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MAXIME DE CHRYSOPOLIS OU MAXIME LE CONFESSEUR


documents qui se trouvent en tête de l’édition des œuvres de Maxime par Combefls, Paris, 1675, P. G., t. xc. ci enfin les lettres dt saint.Maxime lui-même. Le premier de ces documents est l’œuvre d’un admirateur postérieur qui a utilisé, consciencieusement du reste, les Actes susdits, en racontant les dernières années de son héros, mais a dû suivre certaines conjectures au sujet de sa jeunesse et de sa lutte contre l’hérésie. Les autres documents sont de première valeur, tout à fait contemporains ; ils servent à contrôler, à corriger au besoin, la biographie anonyme. De la comparaison et de l’examen critique de ces sources, résulte le tableau suivant de la vie du saint.

Maxime naquit en 580 à Conslantinople d’une famille illustre, et reçut une éducation très soignée : vers l’âge de 30 ans, il fut appelé à la cour d’Héraclius pour y remplir les fonctions de premier secrétaire. Quelques années plus tard, vers 613-014, il renonçait à la gloire du siècle et s’enfermait au couvent de Chrysopolis en face de Constantinople. Plus tard, en 626, il fuyait devant l’invasion perse et passait les mers. Est-ce Chrysopolis qu’il abandonnait ainsi, est-ce une autre résidence plus éloignée de la capitale, on ne sait. L’absence de Maxime dura fort longtemps, peut-être même fut-elle définitive, malgré les déinarches qu’il fit pour rentrer dans son couvent. Le lieu de refuge de Maxime fut sans doute l’Afrique. C’est là que nous le trouvons avec Sophrone, le futur patriarche de Jérusalem, avant les commencements publics du monolhélisme. Il assiste probablement aux efforts de Sophrone à Alexandrie pour abolir le pacte d’union monénergiste. En 633 ou 634, Maxime, qui se trouve alors loin de la capitale, reçoit un écrit volumineux de Pyrrhus qui cherche à l’engager dans le monénergisme. Maxime se défend assez faiblement et demande un supplément d’explications ; il loue même Sergius dont la sentence a procuré la paix de l’Église. Ces éloges montrent que Maxime n’était pas encore entré en lutte contre la nouvelle doctrine. En effet, c’est après YEcihèse, et pour défendre les deux volontés, comme il nous l’apprend lui-même, que le saint s’est séparé de Pyrrhus, vers 640-641. Jusqu’alors, c’est uniquement contre le monophysisme qu’il dirige sa polémique. En 641, nous constatons encore la présence de Maxime en Afrique, où il apparaît l’ami et le conseiller du préfet Georges. En juillet 645, a lieu, à Carthage, en présence du patrice Grégoire, la célèbre conférence avec le patriarche déchu Pyrrhus, à la suite de laquelle celui-ci s’avoue convaincu et accepte d’aller porter à Rome sa profession de foi orthodoxe. Avant de se rendre dans cette ville, Maxime provoque en Afrique plusieurs conciles antimonothélites auxquels il assiste.

Vers la fin de 646, il est au centre de la chrétienté. Il ne dut pas être étranger à la convocation et à la tenue du concile du Latran, présidé par Martin I er l) ; mais, simple moine, il n’apparaît pas dans les délibérations conciliaires. On voit seulement le nom de Maxime moine au bas d’une supplique des moines présents à Rome présentée aux Pères du concile. La force publique impériale vient l’arracher de Rome, ainsi que le pape Mari in pour faire taire les seules voix qui dans l’empire proclament l’orthodoxie. En 653, Maxime est à Constantinople, en compagnie des deux Anastase, l’un, son disciple, l’autre, l’upocrisiaire romain. Il y subit plusieurs interrogatoires, où il confesse la vraie foi. Le premier eut lieu entre septembre 654 et mai 655. Un l’y accusa, sans pouvoir le prouver, d’avoir trahi les intérêts de l’Empire. Il n’en fut pas moins condamné à l’exil, à Byzias. A Byzias même, le 24 août, commença un second int croire. Ce fut plutôt une conférence théologique sur les deux volontés, où Maxime eul tous les avan DICT. DP. THÉOL. CATHOL.

tages, si bien que l’envoyé de l’empereur, l’évêque Théodose, en vint à parler, sincèrement ou non, de refaire sans tarder l’union avec Rome. Ce n’était pas là ce qu’on voulait, et Maxime, le 14 septembre, s’entendait condamner à l’exil et à la prison à Perbcra. On le ramena en 662 à Constantinople pour y subir un dernier assaut. Peine perdue. Il fut alors condamné à l’exil perpétuel, et conduit au pays des Lazes. Séparé de ses compagnons et enfermé au château de Schemarum, il y mourut le 13 août de la même année. Malgré l’affirmation de son biographe, il apparaît fort douteux que saint Maxime ait jamais été higoumène, et le titre d’abbé qu’on lui attribuait n’était sans doute qu’une appellation respectueuse. Et si c’est bien lui qui signe dans la supplique des moines au concile du Latran, comme il est infiniment probable, l’on doit ajouter qu’il n’était pas prêtre non plus. Tout son ascendant était fait de sa science et de sa vertu. Sur le cadre chronologique que nous venons de tracer, voir notre exposition détaillée, Notes d’histoire et de clironologie sur la vie de saint Maxime le Confesseur, dans les Échos d’Orient, 1927, t. xxvi, p. 24-32.

II. Œuvres. — Malgré une vie agitée, Maxime eut une grande activité littéraire. On peut classer ses écrits en cinq groupes : écrits exégétiques ; commentaires des Pères ; écrits théologiques de controverse ; écrits de contenu ascétique et mystique ; écrits liturgiques et divers. Nous donnerons ici les références à Combéfis, dont la pagination est reproduite dans Migne (le 1. 1 de Combéfis = t. xc de P. G., le t. u de Combéfis = t. xci de P. G.) Pour les ouvrages qui ne sont pas dans Combéfis, nous nous référons directement à P. G.

Écrits exégétiques.

Maxime cherche surtout

dans l’Écriture des leçons morales. Le texte sacré n’est le plus souvent pour lui qu’un point de départ pour des considérations ascétiques et mystiques.

Le plus important des écrits de ce genre est celui intitulé : 1. Queestiones ad Thalassium in locos Scripluræ difficiles, Comb., t. i, p. 1-296, qui s’ouvre par un traité sur le mal. Cet ouvrage est un de ceux qui donnent la plus haute idée de la puissance d’esprit et de l’originalité du saint ; les scholies qui accompagnent les chapitres sont d’un auteur inconnu du xi » siècle. 2. Quæsliones, inlerrogationes et responsioncs, connu aussi sous le nom de Quæsliones et dubia, t. i, p. 300334. 3. Expositio in Psalmum LIX (Deus, repulisti nos) ; l’auteur y déploie une exégèse où les nombres jouent un grand rôle. 4. Orationis dominiez, brevis expositio, 1. 1, p. 334-356, où l’auteur fait correspondre chaque demande du Pater à un degré ou état de la vie chrétienne. 5. Ad Theopemptum scholasticum, sur trois passages du Nouveau Testament, t. r, p. 635-640. 6. Fragments divers dans les Chaînes qui n’ont pas encore été réunis.

Commentaires des Pères.

Les Pères commentés

par Maxime sont Denys le Mystique et saint Grégoire de Nazianze.

Le premier surtout fut commenté avec un soin religieux, dans la persuasion où était notre auteur de l’identité du personnage avec l’Aréopagite converti par saint Paul. Ce fut Maxime qui fixa pour ainsi dire d’une manière définitive l’interprétation catholique des œuvres de Dcnys. Plusieurs écrits furent consacrés x cette t ; tie (.iddia m beali Ditnysii libros (Ha rarchic céleste, Hiérarchie ecclésiastique, Noms divins. Théologie mystique). précédés d’un prologue et d’une êpjxïjveia Àsçewv. On les trouve avec la traduction latine de Lansselius dans P. G., t. iv, col. 14-526. 7. Scholia in epislolas Dionysii, ibid., avec la traduction de Cordier, col. 527-576. H. Sancli Maximi Con f essor is de variis diffleillimis locis SS. PP. Dionysii et Gregorii Nazianzeni ad Thomam virum

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