Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.1.djvu/175

Cette page n’a pas encore été corrigée
335
336
MATHOUD — MATIÈRE ET FORME DANS LES SACREMENTS


pour aider dom Luc d’Achéry, ensuite, il fut prieur de Saint-Pierre le Vif et de Sainte-Colombe de Sens et vicaire général de Gondrin, archevêque de Sens, qui le désigna pour faire partie de la commission chargée d'établir la censure de l’Apologie des casuistss du P. Pirot. Devenu infirme, le P. Mathoud se retira à l’abbaye de Saint-Pierre à Chalon-sur-Saône, où il mourut le 25 avril 1705.

L'écrit le plus important du P. Mathoud a pour titre : Robcrti l’alli, S. H. E. cardinalis et caneellarii, theologorum, ut vocant, scolasticomm anliquissimi, sententiarum libri VIII ; item Pétri Pictavien&is, Academhr Parisiensis olim caneellarii sententiarum libri V, mine primum in lucem editi, ac nolis et observationibus illustrait, in-fol., Paris, 1655. Cet écrit était dédié à Gondrin et fui édité en collaboration avec le P. Hilarion Le Febvre de Beau vais. Le P. Mathoud y met en relief, à la fin de l’ouvrage, la doctrine particulière du cardinal Robert Pullus sur le suffrage des vivants en faveur des damnés et sur la coulpe du péché qui est remise par la contrition elle-même et non point par l’absolution, laquelle remet seulement l’obligation de subir la peine éternelle et ne fait que déclarer la rémission des péchés ; enfin, d’après le cardinal, l’attrition conçue par la seule crainte de la peine est insuffisante pour la rémission des péchés. Sur ce point, le P. Mathoud attaque très vivement les théologiens qui soutiennent une doctrine opposée, et par ailleurs, il excuse quelques opinions de Pullus devenues singulières. Incidemment, Mathoud affirme que les moines bénédictins ont toujours fait les fonctions de la cléricature, et au dire de Tassin, il composa, par les conseils de Launoy et de Sainte-Beuve, un ouvrage considérable sur ce sujet, Hiérarchie bénédictine, resté manuscrit à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Le P. Mathoud attaqua les thèses de Launoy sur l'évangélisation de la Gaule ; il prétend que la foi a été prêchée à Sens, dès le i cr siècle par saint Savinien et saint Potentien, qui furent envoyés en Gaule par saint Pierre. L’ouvrage a pour titre : De vera Senonum origine christiana, adversus Joannis de Launoy, theologi quondam Parisiensis, eriticas observaliones Dissertatio. Adjccta est appendix adversus duas proposiltones recentioris in eadem Parisiensi Facullate theologi, in-4°, Paris, 1687 ; ce théologien est Ellies du Pin qui, dans le premier tome de sa Bibliothèque ecclésiastique, avait soutenu l’opinion de Launoy. Journal des Savants du 12 juillet 1688, p. 83-87. Enfin le P. Mathoud a dressé un catalogue des archevêques de Sens, Calalogus archiepiscoporum Senonensium, ad fontes historiée noviter accuratus, in-4°, Paris, 1688, Journal des Savants, du 12 juillet 1688, p. 87-88. Le P. Lelong a critiqué ce travail et il affirme qu’il est rempli d’erreurs.

lloefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxiv, col. 265 ; Moréri, Le grand dictionnaire, édit. de 1759, t. vii, p. 325 ; Feller, Biographie universelle, édit. Perennès, 1842, t. viii, p. 254-255 ; Richard et Giraud, Bibliothègue sacrée, t. xvi, p. 293-294 ; E. du Pin, Bibliothèque ecclésiastique du XVIIe siècle, t. IV, p. 440-450 ; Barra], Dictionnaire historique, littéraire et critique, 4 t. en 6 vol. in-8°, Avignon, 1758-1762, t. iii, p. 398 ; Tassin, Histoire littéraire de la Congrégation de Saint-Maur, in-4°, Paris et Bruxelles, 1770, p. 192-195 et dom François, Bibliothèque générale des écrivains de l’Ordre de saint Benoît, 4 vol. in-4°, Bouillon, 1777, t. ij, p. 220-223 (môme texte que Tassin) ; Le Cerf de La "Viéville, Bibliothèque historique et critique des auteurs de la Congrégation de Saint-Maur, in-12, La Haye, 1726, p. 344-346 ; Desessaxts, Les siècles littéraires, 7 vol. in-12, Paris, 1800-1803, t. iv, p. 319-320 ; Papillon, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, 2 vol. in-fol., Paris, 1723, t. II, p. 39-40 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 898.

i J. Carreyre.

MATIÈRE ET FORME DANS LES SACREMENTS. — En théologie, l’emploi des termes matière, matériellement, est presque toujours

corrélatif à celui des termes forme, formellement. On trouvera à ces mots, voir t. v, col. 541, quelles diverses acceptions peuvent recevoir, dans la langue théologique, les expressions qu’on vient de citer. Ici, nous nous attacherons uniquement à la doctrine catholique relative à la matière et à la forme des sacrements. Puisque, d’autre part, les particularités relatives à chacun de ces sacrements sont interdites en cet exposé général, on se contentera de rappeler : I. Le caractère doctrinal que revêt la thèse de la matière et de la forme des sacrements dans l’enseignement de l'Église. IL La justification historique et traditionnelle de ce caractère (col. 341). III. Les raisons théologiques (col. 353). IV. Les conséquences pratiques dans l’administration des sacrements (col. 354).

1. Caractère doctrinal de l’enseignement touchant LA MATIÈRE ET LA FORME DES SACREMENTS.

Documents ecclésiastiques.

1. Décret pro Armenis

du concile de Florence. — Après avoir exposé sommairement le nombre et la nature des sacrements, le décret continue :

H*c omnia sacramenta Tous ces sacrements ont

tribus perficiuntur, videlileur achèvement en trois élé cet rébus tanquam materia, ments à savoir, les choses

verbis tanquam forma, et comme matière, les paroles

persona ministri conferentis comme forme, et la personne

sacramentum, cum intendu ministre qui les confère,

tione faciendi quod facit Ecavec l’intention de faire ce

clesia : quorum si aliquid que fait l'Église. Si l’un de

desit, non perficitur sacraces éléments fait défaut, le

mentum. Denzinger-Bannsacrement n’est pas conléré. wart, n. 695.

On remarquera que dans ce texte, il n’est question directement que de la confection et de l’administration des sacrements. C’est à ce point de vue, ad per/cctionem sacramenti, et non sous le rapport de la constitution intime du sacrement, que les trois éléments indiqués sont ici exigés. Et précisément parce que l’intention n’est pas un élément intrinsèque au signe sacramentel, il n’est pas dit : tribus constituuntur, ou componuntur, ou existunt, mais perficiuntur. L’intention du ministre est simplement requise pour la confection du sacrement ; 1er, choses et les paroles sont requises, — l’expression matière et forme l’indique suffisamment — pour la constitution intime, comme parties essentielles du sacrement. Le texte de saint Thomas, dont s’inspire ici le concile, ne laisse aucun doute sur l’exactitude de notre interprétation. Commune etiam est omnibus, quod sacramentum consislit in verbis et rébus corporalibus… Verba quibus sanctificantur sacramentel, dicuntur sacramentorum formée ; res autem sanctiflcalse dicuntur sacramentorum materiœ… Requiritur etiam in quolibet sacramento persona ministri conferentis sacramentum cum intentione conferendi et faciendi quod facit Ecclesia ; quorum trium si aliquid desit…, non perficitur sacramentum. Opusc. In articulos fuie i et sacramenta Ecclesiiv. Opéra omnia, Parme, t. xvi, p. 119-120.

2. Texte du concile de Trente. - - A propos de la différence qui existe entre la pénitence et le baptême, le concile se réfère clairement à la doctrine de la matière et de la forme dans les sacrements :

Hoc sacramentum multis rationibus a baptismo differre dignoscitur. Nam… materia et forma, quibus saciamenti essentia perficitur, longissime dissidet. Sess. xiv, c. il. DcnzingerBannwart n. 895.

De multiples raisons marquent la différence de ce sacrement par rapport au baptême. Car…, et par la matière et par la lorme, ces deux éléments dont est constituée l’essence de tout sacrement, il en diffère notablement.

Ici l’expression : essentia perficitur, nous permet de parler de constitution intime, puisqu’il s’agit de l’essence même du sacrement. Il s’agit bien de la cons-