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    1. MARTYRE##


MARTYRE, HISTOIRE

JV

en vigueur les lois persécutrices et y ajoutèrent celles de 17(K). La reine Anne lil voler la loi de 1701 contre les catholiques d’Irlande.

Cependant le mouvement d’opinion qui se propage au xviii'e siècle apporte une certaine tolérance dont bénéficient les catholiques. En 1778, sous Georges JII. l’édit de 1700 lui rapporté, lui 1829, l’émancipation des catholiques sera obtenue. Enfin Georges V aura la mérite de supprimer ce que contenait de blasphématoire le serment prononcé par le roi au jour de son couronnement.

Les cruautés exercées contre les catholiques furent vraiment barbares : régime des prisons horribles, raffinement de supplices : aiguilles enfoncées sous les ongles des mains et des pieds ( ! ’. Bryant) ; Jean Ogilvie privé de sommeil pendant neuf jours et neuf nuits ; pour l’empêcher de dormir, on le pique avec des stylets et des aiguilles.

La peine capitale appliquée aux catholiques est celle des crimes de haute trahison ; sauf les grands personnages, comme le cardinal Fisher, Thomas Morus, Margaret Pôle, qui furent décapités, les autres sont pendus, mais la corde est coupée avant la mort, on ouvre le ventre de la victime, on lui découpe les entrailles lentement de manière à prolonger l’agonie (Chartreux de 1555). Les martyrs anglais meurent avec courage, bien plus avec humour, avec joie ; aussi leur héroïsme produisit des conversions.

Le cardinal Allen fonda en 1558 le collège anglais de Douai, qui donna 160 ecclésiastiques immolés pour leur foi, sans compter ceux qui moururent en prison ou qui furent punis par l’exil. Le séminaire anglais de Home, fondé en 1575, mérita le nom glorieux de Seminarium martyrum.

Islam.

L’on a parfois exagéré l’intolérance systématique

de l’Islam et l’on a oublié que Mahomet avait établi comme règle d’accorder la liberté du culte, moyennant le paiement d’un impôt, à ceux qui possédaient un Livre reconnu par lui comme saint, c’est-à-dire aux juifs et aux chrétiens. Il est également vrai que les lourds impôts exigés des sujets non musulmans décidèrent certainscalifes.pluspolitiquesque religieux, à s’opposer pour des raisons fiscales aux conversions de chrétiens. Mais il n’en reste pas moins que le fanatisme l’emporta souvent sur l’intérêt. La population berbère fut contrainte quatorze fois, par la violence des armes, d’embrasser le mahométisme, quatorze fois, elle revint à sa religion ; enfin plus de trente mille familles chrétiennes furent déportées dans le désert, et les autres n’échappèrent à l’extermination qu’en se /étirant dans les montagnes.

Toute tentative d’un chrétien pour attirer un musulman à sa foi était punie de mort. La même peine atteignait tout musulman qui s’était fait chrétien, et cela jusqu’en 1855, date à laquelle la peine de mort fut remplacée par le bannissement.

Signalons les martyrs du ix L’siècle au sud de l’Espagne. Plus tard, dans le nord de l’Afrique, plus de 200 franciscains sont martyrisés dans la seule année 1261, et peu de temps après 190 dominicains. Après la prise de Saint— Jean-d’Acre par les musulmans en 1291, frères mineurs et prêcheurs restent vaillamment en Palestine, beaucoup cueillent la palme du martyre. Le célèbre Raymond Lulle est lapidé en 1315. Au xiii c siècle cinq franciscains furent décapités au Maroc ; en 1342 sept autres sont mis à mort dans le Turkestan. Antoine Neyrot, dominicain, pris par les pirates et conduit à Tunis, a le malheur d’apostasier, épouse une musulmane, traduit le Coran en italien. Touché par une grâce efficace, il se convertit, se soumet à une pénitence rigoureuse, retourne renier solennellement la foi musulmane et expie sa faute par une dure flagellation suivie de la

lapidation. Saint André de Chio est décapité en 1465.

On connaît des musulmans convertis qui ont subi un glorieux martyr, tels Martin Formel de Tlemcem mis à mort à Alger en 1558, cinq Persans martyrisés à Ispahan en 1621.

Les esclaves chrétiens remplissaient les galères de l’État a Constantinople, dans le Levant et les États barbaresques. Ils pouvaient recevoir les visites des missionnaires qui venaient traiter de leur rachat ou leur apporter les secours religieux. Mais parfois la tolérance faisait place à l’atrocité et plusieurs moururent avec courage pour la foi chrétienne.

En 1860, plus de 10.000 maronites du Liban furent massacrés par les Druses avec la complicité des Turcs ; la France dut intervenir. Kn 1895-96, 100.000 arméniens furent martyrisés par les musulmans. Pendant la grande guerre la férocité de l’Islam s’exerça plus librement encore ; il y eut 1 500 000 arméniens massacrés, parmi lesquels 12 évêques.

En 1906, près de Tunis, un part i de fanatiques vient forcer les chrétiens a apostasier. Le domestique de ferme, Del Rio Gesomino, refuse de suivre l’exemple de ses maîtres et de reconnaître Mahomet comme un prophète : il meurt brûlé a petit feu.

5° Schisme (iréco— Russe. — Les l’niates sont des chrétiens de rite oriental qui. au xie siècle, abandonnèrent le patriarche de Constantinople pour revenir à l’unité romaine. Ils donnèrent de nombreux martyrs, parmi lesquels saint.losaphat Kuncewicz. archevêque de Polotsk, massacré à Vitebsk en 1623. et André Pobola, jésuite polonais, brûlé en 1657 et béatifié en 1853.

Catherine II fera massacrer en 1768 les catholique-.. Les Polonais comptent 200 000 victimes, les Russes en avouent 50 OOu. Ce fut encore pire après les [laitages de 1772, de 1793 et 1795. Huit millions de Ruthènes furent, de force, entraînés dans le schisme. Sous Nicolas I er (1826-1855), " nouvelle persécution légale qui devient sanglante dès qu’elle rencontre une résistance : on parvint à arracher à Rome trois millions de Grecs-unis. Il y eut de nombreux martyrs, 406 prêtres, les religieuses basiliennes de Minsk (1844). La persécution continue sous Alexandre II (18551881), s’aggrave sous Alexandre III (1881-1894) pour s’adoucir sous Nicolas IL lue conséquence inattendue fut l’émigration des uniates répandus par centaines de mille aux États-Unis, au Canada, au Brésil. En 1 ! » ().">. l’édit de tolérance amena des retours nombreux. La persécution bolcheviste s’exerce indistinctement contre toutes les confessions chrétiennes.

Kcvolution française.

L’Eglise a attendu plus

d’un siècle pour examiner les martyrs de cette période troublée où les prétextes politiques se mêlaient aux liassions religieuses. Elle a fini par se prononcer sur la réalité du martyre des 16 carmélites de Compiègne, des 4 filles de la charité de Cambrai, des. Il ursulines de Valenciennes. des religieuses d’Orange, du prêtre Noël Pinot d’Angers, des trois évêques avec 188 compagnons de Paris (martyrs des Carmes), et si 22 victimes de la rage révolutionnaire ont été rayées au dernier moment, c’est afin de supprimer tout prétexte à discussion. La liste glorieuse qui vient de s’ouvrir est loin d’être terminée.

Missions d’Asie.

1. Chine. — Le premier martyr

fut le dominicain François Capillas (1648). Il fut suivi de beaucoup d’autres, surtout aux xviii c et xixe siècles : Pierre Sanz et ses compagnons massacrés en 1747, béatifiés en 1893 ; Dufresse mort en 1815, béatifié en 1900 ; Clet mort en 1820 ; Perboyre, l’un et l’autre béatifiés. En 1900, la persécution des —Boxers a fait 7 à 8 mille victimes. Nulle part les chrétiens n’ont failli devant les ennemis de leur foi. Le nombre des chrétiens a. depuis, décuplé. Rome constate officiellement