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MARTYRE — M A.SBOTHÉENS


leur condamnation, au lieu de maudire, ils bénissent, an lieu de haïr, Us aiment et ils pardonnent. Ainsi les martyrs de Lyon priaient pour ceux qui les faisaient si eruellemeiil souffrir. Seigneur, disaient-ils. ne leur imputez pas ce crime 1 I.eelercq. t. i. p. 105. Quand te bourreau arrive pour décapiter Cyprien, le martyr donna ordre qu’on comptât à cet homme vingt-cinq pièces d’or Ihid.. I. ii. p. Uni. Au moment de mourir, Maximilien se tourne vers son père et lui dit : Donne aux licteurs mon vêtement neuf, celui que tu m’avais préparé pour être soldat. T. n. p. 155. En marchant au supplice, le centurion Marcel dit à Agricola qui vient de le condamner à mort : « Dieu te bénisse. » Et il ne faut voir dans ces mots aucun trait d’ironie ou d’ostentation, mais le témoignage très sincère d’une vertu que le monde avait jusque-là ignorée : la charité chrétienne.

8. Allégresse des martyrs.

Sainte Perpétue est gaie dans sa prison : « Ayant été tous condamnés aux bêtes, nous rentrâmes joyeux dans la prison. » Passio SS. Perpétuée, Felicitatis, vi, 12. Sabine rit en allant au tribunal. Passio S. Pionii, 6. Les spectateurs sont stupéfaits en voyant Carpos sourire pendant l’interrogatoire, sourire même sur le bûcher. Murlyrium SS. C.arpi. Papyli et Agathonices. Théodosie reste souriante pendant la torture, Eusèbe, De martyr. Palesl.. vu. Hermès plaisante en marchant au supplice. Acta S. Philippi, 13. « C’est avec joie que nous confessons le Christ et que nous mourons, » dit saint Justin, Apol., i, 39. Saint Cyprien, entendant la sentence de mort prononcée contre lui, répond avec joie : Deo gratias.

Dom Leclercq a noté chez les martyrs anglais du temps de la Réforme, ce même sentiment de joie qui s’exprime au moment de mourir par des traits d’humour britannique. Les martyrs, t. vii, p. 56. Comme Jean Ogilvie traversait la ville de Glasgow à cheval pendant son procès, les témoins s’étonnaient de son calme et de sa gaîté : « On ne cesse de rire, dit-il, que lorsqu’on n’a plus la tête sur les épaules. » Une vieille mégère s’approche du jeune martyr et maudit sa vilaine figure. Ogilvie lui répond : « Que la bénédiction du Ciel descende sur ton frais minois, » et voilà la vieille qui s’excuse et qui demande pardon. Thomas Morus demande qu’on l’aide à gravir l’échafaud, « car pour la descente, dit-il, je ne m’en occupe pas. » Pendant que John Roberts attendait, au pied de la potence par un jour de décembre, le moment du supplice, un assistant, pris de pitié, lui offre un bonnet pour couvrir sa tête : Ne vous inquiétez pas de cela, Monsieur, répond-il avec un sourire, je n’ai plus peur de m’enrhumer. » Dans sa prison, sa joie était si visible qu’il craignait de malédilier par sa trop grande gaîté. On le rassure en lui disant : Vous ne pouvez mieux faire que de laisser voir à tout le monde avec quelle joie vous allez mourir pour le Christ. » Tous ces martyrs ont connu et pratiqué jusqu’à la fin la belle parole de saint Paul : « Dieu aime celui qui donne joyeusement. »

Concluons avec le Père de Poulpiquet, p. 184, que la mise en valeur de l’argument tiré du témoignage des martyrs suppose le développement des éléments suivants : 1. La durée de la persécution dans l’Église primitive. — 2. Le nombre des martyrs. — 3. Les diverses conditions sociales des martyrs. — 4. Les épreuves morales des martyrs. — 5. Les épreuves physiques antérieures au supplice. — (i. Les supplices des martyrs. — 7. La continuité ininterrompue des martyrs dans l’Église au cours des siècles.

C’est cet ensemble qui donne à l’argument toute sa valeur apologétique et qui fournit au martyre chrétien son véritable caractère de miracle moral. L’Église catholique n’a pas seulement le droit de vénérer ses

martyrs avec reconnaissance et avec respect, elle a le devoir de proposer l’ensemble de leur témoignage comme un phénomène unique dans l’histoire, et de demander aux historiens et aux psychologues s’ils peuvent expliquer par des causes naturelles la continuité dans l’attaque, et surtout la continuité dans l’acceptation de la mort pour la foi. Si ces causes naturelles font défaut, il y a nécessité logique pour l’incroyant d’étudier avec une sympathique curiosité une doctrine pour laquelle tant de victimes sont tombées avec un courage émouvant, et le croyant y trouve un indéniable réconfort pour sa foi.

R. Hedde.

    1. MARZILLAS Pierre Vincent##


MARZILLAS Pierre Vincent, bénédictin espagnol, fut professeur à Saragosse et à Compostelle : il mourut veis 1613. Il écrivit une Paraphrase sur le Pentateuque, insérée dans l’édition de la Vulgate, avant la correction Clémentine, in-fol, Salamanque. 16001610. Il fut plutôt canonisteque théologien, et publia les Décréta sacrosancti concilii Tridentini ad suos quæque tilulos secundum juris methodum redacta, auxquels il ajouta les déclarations publiées par l’autorité apostolique, telles qu’on les trouve dans les quatre volumes des décisions de la Rote romaine, Salamanque, 1613. L’ouvrage fut prohibé comme conlraire aux règles générales.

Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 579.

J. Baudot.

MAS (Hilaire du), voir Dumas Hilaire, t. iv, col. 1863.

    1. MASBOTHÉENS##


MASBOTHÉENS, secte juive, des débuts de l’ère chrétienne. — Son nom est mentionné pour la première fois par Hégésippe, dans Eusèbe, H. E., IV, xxii, 5 et 7, P. G., t. xx, col. 380, comme celui de l’une des sept sectes juives : esséniens, galiléens, hémérobaptistes, masbothéens, samaritains, sadducéens, pharisiens. A en juger par le silence que gardent sur elle pseudo-Tertullien, De præscriplione, Philastre de Rrescia et Épiphane, il y a tout lieu de penser que le Synlayma d’Hippolyte n’en faisait pas mention, bien que le docteur romain fût attentif à relever les aberrations doctrinales les plus diverses. A partir du ive siècle, la lectuie du passage d’Eusèbe a piqué la curiosité de quelques hérésiologues, et les masbothéens ont pris place en divers catalogues d’hérésies. En Orient les Constitutions apostoliques les mentionnent entre les pharisiens et les hémérobaptistes avec cette explication : les masbothéens nient la Providence, disant que les êtres résultent de réactions automatiques ; ils restreignent l’i m mort alité de l’âme : Mac6w6aîoi ol Trpovouxv apv.iuji.Evoi., èZ, aÙTOO-âfOu 8è çopâç XsyovTeç xà ovtoc auviaTavai xai.’j « J » /îjç tï)v àôavaaîav tesp’.xôtttovtîç, VI, iii, 4, édit. Funk.p. 315. Visiblement l’auteur de cette notice ne sait rien sur ces hérétiques et la conjecture qu’il fait à leur sujet pourrait bien provenir d’une fausse étymolo^ie : il ferait dériver leur nom de sebût, volonté. Cf. Hilgenfeld, Ketzergeschichte, p. 31, n. 43. Plus prudent, Théodoret, qui a lu leur nom dans Eusèbe, les mentionne avec d’autres sectes juives sans donner d’autre explication. Hseret. jab., i, i, P. (i., I. i.xxxiir, col. 345. Ainsi encore le patriarche Sophrone.dans sa lettre synodale à Sergius de Constantinople. P. a., t. lxxxvii c, col. 3180.

Chez les latins une autre étymologie prévalut que l’on trouve dans pseudo-Jérôme, Indiculus de hæresibusjudseorum, 1’. 1… t. lxxxi, col. < ;  :  ; o et dans Isidore de St ville. Etym., VIII.iv, t. i.xxxii, col. 207, d’où elle est passée dans Honorius Augustodunesis, Liber dea hæresibus, P. L., t. clxxii, col. 235 (le texte de Aligne lit Marbonei, qui est certainement fautif). Selon ces auteurs, Masbothsei dicunt esse Christum qui docuit illos