Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.1.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée
203
204
MARTIN DE ALCOLEA — MARTIN DE BRAGA

composent de dix tomes in-fol., Lyon, 1680 ; Venise, 1697, 1698 et 1728.

Morozzo, Theatrum chronolog. S. Ord. Cartus. ; dom Le Vasseur, Ephemerides Ord. Cartus., t. iii, p. 196-197. Antonio, Biblioth. hispana nova, t. ii, p. 89.

S. Autore.

5. MARTIN D’ALNVICK, fut le 32e lecteur franciscain à l’Université d’Oxford. Analecta franciscana, Quaracchi, 1885, t. i, p. 270. Le 26 juillet 1300, il est au nombre des frères mineurs pour lesquels le provincial d’Angleterre, Hugues de Hertepol, sollicite de l’évêque de Lincoln, Jean Dalderbey, l’autorisation d’entendre les confessions au couvent d’Oxford. A. Wood, Historia et antiquitates universitatis Oxoniensis, Oxford, 1674, t. i, p. 79. Une indication du ms, lat 1424 de la Bibliothèque d’État de Vienne établit que les seize questions sur la puissance ordonnée et absolue de Dieu, ajoutées dans le ms. Chigi B. VIII, 114 au Commentaire sur le Ier livre des Sentences de Guillaume de Ware sont de lui. Il est certain qu’il rédigea lui-même un ouvrage sur le Livre des Sentences, car Jean de Reading, l’un de ses successeurs à Oxford, cite son sentiment sur le caractère pratique de la théologie dans son Commentaire inédit, conservé dans le cod. Conv. Sopp. D. IV, 95, fol. 102 r°, de la Bibliothèque nationale de Florence. Peut-être est-il aussi l’auteur d’un groupe de Questions ajoutées au Commentaire sur le IIe livre des Sentences de Guillaume de Ware et contenues uniquement, semble-t-il, dans le ms. Plut. 31, dext. 1, fol. 151r°-157r°, de la Bibliothèque Laurentienne de Florence, avec la note suivante : Hic terminantur quæstiones Wari quas dixit super 2 libro : reliqua sunt addita ab alio usque in finem secundi. M. A. Little, The Grey Friars in Oxford, 1892, p. 164, a aussi signalé que le cod. lat. 4698, fol. 36-87, de la Bibliothèque d’État de Vienne contient plusieurs écrits sur la logique attribués à Martin l’anglais, sans toutefois se prononcer sur le bien fondé de cette attribution

É. Longpré.

6. MARTIN DE BRAGA (Saint), mort en 580. — I. Vie. II. Œuvres.

I. Vie.

Comme son illustre homonyme, Martin de Tours, il est originaire de Pannonie, où il a dû naître entre 510 et 520. On sait fort peu de choses sur sa jeunesse. Les diverses sources, que l’on trouvera énumérées ci-dessous, indiquent qu’il a séjourné quelque temps en Orient, ce que confirme d’ailleurs la connaissance qu’il a du grec. Il a sûrement visité la Terre sainte, peut-être s’y est-il consacré alors à la vie monastique dont on sait qu’elle était alors extrêmement développée en ces régions. C’est d’Orient que Martin est venu, par mer, dans le royaume des Suèves, fondé un siècle et demi plus tôt dans l’angle nord-ouest de la péninsule ibérique. Il est impossible de savoir quelles raisons l’avaient déterminé à ce voyage, mais Grégoire de Tours, un contemporain, note que la venue de Martin dans le royaume suève coïncide avec l’arrivée en ce pays des reliques du grand saint Martin que les envoyés du roi Chararich étaient allés chercher à Tours. La Providence, dit Grégoire, avait très évidemment ménagé cette coïncidence.

On sait que les Suèves étaient arrivés païens en grande majorité, aux environs de 410 ; assez vite une partie des envahisseurs s’étaient convertis au catholicisme ; mais, au début du vie siècle, sous l’influence des Goths, le royaume des Suèves (qui achevait de se constituer en annexant à la Galice, son habitat primitif, le nord du Portugal actuel) était passé à l’arianisme. Voir Isidore de Séville, Historia de regibus Gothorum, n. 90, P. L.. t. lxxxiii, col. 1081. Au milieu du vie siècle, au dire d’Isidore, le roi Théode niir (qui est peut-être le même que le roi Chararich dont parle Grégoire de Tours) s’était senti incliné vers le catholicisme. Pour obtenir la guérison de son fils et conjurer une épidémie de lèpre qui sévissait chez les Suèves, il avait eu l’idée de recourir à l’intervention du grand thaumaturge des Gaules, saint Martin de Tours, dont il avait fait demander des reliques. Le rétablissement inespéré de son enfant, avant même que les précieuses reliques (il s’agissait non de parcelles du corps de Martin, mais de linges ayant touché son tombeau) fussent arrivées en Galice, avait amené la conversion du roi laquelle déterminerait rapidement celle de la nation.

C’est dans ces conjonctures que Martin aborde au royaume des Suèves ; les témoignages de Grégoire de Tours et d’Isidore de Séville ne laissent pas de doute sur la part considérable qu’il eut au mouvement de conversion, bien qu’ils ne précisent pas les moyens mis en œuvre. On peut songer à une action profonde qu’aurait exercée sur l’esprit du roi un étranger, venu de loin et entouré du prestige que donnent la science et la sainteté. Il y eut plus encore : l’impulsion vigoureuse donnée au catholicisme, lequel végétait soit dans l’ancienne population, soit même chez plusieurs des Suèves. Le monastère de Dumio, que Martin fonda non loin de Braga peu après son arrivée, a dû exercer à ce point de vue une grande influence. Martin qui, naturellement, en avait été le premier abbé, ne tarda pas à être élevé à la dignité épiscopale, devenant ainsi évêque-abbé, ce qui n’est pas inouï à l’époque. C’est en qualité d’évêque de Dumio qu’il assiste au I er concile de Braga en 561, la première assemblée épiscopale qui se tint après la conversion du roi au catholicisme. Dans les années qui suivirent Martin fut élevé au siège métropolitain de Braga, le seul qui existât dans le royaume ; mais, avec un profond désintéressement, il comprit qu’il convenait de diviser cette province ecclésiastique trop considérable ; le siège de Lugo fut érigé en métropole, avec la moitié nord du royaume pour ressort, tandis que la moitié sud restait sous la juridiction de Braga. Telle est la situation qui apparaît au IIe concile de Braga, tenu en 572 et dont Martin dirigea les délibérations. Il mourut une dizaine d’années plus tard, sans doute en 580. Le martyrologe romain en fait mention le 20 mars.

II. Œuvres. — Il reste de Martin un certain nombre d’écrits, généralement courts et témoignant avant tout de préoccupation d’ordre pratique ; ils montrent du moins que la réputation de l’évêque de Braga n’est pas surfaite. Grégoire de Tours, qui semble avoir été en relations personnelles avec lui, écrit : Nulli secundus suis temporibus habebatur. Hist. Franc, V, xxxviii, P. L., t. lxxi, col. 352 ; le poète Fortunat, ayant reçu de Martin une lettre, célèbre les mérites littéraires de son correspondant, sur le mode dithyrambique. Miscell., V, i et ii, P. L., t. lxxxviii, col. 177 sq. Un peu plus tard, Isidore de Séville le qualifie en deux mots : fide et scientia clarus. Hist. de reg., 91, P. L., t. lxxxiii, col. 1082. La même Isidore a eu en main quelques ouvrages de Martin qu’il mentionne au De viris ill., n. 35, ibid., col. 1100. Ces écrits ne sont malheureusement pas rassemblés d’une manière suffisante. Ils peuvent se répartir de la façon suivante.

Droit ecclésiastique.

On a dit plus haut que Martin fut le grand inspirateur du I er concile de Braga ; on pourrait donc porter à son compte les canons publiés par cette assemblée et reproduits dans les collections conciliaires. Voir J. S. d’Aguirre, Collectio maxima conciliorum Hispaniæ (citée d’après la 1e édit.), t. iii, col. 203-206 et Mansi, —ConciL, t. ix, col. 835-841. Martin, par ailleurs, rassembla, mit en ordre et traduisit, peut-être en vue de ce même synode, une petite collection de canons conciliaires orientaux.