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nu’iit l’acceptation du péché commis pur le persécuteur ni la moindre complicité avec lui. Le caïd, de

I Hiria l’appelle l’œuvre Ja plus parfaite de surérogat ion. Estius peut dire fort justement : Non enim desiderant tutus malos diaboli uut malorum hominum serf, præsupposita illorum malitia, desiderant ipsas afllictiones, quæ, ut taies, a beo sunt. et proinde bonté.

2. L’acceptation de la mort est-elle de l’essence du martyre’.’— Certains ne requièrent aucune acceptation de la mort. Hurtàdo déclare qu’un homme qui dormirait ou serait aliéné serait martyr, pourvu qu’il soit juste et qu’il soit tué en haine de la foi..Mais cette opinion est généralement rejetée comme peu conforme à Matth., xvi. 24, Qui ouït venire post me. nbneget semetipsum et tollat crucem suam et sequtdur me.

3. Cette acceptation de la mort doit-elle être actuelle nu peut-elle être virtuelle ou habituelle, ou même interprétative ? — L’intention interprétative ne saurait être admise, car il est moins vraisemblable de présumer l’acceptation des tortures et de la mort que celle du sacrement de l’extrême-onction. L’acceptation actuelle est évidemment la meilleure. La virtuelle suffît, c’est-à-dire l’acceptation qui n’a pas été rétractée et qui influe sur l’acte. On pourrait même dire que l’acceptation habituelle suffît, ce qui signifie qu’on aurait autrefois désiré le martyre, puis, sans plus y penser, on ferait quelque chose de méritoire qui entraînerait les coups des ennemis de la foi, comme de prêcher l’Évangile. Benoît XIV cite le cas de Juvénal Ancina, évêque de Saluées, empoisonné par un prêtre à qui il avait reproché sa conduite scandaleuse ; il ne fut pas admis comme martyr parce que l’acceptation de la mort ne put être prouvée, puisqu’il avait bu la coupe sans soupçonner le poison qui le ferait mourir.

4. Est-il permis de s’offrir spontanément à la mort ?

— Cette manière de faire était interdite dans l’antique discipline de l’Église, cependant étaient exceptés ceux qui avaient eu la faiblesse d’abjurer et qui voulaient réparer leur faute ; d’ailleurs nous avons de nombreux exemples de martyrs qui s’offrirent eux-mêmes aux persécuteurs et que l’Église n’a nullement blâmés. Les théologiens admettent que l’inspiration du Saint-Esprit peut expliquer cette initiative ainsi que plusieurs autres causes, parmi lesquelles saint Thomas cite le zèle de la foi et la charité fraternelle. Verricelli exige une cause grave et proportionnée. De’tpostol. mission., tit. De fide, q. ix, sect.iv, n. 43 ; il dit qu’il faut tenir compte de deux éléments : de la disposition de celui qui s’offre, nam in deliciis nutritus. carnis viciis irrelilus, temere lapsus periculo se e.vponil et hic tentai Deum, et de la fin qu’il se propose : Qui enim ultimate et primario martyrium intendit, illicite agit, estque id circoneelliones imitari, quare finis primarius débet esse Dei gloria, fidei exaltalio, persécutons confusio, infidclium conversio, Ecclesiw

ex, fidelium confirmalio.

6 Peut-on fuir la persécution ? — Tertullien ne l’admettait d’aucune manière, mais son opinion personnelle ne prévaut nullement contre l’opinion commune île l’Église. La fuite, de soi, est permise selon Matth., . 2.’i. Le Christ nous en a donné l’exemple. Saint Lierre. Act., xii, a fui sur le conseil de l’ange la prison et la mort que lui préparait Hérode. Saint Paul a fui par une fenêtre pour échapper au roi Arétas,

II Cor., xi, 33, et l’on connaît la fuite célèbre de saint Athanase échappant aux ariens, lue pareille fuite ne doit nullement être assimilée à une négation de la foi, c’est plutôt une confession virtuelle, puisque c’est l’acceptation de grands maux, comme l’exil, par attachement à la foi.

Par contre, les évêques et ceux qui ont charge dame, ne peuvent pas fuir si leur fuite risque d’amener la dispersion du troupeau. P’-II a’, q. lxxxv, a. 5.

Verricelli, De apost, mission., tit. i, q. ix, sect. v,

n. 15, dil que la parole de Matth., , 2 : i, n’est pas un précepte, mais un conseil ou une permission, car la fuite est parfois préférable. Ainsi les premiers apôtres pouvaient éviter la persécution sans scandale pour les fidèles et répandre de la sorte l’Évangile. De même, ceux qui se sentent faibles : c’est ce que dit Remigius, cité par Abulensis (A.Toslat) : Licenlia fagiendi convenu infirmis in fide.quibus concedit pius magister. ne, si se ullro ad martyrium protulissent, fortassis positi in tormenlis negarent.

On discute le cas de celui qui a promis de revenir en prison ; est-il tenu de rentrer s’il prévoit qu’il sera injustement misa mort ? Cajétan l’affirme, car revenir est un acte de courage, donc un acte de vertu, matière apte au serment ; d’autres le nient, sous prétexte qu’il n’y a là aucune matière à vertu ni de patience ni de fidélité.

6° Provocation du persécuteur(c.xu). — Enrègle générale, il n’est pas permis de provoquer le persécuteur ; ainsi l’enseigne saint Thomas, II a —II a’, q. cxxiv, a. 1, ad 3um. La raison, c’est qu’on se rendrait coupable de complicité et de présomption. Pour expliquer les cas contraires que contient l’histoire de l’Église, il faut invoquer une inspiration spéciale de l’Esprit-Saint, soit pour convertir les assistants, soit pour confirmer les faibles. Mais dans la pratique, comment reconnaître si ces provocations proviennent de Dieu ou au contraire de la légèreté et de la présomption ? On le reconnaîtra par les miracles subséquents, par la persévérance dans la confession de la foi jusqu’à la mort, par les vertus héroïques et surtout l’humilité habituelle de celui qui s’expose à la mort, enfin par les circonstances et les mobiles de cette décision extraordinaire.

Benoît XIV distingue sagement entre les provocations au moment même du martyre et celles qui le précèdent. Ces dernières sont généralement des imprudences condamnables, qui reviennent « à tirer les oreilles d’un chien qui dort » . Les premières, au contraire, ne font qu’affirmer l’intensité de la foi et du courage du martyr, c’est’le cas des Machabées, de saint Etienne, de tant d’autres.

A propos du fameux canon du concile d’Elvire, Hurtado fait remarquer justement que si les chrétiens sont mis à mort pour avoir détruit les idoles ou les temples des païens, ceux-ci seront présumés avoir agi par légitime défense et non par haine de la foi.

La provocation est licite s’il apparaît qu’elle^ provient d’une inspiration du Saint-Esprit, ou si les circonstances montrent que le serviteur de Dieu devait agir de la sorte pour le bien de la foi et de la religion, ou par commandement de l’autorité publique. — Nous n’appellerons pas provocation au persécuteur la pratique de certaines vertus qui peuvent attirer la persécution, comme l’acte de Tobie ensevelissant les morts tués en haine de la religion.

7° Résistance du martyr, sa patience et sa constance jusqu’à la mort(c. xvin). Un des cas les plus intéressants et des plus discutés est de décider si le martyre suppose la non-résistance à la mort.

Ce qui fait hésiter, c’est le passage de la If’-II*. q. cxxiv, a. 5, ad 3° iii, où saint Thomas semble indiquer que l’on peut considérer comme martyr le soldat qui meurt dans une guerre entreprise pour la défense de la foi. On a beaucoup discuté sur ce point pendant la grande guerre, et il est pénible de constater que, loin de faire avancer la question, la plupart de ceux qui ont pris part à cette contro erse semblaient ignorer les éléments de la question, tels qu’ils sont réunis avec une sage diligence et honnêtement discutés par Benoit XIV. — Saint Thomas s’exprime plus clairement encore, In I V mn Sent, dist, XI.IX.