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MARTYRE, HISTOIRE
« milliers » ci déclare que le langage humain ne saurait

exprimer combien de martyrs il y eut flans les villes et dans les provinces ; en Egypte il y eut un très grand nombre d’hommes, [xupCot t6v àp16[j16v, .sans compter les femmes et les enfants. VIII, vin.

On connaît des exemples d’exécutions en masse : les quarante martyrsde Sébaste, S.Grégoire de Nysse, Oratio. Il in XL martyres, la I égion thébaine (sur laquelle le dernier mot n’est pas dit), les habitants d’une ville de Phrygie enfermés dans leur église à laquelle on mil le feu. Eusèbe, VIII, XI.

2° -Après la conversion de Constantin. 1. Empire des Perses. La conversion des empereurs ne mil

pas fin à la persécution, elle ne lit que la déplacer. Les Perses persécutèrent les chrétiens comme suspects de connivence avec les empereurs chrétiens. Les persécutions furent engagées par Sapor II de 340 à 3 !) ! », par Jazgerd I er en. 420, par Bahral V en 421 et 422, par Jazgerd II de 44(5 à 450. Sozomène, II. E., ii, 1’, affirme que, sous Sapor II, il y eut KiOOO martyrs dont les noms furent conservés. Cf..1. Labourt, Le christianisme dans l’Empire perse sous la dynastie sassanide, Paris, 1904. Là encore le juge offrait à l’accusé de l’acquitter pourvu qu’il consentît à renoncer à sa religion ; la torture était employée pour arracher par la souffrance le désaveu de la foi ! La’barbarie orientale inventa des supplices plus cruels que ceux infligés par les persécutions romaines.

2. Martyrs faits par les donatisles. - Ce schisme qui éclata dès que la paix eut été rendue à l’Eglise et qui divisa l’Afrique romaine, remplit de violences le IVe siècle et une partie du v. P. Monceaux, Hist. lift. de l’Afrique chrétienne, t. iv, Le donatisme, Paris, li)12, qualifie les donatistes de « diables déchaînés ». Les donatisles honoraient comme martyrs ceux des leurs qui avaient succombé dans des rixes engagées contre les catholiques, ou même ceux qui avaient été punis par les magistrats pour des crimes de droit commun. Ils cherchaient dans le suicide à s’assimiler aux martyrs. On en vit se précipiter du haut des rochers, ou se noyer, ou se brûler vifs, parfois en compagnie de leurs évêques, ou forcer des passants à les tuer, persuadés qu’ils iraient ainsi droit au ciel, comme s’ils avaient confessé la foi devant les bourreaux.

S. Oplat, De schism. donat., III, iv, et saint Augustin nous affirment que ces fanatiques firent de nombreux martyrs, évêques, prêtres, fidèles. Les circoncellions coupaient les bras et les jambes, arrachaient la langue, crevaient les yeux ou aveuglaient en versant sur les yeux de la chaux mêlée de vinaigre. Voir dans Monceaux le commentaire de l’épitaphc composée par saint Augustin pour Xabor, le diacre martyr. T. IV, p. 475.

3. Les ariens.

Les empereurs ariens persécutèrent Us catholiques fidèles à la foi de Nicée : saint Athanase, exilé par Constance, raconte le martyre de Paul de Constantinople, De fuya, iii, avec ses dtux secrétaires, Martyrios et Marcien, Sozomène, H. E., iv, 3 ; Valens recommença dix ans plus tard : 80 prêtres furent embarqués sur un navire auquel on mit le feu en pleine mer. Théodoret, H. E., iv, 21. — Dans l’Afrique vandale, il y eut des persécutions déchaînées par les ariens depuis la conquête par Genséric 429, jusqu’à la reprise sous.lustinien, 535. Nous en avons le récit dans l’Itistoria persecutionis Africaas provinciæ de Victor de Vite. Pendant 37 ans, Genséric persécute dans un but partiellement politique pour asseoir sa domination ; aussi proscrit-il l’aristocratie et l’épiscopat à cause de leur attachement pour Home. Par contre, il donne sa confiance au clergé arien qui persécuta les catholiques tout en évitant de leur procurer l’auréole du martyre. Pendant sept ans, Ilunéric persécuta avec plus de violence. Il exclut les

catholiques de toutes les fonctions palatines ou administratives, il condamne à l’exil 4.966 prêtres, diacres et fidèles. Ceux qui résistent reçoivent 550 coups de verge ou sont brûlés vils. Apres une conférence contradictoire organisée entre évêques catholiques et ariens qui tourne au succès des premiers, on essaye fie diviser le bloc des l(>< ; évêques catholiques en les invitant à signer un serment politique habilement formulé : les uns signent, les autres refusent. Alors les premiers sont condamnés à l’exil pour avoir prêté serment malgré l’Évangile qui semble l’interdire, les autres sont condamnés aux travaux forcés en Corse parce qu’ils se sont montrés peu loyalistes envers l’héritier présomptif. Victor de Vite, iv, 5. La fureur s’exerce aussi contre les simples fidèles. Dionysia est dépouillée de ses vêtements, placée sur un lieu élevé et fouettée en public. Pendant que des ruisseaux de sang coulent sur tout son corps, elle s’écrie : » Tourmentez tous mes membres, mais respectez ma pudeur. » Par son courage, elle donna à presque tous ses coreligionnaires la force de résister comme elle. Ibid., v, 1. Les ariens essayaient de rebaptiser deforce ; ainsi firent-ils pour l’évêque Habetdeum, mais « cette eau menteuse ne put submerger sa volonté ». Il répondit à celui qui la proclamait arien malgré lui : Il n’y a fie crime que si la volonté a consenti ! Or, ferme dans, ma foi, j’ai par mes cris confessé et défendu ce que je crois et ce que j’ai toujours cru. Après que tu m’as chargé rie chaînes et que tu as verrouillé la porte de ma bouche, je me suis retiré dans mon cœur comme dans un prétoire, et là j’ai dicté aux anges les actes de la violence qui m’était faite, et je les ai fait lire à Celui qui est mon souverain. » Ibid., v, 12.

Les ariens s’efforçaient de faire apostasier les enfants. Si quelques mères trop faibles conjuraient leurs enfants d’accepter le second baptême, d’autres les exhortaient à rester fidèles au baptême qui les avait faits catholiques. C’est à ce dernier parti que tous se décidèrent, les enfants se montrant, pour une fois, plus courageux que leurs mères. Ibid., ii, 9. Les catholiques, restés à Tipasa en Maurétanie, ayant refusé d’apostasier, on leur coupa la main droite et la langue : Victor de Vite, v, (i, affirme qu’ils continuèrent à parler et son témoignage est confirmé par le comte Marcellin, Chron., a. 484 ; Procope, De bello vand. I, viii ; Victor de Thune, Chron., a. 479, et Grégoire le Grand, Dialoy., III, xxxii.

Réforme.

1. La tolérance et les protestants. -C’est

une erreur assez répandue que la Réforme aurait suscité l’idée de tolérance ! L’histoira montre au contraire que cette idée est née plus tard par réaction contre le paroxysme d’intolérance occasionnée par la Réforme.

Témoins du triste spectacle donné par ces chrétiens qui s’entretuent et de l’impuissance de la violence à résoudre les différends religieux, les hommes du xvir siècle et surtout du xviii* cherchent une nouvelle formule : les uns glissent vers l’indifférentisme et la tolérance qu’il inspire, les autres s’élèvent à la tolérance pratique et raisonnée. Ainsi par des voies différentes, presque tous aboutissent à des résultats équivalents.

Avant d’arriver à ce résultat, il faut constater qu’un bon nombre de partisans des idées nouvelles répandues par la Réforme furent décapités, pendus ou brûlés par sentence des parlements en France, de l’Inquisition en Espagne et en Italie, des tribunaux de Philippe II dans les Pays-Bas. De même les anabaptistes sont brûlés ou noyés par les villes protestantes de Suisse ou les princes luthériens-d’Allemagne. Henri VIII, croyant avoir trouvé dans l’anglicanisme un juste milieu entre le papisme et le protestantisme, se montrera aussi sévère contre les anabaptistes et