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MARTIN V

MARTIN DE ALCOLEA

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ment acquis jusque-là. Que restait-il de la thèse professée en 12(55 par Clément IV. à savoir que lui appartenait « la pleine disposition des dignités, ofïices et bénéfices ecclésiastiques » ? Ccrpus juris eanonici, in Sexto, lib. III, lit. iv, De prsebendis, c. 2.

Martin V, il est vrai, escomptait regagner les avantages perdus. Sauf le concordat anglais qui avait été conclu à perpétuité, les autres conventions n’avaient qu’une durée de cinq années I Les événements semblèrent tourner en sa faveur. A l’expiration du terme, des négociations s’ouvrirent. Dans la partie de la France soumise à l’Angleterre, .Martin V, par l’accord du 13 avril 1425, ne laissa plus aux collateurs ordinaires que la collation des bénéfices mineurs vaquant dans les mois de mars, juin, septembre et décembre. De plus, un grand nombre de bénéfices tombaient sous te coup des réserves pontificales. L’accord de 1425, venant à échéance en 1430, fut renouvelé cette année même. X. Valois, Histoire de la pragmatique sanction de Bourges, p. xxvii.

Dans les provinces françaises, qui reconnaissaient Charles VII, tout autre fut l’attitude du gouvernement royal : ayant d’abord affiché une indépendance absolue à l’égard du Saint-Siège, il tenta de s’en rapprocher, puis se repentit de son esprit de conciliation et enfin conclut la convention de Genazzano (21 août 1426), similaire, sauf certains détails, à celle qu’avait agréé le régent anglais pour les bénéfices mineurs en 1425. Quant aux élections, elles étaient réglées à peu près dans les mêmes termes qu’en 1418. N. Valois, <>p. cit., p. xLi-XLm. Ce nouveau régime, qui marquait une victoire pour la politique de Martin V, resta en vigueur jusqu’à la mort du pontife.

En Allemagne, la situation resta tendue. Les collateurs ordinaires trouvaient de sûrs alliés en la per>onne des princes séculiers ; quant aux chapitres, ils pratiquèrent plus souvent qu’ailleurs les élections épiscopales et abbatiales. Il faudra attendre de longues années avant, que la question bénéficiale se règle, encore ne le sera-t-elle point à l’avantage du Saint-Siège, lors de la signature en 1448 du concordat de Vienne par Xicolas V.

La dévotion au nom de Jésus.

En 1424, saint

Bernardin de Sienne, prêchant à Bologne, inaugura une nouvelle dévotion, celle du monogramme du nom de Jésus. Au centre d’un soleil, entouré d’un cercle, les trois lettres I H S étaient peintes. Les foules italiennes s’empressèrent de faire représenter la pieuse image à leur usage particulier. Les municipalités, telle celle de Sienne, les imitèrent et placèrent sur les monuments publics le monogramme devenu célèbre, qui figura aussi tant sur le frontispice qu’à l’intérieur des églises. Les tablettes qui en étaient ornées plus magnifiquement servaient dans les processions solennelles. Enfin, les auditeurs de frère Bernardin se prosternaient habituellement devant l’étendard qui le reproduisait et que le prédicateur brandissait à la fin de ses sermons.

Cette mise en scène choqua quelques esprits chagrins et des religieux jaloux du succès obtenu par Bernardin. On le dénonça en cour de Borne. La nouvelle dévotion poussait, disait-on, à l’idolâtrie et encourageait la superstition ; elle détournait par surcroît le peuple du culte de Jésus même et nuisait à la révérence due à la Croix. Durant le carême de 1427. frère Bernardin reçut l’ordre de comparaître devant le pape. Il lui fut facile d’établir la légitimité de la dévotion prônée par lui. Au lieu de la condamner Martin V l’approuva. Les clercs pontificaux reçurent l’avis d’avoir à porter ostensiblement le monogramme de Jésus, au cours d’une procession qui sembla une cérémonie de réparation. F. Vernet, Martin V et Bernardin de Sienne, dans L’Université

catholique, nouvelle série, t. rv (1890), p. 563-594. 4° Martin Y et les Juifs.

Le pape fil preuve de

modération à l’égard des Juifs et abolit les mesures vcxatoires prises contre eux par Benoît XIII. C’est ainsi qu’il interdit à deux reprises différentes, en 1422 et 1429, les prédications violentes contre eux. Une mesure doit surtout être signalée : la promulgation de la défense de baptiser, contre le gré des parents, les enfants n’ayant pas atteint l’âge de douze ans, sous peine d’excommunication encourue ipso facto. Un cas bizarre se présenta : un juif converti demanda l’autorisation à ses deux petits-fils, quoique son fils et sa brue s’y refusassent. Martin V répondit par l’affirmative. Il invoqua, pour légitimer sa décision, les usages juifs qui plaçaient toute autorité entre les mains du père, voire dans celles du dernier ascendant direct ; F. Vernet, Martin V et les Juifs, dans Revue des Questions historiques, t. i.i (1892), p. 373423.

Sources.

II. Dubrulle, Suppliques du pontificat de

Martin V, dans Bulletin de la Société de la province de Cambrai, Lille, 1922 ; M. Tangl, Die pàpstlichen Kanzlei-Ordnungen von 1200-1500, Inspruck, 1894 ; E. von Ottenthal, Die pàpstlichen Kanzleiregeln von Johann.es XXII bis Nicolaus V, Inspruck, 1888 ; Bourgeois du Chastenet, Nouvelle histoire du concile de Constance, Paris, 1718 ; H. Finke, Acta concili Constanciensis, Munster, 1896-1926, t. i-m ; Mansi, Særorum conciliorum nova et amplissima collcctio, t. xxvii et xxviii ; [Mercati], Raceoltà di concordali su materie ecclesiastiche tra la Santa Scde c te autorità civili, Rome, 1919.

Travaux.

G. Pérouse, Le cardinal Louis Alemun

président du concile de Bédé et la fi’1 du Grand Schisme, Paris, 1904 (cet ouvrage contient une riche bibliographie) ; X. Valois, La crise religieuse du X Ve siècle. Le pape et le concile <1H8— 1450), Paris, 1909, t. I er (ouvrage qui renouvelle la question) ; du même, La France et le Grand Schisme d’Occident, Paris, 1992, t. îv ; du même Histoire de la Pragmatique sanction de Bourges sous Charles VII, Paris, 1906 ; Hefele, Histoire des conciles, traduct. Leclercq, Paris, 1916, t. vu a ; B. Huebler, Die Constanzer Reformation und die Conrordate von 1418, Leipzig, 1867 ; L. Pastor, Histoire des papes depuis la fin du Moyen Age, Paris, 1911, t. I, p. 223294 ; à cette édition il faut préférer l’original allemand qui a subi une certaine refonte en 1923, Geschichte der Pàpste im Zeilalter der Renaissance. bis zur Wahl Pins II ; Martin V, Eugen I’, Xikoluus V, Kalixlus III, Fribourg-en-B. ; J. Sznuro, Les origines du droit d’alternative bénéficiale. Le Puꝟ. 1924 ; J. Haller, England und Rom tinter Martin V, dans Quellen und Porschungen aus italienisehen Archiven und Bibliotheken, 1905, t. viii p. 249-304 ; N. Mengozzi, Papa Martino V ed il eoncilio ecumenico di Siena, Sienne, 1918 ; H. Bellée, Polen und die rômische Kurie in der Jahren 1414-1424, Berlin, 1914 ; F. Vernet, Martin 1° et Bernardin de Sienne, dans l’Université catholique, nouvelle série, (1890), t. IV, p. 563-594 ; Le pape Martin V et les Juifs, dans Rcmte des Questions historiques, 1892, t. li, p. 373-423.

G. MOLLAT.

    1. MARTIN DE ALCOLEA##


4. MARTIN DE ALCOLEA, chartreux

espagnol, né vers 1590 à Fuente et Sanz de Talamanca, fit profession au monastère du Paular, diocèse de Ségovie, le 31 mai 1632, et mourut saintement à la chartreuse de Grenade le 5 septembre 1672. Il a publié les œuvres de théologie morale du R. P. Antonin Diana, théatin, disposées dans un ordre plus logique, avec des notes marginales et des tables copieuses, R. P. D. Antonini Diana’, Cler. Reg. Opéra omnia, seu Resolulioncs morales, etc. Lyon, 1666, 1007 et (peut-être) 1669, 9 vol. in-fol. — — Èrratorurn sylva quæ irrepserunt in Indices novem tomorum R. P. I>. Antonini Dianse, secundum novam ordinationem Putris Alcolew impression Lugduni 1667, diligentissime collecta ab Auclore ejusdem ordinationis, e jusque jussu in leetorum gratiam in lucem édita. Lyon, 1669, in— 12. 11 y a eu un autre tirage in-fol.. Lyon. 1009, el c’est grâce à ce supplément que les éditions suivantes se