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MATTHIAS DE LA COURONNE MATTHIEU (SAINT)


le t. vi des missions apostoliques, de l’utilité des missions et des vertus, privilèges, office et pouvoir des missionnaires ; le t. vu de la dignité des cardinaux, légats, nonces et inquisiteurs de la foi ; avec un supplément pour prouver la sainteté de l’Église ; le

I. viii, montre comment l’Église romaine est sainte par les princes chrétiens. Les quatre tomes non publiés (t. ix-xii) traitent aussi de la sainteté de l’Église romaine manifestée par le peuple fidèle, par la défense de la sainteté de Dieu et par les sacrements. Matthias de la Couronne publia aussi en français une Vie et miracles de S. Albert (de Sicile), Carme.

Daniel de la V. M., Vinea Carmeli, Anvers 1662, p. 585 ; Spéculum carmelitanum, Anvers, 1680, t. i, p. 328 b, n. 1352 ; t. ii, p. 1013 t>, n. 3538 ; p. 1106 a, n. 3921 ; Foppens, Bibliothtca Belgica, Bruxelles, 1739, p. 872 b ; Cosme de Villiers, Bibliolheca carmelitana, Orléans, 1752, t. ii, col. 407-409, n. lll ; ’Hurter, Nomenclator, 3° édit., t. iv, col. 88.

P. Anastase de S. Paul.

    1. MATTHIEU (Saint)##


1. MATTHIEU (Saint), l’un des douze apôtres, à qui la tradition ecclésiastique attribue la composition du premier évangile.

Saint Matthieu figure dans les quatre listes d’apôtres que donne le Nouveau Testament, Matth., x, 3 ; Marc, n, 18 ; Luc, vi, 15 ; Act., i, 13. Le premier évangile accompagne son nom de l’épithète ôtsXwvtjç, le publicain, et il raconte, ix, 9, la vocation d’un péager, nommé Matthieu, qui, au premier appel, quitte le bureau de la douane pour suivre Jésus. Le même épisode est rapporté avec des circonstances à peu près identiques par les deux autres synoptiques, Marc, ii, 14 ; Luc, v, 27-28 ; mais ceux-ci donnent le nom de Lévi au héros de ce récit. On ne peut sérieusement douter qu’il s’agisse dans les trois évangiles d’un même personnage. Il faut donc supposer que le publicain appelé par Jésus portait deux noms, tous deux sémitiques, car Ma66aioç correspond à l’hébreu "ÇB (peut-être abréviation de rp { ln ?, qui signifie don de Jahvé). Matthieu pourrait être, comme dans le cas de Simon-Céphas, le nom définitif donné par Jésus à son apôtre. — A part le récit de sa vocation et du repas qu’il donna aussitôt après, dans sa maison, à Jésus et à ses disciples, Matthieu-Lévi n’est plus mentionné dans aucun épisode du Nouveau Testament. Les détails que donne la tradition sur son apostolat et son martyre n’ont pas de valeur historique.

De l’évangile qui porte le nom de saint Matthieu nous étudierons : I. L’origine et la composition.

II. Les caractères particuliers au point de vue doctrinal (col. 366).

I. Origine et composition du premier évangile.

— I. L’origine du premier évangile d’après la tradition ecclésiastique. II. Le premier évangile et la critique.

III. La composition du premier évangile d’après les données intrinsèques.

I. LE PREMIER ÉVANGILE ET LA TRADITION.

1° Citations et allusions sans mention de nom d’auteur.

— Pour les Pères apostoliques, les allusions certaines ou probables au premier évangile sont signalées par Funk, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1. 1, p. 2-36. On en trouve dans l’épître de saint Clément aux Corinthiens, plus sûrement encore dans les épîtres de sa’.nt Ignace, et ces allusions sont plus nombreuses que celles qui se rapportent au second ou au troisième évangile. L’épître de Barnabe, iv, 14, fait allusion à Matth., xxii, 14, avec la formule wç ysypa^xai qui caractérise les citations scripturaires. La Didachè contient de nombreuses citations de paroles de Jésus, faites d’après le premier évangile, qui est dit l’évangile du Seigneur : Did., viii, 2 et sq. = Matth., vi, 9-13 ; Did., xv, 3 = Matth., xviii, 15-17 ; Did., xv, 4 = Matth., vi, 2-4, 5-8. Même prédominance de l’usage du premier

évangile dans saint Justin où l’on a relevé une quarantaine d’allusions à Matth., le Pasteur d’Hermas, la II* démentis, etc. De ces citations et allusions il résulte que le premier évangile, en son texte grec, était connu partout au iie siècle.

2° Témoignages patristiqu.es concernant la composition du premier évangile. — Le témoignage le plus ancien est celui de Papias, dans le texte célèbre conserservé par Eusèbe, II. E., III, xxxix, P. G., t. xx, col. 300, où il est question d’abord de l’évangile de saint Marc, puis de celui de saint Matthieu dans les termes suivants : « Quant à Matthieu, il a mis en ordre les discours, xà X6yia, en langue hébraïque, et chacun les a interprétés comme il pouvait. » Toute la tradition ecclésiastique a vu dans ces 7.6yiy. l’original hébreu de l’évangile grec qu’on attribuait à saint Matthieu. Ainsi saint Irénée, qui cite le texte grec du premier évangile et dit, Contra hæres., III, i, P. G., t. vii, col. 844, que Matthieu a donné par écrit l’évangile dans la langue des Hébreux, pendant que Pierre et Paul prêchaient l’évangile à Rome ; Origène (cité par Eusèbe, II. E., VI, xxv, P. G., t. xx, col. 552) qui déclare tenir de la tradition, que le premier évangile écrit est celui selon Matthieu, qui l’a donné à ceux des croyants venant du judaïsme, composé en caractères hébraïques ; saint Cyrille de Jérusalem, Calech., xiv, 15, P. G., t. xxxiii, col. 884 ; saint Épiphane, Hier, xxx, 3, P. G., t. xli, col. 409 ; Eusèbe lui-même qui parle du premier évangile grec comme d’une traduction, et déclare, H. E., III, xxiv, P. G., t. xx, col. 265, que Matthieu, au moment de quitter les juifs qu’il avait évangélisés, leur a laissé l’évangile écrit en hébreu pour compenser son absence. Citons encore Tertullien qui appelle saint Matthieu ftdclissimus evangelii commentator, ut cornes Christi, De carne Christi, xxii, P. L., t. ii, col. 789 ; et saint Jérôme qui résume les données traditionnelles en ajoutant qu’on ne sait pas qui a traduit en grec l’original de saint Matthieu. Notons que, d’après ces textes, la langue originale du premier évangile aurait été l’hébreu. Mais on peut très bien admettre, et il est plus vraisemblable, que saint Matthieu écrivit en araméen, langue parlée par les juifs à qui il destinait son évangile.

Décisions de la Commission biblique pontificale.


Les données traditionnelles sur l’origine du premier évangile ont été codifiées dans un décret de la Commission biblique, du 19 juin 1911, complété par une décision du 26 juin 1912. Il résulte de ces décisions : a) que l’apôtre saint Matthieu est vraiment l’auteur de l’évangile qui porte son nom, qu’il a été le premier des évangélistes et que son œuvre, écrite en araméen, était bien un évangile, tel que celui que nous possédons, et non point seulement une collection des discours du Christ qui aurait été utilisée ensuite par le rédacteur anonyme de notre premier évangile grec ; b) que la rédaction du texte original du premier évangile ne peut être renvoyée après la ruine de Jérusalem ; c) que notre premier évangile grec doit être tenu pour canonique, et identique quant à sa substance avec l’original araméen écrit par saint Matthieu ; à) qu’on ne peut mettre en doute l’authenticité des deux premiers chapitres où est racontée l’enfance du Sauveur, non plus que de quelques passages de grande importance dogmatique, Matth., xiv, 33 ; xvi, 17-19 ; xxviii, 19-20, contestés par certaines critiques modernes ; e) que, si on a le choix entre plusieurs hypothèses pour expliquer les rapports entre les trois premiers évangiles, on ne peut admettre la théorie dite des deux sources, qui suppose que notre premier évangile grec a été composé principalement d’après l’évangile de saint Marc et une collection des discours du Seigneur. Texte latin dans Denzinger-B., n. 2148-2154 ; 2164-2165.