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MAURISTES, APERÇU HISTORIQUE

eut le titre de supérieur général et établit sa résidence à Saint-Germain-des-Prés en 1631, quand les moines de Chezal-Benoît se furent retirés.

En 1618, la Congrégation naissante de Saint-Maur n’avait pu, faute de ressources, obtenir une bulle d’érection. Grégoire XV, en 1021, accorda la remise des droits à payer. Urbain VIII, en 1628, donna une bulle de confirmation ; au cours de ces dix années, les chapitres généraux procédèrent régulièrement à l’élection du Président du régime qui pouvait être maintenu dans sa charge pendant trois ans. On ne tarda pas à constater que ces changements trop fréquents avaient bien des inconvénients. En vue d’y remédier, dom Grégoire Tarrisse, avec une discrète lenteur, élabora un nouveau’corps de Constitutions qui fut d’abord mis à l’essai, et ne fut définitivement arrêté qu’après avoir reçu les suffrages presque unanimes des intéressés, au chapitre général de 1645.

Les Constitutions de Saint-Maur comprennent deux parties : 1. les Déclarations ayant pour objet la discipline régulière : elles exposent la règle de saint Benoît ; 2. les constitutions proprement dites ou lois du gouvernement. Pour toute la congrégation il y a au sommet un Supérieur général avec deux assistants ; la France ayant été partagée en six provinces, chacune de ces provinces eut un visiteur ; il y eut dans chaque monastère un prieur. Tous les trois ans devait se tenir le chapitre général, dont le pouvoir était souverain : nomination à toutes les dignités, pouvoir législatif, pouvoir exécutif. Un représentant choisi par chaque communauté et nommé conventuel, allait siéger au chef-lieu de la province avec les prieurs, et cette assemblée nommait quatre délégués. Ces vingt-quatre membres joints aux six visiteurs, aux deux assistants et au supérieur général formaient un total de trente-trois membres qui constituaient le chapitre général. Pendant la tenue de l’assemblée, toutes les charges demeuraient suspendues : on nommait un président et huit capitulants qui composaient avec lui le définitoire. Le général était rééligible à perpétuité, les visiteurs et prieurs ne pouvaient pas rester plus de six ans dans leur emploi ; transférés ailleurs, ils reprenaient leur rang de profession. Les changements de province à province n’étaient pas ordinaires, ceux d’une maison à une autre étaient plus fréquents, on considérait, avant tout, l’intérêt général. Dans chaque maison, il y avait un prieur investi par le chapitre général. Son conseil ou séniorat était formé de quatre de ses confrères, deux à son choix dont le premier devenait le sous-prieur, les deux autres nommés par la communauté, dont le premier prenait le titre de doyen. Ce petit sénat préparait et discutait les projets dont l’adoption revenait au seul prieur et ces projets étaient soumis à l’assemblée capitulaire. Les autres charges dépendaient du prieur. Notons enfin dans les constitutions, le soin d’assurer la pratique de la pauvreté : pour chaque moine, une cellule dont l’unique mobilier se composait d’un lit dur et grossier, d’une table de bois et de deux chaises de paille ;. l’obligation du silence rigoureux en dehors des récréations ; la célébration de l’office dont personne n’était dispensé, sauf le cas de maladie ou de raisons graves ; l’application au travail intellectuel qui devait procurer à l’ordre bénédictin une gloire unique durant les deux siècles que vécurent les mauristes.

À la mort de dom Tarrisse, on lui donna pour successeur dom Jean Harel, lequel, originaire de Jumièges, avait fait profession en 1620 aux Blancs-Manteaux. Il fut élu au chapitre général de Vendôme en 1648 et gouverna douze ans ; il obtint d’être déchargé en 1660 et fut remplacé par dom Bernard Audebert. Limousin d’origine, profès à Saint-Junien de Noaillé en 1620, celui-ci gouverna la congrégation de 1660 à 1672.

Homme d’action et aussi homme d’étude, il prit un vif intérêt au développement des travaux scientifiques au sein de la congrégation de Saint-Maur. Il a laissé des instructions concernant l’organisation du travail, a écrit des mémoires qui renseignent sur l’histoire de la congrégation de 1642 à 1654. Archives de la France monastique, t. xi, avant-propos, p. v-ix. Sous son généralat parurent les cinq volumes des Acta sanctorum comprenant les trois premiers siècles bénédictins ; par son ordre on commença à travailler à l’édition des œuvres de saint-Augustin. À sa mort (en 1675), on comptait 3&nbsp ; 000 religieux en 178 monastères gagnés à la réforme.

Dom Vincent Marsolle, qui lui succéda, fut supérieur général de 1672 à 1681. Originaire de l’Anjou, il avait été quelque temps religieux de Fontevrault, avait fait profession comme bénédictin de Saint-Maur à Saint-Melaine de Rennes en 1643. Au moment de son élection en 1672, il reçut les félicitations du cardinal Bona, puis du roi de Pologne, alors abbé de Saint-Germain-des-Prés. En dépit des inquiétudes et des difficultés qui ne lui manquèrent pas, il mit tous ses soins à ce que les religieux fussent appliqués à d’utiles travaux, comme la révision des ouvrages des Pères ; il poussa activement l’édition de saint Augustin, bien qu’il eût été auparavant opposé à cette entreprise ; il en confia la direction d’abord à dom Delfau, et ensuite à dom Blampin ; quand cette édition eut obtenu du succès, il appela dom Coustant pour en dresser les tables ; il prit l’initiative de faire travailler à l’édition des œuvres de saint Ambroise, en confia la direction à dom Du Frische, et chargea dom Gerberon de travailler aux œuvres de saint Anselme. Il conçut la première idée du Monasticon gallican de dom Michel Germain, puis le projet de la Bibliotheca maxima Patrum ou commentaire de l’Écriture sainte avec des extraits des Pères et des Conciles. Il rédigea tout un programme qu’il remit aux six autres visiteurs pour que la besogne fut partagée entre les provinces. Il veilla néanmoins à ce qu’une telle activité au travail ne fût nuisible ni à l’observance régulière, ni à l’assistance aux offices divins. Il se montra soucieux de vivre en bonne confraternité avec les autres ordres religieux, particulièrement avec les jésuites qui avaient déjà manifesté leur hostilité contre lès mauristes. Dom G. Mommole, Relation des actions mémorables des quatre premiers supérieurs généraux de la congrégation de Saint-Maur et de quelques autres supérieurs de la même congrégation, restée manuscrite, Bibl. Nat., fonds franc. 19&nbsp ; 622.

Les supérieurs généraux qui suivirent avaient été formés par ses soins ; ils rencontrèrent bien des obstacles, dont leur prudente fermeté et leur austérité de vie leur permirent de triompher. Dom Michel Brachet, natif d’Orléans, profès en 1627 à Saint-Faron de Meaux, prieur de Saint-Germain à trente ans, demeura constamment à Paris sous les quatre premiers supérieurs généraux. Malgré son grand âge, il fut élu en 1681 pour succéder à dom Vincent Marsolle et mourut en 1687. Dom Claude Boitard, originaire de l’Anjou, profès à Saint-Augustin de Limoges, était l’un des assistants de dom Brachet ; il lui succéda comme supérieur général en 1687. Il fut maintenu dans cette charge jusqu’en 1702, d’autres disent en 1705, où il devint assistant de dom Simon Bougis, son successeur. Ce dernier originaire de Séez en Normandie, avait fait profession à Vendôme sous dom Marsolle, alors prieur ; il fut élu supérieur général en 1702 (ou 1705), gouverna avec sagesse, jusqu’en 1711, où il fut déchargé, et mourut simple moine à Saint-Germain en 1714. Dom Arnoul de Loo, originaire de Rouen, avait fait profession à Jumièges en 1663 ; les années 1690 à 1708 où il fut prieur à Saint-Germain