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MÉLÈCE D’ANTIOCHE

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Lettre Confidimus, dans P. L., t. xiii, col. 347 sq. ; voir surtout le passage Unde advertit, col. 349 B. Le second semble répondre à la deuxième ambassade de Basile en 374. Fragment Ea gratia, ibid., col. 350-352, dont le dernier paragraphe est, à l’estimation d’Ed. Schwartz, une mordante critique des prétentions de Mélèce. Les fragments qui suivent : Illud sane miramur, col. 352, et Non nobisquidquam, col. 353, et qui semblent des réponses à des instances ultérieures de Basile, faites par le concile romain de 377, condamnent au point devue dogmatique, les erreurs d’Apollinaire et des pneumatomaques. Mais ils ne sont pas plus satisfaisants pour Basile et ses amis au point de vue des questions personnelles : ni Eustathe de Sébaste, dont il pressait l’explicite condamnation, ni Apollinaire devenu si compromettant pour Paulin n’y sont nommément désignés. Un peu auparavant, en 375, une démarche tout à fait significative de Rome avait montré vers qui allaient ses préférences. Un prêtre de Mélèce, Vital, s’était laissé séduire par les doctrines d’Apollinaire et avait pris la direction d’un groupe assez important qui se réclamait de l’évêque de Laodicée. Sozomène, Vf, xxv, P. G., t. lxvii, col. 1357 B. Sur les difficultés qu’on lui fit de divers côtés, Vital partit pour Rome, soumit son enseignement à Damase, qui, provisoirement rassuré sur son orthodoxie, lui donna des lettres de communion, mais en réservant la décision dernière à Paulin. Lettre Per filium meum Vilalem, P. L., t. xiir, col. 556-557. La portée de cette lettre dépassait d’ailleurs singulièrement le cas particulier qu’il s’agissait de régler ; elle constatait que s’unir à Paulin c’était entrer en communion avec Rome, et par le fait reconnaissait officiellement celui-ci comme l’évêque légitime d’Antioche.

Ainsi la question de Mélèce, loin de progresser, reculait plutôt au fur et à mesure que se multipliaient les instances de Basile et de ses amis. L’attitude du pape en 378 se marquerait au mieux, s’il faut en croire Ed. Schwartz, dans un document émané d’un concile romain, tenu cette année-là et qui condamna de façon précise les erreurs enfin démasquées d’Apollinaire. Lettre Post concilium Nicœnum, P. L., t. xiii, col. 358361. On y lit, col. 360-361 le développement suivant : Eos quoque qui de Ecclesiis ad Ecclesias migraverunt tamdiu a communione nostra habemus alienos, quamdiu ad eas civitates redierint in quibus primum sunt constituti. Quod si alius, alio transmigrante, in locum viventis est ordinatus, tamdiu vacet sacerdolis dignitate, qui suam deseruit civitatem, quamdiu successor ejus quiescat in pace. Schwartz comprend (et Quesnel l’avait déjà soupçonné) que cette formule générale vise le cas particulier de Mélèce : « Que celui-ci retourne à Sibaste et y attende patiemment la mort de l’évêque actuellement vivant ! »

En cette même année 378, la cause de Paulin recrutait un précieux adhérent. Saint Jérôme, retiré depuis quelques années au désert de Chalcis, et qui avait deux fois déjà écrit au pape Damase, de manière assez défavorable pour les mélétiens (Epist., xv et xvi, P. L., t. xxii, col. 355), recevait à Antioche, des mains de Paulin, l’ordination sacerdotale. Il s’en souviendrait les années suivantes, quand il remplirait à Rome, auprès de Damase les fonctions de secrétaire.

3° La pacification de l’Orient. Le concile de Conslantinoplc. — La défaite et la mort de Valens à Andrinople, le 9 août 378, marquent la fin de la persécution arienne. Gratien rappelait aussitôt les exilés, et dès la fin de cette année, sans doute, Mélèce rentrait dans sa ville épiscopale. L’arrivée d’un général nommé Sapor, chargé de faire restituer aux catholiques les églises et les autres biens usurpés par les ariens, lui donna l’occasion de se poser en chef des orthodoxes

d’Antioche. Théodoret, H. E., V, n et iii, P. G., t. lxxxii, col. 1197-1201, place cette visite, semblet-il, en 379, et fait envoyer Sapor en Orient, non par Théodose mais par Gratien lui-même. C’est donc dès 379 qu’aurait eu lieu devant l’envoyé impérial le débat entre les diverses confessions se prétendant toutes catholiques, apollinaristes de Vital, pauliniens et mélétiens, et réclamant les églises laissées libres par l’expulsion des ariens. Les apollinaristes furent écartés sans peine ; Mélèce proposa tout simplement à Paulin de faire l’union des deux parties du troupeau ; tous deux administreraient in solidum l’Église, à la mort du premier d’entre eux, le survivant serait seul évêque. Paulin ayant rejeté la proposition, les églises furent attribuées à Mélèce (cette date de l’arrivée de Sapor est reportée par Cavallera en 381, op. cit., p. 211, n. 1, 215, n. 2. Nous croyons devoir conserver le récit de Théodoret).

Mais pour garder la paisible possession des biens restitués, il était nécessaire que Mélèce exprimât son adhésion aux doctrines professées par le pape Damase. Cela fut fait dans un synode qu’il réunit à Antioche à l’automne de 379 et qui groupa cent cinquante évoques ; Mélèce rédigea une lettre à laquelle se réfère le concile de Constantinople de 382, cf. Théodoret, H. E., V, ix, P. G., t. lxxxii, col. 1216 D, et qui devait contenir une profession de foi conforme aux décisions des conciles romains des années précédentes. Il n’en reste plus que les premières signatures, en tête celle de Mélèce. P. L., t. xiii, col. 353. Mais l’excerpteur qui les a recueillies ajoute : Similiter et alii CXLVi orientales episcopi subscripserunt, quorum subscriplio in authenticum hodie in archivis romanæ Ecclesiæ tenetur.

La reconnaissance de Mélèce par l’autorité civile était une indication pour l’Église romaine. Elle s’inclina devant le fait accompli. Une trace de cette acceptation s’est conservée dans une allusion postérieure d’un concile italien. Dans saint Ambroise, Epist., xiii, 2 ; voir ci-dessous. Rien d’ailleurs ne s’opposait à cette démarche, qui était la conclusion naturelle de toutes les tractations précédentes. Ainsi la communion était rétablie entre Damase et Mélèce. Celuici du reste allait jouer en Orient un rôle prépondérant, comme président du concile réuni à Constantinople, par les soins de Théodose en 381. Il ne verrait pas d’ailleurs la fin du concile, étant mort d’une brève maladie vers le milieu de mai. Théodose qui lui avait marqué la plus grande confiance voulut entourer ses funérailles d’honneurs extraordinaires. Le transfert du corps de Mélèce de Constantinople à Antioche fut littéralement un triomphe. Sozomène, H. E., VII, x, P. G., t. lxvii, col. 1441 B.

IV. L’élection de Flavien. L’extinction du schisme. — La mort de Mélèce aurait dû être la fin du schisme d’Antioche. La séparation des catholiques en deux factions rivales persévéra néanmoins à la suite d’une fausse manœuvre dont il faudra vingt ans pour détruire les conséquences.

1° L’élection de Flavien comme évêque d’Antioche. — Il semblait naturel de terminer une fois pour toutes les rivalités antiochiennes, en évitant de donner un successeur à Mélèce et en reconnaissant Paulin comme l’unique évêque. Les Occidentaux (et Rome sans doute) avaient jadis recommandé cette solution de bon sens dans une lettre que nous n’avons plus, mais à laquelle fait allusion la synodique d’un concile italien dont nous parlions tout à l’heure : Scripseramus dudum, ut, quoniam Antiochena civilas duos haberet episcopos, Paulinum atque Meletium, quos fidei concinere putabamus, aut inter ipsos pax et concordia salvo ordine ecclssiastico c&nveniret ; aut certs, si quis eorum allero superstite deccssissel, nulla subrogatio in defuncti locum superstite allero gigneretur. S. Ambroise, Epist.,