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MARTIN DE TORRECILL — MARTIN DE TOURS


sous le pseudonyme de D. Fermin Raltariazi, avec l’indication supposée de Turin 1673, ainsi que dans le Yentilabro formai, légal, apologelieo y serafico, 1685 ; ces deux ouvrages reparurent dans les tomes iv et v des Consultas. Examen de la potestad y jurisdicion de los senores obisjws, assi en comun, como de los obispos regulares y titulares, 1682, 2° édit., 1093. Consultas morales y esposicion de las proposiciones condenadas por Innocencio XI y Alexandro VII, 1684, 1686, 1688, 1 603. Suma de lodas las malerias morales arregladas a las condenaciones pontificias, 2 in-fol., 1691, 1696. Consultas, alegatos, apologias y olros tratados assi regulares como de otras malerias morales, 6 in-fol., 1694, 1697, 1699, 1701, 1705. Dans ces volumes il réédite des ouvrages parus, défend sa doctrine et aborde les sujets les plus divers de morale et de droit canonique. Pro 7 pugnaculum orlhodoxæ fidei adversus quosdam veritatum catholiearum hosles, 1698, 1707. Dans le premier volume de ses Consultas, le P. Martin promettait la publication d’un Compendio de todas mis obras morales et d’un Curso de Theologia escolastica, pour faire pendant à celui de philosophie. Ce Compendium était publié du vivant de l’auteur, Madrid, 1698, par son confrère le P. François de la Mota de la province de Castille. On fit paraître après sa mort une Encyclopedia canonica, civil, moral regular y orthodoxa, 2 in-fol., 1721, 2e édit., 1757. Dans son Apologema l’auteur publie sans ordre une série des aulores capuchinos y sus obras, essai rudimentaire de bibliographie, qui fournit des indications utiles.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ord. min. capuccinorum, Venise, 1747 ; Jean de Saint-Antoine, Bibliotheca universel franciscana, Madrid, 1732 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 966.

P. Edouard d’Alençon.

    1. MARTIN DE TOURS (Saint)##


9. MARTIN DE TOURS (Saint), iv » siècle.

— S’il n’a aucun droit à figurer ici comme théologien,

le grand évêque mérite au moins une brève mention,

comme étant l’une des gloires les plus pures de notre

Église de France.

1. Vie.

Les renseignements de bon aloi ne manquent pas sur les faits et gestes de Martin ; mais sa biographie n’en est pas moins difficile à esquisser. Comme le dit un de ses plus récents historiens, « il semble impossible aujourd’hui de reconstituer sur des bases solides la chronologie de la vie de saint Martin, surtout pour sa jeunesse. Bien des érudits l’ont tenté pourtant, mais la divergence de leurs conclusions autorise une réserve un peu inquiète. » P. Monceaux, Saint Martin, Paris, 1926, p. 19. Quelques dates seulement paraissent certaines : le 4 juillet 371, consécration épiscopale ; 385, séjour à Trêves ; 8 et. Il novembre 397, mort et funérailles.

Martin est né à Sabaria, en Pannonie, de parents païens ; son père était tribun militaire, exposé dès lors aux changements de garnison. C’est ainsi que le jeune Martin fut élevé à Pavie ; de son propre mouvement il se fait inscrire, à l’âge de dix ans, parmi les catéchumènes ; il rêve de la vie ascétique, car de merveilleux récits circulent déjà en Occident sur les « Pères du désert » . En réalité ce fut la loi militaire qui vint le saisir ; fils de vétéran, il dut être enrôlé de bonne heure, à quinze ans, dit Sulpice-Sévère. À dix-huit ans il se faisait baptiser ; entre temps s’est déroulé, aux portes d’Amiens, la scène du manteau, avec ses bienfaisantes conséquences pour Martin. Quelques années plus tard le jeune officier obtenait son congé. Sulpice-Sévère le fait partir aussitôt après pour Poitiers, attiré qu’il était par la renommée d’Hilaire ; ce ne peut donc être que vers l’année 355, puisque l’année suivante l’évêque de Poitiers était exilé en Asie. Hilaire aurait voulu promouvoir Martin au diaconat ; mais celui-ci se contenta des modestes fonctions d’exorciste. Peu après,

d’ailleurs, il quittait Poitiers, se rendant en Pannonie pour essayer d’y convertir sa famille. Sa mère se laissa gagner ; son père demeura inflexible et, d’autre part, la hardiesse avec laquelle le disciple d’Hilaire s’éleva contre l’arianisme, alors tout-puissant dans les régions danubiennes, lui attira de fâcheuses avanies. Des mésaventures analogues l’attendent à Milan ; Auxence, l’évêque arien, le chasse de la ville ; Martin se réfugie dans l’île de Gallinaria, près de la côte de Ligurie, où il mène quelque temps la vie érémitique. Puis il apprend la rentrée d’Hilaire en Occident, et, l’ayant manqué à Rome où il comptait le joindre, il va le retrouver à Poitiers. Cette fois il devra accepter la prêtrise, mais sans renoncer pour autant à son rêve de vie monastique. Dans un lieu désert, au sud de Poitiers, autour de la cellule où il se retire, voici que des disciples affluent, désireux de se mettre sous sa direction, et c’est l’origine du monastère de Ligugé, le doyen d’âge de tous les couvents français. C’est de Ligugé que se répand, dans toute la région, la renommée de Martin, grand saint et déjà grand thaumaturge, et c’est là, qu’à l’été de 371, les gens de Tours viendront le chercher pour en faire leur évêque. Si elle est acclamée par le populaire et par les saintes gens, l’élection de Martin n’est pas vue d’aussi bon œil par quelques prélats mondains du voisinage : l’élu est de bien piteuse mine et d’allure bien négligée ! Il fallut pourtant céder au vœu unanime de la population ; le 4 juillet 371, Martin est consacré évêque de Tours.

Son épiscopat sera, dans tout l’ouest de la Gaule, le triomphe du christianisme sur la superstition païenne. En bien des régions tout esta faire ; en d’autres, si le Christ a, dans les villes, un bon nombre d’adorateurs, les campagnes restent fort détachées d’une religion qu’elles ne connaissent guère. C’est la gloire de Martin d’avoir entrepris la conquête. Trop anecdotiques, les charmants récits de Sulpice-Sévère ne permettent pas de dire s’il y eut, de la part de l’évêque de Tours, plan concerté ou simple obéissance aux inspirations du moment ; du moins permettent-ils d’entrevoir quelques-uns des moyens mis en œuvre. Le plus important c’est l’institution des monastères. Dès le début de son épiscopat, s’était formé aux portes mêmes de Tours le couvent de Marmoutier, résidence ordinaire de l’évêque ; des fondations analogues vont se multiplier, où se formeront clercs, moines, évêques même pour la région. Dans ses expéditions en pays païen, on voit d’ordinaire Martin accompagné de quelques-uns de ces moines ; ils sont les auxiliaires de sa prédication, les témoins aussi de ses miracles. Car c’est à coup de prodiges, autant qu’à coup de sermons que Martin lutte contre la superstition et le paganisme ; devant lui les arbres sacrés tombent, les temples des idoles sont abattus, les démons reconnaissent leur vainqueur. A peine mort, Martin est tout auréolé d’une légende qui se colporte en tous les couvents de la Gaule et que Sulpice-Sévère recueille pieusement. Poésie ou vérité, qu’importe ! L’intéressant pour l’historien n’est-il pas de saisir la forte impression qu’a exercée sur son époque celui qui fut de bonne heure proclamé le thaumaturge des Gaules ?

L’historien doit relever, d’autre part, que le zèle de l’évêque de Tours ne fut jamais fanatisme. S’il y eut des violences durant ses expéditions missionnaires, c’est contre lui qu’elles s’exercèrent, et c’est en exposant sa vie, non en menaçant celle des autres, qu’il lutta contre les fausses religions. Son intervention en faveur de Priscillien, dont certes il ne partageait pas les idées, donne la mesure de sa largeur d’esprit. On.sait comment, se trouvant à Trêves en 385, lors du procès mené par Ithace contre l’ancien évêque d’Avila, Martin essaya, vainement d’ailleurs, d’arracher Pris-