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Maximin de 127, et les accointances danubiennes de l’auteur de la Dissertatio. Toute fragile qu’elle soit, l’hypothèse, présentée d’abord par Kauffmann, a reçu l’assentiment de Zeiller ; Kxilger s’y rallie avec un peu d’hésitation dans Schanz, Gesch. der rômischen I.itteratur, t. îv b, 1920, p. 438 sq., et aussi Rauschen-Wittig, Grundriss der Patrologie, 9° édit., 1926, p. 345.

3° L’auteur des truites et sermons faussement attribués à Maxime de Turin. — En établissant son édition des œuvres de saint Maxime de Turin, Bruni avait utilisé un ms. de Vérone, (actuel LI, ancien 49), auquel il avait emprunté : le Tract, iv, Contra paganos, le tract, v, Contra Judxos, et les Exposiliones de capitulis evangeliorum. Voir P. L., t. lvii, col. 781-794 ; 793-806 ; 807-832. Ce même ms. avait été exploité en ces derniers temps par C. H. Turner, qui avait publié d’après lui, toujours sous le nom de saint Maxime, d’une paît une édition infiniment meilleure du Contra paganos et du Contra Judeeos, Journal of iheological sludies, 1916, t. xvii, p. 321-337 ; 1919, t. xx, p. 293-310, d’autre part divers sermons inédits : Ibid., 1915, t. xvi, p. 161-176 (7 sermons) ; p. 314-322 (5 sermons) ; 1916, t. xvii, p. 225-232 (3 sermons).

Toutefois une publication antérieure de Turner aurait dû lui inspirer quelque défiance à l’endroit de l’origine de ces diverses pièces. En 1911, en effet, ce même critique avait publié sous ce titre : An arian sermon from a ms. in the Chapter library of Verona, un texte incontestablement arien, emprunté au même ms. de Vérone. Ibid., t. xiii, p. 22-28. Cette circonstance a donné l’éveil à dom B. Capelle, qui s’est convaincu que toute la première partie de ce ms. qusqu’au fol. 136 r° pour le moins) n’était pas autre chose qu’un homiliaire de l’évêque arien Maximin. Revue bénédictine, 1922, t. xxxiv, p. 81-108 ; cf. p. 224-233. D’une paît en effet tout le lot des productions groupées dans cette première partie (dom Capelle en donne la suite p. 82), est incontestablement du même auteur ; et, d’autre part, cet auteur est un arien, et un arien militant. La comparaison entre les textes de Vérone et les explications fournies par Maximin, le contradicteur d’Augustin, montre que l’on a affaire avec le même personnage. Ainsi Maximin est bien l’auteur des diverses productions qui figurent dans le ms. LI de Vérone ; et le ms. d’ailleurs a dû porter autrefois le nom même de Maximin, comme il résulte d’un catalogue sommaire des mss. de Vérone ajouté par Maffei à son Istoria teologica (1742).

Les conclusions de dom Capelle nous paraissent tout à fait plausibles. Elles ne font d’ailleurs que renforcer l’hypothèse qui identifie l’auteur de la Dissertatio contra Ambrosium et le Maximin de la Collatio. Encouragé par— sa trouvaille, dom Capelle essaie d’augmenter encore le bagage de Maximin, en po.tant à son compte un certain nombre des fragments ariens publiés jadis par Ma : et reproduits dans P. L., t. xiii, col. 593632. M. Zeiller avait proposé l’attribution en bloc de ces fragments à Palladius. Op. cit., p. 490 sq. ; dom Capelle voudrait mettre à part les fragments i, ii, ni, iv et xiv « qui trahissent leur commune origine » et lui paraissent être de Maximin. Par contre il n’y aurait pas lieu d’attribuer à celui-ci ie Sermo arianorum reproduit et réfuté par saint Augustin. P. L., t. xlii, col. 678-708. Du moins pourrait-on penser « à une dépendance indirecte, par exemple à l’utilisation d’un traité de l’évêque arien par les auteurs du sermon ». Revue bénédictine, toc. cit., p. 106.

L’avenir dira ce qu’il faut retenir de ces diverses conjectures. Ces travaux d’approche ont, tout au moins, l’avantage d’attirer l’attention sur la littérature arienne de langue latine. Elle est si mal connue que tous les débris doivent être soigneusement recueil lis et examinés par qui veut se faire une idée précise du néo-arianisme.

4° L’auteur de Z’Opus imperfectum in Matthjeum.

— De cette littérature le monument le plus considérable est, à coup sûr, le recueil de 54 homélies sur saint Matthieu qui figure, d’une manière si surprenante, parmi les œuvres de saint Jean Chrysostomc, P. G., t. i.vi, col. 611-946. Commentaire continu du premier évangile, l’ouvrage est incomplet en bien des endroits, d’où le nom d’Oplis imperfectum in Matthseum qui lui a été donné de bonne heure. Tout le Moyen Age latin, jusqu’à Érasme, l’a considéré comme une traduction, d’ailleurs mutilée, d’un commentaire de Jean Chrysostome, fermant plusoumoins volontairement les yeux sur l’arianisme qui y transparaît à maint endroit. Des tentatives furent faites d’ailleurs pour amender dans le sens orthodoxe une rédaction dont on attribuait les défauts aux insuffisances du traducteur, ce qui explique l’histoire assez mouvementée du texte, qu’a esquissée Fr. Kauffmann, Zur Textgeschichte les Opus imperfectum in Matthœum, Kiel, 1909. L’appartenance à Chrysostome n’est plus acceptée par personne, et, sauf l’exception de J. Stiglmayr, tout le monde est d’accord aujourd’hui pour y reconnaître non une traduction, mais une œuvre originairement composée en latin.

Ce commentaire est un travail extrêmement remarquable, qui mériterait, tant du point de vue de l’exégèse que de celui de la doctrine une étude approfondie. Avec une grande habileté l’auteur fait sortir du texte évangélique et les enseignements moraux qu’il comporte, et les leçons doctrinales qui s’y peuvent rattacher. Préoccupations de moraliste et soucis de polémique contre la doctrine de Nicée se partagent l’auteur. Aussi bien la doctrine de Bimini, qu’il expose parfois sur un ton de singulière piété, traverse-t-elle, au moment où il écrit, un fort mauvais pas. Mais Dieu ne l’abandonnera pas, ni ceux qui lui sont fidèles malgré tout ; le triomphe de la vérité sur l’erreur est certain, les adversaires de la saine doctrine finiront tôt ou tard par recevoir le châtiment mérité. Tout cela dit d’ailleurs sur un ton de grande modération, par quelqu’un qui parle d’autorité et semble jouir parmi ceux qu’il exhorte d’un prestige incontesté. Une partie des homélies semble avoir été prononcée de vive voix ; d’autres sont adressées par écrit à une communauté dont l’auteur se trouve momentanément séparé.

La date de composition est relativement facile à déterminer. L’ensemble remonte à une époque où la doctrine homéenne est en recul devant une réaction catholique appuyée par l’autorité civile. Ce ne peut guère être, bien qu’on l’ait soutenu, la période qui suivit en Italie et en Afrique la conquête byzantine du vie siècle ; divers indices (doute sur la canonicité de la 11* Joannis, ignorance des écrivains ecclésiastiques postérieurs à saint Jérôme, de certaines institutions ecclésiastiques) empêchent de s’arrêter à une date aussi basse. Mieux vaut remonter jusqu’aux dernières années du IVe ou au début du ve siècle, alors que se prononce la réaction catholique inaugurée par Théodose le Grand. La patrie semble d’abord plus difficile à retrouver ; pourtant, éliminées diverses hypothèses, il semble qu’il faille s’arrêter aux provinces les plus orientales de l’Empire où se parlait le latin. « Si l’auteur, dit J. Zeiller, est de culture romaine, il a vécu dans une région où s’étaient introduits des éléments barbares : les allusions que renferme son Commentaire à la vie politique, sociale et économique, telle qu’il a pu l’observer autour de lui, dénotent un homme au courant des mœurs germaniques. Il parle de l’élection des rois et des royautés contemporaines ; il semble vivre au milieu de gens qui ne pratiquent que la guerre ou l’agriculture et ignorent le commerce ; il mentionne