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La lettre sur la primauté de saint l’ierre et de ses successeurs, in-12, Utrecht, 17<il et 1772, est dirigée contre Pierre Leclerc, janséniste appelant. Méganck veut montrer que la primauté du pape est une primauté d’autorité, de juridiction et qu’elle est d’origine divine. Nouvelles ecclésiastiques, du 21 mai 1764, p. 81-81. Ce traité, qui donne un formel démenti à la conduite de —Méganck, fut attaqué par le P. Pinèl, ex-oratorien, dans l’écrit intitulé : De la primauté du pape, in-4°, La Haye, 1769, el Londres, 1772 ; l’écrit de Pinel fut critiqué par les Nouvelles ecclésiastiques du 21 mars 1770, p. 45-46, e< traduit en latin en 1782, dans une édition dédiée à l’empereur Joseph II, in-8°, Vienne, 1782.

Micliaud, Biographie universelle, t. xxvii, p. 500 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxxiv, col. 718 ; Quérard, La France littéraire, t. vi, p. 14 ; Goetlials, Lectures relatives à l’histoire des lettres, des sciences il des arts en Belgique et dans les pays limitrophes, t. I, Bruxelles, 1840, p. 379-387 ; Delvenne, Biographie du royaume des Pays— Bas ancien et moderne, 2 vol. in-8°, Liège, 1829, t. H, p. 139 ; Vandeputte, Biographie des hommes remarquables de la Flandre occidentale, 4 vol. in-8 « , Bruges, 1843-1849, t. iv, p. 98-105 ; Suite du nécrologe des plus célèbres défenseurs et amis de la vérité du XVIII’siècle, depuis 1767 jusqu’à 1778, t. vii, p. 182-185 ; Nouvelles ecclésialiques du 9 octobre 1770, p. 161-162 ; Biographie nationale de Belgique, t. XIV, Bruxelles, 1897, p. 286-290.

J. Carreyre.

ME1NDARTS Pierre Jean (1684-1767), né à Groningue (Pays-Bas), le 7 novembre 1684, entra à l’Oratoire de Maiines, puis à Louvain ; il fut ordonné en Irlande en 1716. Vicaire à Rotterdam, il fut élu archevêque (schismatique) d’Utrecht, le 2 juillet 1739, et sacré le 9 juin 1740 par Varlet. Ce fut lui qui créa les évèchés suffragants de Harlem en 1742 et de Deventer en 1757. Il fut en relations avec les jansénistes français, en particulier, avec l’évêque d’Auxerre, de Caylus. Il convoqua et présida le concile d’Utrecht en septembre 1763. Il mourut le 31 octobre 1767. Voir Utrecht.

Meindârts a toujours eu une grande influence dans l’Église janséniste d’Utrecht, mais il a relativement peu écrit. On peut citer : Lettres sur les affaires de l’Église, 4 novembre 1755 ; Lettre à Benoît XIV, 13 février 1758, pour justifier sa conduite ; Mandement du 22 mai 1758, sur la mort de Benoît XIV ; Recueil de témoignages en faveur de l’Église catholique des Provinces— Unies, in-4°, 1763, et 2 vol. in-12, 1763 ; Actes du concile d’Utrecht, de 1763 ; ils furent traduits en français et condamnés par Rome le 30 avril 1765 ; Lettre au pape au sujet du concile d’Ulrecht, 10 octobre 1766, dans laquelle Meindârts réclame contre les jugements de Rome. < f. Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique pendant le xviii » siècle, t. iv, p. 231-232.

Micliaud, Biograpliie universelle, t. xxvii, p. 528 ; Hœfer, Nouvelle biograijhie générale, t. xxxiv, col. 771 ; Nouvelles ecclésiastiques des 16-23 mai 1768, p. 77-84 ; Delvenne, Biographie du royaume des Pays-Bas ancien et moderne, 2 vol. in-8°, Liège, 1829, t. ii, p. 139.

J. Carreyre.

MEKHITAR religieux et savant arménien catholique, fondateur de la Congrégation des Mékhitaristes (1676-1749). Il naquit ù Sivas (Anatolie), l’ancienne Sébaste, le 7 février 1676, de deux pieux Arméniens dissidents de cette ville, Pierre et Charistan, dont il fut l’unique enfant. Il reçut au baptême le nom de Manouk auquel il ajouta plus tard celui de Mékhitar (consolateur), quand il embrassa la vie religieuse. Son goût pour l’étude se manifesta de très bonne heure. Quand il eut appris les premiers éléments à l’école de deux religieuses, il alla perfectionner son instruction au monastère de Carmir Vanq (Couvent-Rouge),

situé a 16 kilomètres nord-ouest de sa ville natale. Il y prit l’habit monastique et, par une exception assez fréquente dans certaines Églises orientales dissidentes-, il fut ordonné diacre dès l’Age de quinze ans (1691). Peu de temps après, poussé par le désir d’augmenter ses connaissances, il se rendit à Etchmiadzin, centre religieux le plus important de l’Arménie et siège du catholicos (patriarche), parce qu’on lui avait représenté ce monastère comme la source la plus riche de la science ecclésiastique. Cependant, la rencontre qu’il fit à Erzéroum d’un missionnaire catholique, puis celle d’un gentilhomme arménien qui avait voyagé en Europe, lui inspirèrent un vif désir de connaître la science occidentale dont il n’avait que des données très vagues. A son retour, il se fixa au monastère de Passen, où l’évêque-supérieur lui confia la surveillance de l’Église et l’éducation des enfants. Il en repartit bientôt pour de nouveaux voyages, particulièrement en Syrie. A A ! ep il se lia avec un jésuite, le P. Antoine Beauvoller, qui le fit entrer dans l’Église catholique et lui conseilla de se rendre à Rome. Le jeune Mékhitar, qui n’avait encore qu’une idée très imparfaite de la science occidentale, vit dans ce projet de voyage un moyen sûr de la connaître et de l’approfondir. Muni d’une lettre du missionnaire, il se mit en route, mais une grave maladie dont il fut atteint à Chypre l’obligea à renoncer à son dessein (1695). I ! revint à Sivas et fut ordonné prêtre à l’âge de vingt ans (1696), au monastère de Sourp-N icltan (Sainte-Croix), situé à 4 kilomètres à l’ouest de la ville. Il lut les traductions arméniennes des saintes Écritures et des Pères grecs et syriens, parcourut la région environnante pour prêcher, et reçut en 1699 la crosse et le titre de vardapet (docteur).

Une de ses grandes préoccupations était l’union de son Église avec Rome. En 1700 il se rendit à Constantinople dans l’intention d’y fonder un collège pour ses compatriotes, mais il n’eut pas le temps de réaliser ce projet. Il s’établit dans le quartier commerçant de Galata et fit de l’église Saint-Georges le centre de son apostolat. Les succès croissants de ses prédications lui amenèrent des disciples, mais son ardeur pour le catholicisme lui suscita des ennemis. La situation était alors difficile pour les Arméniens unis à Rome, à cause des persécutions dont ils étaient l’objet de la part du patriarche Éphrem et de son successeur Avédik. Mékhitar jugea prudent de disperser ses disciples et se retira lui-même au couvent des capucins, sous la protection de la France. L’acharnement de ses ennemis devint tel qu’il n’y fut bientôt plus en sécurité. Après s’être mis sous la protection de la sainte Vierge avec ses disciples, il leur donna rendez-vous en Morée, alors territoire vénitien, où ils devaient le rejoindre par petits groupes. Il se rendit d’abord à Smyrne, au couvent des jésuites, puis à Modon, en Morée, où il fut fort bien accueilli par les autorités vénitiennes. C’est là qu’il se fixa et qu’il groupa de nouveau ses disciples qui avaient réussi à fuir de Constantinople par des chemins divers. Il attribua le salut, de tous à Marie et se mit une seconde fois sous son patronage, le 8 septembre 1702. Les Vénitiens lui ayant donné quelques propriétés, Mékhitar songea à transformer sa pieuse société en congrégation régulière. Le pape Clément XI la confirma en 1712, mais en substituant la règle de saint Benoît à celle de saint Antoine que l’on avait suivie jusqu’alors. En même temps, il donnait à Mékhitar le titre d’abbé. Trois ans plus tard, les Turcs envahissaient la Morée et en chassaient les Vénitiens. Au mois d’avril 1715, Mékhitar et ses religieux, recueillis par la flotte du gouverneur de la Morée, Angelo Emo, débarquaient à Venise. Sur les instances de Clément XI, la Sérénissme République leur céda à bail l’île de Saint-Lazare, ancien lazaret