Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/780

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1501
1502
APOCRYPHES (LIVRES)

apocryphes, Adv. Elipand., I, n. 18, P. L., t. ci, col. 254, cf. Disputat, puerorum, 7, ibid., col. 1124 ; Pierre Comestor, Hist. scholast., hist. lib. Josue, P. L., t. cxcviii, col. 1260 J. Beleth, Rationale div. off., 60, P. L., t. ccii, col. 66 ; Pierre de Blois, De divis. et script, sac. libr., P. L., t. ccvii, col. 1052 ; Epist. anonymi ad Hugonem amicum suum, P. L., t. ccxiii, col. 714 ; Hugues de Saint-Cher, Opera omnia, Cologne, 1621, t. i, p. 178 r., 218 v. ; Tostat, Opera, Cologne, 1613, t. ix a, p. 7 ; cf. t. vi, p. 5 ; S. Antonin, Chronic, i, 3, 9, Lyon, 1586, t. 1, p. 85 ; Sum. theol., iii, 18, 6, Vérone, 1740, t. iii, p. 1043 ; Cajetan, In omnes libros authent. Script. comment., Lyon, 1639, t. ii, p. 400.

Les protestants ont généralement employé le nom d’apocryphes pour désigner les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament. Carlstadt, De canonicis script. libellus, Wittenberg, 1520, réédité par Creduer, Zur Geschichte des Kanons, Halle, 1847, p. 389, et Luther, dans sa version allemande de la Bible, publiée en 1534, adoptèrent ce nom qui a prévalu jusqu’aujourd’hui dans le langage des protestants. Cf. Kaulzsch, Die Apokryphen und Pseudepigraphen des A. T., Tubingue, 1900, t. i. Il fut mis en avant dans les discussions qui eurent lieu au concile de Trente touchant le canon biblique. Après la congrégation générale du 27 mars 1546, on proposa quatorze questions qui résumaient les doutes énoncés dans les réunions précédentes. La quatrième était exprimée en ces termes : « Les livres qui sont appelés apocryphes et qu’on a coutume de joindre aux livres sacrés dans tous les manuscrits de la Bible, doivent-ils être retranchés nommément par décret ou passés sous silence ? » Cet énoncé est obscur et ne laisse pas, à lui seul, deviner s’il s’agit des deutérocanoniques ou apocryphes pseudépigraphes. Mais les suffrages émis montrent clairement qu’il s’agissait des deutérocanoniques. La majorité vota leur admission au canon sans distinction. À la séance du 5 avril, une nouvelle rédaction du décret De canonicis Scripturis fut proposée au suffrage des Pères. Le cardinal de Trente aurait voulu que les livres de moindre autorité, tels que le livre de Tobie que saint Jérôme nomme parmi les apocryphes, fussent placés à la fin du décret. L’évêque de Castellamare garda des doutes sur la canonicité des livres de Baruch et des Machabées. Il aurait plu au général des carmes qu’on distinguât les livres sacrés des apocryphes, comme l’a fait saint Jérôme. A. Theiner, Acta genuina ss. œc. conc. Tridentini, Agram (1874), t. i, p. 72-77, 84, 85. Cf. A. Loisy, Histoire du canon de l’A. T., Paris, 1890, p. 199-204. Le décret, promulgué le 8 avril, n’établit pas la distinction demandée, et la canonicité des deutérocanoniques fut infailliblement proclamée. Dès lors, les catholiques ne peuvent plus douter de leur autorité divine. Cf. Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta, Venise, 1566, p. 10. Si les protestants continuent à désigner les deutérocanoniques de l’Ancien Testament par le nom d’apocryphes, ils sont en contradiction manifeste avec la majorité des Pères et ils se font l’écho de saint Jérôme, qui est l’auteur responsable de cette dénomination. Les quelques voix isolées qui, au moyen âge, ont répété ce nom, admettaient néanmoins la canonicité de livres qu’elles disaient apocryphes. Cf. Schürer, dans la Realencyclopädie für protestantische Theologie und Kirche, 3e édit., Leipzig, 1896, t. i, p. 622-624 ; Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. ii, p. 90-94.

3. Livres hérétiques. — Comme un grand nombre des écrits apocryphes ou pseudo-canoniques étaient l’œuvre des hérétiques, le mot « apocryphe » a été. employé comme synonyme d’hérétique dans le décret du pape Gélase. Des apocryphes y sont cités parmi les livres des hérétiques et des schismatiques, que l’Église catholique ne reçoit pas. Mansi, Concil., t. viii, col. 150-151, 165-172. Cf. Preuschen, Analecta, Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 152-155. Le concile de Braga, tenu en 563, dit de même, dans son 17e canon : « Si quelqu’un lit, approuve ou défend les fictions impies que les hérétiques ont mises, pour confirmer leurs erreurs, sous le nom des patriarches, des prophètes ou des apôtres, qu’il soit anathème. » Mansi, Concil., t. ix, col. 776. Cf. S. Léon, Epist., xv, 15, P. L., t. liv, col. 688 ; Capitula ab Angesigo collecta, 73, P. L., t. xcvii, col. 518. Photius, Bibliotheca, cod. 114, P. G., t. ciii, col. 389, a dit dans le même sens que le livre des Actes de saint Jean était « la mère et la racine de toute hérésie », πάσης αἱρέσεως πηγὴ καὶ μητήρ — Les trois significations du mot « apocryphe « sont réunies dans la définition qu’en a donnée Hugues de Saint-Victor, De Scripturis et script. sac, 11, P. L., t. clxxv, col. 18.

II. Nombre, listes et collections des livres apocryphes. — Le nombre des apocryphes pseudo-canoniques est considérable, mais il ne peut être exactement fixé, parce que beaucoup sont perdus ou ne sont connus que par leurs titres, et il peut se faire qu’un seul et même ouvrage ait été cité sous des titres différents. On en a dressé, d’assez bonne heure, des catalogues plus ou moins complets. Outre la liste de la décrétale de Gélase mentionnée plus haut, citons le catalogue stichométrique de Nicéphore († 828), P. G., t. c, col. 1060 ; Preuschen, Analecta, p. 157-158 ; Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, Erlangen, 1890, t. ii, fasc. 1, p. 229-301 ; celui qui termine la Synopsis Scripturæ sacræ, attribuée à saint Athanase, P. G., t. xxviii, col. 432 ; Zahn, op. cit., p. 317 ; un catalogue anonyme, dit des soixante livres canoniques. Preuschen, op. cit., p. 159-160 ; Zahn, ibid., p. 291-297. Ils dépendent de la même source. On connaît aussi un catalogue syriaque, dressé par Ébedjésu, voir Assémani, Bibliotheca orientalis, Borne, 1725, t. iii, p. 3, et une liste arménienne, qui se trouve dans la Chronique de M’Kitar d’Aïrivank, rédigée vers 1297, et éditée par Patkanoff, Saint-Pétersbourg, 1867. Des listes du même genre ont été faites par des savants modernes, Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta, Venise, 1566, p. 54-62, 68 ; Lacombe, Manuel des sciences ecclésiastiques, Paris, 1850, t. i (seul paru), p. 11-22.

A partir du xvie siècle, des recueils d’ouvrages apocryphes pseudo-canoniques ont été publiés. On a généralement séparé les apocryphes de l’Ancien Testament de ceux du Nouveau. La première collection des apocryphes de l’Ancien Testament fut faite par Fabricius, Codex pseudepigraphus V. T., 1713, 2 in-12, Hambourg, 1722-1723. D’autres, servant de supplément, ont suivi : Gfrörer, Prophetæ veteres pseudepigraphi, in-8°, Stuttgart, 1840 ; Hilgenfeld, Messias Judæorum, Leipzig, 1869 ; Fritzsche, Libri V. T. pseudepigraphi selecti, Leipzig, 1871 ; Bissell, The Apocrypha of the Old Testament, New-York, 1880 ; Deane, Pseudepigrapha, Londres, 1891 ; Kautzsch, Die Apocryphen und Pseudepigraphen des A. T., 2 in-8°, Tubingue, 1900. On avait commencé plus tôt à retrait les apocryphes du Nouveau Testament : M. Neander, Apocrypha, h. e. narrationes de Christo, Maria, Joseph, cognatione et familia Christi, extra Biblia, à la suite de la Catechesis parva Mart. Lutheri græco-latina, Bâle, 1564, 1567 ; J. Herold, Orthodoxographa, Bâle, 1555 ; J. Grynæus, Monumenta s. Patrum orthodoxographa, Bâle, 1569 ; L. de la Barre, Historia christiana veterum Patrum, Paris, 1583 ; N. Glaser, Apocrypha, parænetica, philologica, Hambourg, 1614 ; À. Fabricius, Codex apocryphus N. T., Hambourg, 1703, 1719 ; J. Jones, A new and full method of settling the canonical authority of the N. T., Oxford, 1798 ; A. Birch, Auctarium codicis apocryphi N. T. Fabriciani, Copenhague, 1804; Thilo, Codex apocryphus N. T., Leipzig, 1832. Ce dernier ouvrage, qui est vraiment critique, ne contient que les Évangiles. G. Brunet les a traduits en français, Les évangiles apocryphes, traduits et annotés d’après l’édition de Thilo,