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MAZOLINI


Milan, à Vérone, à Côme, supérieur majeur de sa congrégation de l’une et l’autre Lombardics en 1508, de nouveau prieur à Bologne en 1510, on le retrouve en 1511 à Rome où il avait été appelé par le pape Jules II. En 1515 comme la charge de Maître du Sacré Palais était vacante, le pape Léon X, sur les conseils du cardinal Cajétan, confia cette charge, par bref du 15 novembre, à Mazolini qui devait l’occuper jusqu’à ce qu’il mourut de la peste en 1523.

La dernière page du Conflati ex angelico doctore S. Thoma primum volumen de Mazolini, contient la liste de ses ouvrages : Commenturium in spheram ; In theoricas planetarum, Venise, 1515 ; Tzxlum dialecticse, Venise, 1496 ; Brcvissimum epiloma Capreoli ; Aliud epiloma Capreoli ejusdem cum addilionibus opinionum et nolabilium, Crémone, 1497 ; Aurea Rosa, Bologne, 1503 ; Quxstioncs ad Evangelia ; Vila de la scraphica et fervenlissima amatrice di Jesu Christo salvatore santa Maria Magdalena ricolia cum moite nove historié. Milan, 1519 ; Parvum confessionale ; Magnum confessionale ; Trialogum de B. Magdalena in spelunca, Milan, 1519 ; Scale del sanlo amore, imité d’Henri Suso ; Rcjugio di sconsolati, également imité d’Henri Suso ; Trialogum in Sol ; Vita di la gloriosa regina del cielo per modo liistoriale ; Stimma Summarum quæ Silvestrina dicitur nuperrime magna cum diligenlia recognila adjectis eliam adnotatiunculis et numeris hactenus non impressis, 1519, in-4°, I a pars., p. 790 II a pars., p. 777 ; Libellumde sublevalione inftrmanlium ; Brève compendium de secundis intentionibus, Bologne, 1599 ; Brevis tractalus de exorcismis, Bologne, 1573 ; Quæstiuncula de œlerna veritate propositionum in mater la naturali ; Brève opusculum de judicio temerario ad illuslrcm D. Matthseum Standardum ; Definitiones omnium legum ad fratrem Theramum de Janua ; Consilium de Monte Pietalis ; Consilium de facto retrovendendi ; Sermones prsedicabiles ; Upusculus de immolât io ne agni spiritualis et sacrificio novæ legis ; Malleum contra Scosticas ; Opus de irrefragabili et authora veritate Romanee Ecclesiæ Romanique pontificis contra Marlinum Lutherum ordinis Eremitarum et sunt libri très : 1. De ipsa quam diximus veritate in se, 2. De ea quantum ad efjicaciam ejtis in Murtinum, 3. Forte eril Epitoma diclorum ; il est porté au titre : In præsumpliones Martini Lutheri conclusiones de potestate papæ dialogus, Borne, 1518 ; Errata et argumenta Lutheri recitata délecta et copiosissime trita, Home, 1590, in-4° ; Replica ad eumdem Lutherum ; Epitoma responsionis ad eumdem Lutherum ; Conflati ex angelico doctore D. Thoma primum volumen, Pérouse, 1519.

Il faut ajouter à cette liste : De Strigimagarum diemonumque mirandis libri très, una cum praxi exactissima et ralione formandi processus contra opéras, Home, 1521 ; Dialogus de S. Paulo, Borne, 1516 ; La, sacra hisloria de S. Agnese da Montepoliciano dell’ordim de predicadori, Bologne, 1514. On a attribué aussi à Silvestre Prierias un commentaire des Sentences, une défense de la doctrine de saint Thomas, un traité du naître, vivre et mourir, une introduction à la logique, d’autres traités contre Luther. On a même mis sous son nom, en manière de dérision, un violent libelle d’inspiration luthérienne.

Mazolini Prierias, comme maître du Sacré Palais, avait fait partie de la commission chargée d’examiner le cas de l’humaniste Reuchlin. Tout naturellement il fut le premier à prendre part à la polémique catholique contre Luther, dès que celui-ci eut promulgué, le 31 octobre 1517, les quatre-vingt-quinze thèses qui firent scandale. Par-dessus la question des indulgences, Luther attaquait toutes sortes d’abus réels ou prétendus. La papauté romaine elle-même était raillée, et seul un léger voile de catholicisme apparent masquait sur ce point la profondeur de l’hérésie. En cette

affaire compliquée, Prierias vit très juste. Il discerna que la plus fondamentale des doctrines luthériennes étail celle qui, sous couleur de limiter le pouvoir du pape relativement aux indulgences, battait en brèche la suprématie de la primauté romaine. Léon X demanda lui-même à Prierias de prendre position, en orthodoxe, contre l’hérésie naissante. Prierias imagina un dialogue qui visait spécialement les præsumpluosas Martini Lutheri conclusiones de potestate papse, et attaquait directement la doctrine de Luther à propos de l’Église romaine. L’ouvrage était solide, rempli d’arguments de bon sens, mais de composition rapide et d’un ton non seulement vif, mais fort piquant. Écrit, dit-on, dès 1517, il fut répandu par l’imprimerie à travers l’Allemagne et l’Europe dans le courant de 1518.

Certains auteurs ont décrié ce premier traité de Prierias contre le luthéranisme naissant. Pallavicini, dans son Histoire du concile de Trente, t. I, c. vi, n. 3, a élevé de violentes critiques dont le P. Hurter s’est fait l’écho : « L’argumentation de Prierias se ramène au simple argument d’autorité, disent-ils. Elle ne repose sur aucun contexte solide. Son style est dur et négligé. » Il est plus exact de dire qu’il n’y avait pas encore, sur la matière, les précieuses définitions du concile du Vatican pour éclairer la foi des théologiens et des fidèles. Dès la première attaque des protestants, on ne pouvait demander à la première riposte de Silvestre Prierias une teneur absolument scientifique. Il est déjà intéressant de constater qu’il s’est trouvé, au début même de l’apostasie de Luther, un scolastique de race pour frapper au point faible par un recours pertinent à l’Écriture et à la Tradition. D’ailleurs, Prierias n’avait pas voulu composer un traité didactique, mais une rapide réfutation où, pour les besoins de l’exposé et de la contradiction, l’ordre même des thèses de Luther n’avait pas à être respecté. Prierias s’en explique dans sa dédicace au pape : tant que Luther n’irait pas plus loin, il se bornerait à énoncer les justes principes opposés aux erreurs nouvelles. Ces principes, énoncés par Prierias avec la plus grande clarté et la plus absolue orthodoxie, sont au nombre de quatre : sur la nature de l’Église, sur la plénitude des pouvoirs spirituels du pape, sur l’infaillibilité de l’Église, sur le concile et le pape. Accessoirement, Prierias donne une excellente théorie des indulgences. Enfin, il se propose de poursuivre’sa démonstration, si Luther poursuit son erreur.

Luther était trop avancé dans son évolution anticatholique pour entendre humainement raison. La contre-attaque brusquée de Silvestre Prierias le mit au comble de la fureur. Il reçut son écrit des mains du cardinal Cajétan alors à Augsbourg, dans le courant d’août 1518. Le cardinal Cajétan lui remit également une assignation, signée de Girolamo Gniorucci et de Prierias lui-même, ordonnant à Martin Luther de se rendre en cour de Rome, pour répondre aux imputations d’hérésie et de mépris de l’autorité du Saint-Siège. Soixante jours de délai lui étaient laissés pour comparaître. Luther n’alla pas à Rome et.il adressa au Dialogue de Prierias une réponse où il le couvrit d’injures personnelles. Le maître du Sacré Palais, vilipendé comme théologien officiel de la papauté et comme juge en matière doctrinale, eut pourtant la longanimité de n’opposer, en cette même année 1518, qu’une réplique d’un ton conciliant et où les attaques personnelles contre lui-même n’étaient pas relevées.

Prierias publia ensuite un Epitoma, résumé de son écrit précédent et préface d’un autre écrit plus vaste qui devait paraître en 1520. Avant même que l’ouvrage projeté ne parût, Luther avait riposté par la plus vigoureuse négation de la papauté qui se pût imaginer. « Si ce que dit Prierias sur l’autorité du pape, écrit-il, est conforme à l’opinion du pape et des