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MAXIMIN — MAXIMIN D’AIX

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l’usage gothique de donner aux enfants des noms susceptibles de leur conférer les qualités qu’on leur souhaite. Mais, dans le même endroit, il appelle barbarie génies les peuples qui se distinguent par ces pratiques. S’il est lui-même Germain de naissance, c’est donc un Germain de l’Empire, un Germain civilisé ou dégermanisé. » Les origines chrétiennes, p. 478. Tous ces indices nous invitent à chercher vers la Thrace ou la Mésie la patrie de notre auteur, en ces régions où Valens avait cantonné les premiers Goths.

Dans ces conditions, pense M. Zeiller, il semble que l’on ait quelque droit d’attribuer à Maximin, l’auteur de la Dissertalio contra Ambrosium, la paternité de l’Opus imper fectum. Les autres auteurs de cette région que nous connaissons (assez mal, d’ailleurs) se trouvent exclus : Ulfila, Palladius.le second Auxencc, par des considérations chronologiques diverses. Reste donc Maximin. « Il fut un écrivain fécond puisque, outre le développement de la Dissertalio de Palladius contre Ambroise, nous possédons de lui une Disputatio contre saint Augustin, et que, l’évêque d’Hippone ayant renouvelé la controverse dans un traité spécial, Maximin promit et vraisemblablement publia une réplique dont ie texte ne s’est pas conservé. » Ibid., p. 473. Mais l’auteur de l’Opus imperjectum est aussi un écrivain fécond ; il avait composé (il nous en avertit lui-même, P. G., t. lvi, col. G80, 726, 802) des commentaires sur Marc et Luc ; il polémique contre la doctrine nicéenne de la même façon que le contradicteur d’Augustin ; ii utilise, sembie-t-il, un texte biblique analogue. Mais, surtout, il a un point de doctrine commun avec lui et qui lui semble particulier ; le contradicteur d’Augustin et l’auteur de l’Opus imperfectum nient tous deux la conception du Christ par l’opération du Saint-Esprit. Comparer Op. imperf., P. G., t. lvi, col. 634, et S. Augustin, Contra Maximinum lisereticum, II, xvii, 2, P. L., t. xlii, col. 784. On entendra que, de part et d’autre, est niée non la conception virginale, mais le fait qu’elle s’est accomplie par l’œuvre de l’Esprit. Créature du Fils, qui lui est supérieur, la troisième personne n’a pu que sanctifier Marie, mais c’est la Sagesse de Dieu (autrement dit le Verbe) qui s’est édifié le temple où il a habité. « Concluons, ajoute J. Zeiller, qu’il y a de très fortes présomptions pour que l’Opus imperfectum soit sorti de la plume de l’évêque Maximin. » Ibid., p. 480.

A vrai dire, dom Capelle ne se rallie pas à cette démonstration. Le bagage littéraire de Maximin qu’il vient d’enrichir de tout ce qui lui avait été ravi par Maxime de Turin, ne lui semble pas autoriser l’attribution à cet auteur de l’Opus imperfectum. La comparaison entre les sermons du ms. de Vérone et les homélies de l’Opus, ne plaide guère, il faut l’avouer, pour l’identité d’auteur. Dom Capelle signale d’une -manière générale que la manière n’est pas la même ; qu’en particulier la préoccupation pratique de moraliser, si apparente dans les homélies, ne se retrouve guère dans les sermons, beaucoup plus tournés vers la parénèse à tendance dogmatique. Il y a plus. Une comparaison attentive entre les passages parallèles dos homélies de l’Opus et des sermons de Vérone, nous a montré qu’il n’y a jamais de rencontre entre les deux textes dans l’explication du même passage évangélique. Ces passages sont, à la vérité, assez rares ; par un malheureux hasard, il se trouve, en effet, que les péricopes expliquées dans les sermons figurent rarement dans les homélies. Mais il est bien extraordinaire que, dans la demi-douzaine de textes évangéliques qu’expliquent en commun les sermons et les homélies, il n’y ait aucun rapprochement, ni d’expression, ni d’idée entre les deux développements. Sans doute, un prédicateur développant un thème évangélique n’est pas obligé de se répéter chaque fois, mais il est presque

impossible que telle idée favorite et bien caractéristique ne revienne pas sous une forme ou sous une autre. Comparer : Malth., v, 11 ; P. L., t. lvii, col. 821, et P. G., I. j.vi, col. 6X5-686 ; Malth., n.ll : Journ. of theol. stud., t. xvi, p. 162, et P. G., col. 642 ; Matth., m, 15 ; J. T. S., p. 164, et P. G., col. 658 ; Matth., ii, 16 sq. ; J. T. S., p. 315, et P. G., col. 644. Par contre une comparaison générale du style du Contra paganos (édit. Turner) et de l’Opus imperfectum se montrerait plus favorable, nouVsemble-t-il, à l’identité des auteurs. Il reste néanmoins que les divers ouvrages que nous venons sommairement d’étudier appartiennent a coup sûr à une même famille. C’est ce qui justifiera leur groupement sous le nom de Maximin, groupement tout provisoire, en attendant que de nouvelles recherches aient permis d’éclairer ce point d’histoire littéraire.

Les textes dont il a été question au cours de l’article ont été publiés comme suit : La Dissertalio Maximini, par l"r. Kauffmann, _41/s der Scliule des Wulfila : Auxenti

    1. DOROSTORENSIS El’ISTULA DE FIDE##


DOROSTORENSIS El’ISTULA DE FIDE, V1TA ET OBITU WUL filæ im Zusammenhang der Dissertatio Maximini contra Ambrosium, Strasbourg, 1899 ; les traités et sermons provenant du ms. de Vérone par C. II. Turner dans le Journal of theological sludies, voir énumération des passages, col. 469 ; l’Opus imperfectum in Malthœum, dans P. 67., t. lvi, col. 611-946 ; le Sermo arianorum, dans P. L., t. XLn, col. 677 sq. ; les Sermonum arianorum fragmenta antiquissima (d’après Mai, Vêler, script, nova collect., t. m b, p. 208) dans P. L., t. xiii, col. 593-652.

Les travaux importants ont été signalés au cours de l’article ; renseignements plus completset abondante bibliographie dans J. Zeiller, Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes de l’Empire romain, Paris, 1918, p. 474-505. Voir aussi O. Bardenhewer, Gesch. der altldrchlichen Litercdur, t. iv, 1924, p. 479 sq. ; Rauschen-Wittig, Grundriss der Patrologie, 9e édit., 1926, p. 345.

É. Amann.
    1. MAXIM IN D’AIX##


2. MAXIM IN D’AIX, frère mineur capucin de la province de Provence, se nommait au siècle Pierre Gigots et appartenait à une famille d’avocats. Entré jeune encore en religion, le 25 septembre 1624, il mourait à Aix en 1687, après avoir rempli différentes charges dans son ordre. En 1667 paraissait à Mons la célèbre traduction du Nouveau Testament, commencée par Antoine Le Maistre et continuée par son neveu Isaac Le Maistre de Saci et Antoine Arnauld. Attaquée dès son apparition, condamnée par l’archevêque de Paris et le Conseil d’État avant de l’être par Clément IX, le 20 avril 1668, la traduction fut défendue par Arnauld et Nicole. Le P. Maximin composa contre elle et ses défenseurs un ouvrage qui rencontra des" oppositions même avant de voir le jour. Bien que muni de toutes les approbations officielles, l’auteur se vit refuser le Privilège du roi pour l’impression, et ce ne fut que deux ans après l’avoir achevé qu’il put le taire paraître hors de France. Il a pour titre Réflexions sur les vérilez évangéliques, contre les passages que les traducteurs de Mons ont corrompus dans le Nouveau Testament de Nostre Seigneur Iésus Christ, traduit en françois, selon l’édition Vulgate, avec les différences du Grec : et les Réponses qui détruisent la Défense de la traduction du mesme Nouveau Testament imprimé à Mons, qui anéantit la plupart des articles de la Foi), et des Sacrements de l’Église, in-4°, Trévoux, 1681. L’auteur y fait voir les erreurs doctrinales que favorise cette traduction. Le livre du P. Maximin irrita les jansénistes, qui trouvaient chez les capucins de nombreux et vigoureux adversaires ; aussi l’un d’eux, Jean Barbier d’Aucour, publia sous le voile de l’anonyme un Manifeste ou la préconisation en vers burlesques d’un nouveau livre intitulé Réflexions sur les véritez évangéliques, contre la traduction et les traducteurs de Mons, par les R. P. Capucins de Provence, Riorti, 1681, 1683. Ce poème burlesque est un tissu de vul-