai que Sozomènt, H. E, VIII, iii, P. G., t. lxvii, col. 1520 C, la renvoie à quelques années plus tard, et en fait honneur à la charitable entremise de saint Jean Chrysostome, après que celui-ci eut été, en 398,

élevé au siège de Constantinople. Mais, comme le fait remarquer L. Ouchesne, Histoire ancienne de l’Église. t. ii, p. 610, n. 1, ni Théodoret, II. E., V, xxiii, t. lxxxii, col. 1249, ni Socrates, H. E., V, xv, t. lxviii, col. 604, ne mettent cette réconciliation de Rome et d’Antioche en rapport avec l’installation de Chrysostome dans la capitale. Il est plus indiqué de placer cet événement en 394, comme une suite toute naturelle du concile de Césarée. Acace de Bérée conduisit à Rome une députation du clergé d’Antioche, à laquelle se joignit, envoyé par Théophile, un prêtre d’Alexandrie, Isidore. Cette légation eut un plein succès et Flavien fut définitivement reconnu par Rome. Au même temps ou à peu près, Évagrius mourait et Flavien parvenait à empêcher qu’on lui donnât un successeur. De fait, comme de droit, il demeurait ainsi seul évêque d’Antioche. Restait à rallier autour de lui la petite Église désormais sans pasteur. Ce ne fut pas chose facile, étant donnée surtout l’intransigeance que montrait Flavien à l’endroit des clercs de Paulin et d’Évagrius qu’il s’agissait de ramener. Il entendait en effet tenir pour nulles les ordinations reçues par eux. Ainsi le schisme local fut long à réduire ; Flavien, († 404) n’en vit pas la fin, et son successeur Porphyre connut encore de plus graves difficultés. Ce fut seulement sous Alexandre, en 413. que l’accord se réalisa définitivement. « Ses exhortations persuasives, dit Théodoret, réunirent les eustathiens au reste du corps de l’Église, à la grande joie des fidèles, à la confusion des juifs, des ariens et des quelques païens qui restaient encore à Antioche. » H. E., V, xxxv, t. lxxxii, col. 1265. Le schisme d’Antioche était terminé, il avait duré quatre-vingt-cinq ans.

Conclusion. — Cet épisode douloureux a été exploité de bien des manières. — On y a cherché des arguments à l’appui de la construction bien hypothétique qui veut voir dans les néonicéens, groupés autour de Basile, des penseurs qui donnèrent des définitions de Nicée, une interprétation nouvelle, toute différente de celle qu’en avait proposée leurs premiers défenseurs. L’alliance de Basile, a-t-on dit, avec un homéen tel que Mélèce. à peine rallié à l’homéousianisme, n’est-elle pas un signe que la pensée de l’évêque de Césarée évoluait sur un plan tout différent de celu ; où se mouvait Athanase ? L’opposition durable entre Alexand ie (et l’Occident) d’une part, et d’autre pa t Basile et Mélèce, ne témoigne-t-elle pas que l’on avait dans les deux camps une conscience plus ou moins obscure des divergences qui séparaient les esprits ?

D’autres ont exploité contre la primauté romaine le schisme antiochien. Ils insistent avec complaisance sur ce fait qu’un personnage tel que Mélèce, aujourd’hui qualifié de saint par les Latins comme par les Grecs, a pu vivre si longtemps en dehors de la communion de Rome, a pu présider, sans avoir été reconnu par le pape, le concile de Constantinople. Us montrent, avec une secrète satisfaction, Flavien portant allègrement l’exclusive de l’Occident et de Rome, se dérobant à toutes les sommations qui lui sont faites, de s’expliquer, ne se ralliant à Rome que quand les premières avances lui sont venues du pape Sirice. Ce n’est pas ici le lieu de discuter toute la question du néo-nicénisme et des changements que l’entrée en ligne des Cappadociens aurait amenés dans l’interprétation de V homoousios nicéen. Pour ce qui concerne le cas particulier de Mélèce, il suffira de faire remarquer que saint Basile ne fait alliance avec lui, quels qu’aient été ses antécédents, qu’après avoir eu des signes évidents de l’orthodoxie du nouvel évêque. Le concile d’Alexandrie en 362 reconnaissait, de son côté, la légitimité des formules dont usaient, pour exprimer le mystère de la Trinité, les mélétiens d’Antioche. Athanase, en 363, était tout disposé à mettre sa main