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MEKHITARISTES — MELANCHTHON


sène Gazikian, Xouvelle bibliographie arménienne, Venise. 1909.

II. Mékhitaristes de Vienne.

Ils forment une branche séparée de la congrégation de Venise.

Melkoni, successeur de Mékhitar, ayant voulu faire des changements dans les constitutions, un certain nombre de religieux s’y opposèrent. Le chapitre général de 1772 ne parvint pas à rétablir l’accord entre les deux camps. Les opposants furent expulsés et allèrent fonder à Trieste une maison qui compta bientôt 19 prêtres. L’impératrice Marie-Thérèse les prit sous sa protection, et c’est ainsi que se forma, en 1773, la nouvelle congrégation. Pie VII lui donna un abbé général en 1803 dans la personne du P. Babighian. Les biens de ces religieux ayant été vendus sous la domination napoléonienne, ils cherchèrent un refuge à Vienne, où ils étaient invités à s’occuper de la colonie arménienne de cette ville (1809). Le bienheureux Clément Hofbauer, rédemptoriste, prit en main leur cause et les aida puissamment. Après le premier abbé-archevêque, Babighian (1773-1827), ils furent gouvernés par le P. Ariste Azarian qui releva la congrégation et la fit prospérer. Leurs constitutions furent approuvées provisoirement par Pie IX en 1852 et définitivement, avec quelques modifications, par Léon XIII, le 23 janvier 1885.

Les mékhitaristes de Vienne se consacrèrent, comme leurs confrères de Venise, au relèvement intellectuel et moral des Arméniens. Ils s’intéressèrent tout d’abord à ceux qui étaient fixés en Autriche-Hongrie, particulièrement en Transylvanie, et fondèrent des maisons à Trieste, à Neussatz, à Peterwardein, puis ils songèrent à ceux de Turquie et s’établirent à Conss tantinople, à Smyrne, à Aïdin, etc. Pour les missiond’Orient, ils firent un effort considérable dans la première moitié du xixe siècle. L’Association pour la propagande des bons iivres, fondée par eux, répandit, de 1830 à 1850, 445 989 volumes ; malheureusement elle fut obligée de se dissoudre, au bout de vingt ans, faute de ressources suffisantes. Les mékhitaristes de Menue ont publié plus de 500 ouvrages en arménien ou en turc

Leur maison généralice se trouve toujours à Vienne, où réside l’abbé-patriarche. n y a un collège, des cours de théologie, un splendide musée d’histoire naturelle, une collection numismatique de 15 000 pièces, une bibliothèque de 35 000 volumes et une grande imprimerie qui édite des livres en plus de cinquante langues différentes. En 1891, les mékhitaristes de Vienne ont commencé la publication, non encore achevée, du catalogue de leurs manuscrits arméniens. Us font paraître également une revue arménienne fort appréciée, le Handès Amsorya. En 1914, ils possédaient en Turquie : à Constantinople, un lycée, à Smyrne, une école supérieure et une paroisse, à Aïdin, une paroisse. Ils n’ont pu conserver qu’une résidence à Constantinople. Les missionnaires qui évangélisaient l’intérieur du pays, à Erzéroum, à Trébizonde, etc., ont dû se retirer. En 1925, trois Pères se sont établis au Pirée pour s’occuper des Arméniens immigrés en Grèce. Quelques mékhitaristes de Vienne habitent la Galicie ; ils ont un couvent à Lemberg et s’occupent des Arméniens de cette province. La congrégation a diminué depuis quelques années, car le recrutement devient de plus en plus difficile. Au lieu de 35 prêtres et de 15 frères qu’elle avait en 1910, elle ne compte plus en 1925 que 28 prêtres, 1 clercs, 4 convers et un novice.

Les mékhitaristes de Vienne ont fourni un effort littéraire et scientifique presque aussi grand que leurs confrères de Venise. On trouve chez eux quelques ouvrages de théologie, comme le De fidei symbolo, <ju<> Arnuni uluntur, du P. Catergian, Vienne, 1892, d’autres de liturgie, comme La liturgie des Arméniens

du même. L’étude des sources de l’histoire nationale et la publication des textes patristiques et autres ont occupé des hommes remarquables, comme les PP. Dachian, Daghbachian, Der-Boghossian, Kalemkiarian, Tchakédjian, etc. Le P. Dachian s’est également fait un nom dans la paléographie arménienne. La littérature et les sciences n’ont pas été non plus négligées. Les PP. Ménéchian, Vardanian, Akinian, Kalemkiarian ont brillé ou brillent encore dans ce domaine. Il est sorti de l’imprimerie de Vienne de nombreux livres classiques arméniens et des manuels scolaires divers. On peut donc affirmer que, si leurs œuvres sont moins connues que celles de leurs confrères de Venise, les mékhitaristes de Vienne n’ont pas moins contribué, pour une large part, au relèvement de leurs compatriotes et permis à la science occidentale de faire des progrès nouveaux dans la connaissance de l’Orient ancien et moderne.

Tchamtchenian, Histoire de l’Arménie (en arménien) 3 in-4°, 1784-1786 ; Compendiose notizie sulla congregazione dei monæhi Armeni Mechitaristi, Venise, 1818 ; Neumann, Versuch einer Geschichte der armenischen Lileraiur, nach den Werken der Mechitarislen frei bearbeitel, in-16, Leipzig, 1836 ; P. Minas Nurikian, Il servo di Dio Abbate Mechitar, Fondalore dei PP. Mecbitaristi (Padri Armeni Bentdictini) di Venezia, di Viena, sua vita et suoi lempi, Rome, 1914 ; Notice sur le couvent arménien de Saint-Lazare de Venise, 1921 ; P. Arsène Gazikian, Nouvelle bibliographie arménienne (en arménien), Venise, 1909 ; Kalemkiarian, Une esquisse de l’activité littéraire-typographique de la congrégation méchitariste à Vienne (en arménien).

B. Janin.

MELANCHTHON Philippe (1497-1560), ami et associé de Luther dans l’œuvre de la Réforme. Comme pour Luther, mais beaucoup plus succinctement, on verra d’abord, I. la vie de Mélanchthon, puis, II. sa philosophie et sa théologie (col. 505).

I. Vie.

Philippe Mélanchthon naquit à Bretten, petite ville du Bas-Palatinat, maintenant dans le duché de Bade, le 16 février 1497. Le nom de la famille était Schwarzerd, Terre noire. Vers 1597, Jean Reuchlin, le célèbre humaniste, qui était son grand-oncle maternel, grécisa son nom : MéLocwa /Ôo’jv : Terre noire. A partir de 1531, Mélanchthon employa la forme adoucie Mélanthon. Corpus Reformatorum, t. i, p. cxxxi.

Les parents de Mélanchthon étaient à l’aise ; ils lui firent donner une forte instruction. Reuchlin s’y employa aussi. Le 16 octobre 1507, l’enfant perdit son père. Les deux années suivantes (1507-1509), il fréquenta l’école de Pforzheim, très renommée à l’époque ; dès 1509, le 14 octobre, il fut immatriculé à l’université de Heidelberg, et, selon l’usage, à la faculté des arts. Là, et bientôt à Tubingue, il s’initia à toutes les connaissances de l’époque ; il acquit une science particulièrement profonde de la langue grecque. En 1511, il passa son baccalauréat. En 1512, il voulut passer le doctorat ; à cause de son âge on s’y opposa. Il partit pour Tubingue, où, le 17 septembre, il se fit immatriculer. Le 25 janvier 1514, il pas— ait son doctorat ; sur onze candidats, il était reçu premier. Dès lors il commença à enseigner. La fameuse querelle autour de Reuchlin n’était pas encore éteinte ; Mélanchthon y prit parti pour son grand oncle, ce à quoi ses propres goûts l’inclinaient aussi.

En 1518, sur la recommandation de Reuchlin, on l’appela à Witlenberg, pour y enseigner le grec. Il y arriva le 25 août. Au dire de Spalatin, il eut vite jusqu’à 500 auditeurs, et plus tard jusqu’à 1500. Rapidement, il se lia avec Luther. Sous son influence, il s’adonna à l’étude de la Bible, el notamment de saint Paul. En 1519, il assista à la dispute de Leipzig entre Jean Eckel Luther ; les mois suivants, il écrivit contre Jean Eck : Defensio contrit Iohannem Ekium, C. H.,