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MAXIME DE CHRYHOPOLIS — MAXIME L’HAGHIORITE, DIT LE GRE<

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félicité, C’est le Verbe incarné qui, venant sur la terre, nous délivre de l’ignorance, nous donne la force de la vertu et détruit par sa mort l’empire du péché. Il a guéri notre nature en se l’appropriant. Le Christ est aussi le modèle et l’idéal de notre perfection. Comme sa volonté physique est toute divinisée et impuissante pour le mal, ainsi doit-il en être proportionnellement pour nous. Notre liberté doit être d’adhérer à Dieu, P. G., t. xci, col. 1076, notre fin et félicité sera d’être plongés en lui, et ainsi il se fera par notre unification avec lui comme une seconde incarnation du Verbe dans les élus qui réalisera la parole de l’Écriture : Dieu sera tout en tous. P. G., t. xci, col. 1084.

La fin de l’homme, c’est l’union avec Dieu. Elle s’effectue par la charité. Mais la charité parfaite comporte tout un ensemble de dispositions et d’opérations saintes. En tête de tous les biens spirituels, saint Maxime place les vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. La foi est la source de tous les biens qui sont en nous. Comb., t. ii, p. 139. Notre auteur la définit une puissance d’union surnaturelle, immédiate entre le fidèle et Dieu l’objet de la foi, t. ii, p. 77. Assurément, il s’agit de là foi qui opère par les œuvres. La foi est la base des vertus qui viennent après elle, l’espérance et la charité. L’espérance est la force des deux extrêmes, la foi et la charité. La charité est l’accomplissement des deux autres, t. ii, p. 220-221. La charité est le contraire de l’égoïsme, cpiXauxta, cause du premier péché. Elle vient le détruire et opérer notre union parfaite avec Dieu et avec tous les hommes, t. ii, p. 221-222.

La charité contient toutes les vertus, t. ii, p. 220. Pour acquérir la perfection de la charité, il faut se détacher de soi-même. Dieu étant notre but comme vrai et comme bien, il faut aller à lui par la contemplation et l’action, par la philosophie théorique et la philosophie pratique. Celle-ci, de caractère négatif, a pour but de dominer ses passions de manière à n’en être plus troublé, et à arriver à cet état paisible de l’âme presque inaccessible au péché qui s’appelle ànàOsia. La philosophie théorique consiste à s’élever au-dessus des connaissances sensibles pour atteindre celle de Dieu, qui consiste dans une ignorance au-dessus de toute science. L’action découle et dépend de la contemplation, t. ii, p. 500-503. Le signe de la vraie charité est dans une affection sincère et une bienveillance spontanée pour le prochain. C’est du reste par la même charité que l’on aime Dieu et le prochain, t. ii, p. 225. Tout se ramène donc à la charité. Pour ce qui est en notre pouvoir, faire la volonté de Dieu, pour le reste, se confier en lui, en tout, l’aimer, t. ii, p. 203.

Pour la bibliographie, voir Krumhacher, Gtsch. der byzant. Literatur, 2< edit., p. 63-64 et 26. U. Chevalier au mot Maxime le confesseur. Consulter en outre Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, t. viii, col. 1096-1103 ; Realeneycl. fur prot. Th. u. K., t. xi, p. 457-470 ; Bardenhewer, Patrologie, 3e édit., p. 497 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Lecleicq, t. m a p. 401-426, 461-470 ; E. Montmasson, La chronologie de la vie de sant Maxime le Confesseur, dans les Échos d’Orient, t. xiii (1910), p. 149 sq. ; V. Grume], Notes d’histoire et de chronologie sur la vie de saint Maxime le Confesseur, ibid., t. xxvi (1927) p. 24-32 ; cf. ibid., t. xxv, p. 393-406, et L’Union des Églises, 1927, p. 295-311 ; H. Straubinger, Die Christologie des hl. Maximus Confessor (1906), XI-135 pages ; ’fixeront, Histoire des dogmes, t. iii, voir à la table analyt., p. 572 ; W. Soppa, Die diversa capita unler den Schriften des hl. Maximus Confessor in deulschcr Bearbeitung u. quellenkrttischer Beleuchtung, 1922, 132 p. ; P. Pourrat, La spiritualité chrétienne, 1919, t. i, p. 474-477 ; L. Duchesne, L’Église au VI’siècle, 1926, p. 431 sq.

V. Grumel.


3. MAXIME LE DOMINICAIN (Chrysoberga ou Chrysobergès) (fin du XIVe et commencement du xv » siècle) était un grec d’origine, vraisemblablement un crétois. Il fut un controversiste remarquable. Il reste de lui un Discours aux Crétois où il traite de l’origine du schisme et de la procession du Saint-Esprit sous le titre unique : ITepl tt.ç èx7Topeûaswç toû &y(ou IiveûfiotTOÇ. On trouve aussi des échos de son activité littéraire chez deux polémistes orthodoxes ses contemporains, Joseph Bryennios et Nil Damilas auxquels il écrivait des lettres théologiques. La réfutation de Nil Damilas est adressée tw sù/aSsaTâTW èv XpiaTÔi roxTpîxaî àSsXçw, aoepâi te xai XoYioTdcTtp xupîoi MaÇÊu.cp, -rw àrcô Tpaixcov’IraXcp… Elle concerne uniquement la question de la procession du Saint-Esprit. Les œuvres de Bryennios contiennent une lettre à notre personnage avec la suscription : Tw ànb rpaixôjv’ItocXcS, ’A8eX<pÇ> MaÇ£[Kp t% TaSecoç twv Ktqp’jxojv et un dialogue sur la procession du Saint-Ëspit, tizzà. toû XaTtvÔ9povoç Ma^tu.ou ttjç tkÇswç tûv K/]puxwv. Ce dialogue eut lieu en Crète, èv àxpoâcrei TOxavjç xr, ç êxei y.r^ponôXzutç. Les deux premières pages sont des jeux d’esprit puérils, invention sans doute de Bryennios. Celui-ci se donne le beau rôle dans tout le dialogue, mais on aimerait avoir un compte rendu de la discussion par la partie adverse.

Maximi Chrysobergæ de processione Spiriius Sancti ad Cretenscs oralio, texte grec et traduction latine dans Allalius, Grœcia orlhodoxa, t. ii, col. 1074-1089, reproduit dans P. G., t. cliv, col. 1217-1230 ; Arseny, Réponse de Nil Damilas hiéromonaque au gréco-latin Maxime sur sa défense des nouveautés et de la foi latines (texte grec et traduction russe), Novgorod, 1895, m-96 pages. —’ïutiTyf [i.ovayoC tùv Bpuswîou r’a. TiapaXîmôp.Eva, Leipzig, 17681784, t. I, lic-y’Lcci ; A’rcspl Tf, ; TOÛ ôycovi I1vï-J(j.o : tû ; Èy.7EOp£-j<T ?b>c, p. 407-423 ; t. iii, lettre 10e, T<ô à.r.h Toa.iv.ihs , lta), ( ; ’, ’ASeXipû Ma ? ; ’(j.ti), p. 148-155. Consulter aussi Ph. Meyer, Des Joseph Bryennios Schriften, Leben und Bildung, dans Byzant. Zeitschrift, t. V p. 74-111.

V. Grumel.


4. MAXIME L’HAGHIORITE, dit le GREC, théologien gréco-russe (1480 ?-1556). — I. Vie. II. Ouvrages.

I. Vie. —

Celui que les Russes appellent Maxime le Grec et qui reçoit également le surnom à’Haghiorite, parce qu’il fut, pendant quelques années, moine au Mont Athos, naquit à Arta (Épire) vers 1480. Comme beaucoup de Grecs de cette époque, il alla faire ses études en Occident, et spécialement à Venise, où il fut l’élève de Jean Lascaris, et à Florence, où il connut Savoranole. Le fougueux dominicain fit sur lui une profonde impression, et il parlait plus tard de lui avec admiration. Il visita aussi la France, et s’arrêta quelque temps à Paris. Vers 1507, il se fit moine au monastère athonite de Vatopédi, dont la riche bibliothèque l’attirait. En 1515, le grand Kniaze moscovite Vassili Ivanovitch ayant demandé aux Vatopédiotes de lui envoyer le moine Sabba pour traduire des ouvrages grecs en slave et en russe, les moines, au lieu de Sabba, vieux et décrépit, lui dépêchèrent Maxime, bien que celui-ci ignorât encore la langue russe. Reçu à Moscou avec beaucoup d’honneur, Maxime se mit aussitôt au travail. Il apprit vite le russe, - sans en saisir, du reste, toutes les nuances, ce qui lui occasionna par la suite plus d’un désagrément. Au début, on lui donna comme aides deux traducteurs, qui rendaient en slave ecclésiastique ce qu’il leur dictait en latin. Sa première traduction, celle du Commentaire du Psautier, fut bien accueillie par le Kniaze et par le métropolite Varlaam. Maxime s’était cependant permis de corriger çà et là le texte des psaumes, et avait commis quelques inexactitudes. Il mena de front cette traduction avec celle d’un Commentaire du livre des Actes ; puis le Kniaze lui fit transcrire et traduire plusieurs ouvrages pour sa bibliothèque. Ayant remarqué que les traductions