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eum responsionibus ait qutestionem inserlam Ihesibus i" aprilis I7ô4, I.ovanii. in schola augustiniana propugnatis, nccnon ad disseilationcm theologiccm de sufficientiei altrilionis in sacramento pwnitenliw, in-8°, Louvain, 1754. La question débattue était de savoir si l’attrition purement servile. née de la seule crainte des châtiments de Dieu, suffisait pour recevoir la grâce du sacrement de pénitence. Maugis prétend que la thèse affirmative n’est pas certaine et ne peut être suivie en sûreté de conscience : il faut un commencement d’amour de Dieu. La controverse rebondit sur ii’nouveau terrain jusqu’en 1761, avec quelques digressions à côté : Digressio de fuie et de potentia Dei… de cerliludine sufficienlise altrilionis mère servilis…, sur cette discussion, voir dans le sens janséniste, les Nouvelles ecclésiastiques du 6 mars 1762, p. 39-40.

Le P. -Maugis se trouva aussi en désaccord avec le P. Billuart qui, en 1751. avait publié une Qusestio theologica de relatione operum ad Deum, in-8°, Ypres, 1751. réimprimée à Liège en 1752. Billuart prétendait que, pour que nos actions soient méritoires, il suffît qu’elles soient rapportées à Dieu virtuellement et avec une intention implicite. Le P. Maugis soutint, au contraire, que, lorsque nous agissons délibérément, nous devons rapporter nos actions à Dieu et que, si cette intention fait défaut, il y a péché, bien que l’action, bonne en elle-même, ne soit pas viciée en son fond. Telle est l’opinion que Maugis défendit dans sa Disserlatio de relatione operum ad Deum, in-8°, Louvain, 1754. à laquelle Billuart répliqua par Ullerior elucidalio quæstionis de relatione operum ad Deum, in-12, Louvain, 1754. Mais Maugis reprit ses arguments dans sa Disserlatio de relatione operum in Deum ab objection i bus vindicala, in-8°, Louvain, 1755, et Billuart répliqua de nouveau dans Epislola exposlulaloria et upoloçeticu Ludovici Franc… super Disserlationem secundam de relatione operum in Deum, in-8°, Anvers, L756. Le P. Maugis répondit encore dans Vindiciæ dissertationis de relatione operum in Deum, adversus larvalum auctorem Epistolæ exposlulaloriæ et apoloyetiese sub adscilio nomine Ludovici Franc…, in-8°, Louvain, 1757. Le P. Billuart mourait le 20 janvier 1757 et le combat cessa, faute de combattants.

Le P. Maugis aborda aussi une question de droit canonique. Jusque vers le milieu du xviiie siècle, les théologiens et les canonistes étaient à peu près unanimes à enseigner que le mariage, même consommé, entre infidèles, est rompu par la conversion au christianisme de l’un des époux, lorsque l’autre persiste dans son infidélité et refuse de cohabiter avec le conjoint converti, ou, lorsque celui-ci, par la cohabitation avec l’époux resté infidèle, peut être exposé à perdre la foi, à entendre outrager son Dieu et sa religion ; c’était le commentaire ordinairement admis du célèbre passage de saint Paul, I Cor., vii, 10-15. Cette thèse commençait à être attaquée en Allemagne, aux -Bas et en France. Le P. Maugis entreprit de la défendre dans sa Disserlatio theologico-canonica : i’trtim in casu Aposloli, parti conversa’liberum sil ad rida vola transire ? in-8°, Louvain, 1770. Josse Le Plat, professeur de droit canonique à l’Université de Louvain, attaqua la thèse du P. Maugis qui répliqua par Prosecutio dissertationis llieologico-cunonicæ : Vtrum in casu Aposloli ? in-8°, Louvain, 1771 ; Le Plat répondit et soutint que les Fausses-Décre’tales étaient l’origine de l’opinion commune des théologiens, touchant la dissolution du mariage d’un infidèle converti. Nouvelles ecclésiastiques du 21 août 1779, |>. 134-136.

Le P. Maugis laissa quelques autres écrits qui soulevèrent encore des polémiques, mais beaucoup moins graves : Qusestio quodlibeticu : l’trum in efjectu peccati mortalis exislens possit aliquem actum supernaturalem

exercere ? in-8°, Louvain, 1764 et l’opinion de Maugis fut attaquée par Pierre Dens, dans des Animadversiones, in-8°, Louvain, 1764, auxquelles Maugis répliqua par une Responsio ad Animadversion.es, in-8°, Louvain, 1764.

Biographie nationale de Belgique, t. xjv, col. 88-95 ; Galliot, Histoire de la ville et province de Namur, t iv, p. 351, Dictionnaire des Pays-Bas, t. ii, p. G7 ; Reussens, Analcctes pour servir à l’histoire ecclésiastique de la Belgique, IIe série, t. VI, p. 297-311 ; Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, art. Wautyer, t. viii, col. 1006-1010 ; Hurter, Nomenelator, 3e édit., t. v, col. 242-243.

J. Carreyre.

    1. MAUGUIN Gilbert##


MAUGUIN Gilbert, parlementaire français (tl674). — Ce conseiller du roi, président de la cour des monnaies, intéresse la théologie par une importante publication relative à la controverse prédestinatienne du ixe siècle : Veterum scriptorum qui IX sœculo de pra’destinatione et gralia scripserunt, opéra et fragmenta plurima nunc primum in lucem édita, 2 vol. in-4°, Paris, 1650. L’ouvrage renferme deux collections de textes, dont la première se rapporte à la prédestination seule (t. i), la seconde à la prédestination, la grâce, la volonté divine, la mort du Christ (t. n). On trouve là réunies : les deux confessions’de Gottschalk, des lettres de Baban Maur et de Loup de Ferrières, les traités De prædestinalione de Batramne de Corbie, de Scot Érigène, de Prudence, de Florus, etc. Viennent ensuite, dans le t. ii, sous une nouvelle pagination, une histoire résumée de la controverse, et deux longues dissertations de Gilbert Mauguin. La première dissertation est une réponse à l’ouvrage de Jacques Ussher (Usserius) ; évêque anglican d’Armagh, Goitescalci et prædestinalianæ controversiæ ab eo motæ hisloria, 1631. Selon ce dernier, Gottschalk « abusant de l’obscurité de la question, oppose docteurs à docteurs, Pères à Pères, conciles à conciles, au grand mépris de l’Église » ; Mauguin veut exposer sincèrement la controverse, mais il soutient une thèse toute nouvelle, celle de l’innocence de Gottschalk, qui aurait été victime de la violence et de la tyrannie d’Hincmar. La seconde dissertation est dirigée contre le P. Sirmond, S. J., qui, dans son Hisloria prædesliniana, avait pris le contre-pied de Mauguin. Celui-ci reprenant point par point les assertions de son adversaire, s’efforce de les réfuter en alléguant la mauvaise foi d’Hincmar, et en soutenant que les décrets du concile de Savonnières ont été approuvés par le pape Nicolas I er.

Feller-Pérennès, Dictionnaire historique, t. vjh, 1834, p. 264 ; Hœler, Nouvelle biographie générale, t. xxxiv, col. 354-355 ; Hurter, Nomenelator, 3e édit., t. iv, col. 157 ; Dictionnaire des livres jansénistes, t. iv, p. 214.

E. Vansteenberghe.

MAULTROT Gabriel-Nicolas (1714-1803), naquit à Paris le 3 janvier 1714 et fut reçu avocat au Parlement en 1733. Il s’appliqua surtout à l’étude du droit canonique, et fut tout dévoué au parti janséniste en faveur duquel il publia un très grand nombre d’écrits. Dans la plupart de ses ouvrages, Maul trot vise à rabaisser les prérogatives de l’épiscopat et il encourage les révoltes et l’opposition du clergé de France contre le siège de Borne. Cependant les excès de la Révolution lui ouvrirent les yeux : cet avocat zélé des droits des curés contre leurs évêques, devinl tout à coup un ardent défenseur des droits de l’épiscopat et de l’Église ; ses derniers travaux, en effet, sont consacrés à la défense de l’Église contre les empiétements du pouvoir civil, et, pour cette lâche, il s’associa à l’avocat Jabineau. Dans de nombreuses brochures, il attaqua la Constitution civile du clergé. Aussi il vit confisquer ses biens et il supporta sa misère avec beaucoup de courage. Il mourut le 12 mars 1803.