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repos. A l’inverse, ceux-ci laissent les mauvais anges emmener l’âme du méchant dans l’enfer. L’ange gardien de cette âme l’accuse au tribunal de Dieu. Le temps de la pénitence étant passé, Dieu la destine aux ténèbres extérieures et à cause de ses péchés, l’envoie au Tartare jusqu’au jour du grand jugement. Les anges louent la justice de la sentence. Saint Paul voit sous une seconde forme (à moins qu’on n’admette ici une interpolation) les deux séjours des bons et des méchants. La demeure des justes ressemble à une ville. Hénoch, « témoin du dernier jour, » en sort en pleurant, parce que les hommes ne font pas la volonté de Dieu. A côté de la ville, l’apôtre voit la terre, où habitent ceux qui pleurent, mais qui seront consolés, et l’Achéron ou l’étang dans lequel les âmes tout pénitence de leurs péchés. La pénitence de ces derniers étant achevée, l’archange Michel les introduit dans la ville de Dieu, qui est remplie de justes. Paul pénètre dans cette ville qu’il décrit. Ceux qui ont accompli leurs actions par vaine gloire séjournent devant les portes de la ville sous des arbres touffus, qui n’ont point de fruits. Les prophètes, les enfants qu’Hérode a fait périr, les patriarches occupent différents lieux, réservés à ceux qui ont pratiqué différentes vertus. Au milieu de la ville, David chante Alléluia auprès d’un autel. Quand le Christ fera son second avènement, David et tous les saints l’accompagneront. Le sacrifice du corps et du sang du Christ ne peut être offert sur terre, sans que David chante au ciel Alléluia. A l’extrémité de l’occident se trouve la région des ténèbres, où souffrent les damnés. Les supplices sont diversifiés d’après les crimes. Dans l’étang du feu, il y avait un évêque qui n’avait pas rempli ses devoirs envers les pauvres, un prêtre et un diacre qui avaient mangé et bu avant le service de l’autel. Dans le puits de l’abîme sont ceux qui ne confessent point que sainte Marie est mère de Dieu et disent que le Seigneur ne s’est pas incarné d’elle et que le pain de l’eucharistie et le calice de bénédiction ne sont pas sa chair et son sang. Ceux qui nient la résurrection des morts sont là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Le ciel s’étant ouvert, les âmes qui étaient jugées supplient l’archange Gabriel d’intercéder pour elles, puis le Seigneur Jésus d’avoir pitié d’elles. Le Sauveur leur accorde comme repos de leurs souffrances la nuit et le jour du saint dimanche auquel il est ressuscité des morts. On ne voit pas clairement si cette intermittence dans les souffrances est accordée aux damnés chaque dimanche ou le jour de Pâques seulement. Dans le paradis terrestre, où il est ensuite conduit par l’ange, Paul voit sainte Marie, la mère du Seigneur, qui lui recommande de prêcher la parole de Dieu dans le monde. Il s’entretient aussi avec les patriarches. Moïse pleure l’aveuglement de son peuple qui, loin de reconnaître le Fils de Dieu, l’a fait mourir sur la croix. Les prophètes Isaïe, Jérémie et Ézéchiel expriment les mêmes regrets. Paul voit enfin Noé, Hénoch et Élie.

Le Hir, Études bibliques, t. ii, p. 122-129 ; Wright, Syriac itecturure, dans l’Encylopædia britannica, t. xxii, p. 826 ; Ruhens Duval, Anciennes littératures chrétiennes. La littérature syriaque, Paris, 1899, p. 96 ; Harnack, Geschichte der aUchrist. Literatur, t. 1, p. 910-911.

VI. apocalypse de jean.

Œuvre de basse époque, {{rom|vi)e —vine siècle, et sans grande valeur, cette apocalypse apocryphe, éditée dans son texte grec par Birch, Auclarium codicis apocryphi N— T., 1804, p. 245-260, et mieux par Tischendorf, Apocalypses apocryphes, p. 7094, est un dialogue que Jean tint avec Notre-Seigneur après l’ascension sur le mont ïhabor sur la fin des temps, ses signes avant-coureurs, sur le jugement dernier, les tourments des damnés et le bonheur des élus. Le portrait de l’Antéchrist est grotesque. Hénoch et Élie reviendront combattre ce monstre. Au son des trompettes, tous les morts ressusciteront, ayant tous la même forme et le même âge ; ils seront comme les anges de Dieu. La terre sera changée, et il n’y aura plus de péché en elle. Le signe du Fils de l’homme paraîtra dans les cieux avec puissance et gloire. Les cieux disparaîtront, et le jugement aura lieu. Les esprits impurs seront précipités dans l’abîme et dans les ténèbres ; les païens iront dans l’enfer, les juifs, qui ont fait mourir Jésus, seront dans le Tartare ; les chrétiens baptisés, demeurés justes, seront placés à la droite du juge et brilleront comme le soleil ; les pécheurs seront punis suivant la nature de leurs péchés. Le nombre des anges est aussi grand que celui des hommes. Après le jugement, il n’y aura plus ni maux, ni vices, ni diable ; il n’y aura qu’un, seul troupeau et qu’un seul pasteur.

Le Hir, Études bibliques, t. ii, p. 129-130.

VII. apocalypse du TESTAMENT de n.-s.

Une apocalypse anonyme est reproduite au début du Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont Mo r Rahmani, patriarche syrien d’Antioche, a publié intégralement une version syriaque, faite par Jacques d’Édesse, en 687 de notre ère, Testantentum Domini nostri Jesu Christi, Maycnce, 1899, p. 2-19. Des extraits en avaient déjà été édités par Paul de Lagarde, Reliquise juris ecclesiastier anliquissimi syriace, Leipzig, 1853, et retraduits en grec, leur langue originale, par le même, Reliquiee juris. eco. ant. græce, Leipzig, 1856, p. 80-84. Les chapitres VI, vu et xi existent en latin dans un manuscrit du vine siècle, conservé à la bibliothèque de Trêves, n° 36, et ont été édités par James, Apocrijpha anecdota, dans Texts and sludies, t. ii, 1893, p. 151-154. L’existence d’une version éthiopienne est signalée dans des manuscrits de Paris, Catalogue raisonné des manuscrits éthiopiens, appartenant à Antoine d’Abbadie, 1859, n. 51, 199, p. 61, 199, et de Londres, Wright, Catalogue of the ethiopic manuscripts in the British Muséum, 1877, n. 361, 362, p. 270-276. Jésus ressuscité apparaît aux apôtres. Thomas, Matthieu et Jean le palpent pour s’assurer de la vérité de sa résurrection. Epouvantés, les apôtres tombent sur leur visage et restent sans parole. Jésus leur impose les mains, relève leur courage et leur insuflle le Saint-Esprit. Pierre et Jean l’interrogent sur les signes de la fin du monde. Complétant les instructions qu’il leur a données à ce sujet avant de mourir, le Seigneur prédit les signes précurseurs de la venue du fils de perdition. Après les lamines, les pestes, les troubles déjà annoncés, surgiront des rois cupides, menteurs et sanguinaires, dont les armées répandront beaucoup de sang. En Occident, il s’élèvera un roi barbare, athée, ennemi et persécuteur des fidèles. Puis il y aura des signes dans les cieux et sur la terre : des bruits, des apparitions, des enfantements monstrueux. Les églises seront troublées, leurs pasteurs, iniques, avares, bavards, orgueilleux, amis de la bonne chère et des plaisirs. Les vices se multiplieront, les vertus disparaîtront, certains chrétiens apostasieront, mais les fidèles seront récompensés. Il y aura des disettes, de rudes hivers et rareté du numéraire. Le fils de perdition cherchera à tromper la terre entière et persécutera les justes. La Syrie sera pillée ; la Cilière lèvera le cou jusqu’à ce que vienne son juge ; la fille de Babylone boira le calice qui lui sera préparé ; la Cappadoce, la Lycie, la Lycaustie courberont le dos. Les armées barbares couvriront la terre de leurs chars ; elles feront des massacres et des captifs dans le Pont, la Hythinie.la Lycaustie, la Pisidie, la Phénicie et la Judée. L’Orient tout entier sera conquis par l’Antéchrist, dont le portrait est retracé. Ce sera le signe que le dernier jugement est proche. Les élus seront marqués d’un sceau, et le juge leur sera favorable. Le Seigneur Jésus prescrit aux apôtres d’annoncer ces choses. James, Apocrypha anecdota, 1893, et Harnack, Gesobischle der aUchrist. Lit., Leipzig, 1893, t. 1, p. 779, pensaient que