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MARTYR]’.. NOTION CANONIQUE

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Mais Coquée, dans ses notes sur le livre de la Cité de Dieu, indique que sain) Augustin était tenu à une réserve excessive à cause des circoncellions de son

temps qui se livraient à la mort. En réalité, puisque ces saints sont admis dans le catalogue des martyrs, il faut déclarer qu’ils y ont été poussés par une inspiration divine, ainsi le caïd. Cozza, C.om. hist. dogm. in lib. S. Augustinî de Hseres., part. I, c. i. n. 177 : Gravina, (’.ont in. sec. I’. Calh. Præscript., I. iv. p. 336 ; Soto. In I V’ »  » Sent., dist. XLIX, q. v. a. 2 ; Baronius, Annales, an. S 7 < » , n. 11.

2° Peine infligée par le persécuteur (c. XII.) Nous avons vu que la mort est nécessaire pour le martyre ; cependant, si le martyr reçoit une blessure mortelle et survit néanmoins par miracle, il ne sera pas privé de l’auréole, de même ceux qui subissent pour le Christ la prison, l’exil, des souffrances jusqu’à la mort. Ainsi pensent avec saint Thomas d’Aquin, soto. Capisucchi, les Salmanticenses, Suarez, Hurtado, Haynaud, Gotti, Maurus et d’autres. C’est le cas de saint Jean, sorti par miracle de l’huile bouillante, de sainte Thècle, honorée comme première martyre, condamnée aux bètes mais sauvée par protection spéciale, de saint Félix de Noie honoré le 14 janvier dans le martyrologe romain, de saint Grégoire, évêque de la Grande Arménie, honoré le 2 ! ) septembre, comme d’ailleurs de Daniel, échappé de la fosse aux lions et des trois enfants, sauvés de la fournaise. S. Cyprien, Epist., i.vm.

Dans les premiers temps, le titre de martyr était donné aux simples confesseurs comme on peut le voir dans Tertullien, Ad martyres et dans saint Cyprien, Epist., x, Ad martyres et cun /essores Jesus-Christi, Epist., xii, xv, xxx. Notons toutefois que certains repoussaient ce titre dont ils se déclaraient indignes ; d’autres distinguaient un double degré : martyre initial et martyre parlait ; nous parlons de ce dernier, t’est le martyre au sens strict.

Que penser de celui qui, miraculeusement, n’a ressenti aucune douleur au milieu des supplices ? Le cardinal Capisucchi dans sa controverse sur le martyre, n. 5, déclare qu’on peut y voir tout au plus un martyre inchoative, mais non au sens rigoureux. C’est d’ailleurs la doctrine de Cajétan. Théophile Haynaud soutient le contraire. C’est le cas des saints Tryphon et Respicius, de saint Théodore d’Ancyre et de saint Basile d’Ancyre. Ce fut d’ailleurs le cas des trois enfants jetés dans la fournaise, que Tertullien et saint Cyprien appellent martyrs.

Que penser maintenant si la blessure, mortelle par elle-même, est guérie par un médecin ou au contraire si la blessure, qui n’est pas mortelle de soi, entraîne la mort laute de soins ? Dans le premier cas, répond Soto, p. 1037, il n’y a pas martyre, quia Eeelesia nullum medieorum judieium, sed solam moilem tumquum sufficiens testimonium approbat martyrii. Dans le second cas, il faut distinguer : ne serait pas martyr celui qui aurait négligé de recourir au médecin alors qu’il aurait pu le faire facilement, car il paraîtrait avoir désiré la mort d’une façon excessive et être coupable de négligence. Dans le cas contraire, il y aurait martyre et c’est le cas de 20 moines de la I.aure de Saint-Sabas, au ix’siècle, honorés au 20 mars.

Si le cas se présentait d’un serviteur de Dieu guéri miraculeusement de blessures mortelles, il faudrait dans la discipline actuelle prouver juridiquement la blessure mortelle, la guérison miraculeuse et la persévérance jusqu’à la mort dans la charité et la pratique héroïque des vertus.

.’ ! " Cause du martyre ex parle persécutons (c. xiii). Elle doit être examinée avec soin, et d’abord [’intention du persécuteur. C’est ce qui fut fait notamment avec un souci particulier dans la cause célèbre des

DltT. DE THÉOL. (AI H.’martyrs du.lapon, étudiée par la congrégation des rites en 1685-1687. Précisément l’édil tle l’empereur du.lapon, interdisant à ses sujets tous rapports avec les Portugais, n’invoquait d’autres raisons sinon que ceux-ci axaient introduit et favorisé les prédicateurs dà la foi chrétienne. Cf. Gotti, De vera Eeelesia, t.l.C m. n. 1, 1 1. Or. le martyr consiste dans l’acceptation volontaire de la mort pour la foi du Christ ou pour tout autre acte de vertu rapporté à Dieu. Il faut donc de la part du persécuteur la haine de la foi ou de toute autre bonne œuvre en tant que commandée par la foi du Christ.

1. l’eu importe que le persécuteur soit pa v en, hérétique, ou même catholique ; il suffit qu’il inflige la mort par haine d’uae vertu qui peut se ramener à la foi, ainsi Stanislas de Cracovie, Thomas de Cantorbéry, Jean Népomucène furent mis à mort respectivement par Boleslas roi de Pologne, Henri roi d’Angleterre, YYenceslas roi de Bohême qui étaient pourtant catholiques

2. II n’est pas nécessaire que le persécuteur soit décidé par la haine de la foi : il peut se faire qu’il croie punir un vrai crime dont la victime a été calomnieusement chargée. Il faut alors prouver que Yaccusalenr a procédé ex odio jïdei. Ce cas s’est présenté dans les premiers temps du christianisme, puisque les chrétiens étaient accusés par leurs ennemis de toutes sortes de crimes odieux, et quoique la preuve juridique n’en ait jamais été faite, il a pu arriver que les juges, en envoyant les martyrs à la mort, aient cru parfois punir de justes crimes.

3.. Il n’est pas nécessaire que le persécuteur avoue expressément agir en haine de la foi ; il suffit que ce soit son vrai motif, même s’il invoque un autre prétexte. Cf. Borellus, De régis cath.. prsestant., c. i.xxi, n. 29 ; Gotti, TheoL, t. xiii, q. n. C’est ce que confirme l’histoire, puisque Néron commença la persécution en prétextant l’incendie de Rome qu’il attribua lâchement aux chrétiens.

1. Il n’est pas nécessaire que le persécuteur condamne expressément à mort : il suffit que ses paroles soit interprétées dans le sens d’une condamnation à mort. C’est le cas célèbre du roi Henri d’Angleterre qui s’est défendu d’avoir expressément commandé l’assassinat de saint Thomas de Cantorbéry. Saint Bernard cite un cas analogue, celui de Thomas, prieur de Saint-Victor de Paris, Epist.. eux, P. L., t. ci. xx xii, col. 319.

ô. L’occasion du martyre peut venir d’ailleurs, pourvu que la cause finale soit vraiment la haine de la foi, car tout acte reçoit sa véritable espèce de sa cause finale. Ainsi le martyrologe romain célèbre au 16 niai le martyre de saint Abdas dont parle Théodoret, II. E., Y, xxxviii. Or, Abdas avait détruit le temple consacré par les Perses au soleil, ce dont le blâme Théodoret ; mandé par Isdegerde. roi des Perses, et sommé de le reconstruire, il refusa et fut mis à mort. Il est considéré comme martyr, non pour avoir détruit ce temple, mais pour avoir refusé de le réédifier. Benoit NIY cite deux autres cas plus célèbres, étudiés de son temps, celui de saint Josaphat et celui de Pierre de Arbues : il cite également le cas plus curieux encore de la bienheureuse Camille Gentili, tuée en 1 1 X(> par son mari, pour avoir causé avec sa propre mère. Hrandine Gracie. Personnellement il était favorable à lui accorder le titre de martyre pour avoir méprisé les menaces dit son mari, et avoir voulu pratiquer le commandement de Dieu (fui ordonne d’honorer ses parents, mais la difficulté de la cause provenait de l’impossibilité de prouver que cette mort injuste lui avait été infligée en haine de la foi.

Comment peut-on prouver « pie le persécuteur agit

X. — S