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ABSOLUMENT — ABSOLUTION D’APRÈS L’ÉCRITURE SAINTE

vidualité persistante, on cherche une identité entière et totale. Sum. theol., III a, q. l, a. 5.

II. Différences.

1° Deux dénominations diffèrent absolument quand leurs objets sont réellement et intrinsèquement distincts ; par exemple, Marie et Joseph, le poids et la chaleur, l’intelligence et l’imagination ; la différence n’est que connotative, si ces deux dénominations désignent une seule et même réalité sous des aspects divers : créateur et sanctificateur diffèrent connotativement, parce qu’ils se rapportent à un même Dieu considéré, d’une part, comme source d’être et, d’autre part, comme principe de sainteté. Dieu et sanctificateur diffèrent encore connotativement, puisque le premier nom désigne Dieu pris en lui-même et que le second le signifie comme terme d’une relation.

2° Les logiciens distinguent, dans un autre sens, les termes absolus ou substantifs et les termes connotatifs ou adjectifs. Les premiers expriment des substances : terre, hommes, etc., ou des qualités considérées comme subsistantes : la rondeur, la sagesse, l’humanité ; les seconds signifient les qualités dans leur sujet : rond, sage, etc. Ces termes diffèrent des substantifs et des adjectifs grammaticaux. Cf. Logique de Porl-Rotjal, part. I, c. II.

III. Nécessité.

Absolument se dit enfin des choses nécessaires et il est alors opposé à hy pathétiquement.

1° Les essences sont absolument nécessaires ; Yexistence de Dieu, qui est son essence même, est absolument nécessaire ; les propriétés essentielles des êtres participent à la nécessité des essences et sont aussi absolument nécessaires. Les essences sont dites absolument nécessaires, parce qu’elles ne peuvent pas ne pas être de telle nature, bien qu’elles puissent ne pas exister ; Dieu qui, non seulement ne peut pas ne pas être tel, mais encore ne peut pas ne pas exister, occupe le suprême degré de l’absolu dans le nécessaire.

2° Pour bien discerner ce qui est absolument nécessaire de ce qui ne l’est qu’hypothétiquement, il faut recourir aux causes des êtres. Les deux causes internes, matérielle et formelle, qui constituent l’essence, donnent, par le fait même, l’absolument nécessaire ; les deux causes externes, efficiente ou finale, créent la nécessité hypothétique. En effet, une chose est absolument nécessaire, ou bien parce qu’elle est exigée par la cause matérielle, quand celle-ci existe : par exemple, il est absolument nécessaire qu’un triangle d’or soit pesant ; ou bien parce qu’elle est imposée par la cause formelle : par exemple, il est absolument nécessaire que, dans un triangle, les trois angles soient égaux à deux droits. Dans le premier cas, la matière ; dans le second cas, la forme du triangle sont causes de nécessité absolue.

3° La nécessité hypothétique, opposée à la nécessité absolue, a tantôt sa source dans l’action des causes efficientes. Il n’est pas absolument nécessaire que j’existe ; mais cela est nécessaire, supposé que Dieu veuille me crier ; c’est une nécessité hypothétique, c’est-à-dire qui surgit dans l’hypothèse donnée. La coaclion appartient à cette sorte de nécessité, car elle est une violence exercée par les agents extérieurs ; il est nécessaire que l’homme manque de liberté, supposé qu’on le jette en prison : nécessité hypothétique ou de coaction. Tantôt la nécessité hypothétique vient des causes finales : il n’est pas absolument nécessaire que je mange ou que je prenne le train, mais cela est nécessaire, supposé que je veuille vivre ou passer de France en Russie. Il y a des degrés dans cette nécessité, suivant que le moyen employé pour atteindre la fin est indispensable ou seulement utile : la nourriture est indispensable pour vivre, le train n’est qu’utile pour aller en Russie. Sum. theol., I a, q. lxxxii, a. 1. On voit que la nécessité hypothétique peut coexister avec la contingence, puisque la première vient de l’extérieur et que la seconde est intrinsèque : le moyen nécessité par la On n’eu est pas moins contingent en lui-même.

4 » La prescience divine crée-t-elle une nécessité et cette nécessité est-elle absolue ou hypothétique ? Mes actes prévus par Dieu sont-ils absolument ou hypothétiquement nécessaires ? Cf. S. Bonaventure, In IV Sent., l. I, dist. XXXVIII, a. il, q. 1 ; S. Thomas, Quxst. disp., De ueri£., q.ii, a.l2, ad3um ; S.Anselme, De concordiaprsescientix et prædestinationis, q. I, De concord. prxsc. Deicum lib. arb., c. ii, P. L., t. clviii. Ils ne peuvent’être absolument nécessaires, car ils auraient pu ne pas être prévus et ne pas être posés. Ils sont tout au plus nécessaires, supposé que Dieu les ait prévus. Mais cette prévision divine elle-même n’apporte nullement à mes actes une nécessité analogue à la nécessité de coaction imposée par les causes efficientes : elle n’exerce sur eux aucune influence ; mes actes restent entièrement libres. Plutôt que de dire qu’il est nécessaire qu’ils existent, je dois affirmer qu’il est certain qu’ils existeront ; ils seront infailliblement, mais non pas nécessairement.

Cf. pour toutl’article : Signoriello, Leœicon peripateticum philosophico-theologicum, V Absolute, III, IV, vil, ix, Naples. 1872 ; G. Reeb, Thésaurus philosophurum, dist. A., I, II, III, IV, U., iii, édit. Cornoldi, Paris, 1875 ; Mellinii, Lexicon, Y’Absolutum, Connotare, Connotata, Connotativum.

A. Chollet.

1. ABSOLUTION DES PÉCHÉS. On appelle absolution (de absolvere, délier, cf. Matth., xvi, 19 ; xviii, 18) la rémission des péchés accordée par le prêtre dans le sacrement de pénitence. On appelle aussi absolution la levée des censures portées par l’Église. Voir Censures et Excommunication. Nous ne nous occuperons ici que de l’absolution des péchés. Cette absolution est l’acte du prêtre, tandis que la contrition, la confession et la satisfaction sont les actes du pénitent, dans le sacrement. Nous nous bornerons donc à considérer, dans le présent article, l’absolution des péchés, en elle-même et dans ceux qui ont le pouvoir des clefs (Matth., xvi, 19), c’est-à-dire le pouvoir d’absoudre, réservant pour les mots Contrition, Confession, Satisfaction, ce qui regarde les devoirs du pénitent, et, pour le mot Pénitence, l’étude de l’ensemble du sacrement. Pour donner validement l’absolution, il faut être revêtu du sacerdoce et avoir juridiction vis-à-vis du pénitent. Nous parlerons de cette seconde condition au mot Juridiction. Enfin on trouvera au mot Confession, t. iii, col. 942-960, l’explication des devoirs du prêtre dans l’audition des péchés, qui doit précéder l’absolution.

Ainsi restreinte, la question de l’absolution des péchés offre encore matière à d’amples développements. Nous les ferons entrer dans dix-huit articles qui vont suivre et dont voici les titres :
Absolution d’après l’Écriture sainte.


2° Absolution au temps des Pères. —
3° Absolution dans l’Église latine du VIIe au XIIe siècle. —
4° Absolution : sentiments des anciens scolastiques. —
5° Absolution : sa forme actuelle dans l’Église latine. —
6° Absolution : doctrine de l’Église catholique. —
7° Absolution chez les Grecs. —
8° Absolution chez les Russes. —
9° Absolution chez les Syriens. —
10° Absolution chez les Arméniens. —
11° Absolution chez les Coptes. —
12° Absolution chez les protestants. —
13° Absolution chez les anglicans. —
14° Absolution : théories des protestants modernes et des rationalistes. —
15° Absolution : questions de théologie morale. —
16° Absolution sous forme déprécatoire. —
17° Absolution conditionnelle. —
18° Absolution indirecte.


I. ABSOLUTION, d’après l’Écriture Sainte. — < ! -- Les sauts de ligne sont un choix éditorial --> I. Promesse du pouvoir d’absoudre.
II. Son institution.
III. Sa nature.

Les textes classiques concernant le pouvoir de remettre les péchés sont : 1° ceux où ce pouvoir est promis, d’abord à saint Pierre, Matth., xvi, 19, puis à