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MATTHYS — MAUDUIT

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MATTHYS Gérard (1523-1574), originaire du duché de Gueldre, fut longtemps professeur à l’Université de Cologne, où il enseigna le grec et la philosophie ; niais il se livra aussi à l’étude de la théologie, où il prit la licence après 1555. C’est en cette qualité qu’il oblint une prébende à la cathédrale. Son œuvre écrite, qui est considérable, consiste surtout en traductions et commentaires des œuvres philosophiques d’Aristote et de Porphyre. Une de ses publications au moins intéresse la théologie : D. Thomas Aquinatis de natura et essentiel rerum libellus (que m vulgo De ente et essentiel voeant), mine recens a menais quamplurimis repurgatus et scholiis insuper adjectis illustratus, Cologne, 1551, réédité en 1560 à la suite de divers traités aristotéliciens. Noter aussi : In epistolam ad Iiomanos commenteiria, Cologne, 1562.

J. Hartzheim, Bibliothcca Coloniensis, Cologne, 1747, p. 99 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. viii, Louvain, 1766, p. 302-309.

É. Amann.
    1. MAUCLER Michel##


MAUCLER Michel, docteur de Sorbonne († 1635). — Parisien d’origine, il entra en 1587 au collège de Sorbonne, dont il fut prieur en 1590. Docteur en théologie en 1592, il enseigna et surtout prêcha pendant de longues années. Appartenant au parti duvaliste, et tout dévoué aux doctrines ultramontaines, il publia en 1622 un volumineux traité où il prenait position sur les différentes thèses alors débattues dans les milieux français : De monarchia divina ecclesiaslica et sxculari christiana, deque sancta inter ecclesiasticam e sœcularem illam conjuratione, amico respeclu, honoreque reciproco, in ordine ad œternam, non omissa temporali, felicitalem, dédié au pape Grégoire XV et au roi de France Louis XIII, Paris, Cramoisꝟ. 1622. Lors des discussions relatives à l’affaire Santarelli, Maueler chercha à détourner la condamnation que la Faculté de théologie finit par infliger au livre de ce dernier en avril 1626 ; en mai, Maueler s’éleva très vivement contre la procédure suivie, et fit signer par le parti ultramontain une prolestation qui fut remise au nonce. On comprend l’animation des gallicans contre le docteur. Son livre à lui fut épluché de près et, le 15 mars 1627, l’assemblée de l’Université le dénonçait à la Faculté de théologie, avec preuves à l’appui : divers extraits devaient montrer que Maueler professait les thèses les plus ultramontaines sur le pouvoir absolu et sans appel du pape, et sur le droit de celui-ci d’intervenir dans les affaires temporelles des souverains. L’affaire n’eut d’ailleurs pas de suite, le roi ayant fait défense à la Faculté de théologie de faire aucune décision. Maueler mourut le 10 juin 1635.

E. Puyol, Edmond Uicher, Paris, 1876, t. ii, p. 310, n. 2, donne un extrait d’un ms.de l’Arsenal, n. 131, qui fournit le curriculum vitæ de Maueler ; voir aussi ibid., p. 292, 310-311 ; texte des propositions extraites du De monarchia, dans Duplessis d’Argentré, Colleclio judiciorum, t. n b, p. 257-261 ; sur les agitations de Sorbonne à ce moment, V. Martin, L’adoption du gallicanisme politique par le clergé de France, dans Revue d(S sciences religieuses, t. vii, p. 31 sq., p. 182-225.

É. Amann.

MAUDRU Jean Antoine (1748-1820), naquit à Adompt (Vosges) le 5 mai 1748 ; il fut vicaire, puis curé d’Aydoilles. Au moment de la Révolution, il prêta serment à la Constitution civile du clergé et engagea ses confrères à l’imiter. Il fut élu évêque constitutionnel des Vosges le 1 er mars 1791 et sacré à Paris par Lindet le 20 mars de la même année ; en 1792, il donna une série d’instructions pastorales sur la constitution française ; en 1793, il refusa de renoncer à l’épiscopat et au sacerdoce et fut, de ce chef, incarcéré le 23 mai 1794 et envoyé à Paris ; le 9 thermidor lui sauva la vie : il fut libéré en décembre. Il tint un synode à Saint-Dié, le 26 juillet 1797 et assista au

concile de Paris. Il fut de nouveau emprisonné en mars 1798 et libéré quelques mois après, grâce à l’intervention de Grégoire, mais il fut traduit devant le tribunal correctionnel d’Épinal, pour avoir publié un écrit séditieux ; d’abord condamné, il fit appel et les poursuites furent abandonnées. Il reprit ses fonctions le 30 avril 1800, tint un second synode à Mirecourt et assista au second concile national de Paris en 1801. Au moment du Concordat, il donna sa démission et devint curé de Stenay ; aux Cent jours, il se prononça en faveur de Napoléon et fut exilé à Tours en 1815, puis il s’établit à Belleville, où il mourut le 13 septembre 1820. Grégoire fit son oraison funèbre. Outre de nombreux mandements, lettres et instructions pastorales dont la première est datée du 15 avril 1795 et qui forment comme un cours de morale civique, on peut citer plusieurs écrits de Maudru : Les Brzfs attribués à Pie VI convaincus de supsition, ou Lettre à Thumery, prêtre à Saint-Dié, in-8°, 1795. Annales de la religion, des 14 et 21 novembre 1795, t. ii, p. 49-59, 73-83. Thumery était le vicaire général de l’évêque légitime, Mgr de la Galaisière. Un peu plus tard, il écrivit une Lettre synodique du concile général de France aux pères, aux mères et à tous ceux qui sont chargés de l’éducation de la jeunesse, in-4°, 1798. Les Annales de la religion, 1795-1803, contiennent la plupart des écrits épiscopaux de Maudru : Instruction sur la Constitution…, sur les excommunications :.., pour la convocation du synode général…, au presbytère de Reims…, sur le serment…, sur la liberté du culte…, sur le Concile, etc. Enfin, sur la fin de sa vie mouvementée, Maudru composa un écrit où il fait le récit de ses déboires et de ses déceptions : Précis historique des persécutions dirigées par l’esprit de parti, dans l’État et dans l’Église-, contre M. Maudru, ancien évêque de Saint-Dié et depuis curé de Stenay, enfin exilé à Tours, in-4°, Paris, 1818.

Michaud, Biographie universelle, t. xxvii, p. 306 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxiv, col. 346-347 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 631 ; Feller, Biographie universelle, édit. Pérennès, 1842, t. viii, p. 261-262 ; Annales de la religion, t. i, p. 607-614 ; t. ii, p. 49-59 ; 73-83 ; 376379 ; t. iv, p. 393-402, 536-537 ; t. v, p. 156-159 ; t. vii, p. 126139 ; t. x, p. 355-357 ; Ami de la religion, t. xxviii, p. 4648 ; Fr. du Chanteau, Maudru évêque des Vosges, Nancy, 1879 ; E. Martin, Histoire des diocèses de Nancy, de Toul el de Saint-Dié, Nancy, t. iii, p. 100-297 ; Pisani, Répertoire biographique de l’épiscopat constitutionnel, 1791-1802, Paris, 1907, p. 270-275.

J. Carreyre.

MAUDUIT Michel (1628-1709), naquit en 1628 à. Vire en Normandie et entra tout jeune, en 1646, à l’Oratoire, où il professa avec succès les humanités et remporta plusieurs prix aux Académies de Cæn et de Rouen. Ordonné prêtre en 1654, il fut surtout célèbre par ses prédications populaires. Il se retira à Paris où il étudia les saintes Écritures. Il fut dénoncé comme janséniste par le P. Perrin, jésuite, à l’Assemblée du clergé de 1700 ; il mourut à Paris en 1709.

Le premier écrit du P. Mauduit est un Traité de la religion contre les athées, les déistes et les nouveaux Pyrrhoniens, où, en supposant leurs principes on les convainc, par la disposition même où ils sont, qu’ils n’ont point d’autre parti à prendre que celui de lu religion clirélienne, in-12, Paris, 1677, et nouvelle édition augmentée en 1698. C’est un travail solide qui mérite encore aujourd’hui d’être lu ; Mauduit y développe une idée exposée par Pascal dans un chapitre de ses Pensées : dans les matières douteuses, la Providence conseille de choisir le parti où il y a le moins à perdre et le plus à gagner (Journal des Savants du 5 juilet 1677, p. 89-90). La plupart des écrits de Mauduit