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MATIÈRE ET FORME, CONSÉQUENCES PRATIQUES


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propres a chacun des autres

sacrements. La deuxième est

le prêtre, légitimement or donné, ou l’Eoique. La troi sième est l’invocation de l’Es prit— Saint et la formule

solennelle des paroles. C’est

par la vertu de l’Esprit Saint que le prôtre sanctifie

par les paroles le sacrement,

à condition toutefois d’y

apporter l’intention requise.

III. — Raisons théologiques. — La doctrine de la matière et de la forme des sacrements se justifie théologiquement par trois principales raisons.

L’unité de signification sacramentelle.

L’emploi

des expressions matière et forme pour désigner les choses et les paroles se justifie d’une manière générale, parce que ces mots sont plus expressifs que la terminologie ancienne pour montrer l’unité de signification sacramentelle. Ils ne nous montrent pas seulement en effet la dualité des éléments constitutifs du sacrement, ils caractérisent surtout la manière spéciale dont ces éléments se complètent l’un l’autre pour former ensemble le signe sacramentel. Les mots matière et forme, empruntés à la philosophie aristotélicienne, désignent respectivement l’élément indéterminé ou moins déterminé et l’élément déterminant et perfectionnant. Ainsi, dans un sens analogique, les choses, moins déterminées dans leur signification sont déterminées par les paroles dans l’ordre de la signification sacramentelle. Le sacrement est essentiellement un signe, et d’autant plus parfait qu’il représente et manifeste plus parfaitement, plus clairement, plus expressément les mystères cachés en lui. Or, la parole est, de tous les signes, le plus excellent et le plus important, parce que les hommes peuvent façonner la parole librement et la discipliner de mille manières diverses, et qu’en outre le langage a pour but unique de traduire et de communiquer à d’autres le monde intime et invisible de la pensée. Les sacrements sont des signes très parfaits, et leur signification est une, voir col. 341. Il faut donc qu’ils soient composés, non seulement d’élément matériel, de choses, mais d’élément formel, de paroles, qui, plus parfaitement que les choses, expriment les réalités surnaturelles qu’elles recouvrent. Et les choses s’unissant aux paroles selon l’ordre de la signification moins parfaite à la signification plus parfaite, constituent un sacrement, précisément parce que la signification demeure une. Cf. Billot, De sacramentis, Rome, 1906, t. i, p. 29, note. Il convient à ce propos de remarquer que les sacrements imparfaits de l’Ancienne Loi consistaient seulement en des actes symboliques, sans être accompagnés de paroles, et ils ne pouvaient figurer les biens à venir que d’une manière confuse et obscure. Les sacrements parfaits de l’Église ont donc sur eux, entre autres avantages, celui de ne pas être constitués simplement par des éléments symboliques, mais de joindre à ces éléments la parole qui est un signe plus expressif, leur permettant de figurer plus clairement, et sans laisser subsister l’ombre d’un doute, la réalité de la grâce qu’ils produisent dans l’âme. Catéchisme du concile de Trente, part. II, c. i, n. 17. Toutefois les sacrements les plus parfaits conservent eux-mêmes le caractère d’obscurité qui est le propre de l’objet de la foi. Cf. S. Bonaventure, In IV am Sent., dist. III, p. i, a. 1, q. ra.

2° L’harmonie de la composition hylémorphiste avec la nature humaine. — Les sacrements sont destinés à la sanctification de l’homme. Or, leur composition à la fois de choses et de paroles, de matière et de forme, les rend plus aptes à obtenir cet effet, parce que leur signi DICT. DE THÉOL. CATH.

fication frappe davantage la nature à la fois spirituelle et sensible de l’homme. La parole, en effet, est en quelque sorte spirituelle, car elle exprime immédiatement un concept intellectuel ; elle vient de l’esprit et s’adresse à l’esprit ; la chose, l’élément matériel a plus d’analogie avec le corps ; elle est perçue par les sens et sa puissance de signification repose d’abord sur une analogie ou proportion extérieure cl sensible.

3° Les sacrements, prolongation et instruments du Verbe incarné dans la sanctification des hommes. — Mais la raison théologique la plus élevée est d’ordre christologique. Saint Thomas l’a notée en quelques mots dans l’opuscule précité et dans la Somme, III », q. lx, a. 6 : Verbo incarnato quodammodo conjormatur in hoc, quod rei sensibili verbum adhibetur, sicut in mysterio incarnationis carni sensibili est Verbum Dei unilum… Sacramenta Novae Legis, ab ipso Christo effluunt et quamdam similiiudinem ipsius in se habent. Cette raison christologique a deux aspects, qu’ont bien notés les Salmanticenses, disp. II, dub. i, n. 2. — 1. Les sacrements de la Nouvelle Loi sont de véritables instruments de la rédemption humaine : il est donc souverainement convenable qu’ils s’appuient sur le Verbe divin : les paroles de la forme continuent la parole du Verbe incarné et véhiculent pour ainsi dire son efficacité. — 2. D’ailleurs, les sacrements sont aussi des médications surnaturelles qui doivent se proportionner à la fois au médecin qui guérit et au malade qu’il faut guérir. Le médecin, c’est le Christ, lequel est à la fois Verbe et chair, et le malade, c’est-à-dire l’homme, est à la fois âme et corps. Donc, il est convenable que nos sacrements soient composés à la fois de choses et de paroles : les paroles correspondent à la chair du Christ et à l’âme de l’homme. En ce sens, saint Thomas a écrit son admirable strophe : Verbum caro panem verum verbo carnem pfficil…

IV. Conséquences pratiques dans l’administration des sacrements. — 1 ° « Du jour où le sacrement fut conçu comme un composé résultant de l’union de deux éléments constitutifs », ordonnés à une signification sacramentelle unique, « les conditions de validité de l’administration dès sacrements furent énoncées avec une précision et une rigueur inconnues jusqu’alors. La théorie de la matière et de la forme permit aux moralistes d’exposer avec beaucoup de netteté la manière dont le ministre doit accomplir l’action sacramentelle et prononcer les formules sacrées. » Pourrat, op. cit., p. 71.

Nous ne pouvons ici descendre dans des détails, inai, s il faut rappeler, avec un excellent théologien contemporain, les grandes lignes de la morale catholique sur ce point :

2° « Puisque la matière et la forme, pour pouvoir constituer un tout dans l’ordre du signe (sacramentel), doivent être nécessairement unies entre elles, il faut veiller, en administrant un sacrement, à joindre la parole à la matière, afin d’en former un signe unique. Mais cette union n’est pas la même dans tous les sacrements. Car si, par exemple, quelqu’un versait aujourd’hui de l’eau sur la tête d’un enfant et demain ou en un lieu différent prononçait les paroles, de ces deux actions séparées ne pourrait résulter le signe unique de l’ablution sacramentelle, et le baptême serait nul. Au contraire, absolument parlant, quelqu’un peut se confesser aujourd’hui et recevoir seulement demain (du prêtre même auquel il s’est confessé) l’absolution : tout le monde estimera, en effet, que la preuve juridique de la culpabilité faite la veille et la sentence du juge portée le lendemain ne font qu’un seul et même jugement. Donc — laissons de côté l’eucharistie —-on peut accorder dans les sacrements de pénitence et de mariage un intervalle

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