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MARTIN I er. LE CONCILE DE 649


clergé de souscrire le document impérial. On remarquera que, dans cette recherche des responsabilités, il ne fut fait aucune allusion, si fugitive fût-elle, aux faits et gestes du pape Eionorius.

t. La session dont nous venons de parler un peu longuement n’avait pas épuisé toute la question des responsabilités. A cote de Cyrus, l’auteur des fameux capitula d’Alexandrie, à côté de Sergius, l’instigateur de i’Eclhèse, ne fallait-il pas faire une place à Paul, considéré comme ayant provoqué le Type. C’est à mettre le concile devant cette dernière question que fut consacré le début de la quatrième séance. On louchait ici à un point bien délicat, puisqu’on s’élevait directement contre un acte du souverain en exercice. L’habileté serait de toucher le moins possible à la personne sacrée du basileus et à réserver pour son conseiller ecclésiastique toutes les sévérités. Ainsi fut fait. L’intention de l’empereur était bonne, fit remarquer un des membres de l’assemblée ; l’idée de faire cesser les divisions entre chrétiens ne pouvait qu’être approuvée ; mais il n’aurait pas fallu mettre sur le même pied l’erreur et la vérité, ni surtout englober dans les mêmes peines les défenseurs de l’orthodoxie et les fauteurs de l’hérésie. Mansi, col. 1 0311034. On avait été, antérieurement, plus sévère à l’endroit du Type. Avec une dialectique toute verbale, on avait fait observer qu’il semblait renchérir sur’lùthèse. Défendant de parler ni d’une ni de deux volontés, il semblait retirer au Christ toute activité, et dès lors toute réalité ! Exagération évidente que l’on se garda de renouveler.

5. Les responsabilités étant ainsi établies, il ne restait plus qu’à comparer la perversité monothélite tant avec les règles de la doctrine ecclésiastique qu’avec l’enseignement des Pères ; c’est ce qui fut fait dans la seconde partie de la ive session et au début de la v. Lecture fut donc faite des définitions antérieures de Xicée, Constantinople, Éphèse (sous la forme des douze anathématismes cyrilliens), Chalcédoine, et du IP concile de Constantinople (les quatorze canons). L’archevêque d’Aquilée fit la remarque que ces définitions confirmaient la doctrine des deux volontés et condamnaient le monothélisme. Comme l’on demeurait toujours sous l’impression de la réaction antinestorienne de l’affaire des Trois-Chapitres, il essaya de montrer, à l’aide de la même dialectique toute verbale que nous avons signalée déjà, qu’au fond le monothélisme avait dans le nestorianisme son lointain et bien inattendu précurseur. Mansi, col. 1058 BC, et cf. dans la v session, col. 1118 sq. Rien meilleure fut la première partie de la v « session, où furent alignés les textes patristiques exposant la doctrine des deux opérations et des deux volontés, et la présentant comme une conséquence du dogme des deux natures. S’il comprend quelques textes apocryphes (ceux par exemple attribués à Justin), d’autres douteux, le dossier constitué par la chancellerie pontificale témoigne pourtant de réelles connaisances théologiques et d’une grande application à scruter l’ancienne littérature. De la comparaison de ces textes avec l’enseignement des monothélites ressortait de façon très claire la nouveauté des opinions récemment avancées. D’après les Pères, et cela était évident, de même que le Christ avait eu les deux natures, de même il avait eu deux volontés naturelles, l’une divine, l’autre humaine et deux (sortes d’)opérations, ita et naturelles veraciter esse roluntntes, id est divinam et humanam et duas essentiales opérai iones, divinam et humanam. Cette doctrine les Pères ne l’avaient pas seulement affirmée en passant et sans y attacher d’importance, comme le prétendaient les novateurs, mais de manière fort réfléchie : Ecce enim non solum définitive sed et doymalice et st/llogislice ac naturaliler démonstrative et secundum scrip

taras agonistice et per etempla, etc.Mansi, col. 1110 sq. Il convenait donc de confirmer renseignement des Pères et des cinq conciles. et de réprouver les doctrines perverses des novateurs.

Novateurs même, ils ne l’étaient point, ne faisant en somme que reprendre de vieilles hérésies déjà condamnées. Après la comparaison de la doctrine monothélite avec l’enseignement patristique venait, redoutable contre-épreuve, sa mise en parallèle avec les citations des hérétiques. Tour à tour Lucius (l’évêque arien d’Alexandrie), les Apollinaires, Polémon (un de leurs disciples), Sévère d’Antioche, Thé mistius (le chef des agnoètes), Colluthus, Julien d’Halicarnasse, et, ce qui est plus surprenant, Théodore de Mopsueste et Xestorius eux-mêmes vinrent témoigner de leur accord, sur le point en litige, avec Sergius et Cyrus. La conclusion s’imposait ; elle fut tirée par le pape : comme les vieux hérétiques, les novateurs de l’heure présente devaient être rigoureusement frappés. — Une question pourtant méritait encore d’être soulevée. Dix ans plus tôt le pape Honorius s’était laissé hypnotiser par cette objection de Sergius : Admettre dans le Christ deux volontés n’est-ce pas admettre la possibilité en lui d’une contradiction entre les vouloirs humains et le vouloir divin ? Ce n’était pas le lieu de relever l’imprudence commise par le pontife défunt. Le nom d’Honorius n’a été prononcé qu’une fois durant tout" le concile, c’est dans la lettre où le patriarche Paul faisait état, pour justifier son attitude, de la lettre adressée par ce pape à Sergius, Mansi, col. 1026 C ; nul ne pensa à soulever d’incident sur ce point. Il importait néanmoins de dégager, au moins indirectement, l’Église romaine ; et c’est pourquoi, nous semble-t-ii, Maxime d’Aquilée prononça pour terminer un important ili cours, où il s’élevait surtout contre l’idée qu’admettre deux volontés, c’était introduire la contradiction dans la personne du Christ. Si nous comprenons bien l’argumentation de cet évêque, dont la pensée reste bien confuse et l’expression terriblement embrouillée, Maxime désirait prouver que la volonté humaine n’est pas naturellement mauvaise, que la possibilité de vouloir, le mal n’est pas de l’essence même de la liberté, qu’il n’est donc point à craindre que la volonté divine trouve jamais une résistance dans la volonté toute sainte de la nature humaine. Mansi, col. 1130 sq.

Les définitions.

Restait à dire en termes précis

la doctrine de l’Église romaine sur la question si imprudemment soulevée par les courtisans d’Héraclius. Cette doctrine s’exprimait d’une manière positive par un symbole de foi, négativement en vingt anathèmes condamnant les divers aspects de l’hérésie.

1. Le Symbole n’est autre que celui de Chalcédoine, cf. ci-dessus, t. ri, col. 2194-2195, traduit en latin et complété par une addition importante. Le texte de Chalcédoine disait :

…nusquam sublata differen—… la différence des deux

tia naturarum propter uni— natures n’est nullement sup tionem, magisque salva pro— primée par leur union ; au

prietate utriusque naturse et contraire les attributs do

in unam personam atque chaque nature sont sauve subsistentiam concurrente gardés et concourent (à for (confitemur) non in dua-, mer) une seule personne ou

persouas partitum aul hypostase ; (nous confessons

divisuni, sed ununi eum— donc) non pas un Fils par demque l’iltum et unigo— tagé ou <liisé en deux per nitum, Deum verbum, Domt— sonnes, mais bien un seul et

num Jesurn Christum… même Fils, Fils unique et

Dieu Verbe, Noli o-Seignour

Jésus-Christ…

A la suite de cette phrase, le concile de C49 intercalait celle-ci :