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MATTHIEU CANTACUZÈNE — MATTHIEU D’AQUASPARTA


mauvais ms. athénien ; ils ont été réédités par le même crudit dans le Ha.gva.caoq, t. xi (1888), p. 264-284, d’après un ms. berlinois. 13. Antoniadès est revenu sur cotte édition dans le AeXxîov, t. iv (1892-1894), p. 518-532, pour l’amender d’après un ms. de la Bibliothèque synodale de Moscou. Peu d’écrits byzantins ont été si royalement traités.

, Jean Cantacuzône, Ilisloriarum, t. IV, P. 6’., t. cuv, co !. 9-370 passim ; Ducangc, Famtliæ byzantinæ, p. 258-264 ; Fabricius, liibtiothcca grseca, éd. Mariés, t. vii, p. 793 ; Krumbacher, Geschichte der byzanl. Literatur, 2e édit., Munich, 1897, p. 136, 489, 1058 ; Lebeou, Histoire du Bas-Empire, éd. de Saint-Martin, t. CXIV, t. xx, Paris, 1836, p. 327-378, passim ; Nicolas Cabasilas, Panégyrique de Matthieu Caniacuzène, édité par M. Jugie dans les Souuelles de l’Institut archéologique russe de Constantinople, 1. xv 1911).

M. Jugie.

    1. MATTHIEU D’AQUASPARTA##


3. MATTHIEU D’AQUASPARTA, des

frères mineurs, philosophe et théologien (1240-1302). — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine. IV. Signification historique.

I. Vie.

Le docteur franciscain.

Matthieu

d’Aquasparta naquit à Aquasparta, près de Todi, dans l’Ombrie. Analecta franciscana, Quaracchi, 1897, t. iii, p. 510. La date de sa naissance est inconnue, mais peut être fixée avec vraisemblance aux environs de 1240. D’après la tradition, Matthieu d’Aquasparta entra dans l’ordre de saint François au couvent de Saint-Fortunat de Todi, YVadding, Annales O. M., an. 1254, n. 48 ; sûrement il appartenait à la province franciscaine de l’Ombrie. Anal, franc, t. iii, p. 406. Ainsi que la plupart des maîtres franciscains d’alors, il étudia à Paris. Il est appelé, en effet, doclor in theologia Parisius, dans les listes doctorales qui font suite à la Chronique d’Eccleston, Anal, franc., 1885, 1. 1, p. 262, 274, et par Wadding, Annales, an. 1287, n. 4 ; toutefois la Chronique des xxiv Généraux l’appelle seulement sacrée theologiæ magisicr, Anal, franc., t. iii, p. 406, tout comme Barthélémy de Pise. Ibid., t. iv, p. 338, 345. L’histoire n’a conservé aucun détail sur son séjour à Paris. L’œuvre philosophique et théologique de Matthieu révèle pourtant qu’il étudia, sinon sous saint Bonaventure, du moins sous un des maîtres qui continuaient sa pensée, Guillaume de la Mare, Gauthier de Bruges, Jean Peckam. Ce dernier, regent de l’école franciscaine de Paris vers 1269-1272, pourrait bien être le maître d’Aquasparta. Après ses études à Paris, il fut lecteur à Bologne où les franciscains avaient un studium générale. Il nou^ l’apprend lui-même dans une note autographe ajoutée à son Commentaire sur le livre des Sentences, Assise, Biblioth. comm., ms. 132, fol. 298 r°. De secundo distinctione : « Utrum Deus sit ? » argumenta sunt multa in quæ.stione disputata Bononim et illa solutio leneatur, etc. Lors de la nomination de Peckam à l’archevêché de Canlorbéry.le 28 janvier 1279, Matthieu reçut sa chaire de lecteur au Sacré-Palais. Comme toutes les sources anciennes assurent qu’il fut le successeur immédiat de Peckam, il est inexact de fixer la date de son lectorat à Rome en 1281, ainsi qu’on le fait souvent, Anal, franc., t. iii, p. 372, n. 7. En 1282, il est sûrement en charge. Dans le ms. 62 de la Bibl. comm. de Todi on lit en effet au fol. 1 v° la note suivante : Iste liber reddatur magistro Nicolao de Hoccon, anglico, quem dominus Joannes, Wintoniensis episcopus, volait deponi pencs fratrem Matlhœum de ordine fratrum minorum lectorem in curia romana. Or Jean de Pontissera, l’agent de Peckam à Rome, fut élu évêque de Winchester le 15 juin 1282 et retourna en Angleteerre à la fin de juillet 1282. J. Peckam, Registrum epistolarum, édit. Martin, Londres. 1882, 1. 1, p. 392. Le 2 août 1285, Matthieu d’Aquasparta semble bien être encore à la curie où il intervient en faveur d’OITreduccio d’Aqua sparta, chanoine de Todi. G. Ceci, Todi nel medio evo, p. 278. Par Vexplicit du ms. 159, fol. 302 de la Bibl. comm. d’Assise, l’on sait que les Questions disputées sur l’Incarnation de Matthieu sont de cette époque : disputavil in curia romana. Ce fut aussi « en sa présence » que Martin IV confirma l’indulgence de la Portioncule. Anal, franc, t. iii, p. 372 ; Wadding, Annales O. M., an. 1223, n. 3, et an. 1281, n. 6. Fut-il en 1282 élu provincial de l’Ombrie et empêché d’exercer ces fonctions par sa charge de lecteur, ainsi que l’assure le P. Agostino de Stroncone, L’Umbria serafica dans Miscellanca francescana, Foiigno, 1887, t. ii, p. 177, rien ne permet de le déterminer.

En 1287, Aquasparta était élu ministre général de l’ordre franciscain au chapitre de Montpellier. Au témoignage de Salimbene, son élection fut assez mouvementée, Cronica, éd. Holder-Egger, dans Monum. Ccrm. hist, , Scriplores, t. xxxii, p. 643. Son générah.t fut de très courte durée, 1287-1289 ; ses actes sont aussi peu connus. En septembre 1287, il est à Ferrare où il préside le chapitre qui élut Barthélémy de Bologne provincial de l’endroit. Sous son influence, Nicolas IV, précisant le statut général de l’ordre franciscain, décréta qu’à l’avenir les custodes d’une province jouiraient d’une seule voix au chapitre, que le nombre des provinces ne pourrait être augmenté sans l’assentiment du Saint-Siège et que, le ministre général venant à mourir, un vicaire généra ! ne pourrait être élu sans la permission du pape et l’avis du cardinal protecteur. Eubel, Bullarii franciscani epiiome, Quaracchi, 1908, n. 1619-1621 ; Anal, franc, t. iii, p. 408. Deux jours après ces décrets, le 16 mai 1288, Matthieu d’Aquasparta fut créé cardinal du titre de Saint-Laurent in Damaso, mais retint, sur le désir de Nicolas IV, le gouvernement de l’ordre. Le 3 septembre 1288, il signe pour la première fois les bulles consistoriales. E. Langlois, Les registres de Nicolas IV, Paris, 1905, t. i, n. 243 ; Sbaralea, Bull, franc, Rome, 1 768, t. iv, n. 46. L’année suivante, le 9 février, le roi Alphonse II d’Aragon lui. recommande ses envoyés auprès de Nicolas IV. M. Bihl, dans Y Archivum franciscanum historicum, 1922, t. xv. p. 231. Vers la même époque, Aquasparta blâma le provincial de France, Nicolas de Ghistelle, qui avait glosé la bulle Exiit qui seminat, malgré la défense de Nicolas III. P. Callebaut, dans VArchiv. franc, histor., 1917, t. x, p. 3467 ; Wadding, Annales, an. 1289, n. 22. Ce qui caractérise l’administration de M. d’Aquasparta, ce fut sa bienveillance envers les Spirituels. Il accorda en effet au bienheureux Jean de Parme, qui depuis son procès sous saint Bonaventure (c. 1263) était relégué à Grecchio, de se rendre en pays infidèle. Anal, franc, t. iii, p. 408-9. De plus il réhabilita Pierre Olivi ; libertin de Casale nous l’apprend dans sa célèbre Apologie présentée au concile de Vienne. Ehrle, Zur Vorgeschichte des Concils von Vienne, dans VArchiv fur Litteratur und Kirchengeschichte des M. A., Berlin, 1886, t. ii, p. 389 ; Olivis Leben und Schriften, ibid., t. iii, p. 430-1. De par la volonté. d’Aquasparta, Olivi fut nommé lecteur au studium générale de Florence où il exerça une grande influence sur les mystiques de la Toscane et de l’Ombrie. En même temps Matthieu révoqua, à la suite d’Arlotto de Prato, toutes les mesures prises par le ministre général Bonagratia contre Olivi et les Spirituels. Ehrle, loc cit., p. 387. Aquasparta promut également les études et fit de nouvelles ordonnances pour le studium de Paris, rappelées dans les Constitutions du 25 mai 1292. Déni fie, Chart. Univ. Paris., t. ii, p. 56. Il seconda aussi les intentions de Nicolas IV dans l’œuvre des missions d’Asie. Golubovich, O. F. M., Bibliotheca bio-bibliografica délia Terra santa, Quaracchi, 1906, t. i, p. 323-325. Une relation importante sur les mis-