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MATTHIEU D’AQUASPARTA MATTHIEU DE CRACOVIE


l’affirment parfois, il atteint précisément sa plus parfaite expression à la fin du xine siècle, enfin le caractère franciscain et traditionnel de la plupart des grandes thèses scotistes. En d’autres termes le jour seulement où les écrits de M. d’Aquasparla auront été édités, l’histoire de la scolastique dans la seconde moitié du xiii c siècle pourra être écrite.

Inconnu a la scolastique postérieure au xiii » siècle, le cardinal franciscain n’a pas laissé non plus de traces profondes dans l’art. Sa représentation la plus ancienne se trouve à la chapelle du Bargello de Florence dans une fresque attribuée à Giotto et où figure aussi Dante. Lionii, Inventarios, p. 72. Benozzo Pozzoli l’a peint dans la série des maîtres franciscains qui décore le cloître de Saint— François à Montefalco. De même I). Morone, dans les fresques qui ornent la bibliothèque de Saint-Bernardin à Vérone, et Nicolas Alunno sur la prédelle d’un vaste retable jadis exposé à Pérouse. M. Bihl, dans les Éludes franciscaines, Paris, 1907, t. xviii, p. 302. Dans l’église supérieure de Saint-François à Assise, il figure aussi parmi les personnalités que représentent les marqueteries du chœur. B. Kleinschmidt, S. M., Die Basilika S. Francesco in Assisi, Berlin, 1915, t. i, p. 252.

Llbald d’AIençon, O. M. C, dans Éludes franciscaines, Paris, 1907, t. xvii, p..’$18-0 ; A. Schneider, dans Ilislorisches Jahrbuch, Munich, 1908, t. xxix, p. 108-110 ; Ueberwegs-Baumsartner, Grundriss der Geschichte der Philosophie, Berlin, 1915, p. 312, 447-451, 456 ; K. Heim, Das Gewissheilproblent in der sqslematischen Théologie bis zu Schleiermacher, Leipzig, 1911, p. 40-15 ; J. Hessen, Auguslinische und thomistische Erkenntnislehre, Paderborn, 1911, p. 5759 ; A. Tominec, Vorhcrbeslinimung der Menschwerdimg Christi nach M. von Aquasparla, Mostar, 1920 ; R. Carton, L’erpérience mystique et l’illumination intérieure chez Roger Bacon, Paris, 1924, p. 97, 105-106 ; S. Belmond, O. M., A l’école de S. Augustin, dans Études franciscaines, Paris, 1921, t. xxxit, p. 7-26, 145-173 ; B. Luyck, O. P., Die Erkenntnislehre Bonaventuras, dans Beitràge zur Gesch. d. Phil. des Miltclahers, t. xxiii, fasc. 3-4, ? unster, 1923, p. 69, 154, 172, 178-9, 234-237 ; M. Grabmann, Der gôltliche Grund menschlicher Wahrhcitserkennlnis nach Augustin und Thomas von Aquin, Munster, 1921, p. 33-35.

E. Longpré.

    1. MATTHIEU DE CRACOVIE##


4. MATTHIEU DE CRACOVIE, savant

évëque allemand (1335-1410), qu’il ne faut pas confondre avec Matthieu, évoque de Cracovie, auteur d’une lettre adressée à saint Bernard, P. L., t. ci xxxir, col. G81, mais qui est le mSme que Matthieu de Krakow, en Poméranie, dont on a voulu le distinguer.

I. Vie. — D’après son plus récent historien, qui rompt sur ce point, et sur bonnes preuves, avec une tradition vieille de dus « le deux siècles, Matthieu est né à Cracovie (Poiogne) vers 1335, d’une modeste famille ; son père était notaire de la ville. Il fut pourtant envoyé à Prague pour y faire ses études ; bachelier es arts en 1355, maître es arts en 1367, il sera doyen de la faculté des arts en 1378 et 1381. Mais entre temps il avait commencé l’étude de la théologie et j>ans doute reçu les ordres ; il est bachelier en théologie en 1375, licencié en 1378, maître vers 1381. C’est en cette qualité qu’il fait partie de l’ambassade envoyée par l’Université à Urbain VI, en 13821384. Prédicateur en renom, il est nommé par l’archevêque orateur synodal, et le souvenir s’est conservé de plusieurs harangues qu’il prononça dans les assemblées du clergé. A partir de 1391, on n’entend plus parler de Matthieu à Prague ; à la suite de Trithème, recopié par Du Boulay, beaucoup d’auteurs le font aller à Paris vers ce moment. C’est peu vraisemblable ; très attaché à l’obédience de Home, Matthieu aurait difficilement trouvé accueil à l’Université de Paris, acquise à la cause avignonnaise, et que les docteurs de la nation allemande quittaient tous en ce moment. D’ailleurs les documents publiés par

Denifie sur l’Université de Paris sont entièrement muets sur son compte. Ce qui est certain c’est qu’on le trouve en 1394 à l’Université de Heidelberg, tout récemment fondée, et qui aura sans doute cherché à l’attirer. Il est nommé professeur de théologie le 27 mai 1395, sera recteur en 1396. Bobert III, élu roi des Homains le 29 août 1 100, le prend pour confesseur (et non pour chancelier, comme le disent beaucoup d’auteurs) ; Matthieu se trouve ainsi mêlé aux grandes questions politiques et religieuses de l’époque, et on le charge, à diverses reprises, d’ambassades importantes. C’est ainsi qu’en 1405 il est envoyé au pape de Rome, Innocent VII, pour régler la question du couronnement de Robert. Il en revient évêque de Worms, où le pape l’a nommé ; il continue d’ailleurs de résider à Heidelberg, Worms s’étant mise en révolte depuis quelques années contre la souveraineté ecclésiastique. Le Ï9 septembre 1408, le pape de Rome, Grégoire XII, le nomme cardinal ; mais après quelques hésitations Matthieu refuse cette dignité. Ce n’était point, comme certains l’ont imaginé, parce qu’il se serait alors détaché de l’obédience romaine. Il lui I resta en effet toujours fidèle ; envoyé par Robert au [ Concile de Pise, il y soutint les droits de Grégoire XII et protesta solennellement contre la sentence conciliaire ; aussi Grégoire XII lui confia-t-il, dans les derniers mois de 1409, une juridiction de plus en plus étendue sur les diocèses allemands qui s’étaient soustraits à son obédience. Matthieu mourut le 5 mars 1410 et fut enterré dans la cathédrale de Worms.

IL Œuvres. — Son œuvre littéraire est très considérable, mais est demeurée pour la plus grande part manuscrite, dispersée dans les diverses bibliothèques d’Allemagne, de France, de Bohême, de Pologne. Nous indiquerons d’abord les ouvrages imprimés, puis nous donnerons une brève recension des inédits.

Ouvrages édiiés.

1. Tractatus rationis et conscienliæ

de sumplionc pabuli saluli/eri corporis domini nostri Jesu Christi, imprimé par Gutenberg, à Mayence, vers 1460, voir Hain, Repertorium bibliographicum, n. 5803 ; il y a encore d’autres éditions incunables cnumérées, ibid., n. 5804-5809, dont les titres sont assez divers ; quelques-uns expriment mieux le contenu de ce petit livre : n. 5805, Incipitdialogus rationis et conscientiæ an expédiât vel debeat quis raro vel fréquenter celebrare vel communicare ; n. 5806, Dialogus… ulrum, quundo ac quibus molivis missa celebranda abslinendave sit ; n. 5809, Tractatus de eo ulrum expédiai et deceat sacerdoles missas continuare vel laicos fréquenter communicare. Les nombreux mss., dont on trouvera l’indication dans Th. Sommerlad, Matthœus von Krakau, p. 76 sq., donnent des titres non moins variés, C’est, en définitive, un traité de la fréquente communion, où Matthieu encourage, non seulement les prêtres à célébrer fréquemment, mais les laïques eux-mêmes à s’approcher souvent de l’eucharistie. Il précise les conditions de la communion fréquente et quelques-unes de ses formules, tout à fait heureuses, rejoignent presque celles que les récents documents pontificaux viennent de mettre en circulation. Le livre, à ce point de vue, mériterait une étude, il marque une date importante dans l’histoire de la pratique de la communion. Sommerlad, p. 80, en signale une traduction allemande fort ancienne.

— 2. De squaloribus curiæ romante, conservé en des mss. de Wolfenbutlel, Berlin, Erfurt, Melk, Vienne, Bàle, Dijon (Ecole de droit, n. 196). Ce traité, où l’auteur fait un laLleau très poussé au noir du triste état de l’Église et esquisse quelques-unes des réformes nécessaires, a été imprimé à Bille, en 1551, par Wolfg. Wissenburg, sous le titre De squalore seu de praxi curiæ romanæ, en même temps que les Canones de emendatione EccleSise de Pierre d’Ailly : puis à Lon-