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MAURISTES — MAUROPOUS

et sq. ; U. Robert, Supplément à l’histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, Paris, 1881 ; F. Rousseau, Dom Grégoire Tarrisse, premier supérieur général de la congrégation de Saint-Maur, Paris, 1924 ; A. Sicard, Les études classiques avant la Révolution, Paris, 1887 ; H. Stein, Le premier supérieur général de la congrégation de Saint-Maur, dans Archives de la France monastique, t. v. Ligugé, 1908 ; Tassin, Histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, Bruxelles, 1770 ; Vabuti, Los benedictinos di San Mauri, Palma de Mallorca, 1899 ; J.-B. Vanel, Les bénédictins de Saint-Germain-des-Prés et les savants lyonnais, Paris, 1894 ; du même, Nécrologe des religieux de la congrégation de Saint-Maur, décédés à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1896 ; Wilhelm et Berlière, Nouveau supplément à l’histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, Paris, 1908, le t. i seul a paru ; Ziegelbauer, O. S. B., Historia rei litterariæ ordinis sancti Benedicti, Augsbourg, 4 in-fol. 1754. — Voir aussi les articles : Mauristes dans Catholic Encyclopædia, t. x, p. 69-72 ; Maurus, dans Kirchenlexicon, t. viii, p. 1059 ; Mauriner, dans Prot. Realencyclopædie, t. xii, p. 446-452.

J. Baudot.

MAURŒIDES Nicolas, prédicateur grec du xviiie siècle, né à Argostoli, dans l’île de Céphalonie, mort en 1788. — D’abord élève de son compatriote, Vincent Damodos, qui a laissé un cours de théologie dogmatique encore inédit, il alla compléter ses études à Padoue, où il acquit une connaissance sérieuse de la littérature latine et de la rhétorique. De retour au pays natal, il se fit ordonner prêtre, et fut bientôt appelé à Constantinople par le patriarche Séraphin Ier (1733-1734), qui le nomma prédicateur. De 1734 à 1756, il fit entendre sa parole tantôt à Constantinople, tantôt en Moldavie, en Valachie et ailleurs. À partir de 1756, il se fixa dans sa patrie, où il continua son ministère jusqu’à sa mort. — En 1756, il publia à Jassy un recueil de sermons pour le grand carême et l’Avent sous le titre : Ἀποστολικὸν δίκτυον, ἤτοι λόγοι ψυχωφελεῖς εἰς τὴν ἁγίαν καὶ μεγάλην τεσσαρακοστὴν καὶ εἰς τὴν τεσσαρακονθήμερον νηστείαν τῶν Χριστουγέννων. L’ouvrage eut une seconde édition en 1780.

Mazarakès, Βιογραφίαι τῶν ἐπισήυων Κεφαλλήνων ; K. Sathas, Νεοελληνικὴ φιλολογία, Athènes, 1868, p. 517.

M. Jugie.

MAUROPOUS Jean, métropolite d’Euchaïtes, orateur et poète byzantin du xie siècle. I. Vie. II. Écrits.

I. Vie. — Né en Paphlagonie sur la fin du xe siècle ou au début du xie, Jean surnommé « aux pieds noirs », Μαυρόπους, et plus communément désigné par le nom de son siège épiscopal : « Jean d’Euchaïtes », μητροπολίτης Εὐχαΐτων, parcourut le cycle des connaissances de son époque sous la direction de deux de ses oncles, dont l’un fut évêque de Claudiopolis en Bithynie, et l’autre missionnaire en Bulgarie. Il acquit même, chose rare à Byzance en ce temps-là, une connaissance suffisante de la langue latine. Son instruction fut si complète, qu’il put se présenter, en 1044, à la cour de Constantin Monomaque (1042-1054), et fut nommé professeur à l’école de philosophie que dirigeait Michel Psellos. Ce fut lui qui rédigea la Novelle impériale relative à l’école de droit publiée d’abord par Leunclavius, Jus græco-romanum, t. i, p. 471, et rééditée par P. de Lagarde dans le recueil des œuvres de notre auteur : Johannis Euchaitarum metropolitæ quæ in codice vaticano græco 676 supersunt, dans Abhandlungen der Göttingen Gesellschaft der Wissenschaften, 1881, t. xxviii, p. 202. Le basileus le prit en affection, et il semble bien qu’il l’ait nommé son historiographe. Il est sûr, en tout cas, que Jean commença une Chronique, qu’il interrompit sur un ordre venu de la cour, comme il le raconte lui-même. Il tomba en même temps en disgrâce. Sans doute, sa plume avait été trop audacieuse et pas assez flatteuse. Cette disgrâce arriva en 1046. Dégoûté du monde, notre professeur se fit moine, et fut bientôt nommé métropolite d’Euchaïtes, ville du Pont située entre Gangres et Amasée (aujourd’hui Tchoroum ?).

Jean considéra cette nomination comme une sentence d’exil, et il n’avait pas tort. Nous voyons par ses lettres qu’il fit toute sorte de démarches pour obtenir de revenir à Constantinople. Il sollicita, en particulier, l’appui du patriarche Michel Cérulaire et celui de son ami, Michel Psellos. La faveur de revoir la capitale lui fut, de fait, accordée sur la fin de l’année 1047, au moment où se produisait la révolte de Léon Tornikios (septembre-décembre). Jean profita de la circonstance pour étaler son loyalisme envers le basileus en deux discours, que nous possédons encore. Lagarde, op. cit., p. 165 sq. Il perdit sa peine, et dut bientôt regagner sa métropole, où il prononçait un panégyrique dans le courant de l’année 1048. Lagarde, ibid., p. 141-147. Tout ce que Psellos put pour lui fut de l’exhorter à rester au poste où la Providence l’avait placé. C’est alors qu’il chercha sa consolation dans la prière et la poésie, comme avait fait autrefois saint Grégoire de Nazianze, après sa démission. Il corrigea les menées de son église, et institua, dit-on, la fête des trois hiérarques, c’est-à-dire des trois saints docteurs de l’Église grecque : Basile de Césarée, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome, fête que l’Église orientale de rite byzantin adopta et qu’elle célèbre encore de nos jours, le 30 janvier. Voir sur l’institution de cette fête et la légende des menées à ce sujet, l’article de E. Lamerand, dans le Bessarione, 1898, t. iv, p. 164-176.

On serait curieux de connaître quelle fut l’attitude de notre métropolite durant les démêlés de Michel Cérulaire avec les Latins. Il était sans doute trop loin de Constantinople pour avoir à y prendre part. Son nom ne figure pas au bas du décret synodal du 20 juillet 1054, qui excommunie les légats du pape et tous ceux qui sont entrés en communion avec eux. En fait, la séparation des deux Églises était consommée avant les événements de 1053-1054, que les contemporains considérèrent comme une nouvelle escarmouche plus politique que religieuse de la lutte depuis longtemps engagée entre l’Ancienne Rome et la Nouvelle. Dans les écrits publiés de Jean Mauropous, on ne trouve rien qui sente la polémique anti-latine. On lit, au contraire, des affirmations très nettes de la primauté de saint Pierre dans les canons qu’il a composés. Le Prince des Apôtres est salué dans l’un d’eux comme l’intendant du royaume des cieux, la pierre de la foi, le ferme fondement de l’Église catholique, Ῥώμης ὁ πολιοῦχος καὶ τῆς βασιλείας ὁ ταμιοῦχος, ἡ πέτρα τῆς πίστεως, ὁ στερρὸς θεμέλιος τῆς καθολικῆς Ἐκκλησίας. Cf. Pitra, Hymnographie de l’Église grecque, p. cxx. À peine peut-on apercevoir une allusion à la controverse sur la procession du Saint-Esprit dans ce passage de la VIe ode du canon pour la fête des trois hiérarques : « Au commencement était le Verbe auprès du Père ; sans commencement comme lui ; avec le Verbe était l’Esprit, mais il tirait son origine du Père, τῷ Λόγῳ Πνεῦμα συνῆν, ἀλλ' ἐκ τοῦ Γεννήτορος. »

La date de la mort de Jean Mauropous est incertaine. On sait seulement qu’il survécut à Constantin Monomaque, pour lequel il composa une épitaphe (1054), et qu’il précéda dans la tombe Michel Psellos, mort en 1079. Celui-ci nous a laissé, en effet, l’éloge funèbre de son ancien ami, où les belles phrases abondent plus que les données historiques précises. Le morceau a été publié par Sathas, Μεσαιωνικὴ βιβλιοθήκη, 1876, t. v, p. 142-167. Certains auteurs, comme Lequien, Oriens christianus, t. i, p. 544 et 1144, et Fabricius, Bibliotheca græca, édit. Harlès, t. viii, p. 627-633, ont prolongé l’existence de Jean jusqu’en