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sions de Tar tarie lui est envoyée le 10 avril 1288. Eubel Bull, franc, epit., p. 165. Après une brève administralion, Aquasparta fut remplacé le 29 mai 1289 par Raymond Gaufredi, élu au chapitre de Rieti. Plusieurs historiens font critiqué et assurent que sous lui la discipline régulière s’affaiblit notablement. Ainsi Wadding, Annales O. M., an. 1289, n. 23, cf. Anal, franc, t. iii, p. 415, n. 4. Ces jugements défavorables cuit été suggérés prcsqu’exclusivement par les vers suivants de Dante, Parad., cant. xii, 124-120 : Ma non fia da Casai, ne d’Acquasparta ; Là onde vegnon tali alla scrillura, Ch’uno la fuggee l’allro la coarta. Ainsi, d’après le poète florentin, un petit nombre de franciscains aurait été, de son temps, fidèle à la règle de saint François, et encore ce groupe ne viendrait ni de Casai — allusion à Ubertin de Casale — ni d’Aquasparta. En fait rien n’appuie ces assertions. Dante était l’adversaire politique d’Aquasparta ; d’après le sénateur F. Riufiini, c’est lui qu’il attaque aussi dans un passage célèbre de la Monarchia. Danlee il Protervo decretisla innominalo, dans Memorie délia R. Accademia délie scienze di Torino, 1922, série II, t. lxvi, I ». 09. Par suite la réserve s’impose, les jugements portés par Dante sur ses adversaires étant tous fort passionnés. Bien plus, si l’on observe que Matthieu remit en liberté les Spirituels dont le tort n’était pas autre que d’être très vivement attachés à l’idéal de saint François, et qu’Ange deClareno ne iui fait aucun grief dans sa célèbre Historla septem tribulationum ordinis minorum, il n’est pas douteux que son attitude ait été conciliatrice et en définitive bienfaisante.

Le cardinal.

De 1289 à 1302, M. d’Aquasparta

allait se consacrer aux affaires ecclésiastiques.

Sous Nicolas IV son rôle est moins apparent, bien qu’il soit souvent délégué dans les affaires des ordres religieux. Exécuteur testamentaire du cardinal Bentivengha, t 1290, Aquasparta recueillit aussi sa charge de grand pénitencier à la fin de 1288 ou au début de 1289. Langlois, Les registres de Nicolas IV, t.i.n. 1013. Dans le Formulaire des pénitenciers de Benoît XII, conservé dans VOttob. lat. 333, 24 lettres de M. d’Aquasparta relatives à des matières canoniques ont été conservées. E. Gôiler, Die papstliche Pônitenliarie von ihrem Ursprung bis zu ihrer Umgestaltung unter Pins V, Rome, 1907, t. i, p. 30, 90. En 1289, semblet-il, il est chargé de terminer un conflit entre dominicains et franciscains au sujet de l’érection d’un couvent à Weissenbach, H. Finke, Ungedruckte Dominikanerbriefe des XIII. Jahrhundcrts, Paderborn, 1891, p. 149. Comme il résulte de la bulle Régis pacifici de Nicolas IV (12 sept. 1289), il fit partie de la commission cardinalice chargée d’étudier la question de la réforme de Cluny et d’élire les quinze définiteurs qui devaient célébrer le chapitre suivant. Sbaralea, Bull, franc, t. iv, p. 106-7 ; dom L. Guilloreau, Robert, abbé de Cérisy, dans Revue Mabillon, Ligugé, 1921, n » série, t. xi, p. 273. Vers le début de 1291, il changea fon titre cardinalice et devint cardinal-archevêque de Porto et Sainte-Rufine, Anal, franc, t. iii, p. 408.

Le 4 avril 1292, Nicolas IV mourait à Rome. Une longue vacance du Saint-Siège s’en suivit, occasionnée par les rivalités des Colonna et des Orsini. Matthieu d’Aquasparta assista d’abord au conclave qui se tint a. Rome, mais l’accord n’ayant pu se faire au sein du Sacré Collège, il se retira à Rieti le 29 juin 1292 avec les cardinaux qui n’appartenaient pas aux grandes ramilles romaines. R. Morghen, // card. Matteo Rosso Orsini, dans Archivio délia R. Société Romana di tloria palria, Rome, 1923, t. xlvi, p. 314-329. De Rieti il se rendit à Todi, Archives, arm. 4, cass. 5, n. 4 ; Ceci, loc. cit., p. 238-9. A la fin de septembre Aquasparta retourna à Rome et y passa l’hiver, prenant part au conclave qui se tenait à la Minerva. Après Pâques, il

retourna à Rieti. Ce fui alors que le cardinaux réunis à cet endroit, à l’exception des Colonna, l’envoyèrent au secours de Stroncone assiégée par les troupes gibelines de Nanti. Le cardinal Jacques Stephaneschi dans sa Vie métrique de Célestin V, Acta SS., mai, t. iv, Anvers, 1685, p. 444-5, nous a conservé les détails de cette expédition. Le corps d’armée d’Aquasparta, commandé par Rubeone Pallo de Subiaco, dégagea rapidement la place, et Narni fut obligée de se rendre aux conditions imposées par le Sacré Collège. Le 17 juillet la paix fut jurée entre les mains de Matthieu dans la cathédrale de Terni. Les cinq pièces relatives à cette affaire, transcrites du registre de Bonaiuti de Casentino, sont encore conservées aux archives publiques de Stroncone. Mazzatinti, Gli archivi délia storia d’Ilalia, Rocca S. Casciano, 1900, t. iii, p. 362. La réconciliation de Narni causa des ennuis au cardinal. Les pénitenciers mineurs qu’il y avait délégués n’observaient pas une prudente modération : un vif mécontentement éclata. Dans un désir de paix, Aquasparta voulut résigner sa charge de grand pénitencier, mais les cardinaux refusèrent d’accepter sa démission, tout en limitant plus étroitement ses pouvoirs. J. Stephaneschi, loc. cit., p. 447-448. L’affaire de Narni ne devait s’achever que le 1° février 1298. Digard, Les registres de Boniface VIII, Paris, 1890, 1. 1, n. 2394.

A l’automne, le conclave s’étant transféré à Pérouse, Aquasparta se rendit dans cette ville le 18 octobre. Un moment les suffrages des cardinaux qui formaient le groupe des modérés sous la conduite de Latino Malabranca, O.P., se portèrent vers lui, mais Matthieu ne put obtenir un nombre suffisant de votes. H. Finke, Aus den Tagen Bonifaz VIII, Munster, 1902, p. 31. Finalement le 5 juillet il signa l’acte d’élection de Célestin V, Raynaldi, loc. cit., n. 6, qu’il avait contribué à faire élire en appuyant la proposition du cardinal Malabranca. R. Morghen, loc. cil, p. 321-324. Le 11 du même mois, le Sacré Collège le déléguait avec les archevêques de Lyon et d’Orvieto pour porter la nouvelle à l’élu. Raynaldi, Annal., an. 1294, n. 7 Aquasparta se rendit à Aquila en passant par Foligno où Lotharinge de Florence, ministre général des servîtes, le reçut avec honneur, Mirini et Solfier, Mon’um. ord. serv. B. M., Bruxelles, 1899, t. ii, p. 135, sans doute en reconnaissance des services que le cardinal lui avait rendus en faisant reconnaître par le Saint-Siège l’ordre des servites supprimé par le concile de Lyon (1275). A. Giano, Annales ord. serv. B. M. V., Lucques, 1719, 1. 1, p. 157 a, 158 b. Ce que fit Aquasparta dans la suite, soit durant le pontificat de Célestin V, soit lors de l’élection de Boniface VIII, est totalement inconnu.

Le cardinal franciscain avait connu jadis Boniface VIII à Todi ; il devint bientôt le plus ferme soutien de sa politique. — Le 21 juin 1295, à Anagni, il assiste à la confirmation du traité de paix conclue entre la France, l’Aragon et la Sicile, Digard, Les registres de Boniface VIII, t. i, n. 184 ; Raynaldi, Annal., an. 1295, n. 23 ; depuis ce jour jusqu’au 27 juin 1298, il signe tous les actes consistoriaux. Le 10 mai 1297, lorsqu’éclata la rébellion des Colonna et des Spirituels, Raynaldi, an. 1297, n. 26-42, Aquasparta. fut un des premiers à signer le manifeste que les dix-sept cardinaux envoyèrent à la catholicité en faveur de Boniface VIII. Déni fie, Die Denkschriften der Colonna gegen Bonifaz VIII und der Cardinale gegen die Colonna, dans Arch. f. LUI… des M. A., t. v, p. 493-529. A sa suite, les maîtres franciscains d’alors les plus célèbres, Pierre Olivi, Gauthier de Bruges, évêque de Poitiers, Jean de Murro, etc., allaient défendre la même cause. Ce fut au milieu de ces troubles qu’eut lieu la canonisation du roi de France, Louis IX, le. Il juillet 1297, à Orvieto. Aquasparta y