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de cette conférence contradictoire s’est conservé parmi les (envies d’Augustin : Coll’ilio cuni Maximino arianorum rpiscopo, P. I.., t. m.ii, col. 709-742. L’évêque d’Hippone n’ayant pas eu le temps nécessaire pour développer tous ses arguments les reprit dans un ouvrage qu’il publia ultérieurement : Contra Maximinum hæreticum arianorum episcopum libri duo, ibid., col. 743-814. Quelques renseignements sur le contradicteur d’Augustin nous sont tournis tant par le début du procès-verbal, col. 709, que par le sermon cxl du même Augustin. Ce dernier porte le titre : Contra quoddum dictum Maximini arianorum episcopi, qui cum Segisvulto comité constitutus in Africa blasphemabat. T. xxxviii, col. 773. Enfin Possidius, dans sa Vila Augustini, ajoute des indications qui coïncident avec les précédentes. C. xvii, t. xxxii, col. 48. Il résulte de tout ceci que Maximin avait accompagné sur la terre africaine un contingent goth, commandé par le comte Sigisvult, que la cour de Ravenne y avait expédié pour combattre la révolte du comte Boniface. Voir Prosper, Chronicon, a. 427, dans Monum. germ. hist., Auct. antiquiss., t. ix, p. 471, et Chronica gallica, a. 424, ibid., p. 658. Aumônier, si l’on peut dire, de ce corps expéditionnaire goth, dont les hommes et les chefs étaient ariens, Maximin avait été encouragé par Sigisvult à faire en Afrique de la propagande en faveur de l’arianisme. II avait provoqué à une conférence publique un prêtre catholique, nommé Éraclius, lequel, ne se sentant point de force, avait fait appel à Augustin.

De ces données l’on conclura que Maximin, malgré son nom romain, était vraisemblablement, lui aussi, d’origine gothique ; que dès lors il faut chercher sa patrie dans les régions danubiennes, où les Goths, convertis au christianisme arianisant par Ulfila, étaient venus s’établir au milieu du ive siècle. Voir J. Zeiller, Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes, p. 446 sq.

2° L’auteur de la Dissertatio Maximini contra Ambrosium. — Si la précédente conjecture est exacte, on ne doit pas s’étonner de voir ce Maximin très au fait des événements religieux qui se sont déroulés, dînant le dernier quart du iv° siècle, dans la même région danubienne. On sait avec quelle vigueur saint Ambroise, évêque de Milan, y avait mené la lutte contre l’arianisme. En 375, il avait réussi à donner un successeur catholique à Germinius, évêque de Sirmium, acquis au symbole de Rimini ; et le concile qu’Anémius, ce nouvel élu, n’avait pas tardé à réunir, avait contribué à promouvoir dans tout Vlllyricum une réaction nicéenne, bien nécessaire après les longues années de la domination homéenne. Un peu plus tard, en septembre 381, le concile d’Aquilée continuait l’œuvre d’assainissement ; deux évêques illyriens, PaJladius de Ratiaria, et Secundianus de Singidunum, n’ayant pas voulu renoncer à l’homéisme, avaient été déposés. La situation d’Auxence, évêque de Duroslorum, avait été ébranlée, elle aussi ; et celui-ci, contraint d’abdiquer ses fonctions, se réfugierait en 383 à la cour de l’impératrice Justine, où il ne tarderait pas à créer de sérieux embarras à saint Ambroise.

Or ces deux événements sont vivement exploités contre Ambroise de Milan dans un texte qui s’est conservé d’assez curieuse façon. — Dans les marges supérieures, latérales et inférieures du Parisin. lat. 8907, lequel contient, entre autres, les deux premiers livres du De fide de saint Ambroise et les Actes du concile d’Aquilée, on trouve, d’une écriture nettement différente de celle du ms. quoique à peu près du même âge, un texte latin où revient fréquemment ! a phrase Maximinus episcopus dicit. Ce texte est d’ailleurs en fort mauvais état, et il est impossible d’en

déchiffrer les premières lignes. Reprenant d’anciennes tentatives, le plus récent éditeur, I-’r. Kaufîmann, a fini par reconstituer un texte à peu près lisible qu’il a proposé d’appeler Dissertatio Maximini contra Ambrosium. I.a dernière partie du titre est justifiée par les violentes invectives adressées par l’auteur à l’évêque de Milan. On remarquera d’ailleurs que cette diatribe accompagne précisément les textes ambrosiens qu’elle entend réfuter. Il s’en faut d’ailleurs que celle œuvre, même en tenant compte des mutilations du texte, soil un chef-d’œuvre de composition et de style. On peut y distinguer néanmoins trois parties. La première, fol. 208 r°-303 v°, discute la procédure suivie, à l’instigation d’Ambroise, par le concile d’Aquilée, dont elle reproduit partiellement les actes ; la deuxième fol. 303 v°-. Il v°, est introduite par une phrase où l’auteur annonce qu’il va justifier Paliadius par divers témoignages, et d’abord par une lettre d’Auxence de Durostorum sur la vie et les doctrines d’UJfila. Cette lettre se termine par une courte profession de foi du premier évêque goth, que l’auteur de la dissertation fait suivre d’une longue amplification sur la lettre d’Auxence. Cette première déposition en faveur de Paliadius était suivie d’autres témoignages que le scribe se proposait sans doute de reproduire plus tard, et pour lesquels il a laissé disponibles les marges des fol. 312 r°-336 r°. Allant sans doute au plus pressé, il a repris dans les marges du fol. 336 r°(où commence dans le texte principal du ms. les Actes du concile d’Aquilée) une discussion entre Paliadius et Ambroise, fol. 336 r°337 r°, qui appartient évidemment à la même œuvre antiambrosienne que le début. Cette discussion est, à coup sûr, un fragment des Actes d’Aquilée, mais à partir du fol. 337 v°, jusqu’à la fin, fol. 349 r°, elle prend l’allure d’une invective serrée à l’endroit d’Ambroise et de la doctrine qu’il a fait prévaloir au concile de Sirmium de 375. Les avis sont partagés sur l’appartenance de cette dernière pièce. Est-elle une production de Maximin lui-même, comme l’a pensé Fr. Kaufîmann, ou bien une longue citation faite par lui d’un ouvrage spécial de Paliadius contre Ambroise ? Cette dernière hypothèse, proposée d’abord par L. Saltet, et à laquelle s’est rangé J. Zeiller, nous semble la plus probable.

La solution de ce petit problème a quelque impor tance pour fixer la date de la Dissertatio. Si l’on admet en effet que Maximin est l’auteur de la diatribe finale contre Ambroise, il faut placer la composition de tout l’ensemble avant la fin de 384, puisqu’il y estparlé du pape Damase (t. Il décembre 384) comme s’il était encore vivant, fol. 344 r° et v°. Si Maximin, au contraire, ne fait que transcrire ici un texte de Paliadius, la composition de la Dissertatio peut être retardée de quelques années, sans que l’on puisse beaucoup dépasser 397, date de la mort d’Ambroise : on ne polémique guère contre un mort avec i’acharnement que Maximin déploie contre l’évêque de Milan.

Cette hypothèse admise, on voit tomber l’une des plus fortes objections qui aient été faites à l’identité de l’auteur de la Dissertatio avec le contradicteur d’Augustin. Il est difficile, pense O. Bardenhewer, de faire un même personnage du polémiste qui, en 383, prend si vivement à partie Ambroise et de l’aumônier golh qui s’en va, 45 ans plus tard, provoquer Augustin à Hippone, Altkirchliche Littcratur, t. iv, p. 479, n. 1 Encore que ceci n’ait rien de tout à fait invraisemblable, la difficulté s’atténue sérieusement si l’on rabaisse, comme il semble possible, d’une quinzaine d’années la date de la Dissertatio. Le plus difficile, c’est de prouver l’identité de l’adversaire d’Ambroise et du contradicteur d’Augustin. On ne peut rendre acceptable cette conjecture que par les considérations que nous avons faites au début sur le pays d’origine du,