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saints amis du Christ. Outre les évangiles, il se.sert amplement des révélations de sainte Brigitte, et les citations qui accompagnent le texte renvoient à saint Bernard, saint Anselme, saint Bonaventure et à de nombreux auteurs ecclésiastiques et profanes. Les récits se terminent en une méditation suivie d’une prière. Longuement le P. Cochem s’arrête sur la Passion, et l’on veut que son ouvrage ait eu une grande influence sur les représentations de la Passion en usage dans le Tyrol. Wækernell, Altdeutsche Passionsspiele ans Tirol, Gratz, 1897. Cette influence se fait également sentir dans les visions de Catherine Emmerich. Diel-Kreiten, Klemens Brenlano, Fribourg, 1878.

Une autre œuvre importante du P. Martin, au moins quant au nombre des volumes, est constituée par ses recueils d’histoires, de légendes et d’exemples. Le premier, Das ausserlescne History-Buch, 4 in-4°, parut successivement. 1(587. 1690, 1692, 1715 ; ce dernier fut imprimé après la mort de l’auteur par les soins du P. René de Cologne. Le livre d’histoires était suivi par Das Lehrreiche Hislory-und Exempel-Buch, nach dem Alphabet beschrieben, 4 in-4°, 1696, 1697, 1699. Si ces deux premiers eurent plusieurs éditions, le suivant Die neue Legend der Heiligen, 4 in-4°, 1708, n’en eut qu’une, ? eule. C’est qu’on lui préférait un autre ouvrage plus court, écrit par un confrère, le P. Denis de Luxembourg († 1703), et que lui-même avait revu et publié, Die verbesserte Legend der Heiligen, Augsbourg, 1705. Ces légendes sont empruntées aux Acta Sanclorum dont l’auteur avait les vingt-sept premiers volumes à sa disposition, aux Annales de Baronius, et à d’autres ouvrages hagiographiques et historiques.

Le dernier recueil dont nous ayons à parler, a pour titre Historiée ecclesiasticse ex Baronio desumptee, das isl Kirchlische Historien, 2 in-4°, 1694, 1706. Cette histoire ecclésiastique, principalement consacrée à l’Allemagne, s’arrête à la mort de Charles-Quint (1558), les sources faisant défaut à l’auteur. Son but est à la fois religieux et apologétique, aussi omet-il soigneusement tout ce qui pourrait ne pas édifier son lecteur.

Arrivons à l’ouvrage principal du P. Cochem, celui sur la Messe. Il avait d’abord édité un opuscule latin, Afjectus sub Missa eliciendi continentes claram ac perutilem instructionem de summa sacrifirii Missæ prœslanlia ejusque fructuosa audilione…, in-12, Marchtal, 1697, qu’il transformait bientôt et qui devenait Medulla Missæ super mel dulcis, sive copiosa ac nervosa declaralio supremæ excellentiæ maximœque efficacité sacrosancti Missæ sacrificii, in-8°, Cologne, 1700. Écrit en latin, cet ouvrage était inutile pour le commun des fidèles, qui, comme il le remarquait avec regret, ne trouvaient dans leurs livres de messe aucun enseignement sur la dignité et l’utilité du saint sacrifice, aussi le traduisit-il en allemand : Medulla missæ germanica das ist Teutsch Messbuch, ûber Hônig sùss. Darin eine aussf ùhrliche und nachtrùckliche Erklarung der hôchsten Fûrlrefflichkeit und grosten Nulzbarkeit dess allerhochwùrdigsten Opfjers der H. Mess, in-8°, Cologne, 1702. C’est un exposé substantiel et mis à la portée de tous de la doctrine catholique sur la Messe. En trente chapitres il en dit l’essence, la montre renouvelant les mystères de l’incarnation et de la rédemption, remplissant toutes les fins du sacrifice, il en dit les fruits et enseigne la manière de les recueillir. Pour rendre la lecture plus attrayante, il a soin d’entremêler des exemples aux explications empruntées aux Pères et aux Docteurs, aux théologiens et aux mystiques. Peu d’ouvrages ont trouvé un pareil accueil et après plus de deux siècles il est toujours recherché ; les éditions passées et présentes ne se peuvent compter. Traduit une première fois en français, avec préface du P. Monsabré, La sainte Messe, in-12. Pari., 1891, il l’était de nouveau par une religieuse Clarisse de Mazamet,

Explication du saint sacrifice de la Messe… traduction française de A. Rugemer, Paris-Tournai, 1899, 14e édit., 212° mille, ibid., 1922. Il existe aussi en anglais, C.ochem’s Explanalion of (lie holy sacrifice of the Mass, New— York, 1896, en italien, Spiegazione del sanlo sacrificio délia Messa, in-8°, Florence, 1909, en polonais, Wyklad oftarny Mszy, Posen, 1876. La Messcrklarung est le meilleur ouvrage du P. Cochetn et à lui seul il lui mérite une place de choix parmi les auteurs spirituels, et c’est lui qui a rendu son nom populaire plus que tous ses autres écrits.

Ils sont trop nombreux pour obtenir ici même une simple mention : livres de dévotion, sous les titres les plus variés, Baumgarten, Liliengarlen, Myrrhengarten, Blumengarten, Dislelgarlen ; livres pour les malades, Kraftiges Krankenbùchlein, Grosscre Krankenbuch ; livres pour les soldats, Gebelbùchlein fiir Soldaten ; recueils de prières pour les différents temps de l’année, Heiliger Zeiten Gebetbuch, Gebelbuch fur die Charwoche, de formules indulgenciées, Gùldener Himmelsschliissel, Kustliches Ablassbùchlein, de chants, Katholische Cantual, etc. On en énumère soixante-treize, sans parler des extraits, des adaptations et des rééditions. L’influence du P. Cochem sur la vie chrétienne a été considérable et profonde ; elle se fait toujours sentir.

La vie et les écrits du P. Martin de Cochem ont fait l’objet de deux études d’ensemble : la première est due a une religieuse de l’Adoration perpétuelle de Mayenee, S’Maria Bernardina, P. Martin von Cochem. Sein Leben, sein Wirken, seine Zeit, Mayenee, 1886, la seconde et la principale est celle du P. Jean Chrysostome Schulte, O. M. Cap., P. Martin von Cochem, 1634-1712. Sein Leben und seine Schriften, Fribourg-en-B., 1910, extrait des Freiburgcr theologisclie Studien, où l’on, trouve une copieuse bibliographie des sources à consulter.

P. Edouard d’Alençon.

&. MARTIN DE TORRECILLA, frère

mineur capucin de la province de Castille, revêtit l’habit religieux au noviciat de Salamanque, le. Il novembre 1650. Il était ordonné prêtre en 1657 et quatre ans plus tard il enseignait la philosophie ; en 1665 il était lecteur de théologie. C’est alors que commença son activité littéraire qui ne prendra fin qu’avec sa vie. Il mourut à Madrid le 27 décembre 1709. Le P. Martin remplit encore d’autres charges dans sa province, dont il était supérieur quand il alla à Rome pour le chapitre général de 1678, où il fut élu définiteur de tout l’ordre. Ses connaissances théologiques et canoniques l’avaient fait nommer qualificateur du tribunal de l’Inquisition espagnole, ce qui ne l’empêcha pas de voir un jour plusieurs de ses propositions dénoncées à ce tribunal. C’était le sort commun à beaucoup d’auteurs et des plus orthodoxes ; il se défendit et aucune condamnation ne l’atteignit. > — Voici, autant que nous av >ns pu nous retrouver dans ce labyrinthe, les ouvrages du P. Martin, presque tous écrits en langue vulgaire et imprimés à Madrid : Quæstiones in utramque Aristotelicam logicam, in-8°, 1667 ; Qua’sliones in octo libros Aristotelis physicorum et in libros de mundo, cœlo et meteoris et in opéra sex dierum, 1669 ; Quæstiones in quinque libros Aristotelicos, duos de ortu et inleritu, tresque de anima, 1671. Au commencement de l’ouvrage il fait profession de ne suivre aucune école en particulier, il n’est ni thomiste, ni scotiste. ni jésuite : il ne se laisse pas entraîner par l’autorité, mais guider par le raisonnement ; ses opinions pourront sembler singulières, cependant elles sont toujours appuyées par quelque auteur de poids. — Régla de lalerccra Orden elucidada, in-4°, 1672 ; c’est en grande partie une apologie de sa famille religieuse et une défense de ses droits relativement au tiers ordre ; il reviendra sur le même sujet dans l’Apologema, espeio y excelencias de la serafica religion de menores capuchinos, qu’il publia