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cillieii à la mort, comment ensuite il ne se résigna à la communion d’Ithace et de ses complices que pour

épargner aux priseillianistes de nouvelles exécutions. Encore sa conscience lui reprocha-t-elte toujours cette démarche qu’il n’avait accomplie cependant que par charité. — Vingt-six ans d’un épiscopat bien rempli lui avaient bien mérité la suprême récompense : elle lui vint le 8 novembre 391, au petit bourg de Candes, où il était allé rétablir la paix. Le. Il novembre son corps était ramené à Tours, en un véritable triomphe. Bientôt, sur ses reliques, une chapelle s’élèverait, en attendant la grande basilique qui redirait à la postérité la gloire de saint Martin. Aucune gloire posthume n’a jamais égalé la sienne : pendant des siècles il est demeuré le grand saint de la France, notre saint national.

II. La profession de foi de saint.Martin. — Sous le nom de saint Martin il a été publié pour la première fois, en 1511, par Josse Chichtoue une Conjessio trinæ unitatis et unius trinitatis, qui, après avoir figuré dans divers recueils patristiques ou conciliaires, a finalement trouvé place dans la Bibliotheca veterum l’utrum de Gallandi, t. vii, p. 590, cf. p. xxvi, et dans P. V.., t. xvin.col.. Il et 12.

Ce texte très court est d’ailleurs fort mal conservé ; même après les amendements que lui a fait subir Thomas Beaulxamis, qui a essayé de l’expliquer, il demeure par place à peu près inintelligible. Comme une des pièces publiées récemment par K. Kiinstle dans ses Antipriscilliania (reproduite dans Denzinger-B., n. 17), il débute par les mots : Clemens Trinitas est una divinilas ; comme celle-ci, il tient à établir que la distinction des personnes ne nuit pas à l’unité profonde de la substance divine : mais on pourrait croire que la place et le rôle du Saint-Esprit ne sont pas aussi clairement marqués dans notre document que dans celui de Kiinstle. Il est d’ailleurs b ; en difficile de fonder une théorie quelconque sur un texte aussi corrompu, et dont quelques formules sont vraiment inquiétantes.

Le plus extraordinaire est que cette pièce, d’une orthodoxie douteuse, ait jamais pu figurer sous le nom de saint Martin, lequel, à coup sûr, ne se reconnaîtrait pas dans cet amphigouri. Mais rien ne peut étonner en fait d’inventions de copistes. On comprend moins que les critiques de la Renaissance aient cherché à justifier, par un appel à Sulpice-Sévère, l’attribution de cette médiocre pièce à l’évêque de Tours. Sans doute le panégyriste du saint parle de la grâce merveilleuse avec laquelle Martin expliquait l’Écriture, de la science qu’il montrait en parlant des choses de Dieu, Vita n. Mart., 25, P. L., t. xx, col. 175 ; cf. Dialog., iii, 17, col. 222. Mais il est remarquable que Sulpice, si au courant de tout ce qui touche son héros, ne dise pas un mot de cette confession de foi. Dom Ceillier en avait déjà fait la remarque ; elle est décisive. La gloire de saint Martin n’a rien à gagner à cette singulière attribution.

I. Vif. de saint Martin. — Il ne saurait être question de donner une bibliographie, même sommaire, de la vie de saint Martin. Voir pour les sources la Bibliotheca hagiographica lalina des Bollandistes, n. 5610-5666, p. 823-830 ; pour les travaux et les sources, Ul. Chevalier, Répertoire, Bio-bibliographie, t. ii, col. 3108-3112.

La source essentielle, et a vrai dire unique, est Sulpice-Sévère, qui a connu personnellement l’évêque de Tours, et lui a consacré : De vita B. Martini ; Epistolw très ; Dialogi ; auxquels il faut ajouter deux chapitres de l’Hisloria læra, l. III, c. xi.ix-i. ; le tout dans P. L., t. xx, col. 157222, et mieux dans l’édit. Halm du Corpus de Vienne, l. 1, 1866. Récemment, dans un livre qui a fait quelque peu scandale, E. Babut a attaqué la sincérité de Sulpice : Saint Martin de Tours, Paris, 1912 (paru en articles dans la Revue d’histoire et de littérature religieuse, II’sér., t. ii, 1911) ; voir la réfutation de la thèse paradoxale de Babut par H. Delehaye, dans Analeda Bollaildiana, 1020, t. xxxviii,

p. 1-136, et par (’…lullian.dans Revue des Études anciennes, t. xxiv, p. 37 sq. et xxv, p. 48 Sq., et dans Histoire de la Gaule, t. viii, Paris, 1926, p. 2.">."> sq., 299 sq. Bon résumé, de la discussion dans 1’. Monceaux, Saint Martin, Paris, 1926, où l’on tiouvcra une étude sommaire, niais très suggestive. — À côté de Sulpice-Sévère il faut encore mentionner Grégoire de Tours ; dans l’Hisloria Francorum, t. I, c. xxxvi-xxxmii, xi.m, il essaie de fixer la chronologie de saint Martin ; le De miraculis S. Martini, en 4 livres, raconte surtout la gloire posthume du thaumaturge ; textes dans P. L., t. lxxi, et mieux dans Monum. Germ. hisl., Script, rer. merov., t. I, p. 51, 52, et 584-661.

II. Confession de foi.

Publiée en l. Il par Josse Chlichtoue, avec la Vila de Sulpice-Sévère, en 1514 par Théodore Pulmann, elle a été surtout étudiée par le carme Thomas Beaulxamis, qui en a donné le texte et le commentaire à la fin de son édition de la Vita de Sulpice-Sévère, Paris, 1571. — Voir Histoire littéraire de la France, l. 1 b, 1733, p. 417 ; dom Ceillier, Histoire des auteurs sacres et ecclésiastiques, 2e édit., t. viii, p. 122-123. &… „„

  • 11. AMANN.

10. MARTIN André (1621-1695), naquit à Bressuire en 1621 et entra à l’Oratoire en 1641 ; il fut reçu à la maison de Paris le 22 août 1641 et ordonné prêtre en 1646. Il fut envoyé à Marseille où il commença son cours de philosophie et il quitta cette ville en 1652 ; il vint à Angers où son arrivée annonça une « révolution philosophique » , car il enseignait, avec la doctrine de saint Augustin, les théories cartésiennes. Son enseignement et ses leçons lui suscitèrent de vives oppositions : on l’accusa de défendre les cinq propositions de Jansénius et il dut quitter Angers ; alors on fit courir le bruit qu’il s’était retiré à Genève ; en fait, il vint à Paris au couvent Saint-Honoré et il montra la fausseté des accusations portées contre lui. Il mourut à Poitiers le 26 septembre 1695.

Son premier écrit est Philosophia moralis christiana, Angers, 1653, publié sous le pseudonyme de Jean Camerarius. C’est un recueil de textes de saint Augustin. Le t. I er, quoique placé sous la protection de saint Augustin et de saint Thomas, fut mis à l’Index par Innocent X, comme imbu de jansénisme ; l’auteur y étudiait les actes humains, la liberté et le concours divin. Martin poursuivit son ouvrage, sous un titre différent : Sanctus Augustinus, de existentia et veritale Dei, et sous un nouveau pseudonyme, Ambroise Victor, théologien, 1653 ; puis un De anima, 1656, et enfin De philosophia morali, 1658. Ces trois petits volumes eurent un grand succès et ils furent réimprimés, considérablement augmentés, sous le titre : Philosophia christiana, Ambrosio Victore theologo colleclore, 6 vol., in-12, Paris, 1671 ; chacun des volumes a un soustitre : 1. De philosophia in universum ; 2. De existentia et veritate Dei ; 3. De Deo ; 4. De anima ; 5. De philosophia morali avec un appendice de saint Thomas : De voluntate et liberio arbitro ; 6. De anima bestiarum, où il traite une question alors à la mode et montre, par des textes de saint Augustin, que ce Père aboutissait à la même conclusion que les cartésiens : les animaux ne sont que des automates et des machines. Le pseudonyme Ambrosius Victor lui avait été donné par ses confrères de Sauniur, à cause de ses triomphes sur l’hérésie, qui en firent un adversaire redouté des protestants. Malebranche parle de lui dans ses Recherches sur la vérité, en 1664, et déclare qu’il a puisé, dans les conversations et les écrits d’Ambroise Victor, son goût pour la doctrine de saint Augustin ; de nos jours, l’abbé Fabre a réimprimé l’écrit de Martin, et Nourisson, dans son ouvrage, La philosophie de saint Augustin, t. i, p. vii-ix et t. ii, p. 226-227, a tenu grand compte de ce travail, et montré l’influence qu’il exerça sur Malebranche. Cf. !.. de Cens, La philosophie en Anjou, dans la Revue historique, littéraire et archéologique de l’Anjou, juin 1873, t. x, p. 362.

Martin avait, au dire îles Mémoires manuscrits de Bonardy, composé une théologie, d’après les prin-