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ABROGATION DE LA LOI MOSAÏQUE — ABSOLU

fiaient ; les sacrements du Nouveau Testament ont commencé alors d’être en vigueur. Après la passion, quiconque a placé son espérance dans les prescriptions susdites et s’y est soumis comme à des choses nécessaires au salut, comme si la foi à Jésus-Christ ne suffisait pas à le sauver, a péché mortellement. L’Église ne nie cependant point que depuis la passion jusqu’à la promulgation de l’Évangile, ces prescriptions n’aient pu être observées à la condition de n’être pas tenues pour nécessaires au salut, mais elle affirme qu’après la promulgation de l’Évangile on ne peut plus les observer sans manquer son salut éternel… » Hardouin, Acta conciliorum, Paris, 1714, t. ix, col. 1025, 1026.

Les théologiens des siècles suivants n’ont guère eu à ajouter à un ensemble doctrinal déjà si complet. Dans le long exposé que Suarez en a fait, De legibus, IX, c. xi-xxii, deux points seulement sont à signaler. Plusieurs théologiens avaient pensé que le décalogue était obligatoire de droit positif non seulement en vertu de l’ordre de Jésus-Christ, mais aussi de par la promulgation que Dieu en avait faite par le ministère de Moïse. Suarez distingue dans cette promulgation un double caractère et conclut qu’elle subsiste en tant que déclaration doctrinale du droit naturel, mais non pas comme précepte positif : à ce point de vue en effet elle suivait la condition précaire des autres prescriptions de la loi mosaïque. Enfin, Suarez a cherché à préciser mieux que ses devanciers l’époque à laquelle l’observation de la loi mosaïque a cessé d’être licite et donne comme vraisemblable que les apôtres, particulièrement saint Pierre et saint Paul, ont pu, avant de mourir, déclarer que cette époque était arrivée.

L’abrogation de la loi mosaïque touche à la théologie sacramentaire par plusieurs côtés qui seront envisagés dans des articles spéciaux.  H. Moureau.

ABSALON, abbé de Springkirsbach, au diocèse de Trêves. Dans l’Histoire littéraire de la France, Brial l’identifie avec Absalon, qui fut installé abbé de Saint-Victor à Paris, en 1198, et qui mourut le 17 septembre 1203. Il pense qu’il avait gouverné l’abbaye de Springkirsbach avant celle de Saint-Victor. Oudin croit au contraire qu’il était simple religieux à Saint-Victor de Paris, avant d’être abbé de Springkirsbach vers 1210 et qu’il ne fut jamais abbé de Saint-Victor. Ces deux auteurs citent en faveur de leur opinion le titre de manuscrits qui renferment les sermons d’Absalon de Springkirsbach. Ces sermons, au nombre de cinquante, ont été imprimés à Cologne en 1534, in-fol., sous le titre de D. Absalonis abbatis Sprinckirsbacensis Sermones festivales, réimprimés avec des corrections, en 1605, à Milan, in-4o, et reproduits par Migne, P. L., t. ccxi, col. 8-294, d’après l’édition de Cologne. Plusieurs de ces sermons ont aussi été insérés par Pierre de Alva et Astorga dans sa Bibliotheca virginalis seu Mariæ mare magnum, Madrid, 1649. Les discours d’Absalon sont ingénieux et ne manquent pas d’onction. Il interprète souvent les textes de l’Écriture dans un sens allégorique et aime les applications morales. Ce qu’il dit des prérogatives de la sainte Vierge, dans ses neuf sermons in purificatione, in nativitate, in assumptione B. Mariæ, intéressera particulièrement les théologiens.

Oudin, Commentarius de scriptoribus Ecclesiæ antiquis, Francfort, 1722, t. ii, p. 1714, reproduit par Migne en tête de l’ouvrage d’Absalon, P. L., t. ccxi, col. 8 ; Histoire littéraire de la France, Paris, 1824, t. xvi, p. 451, analysé dans la seconde édition de Ceillier, Histoire des auteurs sacrés, Paris, 1863, t. xiv, p. 876.

A. Vacant.

ABSOLON Jean, jésuite tchèque, né à Auscha (Bohême), le 1er  janvier 1669, enseigna douze ans la théologie à Olmütz, fut onze ans chancelier et préfet des études à cette université et mourut à Prague, le 23 août 1730. Epitome theologica, seu quæstionre et resolutiones de universa theologia, 8 in-8°, Olmutz, 1713-1720 ; 8 in-8o, Prague, 1718 sq.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la Cie de Jésus, Bruxelles, 1890, t. i, col. 25-26.

C. Sommervogel.

ABSOLU (l’), absolutum, àTro^tov : ce qui est délié, sans attache, ni dépendance ; ce qui est indépendant et, par conséquent, se suffit à soi-même. —
I. Nature suivant la doctrine traditionnelle.
II. Nature suivant les modernes.
III. Existence.

I. Nature suivant la doctrine traditionnelle.

L’absolu est opposé au dépendant et non pas au relatif ; car il n’exclut pas la relation en vertu de laquelle un autre dépendrait de lui. On pourrait même démontrer qu’il implique cette relation dans l’hypothèse où quelque chose existe en dehors de lui.

— 1° L’Être qui est par soi, tô îxavév, et n’exige aucune cause pour arriver à l’existence ; qui est en soi, tô àvu7rô6eTov, et ne requiert aucun subslratum pour subsister ; qui est à soi et pour soi, tô avTapxeç, et trouve en lui-même sa propre fin comme il y possède sa raison d’exister : cet être est absolu dans toute sa plénitude, il est « l’absolu » (absolu total, ou absolu absolu). On conçoit qu’un tel être est essentiellement infini, parfait, éternel et nécessaire, car le fini et l’imparfait dépendent de la limite qui les borne ; ce qui a commencé, ce qui est contingent dépend d’une cause extérieure qui l’a posé dans l’être et peut lui retirer son concours. Cependant on ne doit pas confondre, comme M. Rabier, Psychologie, Paris, 1881, p. 457, la notion d’absolu avec celles d’infini, de parfait et de nécessaire.

— 2° Les êtres chez lesquels on trouve quelque indépendance, sont encore appelés « absolus » (absolus partiels ou relatifs), en raison et en proportion même de cette indépendance. Les essences sont absolues, parce qu’elles sont indépendantes de toute volonté et de toute puissance et que Dieu lui-même, en qui elles ont leur raison, ne saurait les changer. La substance, même créée et finie, est absolue, parce qu’elle est en elle-même, parce qu’elle est irrecepla. La qualité d’absolus doit donc être refusée aux accidents, qui n’étant ni propriétés essentielles, ni subsistants, dépendent nécessairement de l’essence et de la substance.

— 3° L’absolu se rencontre encore dans l’ordre du vrai et dans celui du bien. Dans le premier de ces ordres, les propositions ayiahjliques sont absolues et tirent leur vérité d’elles-mêmes, c’est-à-dire de l’analyse d leur sujet, tandis que les propositions synthétiques ne sont vraies que de la vérité des faits contingents qu’elles expriment. Par rapport aux conclusions qui dérivent d’eux, les principes sont a6soh « s, puisqu’ils sont évidents par eux-mêmes. Les réalités objectives sont aussi appelées absolues par rapport à la connaissance à laquelle elles imposent leur vérité et dont elles sont indépendantes.

— 4° L’ordre du bien renferme des absolus corrélatifs. Dans la distinction entre les actes bons et les actes indifférents, qui correspond à la distinction entre les jugements analytiques et les jugements synthétiques, ceux-là tirent leur bonté de leur nature même et représentent l’absolu ; le dépendant et le relatif réside dans les actes indifférents que les circonstances extrinsèques rendent bons ou mauvais. Les fins qui sont aux moyens ce que les principes sont aux conclusions, représentent également l’absolu, tandis que les moyens, qui sont bons de la bonté de la fin, sont relatifs et dépendants. La série des fins et des moyens qui aboutit à la fin suprême constitue le devoir. Elle est aussi indépendante de la volonté que les réalités objectives le sont de la connaissance : elle est l’absolu du devoir. La volonté qui veut ces fins et ces moyens, la raison qui connaît les réalités objectives sont les facultés de l’absolu.

II. Nature suivant les modernes.

Les sens don nés par les modernes au mot absolu sont très nombreux.