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MATTHIEU D’AQUASPARTA


Pistoie. Aquasparta voulut traiter avec cette ville mais n’obtint rien et lança contre elle l’interdit. Davidsohn, Forschungen, t. iii, p. 290, 303. Quelque temps après, le 1C janvier 1302, il présida à Florence l’assemblée des villes toscanes qui appartenaient à la ligue guelfe en vue d’organiser la lutte contre les Gibelins. Davidsohn, Geschichte, t. m. p. 193. Ce fut un de ses derniers actes en cette ville.

Fendant cette légation le conflit entre Bonifaface VIII et Philippe le Bel s’était exaspéré. Les griefs s’étaient accumulés à Rome contre le roi de France, avaient amené, les 4 et 5 décembre 1301, les bulles Sah’alor mundi et Ausculta fili, et provoqué la convocation d’un concile français à Rome pour le 1° novembre 1302. Philippe le Bel répondit à ces actes par l’assemblée générale du 10 avril 1302. Lorsque ses envoyés se présentèrent à Anagni le 24 juin, ce fut Matthieu d’Aquasparta qui, dans un discours de grand style théologique et juridique, répondit au nom du Saint-Siège. Dupuis, loc. cit., p. 73-76. Son discours, très habile, où les torts de Philippe le Bel, ses falsifications de bulles papales étaient mis au compte de ses légistes, et où la plénitude du pouvoir pontifical était vigoureusement affirmée, même dans l’ordre temporel, de omni temporali rationepeccati, se terminait par cette déclaration : Ha sentio pro ista vcrilale quod auderem i-am defendere contra tolum mundum et auderem exponere vitam meam, quod summas poniifex, qui est vicarius B. Pétri, habet pleniludinem potestatis, etc. Deux jours après, le 26 juin, Aquasparta et le Sacré Collège répondaient à la violente lettre de la noblesse française. Dupuis, loc. cit., p. 71-72. Ce fut un de ses derniers actes. A la veille en effet de la bulle Unam Sanctam (18 nov.) que son discours du 24 juin annonçait, .M. d’Aquasparta mourait à Rome le 29 octobre, ainsi que nous l’apprend le Nécrologe des chanoines de Saint-Pierre. Denifle, Chart. Univ. Paris., t. ii, p. 59. Il fut profondément regretté. Wadding, Annales, an. 1302, n. 6. Son testament est encore conservé, mais, depuis 1910, les franciscains de Quaracchi n’ont pu en obtenir communication. Ce que l’on sait, par un acte notarié du 23 janvier 1303, c’est qu’une partie de ses livres et de son mobilier liturgique fut léguée au couvent de Saint-Fortunat de Todi. Todi, Archives, arm. 4, cass. 5, n. 35. Le corps du cardinal repose encore aujourd’hui dans l’église franciscaine de l’Ara Cœli à Rome, dans un beau monument dû aux mosaïstes de l’école de Jean Cosmati. Guiraud, L’Église et les origines de la Renaissance, Paris, 1902, p. 17 ; Pacifici, La chiesa di S. Maria in Ara Cœli, dans l’Arle cristiana, Milan, 1926, t. xiv, p. 139-155.

II. Écrits.

Les écrits de M. d’Aquasparta ne le cèdent point en étendue et en richesse doctrinale à ceux de saint Bonaventure ou de Duns Scot.

Ouvrages authentiques.

1. Concordanliæ super

i Y libros Sententiarum. — M. d’Aquasparta est l’auteur de deux écrits sur les Sentences. Le premier n’est qu’une table des matières de ce texte classique. Cet ouvrage est aujourd’hui conservé dans le cod. lat. S947, fol. 24 v°-49 v°, de la Bibliothèque d’État de Munich, le ms. II. B. III, 1 de Stuttgart et les ms. 161, 163, 179 de la bibliothèque publique de Brunswick. Inc. : Abortum procurantes quando sunt homicidæ, t. IV, dist. XXXI. Abstinere a malis, etc. Expl. : Christus quare suscitaturus corpora vivorum et morluorum in forma servi et in ta judicaturus, t. IV, dist. XLVIII. Cf. Ehrle, Die Ehrentilel der schol. Lchrer des Mittelallers, dans Sitzungsberichte d. Bayer. Akad. d. Wissenl’ten, Munich, 1919, p. 40-41 ; Grabmann, Die [ihilosophische und theologische Erkennlnislehre des Kard. M. von Aquasparta (Theolog. Studien d. Leo-Gcsellschaft, xiv), Vienne 1906, p. 16. L’authenticité de l’ouvrage est pleinement garantie. Déjà la Chro nique des xxir Généraux, Anal, franc, t. iii, p. 406, en fait mention : Hic eliam fr. Malthxus fecit pulchram Postillam super epist. ad Romanos et tabulam per alphabetum pcrutilem super libros sententiarum. L’attestation du ms. de Stuttgart est très formelle : Incipiunt concordanliæ super IV libros sententiarum quas composait reverendus pater fr. Matheus de Aqila Sparta, magister theologiæ et generalis minister, etc. De même le ms. de Munich, fol. 24 v°, assure que la table a été composée per reverendum patrem fr. Matthœum de Aquasparta, magistrum sacræ theologiæ ordinis minorum. Cet écrit de M. d’Aquasparta est encore inédit comme l’ouvrage analogue de Robert Kilwardby, O. P.

2. Commentarius in libros Sententiarum.

Le I er livre de cet ouvrage est conservé dans le ms. 122, fol. 2 v°-160r°, de la Bibliothèque communale de Todi. Inc : Nihil me judicavi scire inter vos nisi Christum Jesum et hune crucifixum, I Cor. xi. In verbis islis Paulus aposlolus doclor egregius et prædicator verilalis, etc. Expl. : A quo est omne datum optimum et omne donum perfeclum lanquam a pedre luminis cui sil omnis gloria, laus, virtus et imperium per infinita sxcula sœculorum. La table des matières, autographe comme le ms. lui-même, donne la liste de. Il questions. Ainsi que Matthieu d’Aquasparta l’a signalé, fol. 73 v°, 166 v°, les distinctions XVIII et XIX manquent. Grabmann, loc. cit., p. 17 ; Ehrle, Das Sludium der Handschriften der mittelalterlichen Scholastik, dans Zeitschrift f. kath. Theol., 1883, p. 26. Le IF livre, également autographe, est dans le ms. 132 de la Bibliothèque communale d’Assise, fol. 1 v° : Inc. : Inlravi in domum fîguli et —ipse faciebat opus super rotam et dissipalum est vas quod ipse faciebat super rolam, Jerem, , xviii. Diligenter, etc. ; fol. 225 c, Expl. : secundum illam acceptionem supra posilam. Les distinctions XVIII et XIX ne se lisent point dans le corps de l’ouvrage, fol. 225 c, mais plus loin aux fol. 298c-309d. Le commentaire s’arrête à la distinction XXXIX ; la suite du texte de Pierre Lombard n’a pas été expliquée. Le même ms. contient, immédiatement après, le commentaire incomplet de Matthieu sur le IVe livre des Sentences, fol. 226 a : Inc. : Circa istam distinelienem primam, in qua déterminât magister de sacramentis in gencrali et postmodum in speciali de sacramentis veleribus, quæruntur duo, etc. ; fol. 297 d. Expl. : quia irreparabilis est, ut dictum est. L’écrit s’achève par la dictinction XIV, après le traité sur l’eucharistie, Le reste manque. De même le commentaire sur le IIIe livre du Lombard. Tout incomplet qu’il soit, cet ouvrage n’en est pas moins un des principaux monuments de la scolastique au xiii » siècle : le IIe livre surtout, très développé, est d’une grande signification : l’histoire définitive de la scolastique, de l’influence bonaventurienne et du conflit qui divisa les augustiniens et les disciples nouveaux d’Aristote, ne pourra s’écrire qu’à l’aide de ce texte. L’ordonnance générale est admirable de clarté. D’ordinaire, Matthieu suit de près le commentaire de Bonaventure. Malgré cette importance, l’œuvre du cardinal franciscain est encore inédite. Deux questions seulement du premier livre, ayant trait à la connaissance de Dieu et à l’argument de saint Anselme, ont été publiées par le P. Daniels, O. S. B., Quellenbeitrage und Untersuchungen zur Gesch. der Goltesbeweise im XIII. Jahrhundert (Beilrage zur Gesch. der Philos, des Mittelallers, vin), Munster, 1909, p. 52-63.

3. Quæstiones dispututw et Quodlibeta.

— A l’instar d’Henri de Gand et de Godefroy de Fontaines, Matthieu d’Aquasparta est l’auteur de nombreuses Questions disputées et de six Quodlibets. Le cod. 44, fol. 317 sq. de la Bibliothèque communale de Todi,