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MATIÈKK ET FORME - MATTHIAS BKLLINTAM DE SALO

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plus considérable en ce qui concerne l’union de la forme et de la matière, sans nuire à la validité du sacrement : mais, dans les autres sacrements, leur validité exige que l’intervalle qui pourrait exister entre les paroles et l’application de la forme soit si bref, que l’on puisse encore estimer, d’après les contingences ordinaires, que l’une et l’autre action ne font qu’un comme signe. Le mieux est donc que paroles et actions soient simultanées ; et cette simultanéité même est prescrite, afin qu’il n’y ait aucun doute possible touchant la validité.’ « A fortiori, les paroles elles-mêmes de la forme ne doivent pas être séparées entre elles de telle façon qu’elles puissent perdre leur signification et par là cesser de jouer le rôle de forme. Au cas où la chose se produirait, il faudrait en juger d’après l’estimation morale qu’on peut en faire. De plus, une seule action et une seule forme’peuvent en soi être suffisantes pour l’administration de plusieurs sacrements simultanés (par exemple, le sacrement de pénitence accordé à un grand nombre d’individus dans une absolution collective), parce que un seul signe peut être appliqué à des sujets multiples. Mais agir ainsi, hors le cas de nécessité est illicite, parce qu’interdit par l’Église, tout au moins sous peine de péché véniel ; et ce serait péché mortel si cette manière d’agir, pouvait créer un péril de nullité du sacrement. » Ch. Pesch, Prælectiones dogmaticæ Fribourg-en-B., 1914, t. vi, n. 35.

A. Michel.

    1. MATTHIAS BELLINTANI DESALO##


1. MATTHIAS BELLINTANI DESALO,

frère mineur capucin, était né le 29 juin 1534, d’une bonne famille de Gazzane, dans les environs de la ville dont il prit le nom, à son entrée en religion, le 4 octobre 1551. Après sa profession il était envoyé à Naples pour y faire ses études sous la direction du P. Jérôme de Pistoie (voir son article) ; mais comme il ne pouvait supporter le climat du midi, on le transféra dans la province d’Ombrie, où enseignait le P. Jérôme de Montefiore, déjà maître en théologie chez les conventuels. Les progrès du jeune religieux ne démentirent pas les espérances de ses supérieurs et bientôt il devint un prédicateur de renom. Les dignités l’attendaient dans sa province de Milan et ensuite dans celle de Brescia, séparée de la première en 1587. Par deux fois il fut définiteur général, et il venait d’être élevé à cette charge, au chapitre du mois de mai 1575, quand on l’envoya commissaire général en France, où les capucins commençaient à s’établir. Saint Charles Borromée, qui l’avait en haute estime, le munissait à cette occasion de lettres de recommandation pour Henri III et le nonce du pape à Paris. Bien accueilli à la cour, le P. Bellintani s’acquitta avec succès de la mission qui lui était confiée, et obtint des lettres patentes du roi, confirmant celles de son prédécesseur Charles IX et les donations de sa mère, Catherine de Médicis. Il gagna aussi aux capucins la bienveillance de l’évêque de Paris, Pierre de Gondi, jusque-là assez peu favorable. Le séjour du P. Matthias en France ne dura que trois ans. Plus tard, en 1599, il était commissaire général dans la province de Suisse, et trois ans après il remplissait les mêmes fonctions en Autriche et en Bohême, s’attirant partout l’estime et la vénération. Quand il revint dans sa province, au cours de l’année 1605, il était de nouveau nommé provincial, charge à laquelle il renonçait au bout de deux ans, pour se préparer tranquillement à la mort, tout en continuant ses prédications jusqu’au bout. Le P. Matthias mourut au couvent de Brescia le 20 juillet 1611 ; il avait soixante-dix-sept ans.

Parmi les auteurs que saint François de Sales conseille à Philothée, là où il lui parle de l’oraison, Intr. à la vie dév., IIe part., c. i, nous trouvons le nom de Bellintani. Il avait en effet composé la Prattica deliora zione mentale. Opéra molto utile per quelle divole persone che desiderano occuparsi nelt’orazione con fruttoe gusto, in-12, Brescia, 1573, 1574, 1575, 1580. Le premier tiers de cet ouvrage est un traité d’oraison, dans lequel il dit les excellences et les avantages de la prière mentale, puis indique la méthode pour la faire avec fruit ; le reste du volume propose cinquante-deux sujets d’oraison, consacrés à la vie du Sauveur, jusqu’à la mise au tombeau. En 1584 il en donnait une nouvelle édition ; les huit chapitres d’introduction sont devenus vingt-deux, dont six pour démontrer la nécessité de l’oraison conformément aux demandes du Pater. Il publiait alors la seconde partie, renfermant cinquante-neuf méditations, sur la résurrection, la descente du Saint-Esprit, l’Église et les sacrements. Unis ou séparés, les deux volumes continuent à paraître, Venise, 1586,

1592. Vingt-sept ans après l’apparition de la première partie, donc vers 1600, il publia la troisième et la quatrième, avec des méditations sur les fins dernières, dont nous n’avons vu qu’une édition de Venise 1607. Ces deux dernières parties ne semblent pas avoir eu le même succès que les premières, d’ailleurs la vogue s’était arrêtée et nous n’avons plus rencontré qu’une édition de la première partie, Bergame, 1645. Il n’en était pas de même en France. Quand le P. Bellintani y fut envoyé, il apporta certainement son ouvrage à ses confrères italiens, qui étaient assez nombreux. Il faut cependant attendre plusieurs années avant de voir la première partie de la Practique de l’oraison mentale ou contemplative, traduilte d’italien en français par M. Jacques Gaultier Parisien, in-16, Lyon, Arras,

1593. Peu après paraissait la Practique de l’oraison, faicte françoise par Jacques Roussin, 2 in-12, Lyon, 1601, 1605, 1613, 1618, 1620, Arras, 1618. De son côté le P. Blancone, observant du couvent de Toulouse, traduisait la Troisième et la Quatrième partie de l’oraison mentale, 2 in-12, Paris, 1609. On les trouve encore De nouveau reveues et corrigées sur l’Italien, par I. D. IL, Douai, 1610, 1611. Le chartreux Antoine Volmar donnait également une traduction latine des deux premières parties, Practica orationis mentalis seu contemplativæ, in-12, Constance, 1607 ; Cologne, 1609 ; Prague, 1682, et un capucin de la province de Castille les traduisait en espagnol et les éditait en 1625, Practica de la oracion mental.

Fervent, apôtre de la dévotion aux Quarante-heures, dont les capucins étaient les propagateurs, le P. Bellintani publia le premier ouvrage que l’on connaisse sur cette pieuse pratique, Trattalo délia santa oratione délie quaranla hore, ncl quale si contiene l’origine di quesla oratione, alcuni essercitii da fare in quellae gli ordini che tiene in farla, in-16, Venise, 1586 ?, Brescia, 1588, édition différente, Borne, 1588, Pavie, 1590. Un autre chartreux, Jean Gelderman, en donna une traduction latine, Tractatus de sancta oratione quadraginta horarum. .., in-16, Cologne, 1636. Des extraits de ce traité, devenu fort rare, étaient plus récemment publiés par deux anonymes, le P. Jean de Milan, capucin, Una pagina d’oro délia fede milanese, in-12, Milan, 1895, et G. Scurati, PU trattenimenti con Gesù inSacramento per l’orazione délie SS. Quarantore, in-16, ibid., 1896.

Outre ces opuscules mystiques, le P. Matthias en faisait paraître un autre, où il donnait la mesure de sa science théologique et scripturaire, In sermones S. D. S. Bonaventurse et in evangelia de lempore a Paschate usque ad Adventum, scripturahs introductiones, quibus adjecti sunt sermones ipsi ejusdem S. Doctoris, in-4°, Venise, 1588. On lui avait remis pour les examiner, des sermons attribués à saint Bonaventure ; étaient-ils de lui, méritaient-ils d’être imprimés ? Il ne donnait aucune indication sur leur authenticité, attestée par ailleurs, car on les retrouve dans l’édition des Opéra omnia, t. ix, Quaracchi, mais il les publiait